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Source: Le Phare
Il ne faut pas être journaliste, religieux ou activiste des droits de l’homme à Bukavu.
Quarante-huit heures après l’assassinat de l’Abbé Daniel CIZIMIA, c’est une religieuse répondant au nom de Denise KAHAMBO Murahirwa qui vient d’être tuée au Monastère de Murhesa, une localité célèbre située à vingt kms de Bukavu.
Alors que la ville et ses environs n’ont pas encore séché les larmes de l’assassinat crapuleux de l’Abbé Daniel CIZIMIA dont le corps est toujours exposé dans la Cathédrale REGINA MUNDI de Bukavu en attendant le retour de l’Archevêque François MAROYI, des hommes en armes et en tenue se sont introduit lundi dernier vers 19 h 30 dans le Monastère Notre-Dame de la Clarté de Murhesa où ils ont tiré sans sommation et à bout portant sur la soeur Denise KAHAMBO Murahirwa qui se trouvait dans le couloir avec quelques visiteurs. Une chose curieuse tout de même : si après avoir tué l’Abbé CIZIMIA, les malfrats avaient emporté de l’argent et des biens, l’on note que les assassins de la soeur Denise KAHAMBO se sont volatilisés dans la nature après leur forfait sans toucher à quoi que ce soit.
Lors d’une conférence de presse tenue hier en marge de ce double assassinat ignominieux, M. Jean-Claude KIBALA, vice-gouverneur de la province du Sud Kivu, a qualifié ces actes de « ruse des assaillants pour opposer la population aux militaires, à la police et aux autorités ». Avant de lancer un appel à la population pour « se souder, d’ouvrir les yeux, d’être vigilante ».
Une industrie du crime déjà opérationnelle ?
Il est tout de même curieux de constater que les assassins de la soeur Denise KAHAMBO ont utilisé le même stratagème que celui auquel avaient recouru les assassins de Serge MAHESHE, Didace NAMUJIMBO, Pascal KABUNGULU, Bruno Coco CHIRAMBIZA, BAPUWA Mwamba, Frank NGYCKE. Ils s’introduisent dans les lieux où se trouve la victime recherchée avant de l’abattre pour prendre ensuite la clé des champs sans toucher à quoi que ce soit. Dans les rues, les universités, les bureaux, les usines, les marchés et les salons politiques de la ville de Bukavu, des gens s’interrogent : sommes-nous en face d’une industrie du crime ou devant des malfrats dispersés agissant pour leur propre compte ? Que vise le cerveau blotti dans l’ombre mais qui commandite tous ces crimes ?
Car si à Kinshasa, l’on déplore deux journalistes assassinés depuis 2005, par contre, Bukavu bat le record de l’insécurité. En 2005, Pascal KABUNGULU avait été assassiné dans sa chambre à coucher par des hommes en armes et en tenue sans que ses voisins n’aient eu le temps de lui venir en aide par peur des armes. Cet assassinat avait provoqué un émoi à travers tout le pays, mais aussi curieux que cela puisse paraître, le procès ouvert sur cet acte criminel avait été suspendu en décembre 2006 par le tribunal de grande instance de Bukavu qui s’était déclaré incompétent.
En 2007, Serge MAHESHE, journaliste à la Radio OKAPI avait été assassiné aux environs de 19 h en présence de ses deux amis par des hommes en armes et en tenue qui se sont ensuite enfui. Le procès qui s’en est suivi a été émaillé des manoeuvres dilatoires des prétendus assassins et s’est terminé en queue de poisson. En novembre 2008, un autre journaliste du nom de Didace NAMUJIMBO a été tué à dix mètres de sa résidence toujours par des hommes en tenue et en armes qui se sont aussi volatilisés dans la nature après avoir accompli leur sale besogne.
Le 13 août de cette année, Bruno Coco CHIRAMBIZA a été assassiné à 2 h du matin à quelques mètres de sa résidence au quartier Kasali de la Commune de Kadutu. Après les journalistes et les activistes des droits de l’homme, l’industrie du crime s’attaque maintenant aux religieux et comme pour provoquer une psychose dans la population, l’on vise particulièrement l’Eglise Catholique qui a un impact énorme et déterminant dans cette partie du territoire national. Il n’y a qu’un esprit maléfique et doté d’un cynisme indicible qui peut imaginer une telle stratégie pour terroriser toute une province déjà fort martyrisée par des guerres à répétition, a indiqué au Phare un observateur attitré de la Région des Grands lacs. L’objectif visé est d’innoculer aux populations de cette province un traumatisme gravissime qui aura des répercussions énormes sur le subconscient des générations à venir.
Genève déplore l’impunité qui règne en RDC
Tous ces actes ignominieux ont retenu l’attention de la commission des droits de l’homme de l’Onu qui vient de rendre un rapport condamnant l’impunité qui est devenue la règle en RDC. Tous les procès organisés pour connaître les identités des auteurs des crimes perpétrés contre les journalistes et activistes des droits de l’homme se sont terminés dans une confusion inimaginable. Les présumés assassins se sont enfuis pendant le procès et d’autres n’ont jamais été rattrapés. Or, la majorité des personnes incriminées font partie des FARDC.
Tout en déplorant le refus opposé par les autorités politiques de la RDC de livrer le général Jean-Bosco NTAGANDA à la Cour Pénale Internationale, Genève dénonce le rejet par le gouvernement de Kinshasa d’ouvrir les lieux de détention gérés par les services de sécurité et de la garde républicaine.