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Source: Forum des As
Le MLC sur les traces de l’UDPS
Une tradition s’est vite installée dans le microcosme politique congolais. Chaque fois qu’un parti politique atteint son apogée, il suffit que son leader disparaisse ou qu’il soit frappé d’une quelconque incompatibilité pour que les germes de destruction apparaissent au grand jour. Cela s’est observé avec l’Uféri de Nguz, le Pdsc de Joseph Ileo, le MPR de Mobutu, avec l’Udps d’Etienne Tshisekedi et, actuellement, avec le Mlc de Jean-Pierre Bemba. Cette dernière formation politique semble déjà emboîter le pas, à quelques exceptions près, à l’Udps.
Au commencement, c’était juste une froide initiée par quelques parlementaires en 1980 qui exigeaient à Mobutu de démocratiser son régime. Face à l’autisme du Maréchal-président, les 13 parlementaires finiront par créer, le 15 février 1982, un parti politique dénommé UDPS. La répression fut sans appel, les commissaires du peuple furent déchus de leurs fonctions et mis aux arrêts. Car, dans le contexte de la deuxième République, l’acte posé était plus qu’un simple crime de lèse-majesté. Cela simplement et équivalait purement à la haute trahison. Un an plus tard, soit en 1981, ce mouvement déboucha sur la création d’un parti politique battant pavillon opposition du temps fort du MPR parti-Etat dénommé «Union pour la démocratie et le progrès social» (UDPS).. Ainsi donc, arrestations, relégations aux villages, tortures et autres sévices devenaient le vécu quotidien de ceux qui avaient osé braver le tout-puissant «président-fondateur» , le seul maître après Dieu dans l’ex-Zaïre.
L’APOGEE DE L’UDPS
Grâce à la témérité de ses animateurs, principalement de MM. Etienne Tshisekedi, Marcel Lihau, Frédéric Kibassa Maliba, Vincent Mbwankiem, Ngalula Mpandandjila et tant d’autres, l’UDPS a tenu tête au parti-Etat où l’on ne pouvait être ni à gauche, ni à droite, ni même au centre. Ainsi donc, pour démystifier le régime en place, l’UDPS alignait des manifestations au Grand hôtel Kinshasa (à l’époque Hôtel intercontinental) et même, pour frapper un grand coup politique, à la place Pont Cabu (espace occupé aujourd’hui par le stade des martyrs) là où le régime Mobutu avait pendu certains compatriotes (les pendus de la Pentecôte) en janvier 1966). Cela fut suivi d’une représsion brutale et les dirigeants de l’UDPS furent relégués dans leurs villages respectifs tandis que d’autres furent simplement arrêtés. Mais, le coup avait réussi.
Des négociations, où M. Katende wa Ndaya, l’ancien rapporteur du bureau de l’Assemblée nationale, avait joué un rôle déterminant pour le compte du régime Mobutu, furent organisées afin de récupérer les «aigris de la révolution» ou les «brebis galeuses» (des expressions en vogue durant la deuxième République). Ce qui contribua tant soit peu à étouffer la grande flamme de l’UDPS dont certains dirigeants avaient accepté, malgré eux, d’intégrer le Comité central du MPR parti-Etat. Mais, suite au vent de la Perestroïka venu de l’ex-URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) qui soufflait sur l’Europe de l’Est et qui avait même déclenché l’éclatement de l’URSS, les régimes de parti unique en Afrique ne purent subsister. Pour tenter de contrôler ce vent, le maréchal Mobutu organisera, fin 1989-début 1990, les Consultations populaires qui débouchèrent, le 24 avril 1990, sur la démocratisation du régime en même temps que lui-même prenait congé du MPR. Voilà qui contribuait à l’apogée de l’UDPS devenu, de surcroît, le premier et plus grand parti d’opposition, dit «fille aînée de l’opposition». Ainsi donc, ce parti incarnera, lors de la transition mobutienne (24 avril 1990-17 mai 1997), la lutte contre Mobutu et son régime.
L’UDPS VICTIME DE SES PROPRES GERMES DE DESTRUCTION
L’apogée atteinte grâce à la longue lutte menée contre le régime Mobutu, les tares commençaient à faire leur apparition au sein de l’UDPS, un parti du reste miné par sa complexité. En effet, à la tête de ce parti, on retrouvait quatre présidents: Etienne Tshisekedi qui était très populaire grâce à la démystification de Mobutu et de son régime, Frédéric Kibassa qui gérait le parti au quotidien, Vincent Mbwankiem qui incarnait l’Interfédérale comprenant Kinshasa, la province du Bas-Congo et la province du Bandundu, et le Pr Marcel Lihau, originaire de la même province que Mobutu et qui passait pour l’éminence grise de l’UDPS parce qu’étant une sommité intellectuelle. Sous la transition mobutienne, comme il s’agissait d’incarner une alternative crédible par rapport au régime Mobutu, une machine prit corps au sein de l’UDPS pour écarter, un à un, les autres présidents et faire de Tshisekedi le seul leader et donc le seul patron du parti. Ainsi, pour y arriver, des proches de Tshisekedi, regroupés au sein de ce que Lihau qualifiait de «coterie» (une caste ethno-tribale) , ont mis en place la «diabolisation» consistant à discréditer tous les autres concurrents.
Le premier à être éjecté du bateau fut le Pr Marcel Lihau qui fut discrédité au point de le classer dans la catégorie «auto-éjection» . Lihau parti, Vincent Mbwankiem a senti le vent venir et a pris petit à petit ses distances. Il en restait désormais un (président) et non de moindre parce qu’il contrôlait les gros calibres de l’opposition regroupés au sein de l’USOR et alliés (Union sacrée de l’opposition radicale et alliés), la famille politique de l’opposition qu’il dirigeait. Il s’agit de Frédéric Kibassa Maliba qui, déjà, se méfiait car son ami Roger Gisanga venait de faire les frais de la machine de diabolisation proche de Tshisekedi en rendant même l’âme. La descente de certains acteurs de l’USOR et alliés à Gbadolite, à l‘invitation de Mobutu, offrit aux détracteurs de Kibassa l’occasion de le diaboliser alors qu’il y avait conduit une délégation de l’opposition avec l’accord de Tshisekedi. A son retour à Kinshasa, Kibassa se rendit vite compte que les journaux pro-Tshisekedi ne l’avaient pas raté: «Kibassa corrompu». C’était donc parti pour la diabolisation pour séparer les deux amis et ainsi permettre à Tshisekedi de rester le seul maître à bord du navire.
Mais, cette campagne de diabolisation contribua à réduire l’aura et le succès de l’UDPS jusqu’à le réduire au rang d’un parti quasi ethno-tribal alors que ce parti incarnait, autrefois, les espoirs de tous les Congolais fatigués de Mobutu et de son régime. Et aujourd’hui, Tshisekedi n’étant pas disponible pour garder le contrôle de l’UDPS, ses propres «frères» semblent ne plus parler le même langage comme s’ils avaient déjà déclenché la guerre de succession. A cette allure, l’après Tshisekedi s’annonce mal pour un parti qui a mené une longue lutte contre la dictature et qui risque de finir comme le MPR après Mobutu, le PDSC après Jose ileo, l’UFERI après Nguz …