Source: Le Palmarès
L’Eglise catholique tape du poing sur la table en dénonçant avec force le scandale des fraudes généralisées qui se constatent dans les exploitations minières à travers le territoire national. Elle se propose même d’offrir des pistes de solution pour arrêter cette gabegie.
Tous les observateurs qui n’ont pas les yeux dans la poche, après un séjour au Katanga, se rendent compte d’au moins deux faits: la prolifération des sociétés minières et la grande circulation d’une masse monétaire douteuse.
Qui fait justement penser à des opérations de blanchiment minier par des investisseurs aux fortunes douteuses qui ont choisi ce nouvel Eldorado.
Un autre fait qui saute aux yeux est la présence de nombreuses Ong de lutte contre la fraude minière qui se bagarrent par « minings » interposés.
En effet, au départ nourries de la noble ambition de défendre les exploitants miniers en règle et de veiller à l’évasion des ressources minières sans contrepartie pour l’intérêt du peuple congolais en général et katangais en particulier, ces Ong se sont faits pratiquement achetées et se trouvent aujourd’hui instrumentalisé es par les opérateurs miniers. Ainsi, aujourd’hui, quand l’une d’entre elles attaque une société minière, la réplique ne se fait pas attendre d’une autre qui s’érige en avocat.
Tout cela accompagne par une valise de dollars américains pour l’achat de leurs consciences.
La magouille a à ce point pénétré les milieux miniers que plus personne au Katanga ne jouit plus de la présomption de posséder les mains blanches. A commencer par les autorités politiques, dont les membres de l’exécutif provincial, accusés de double jeu. Côté face, ils présentent un visage d’honnêtes gouvernants, acquis à la bonne gouvernance et défenseurs des intérêts de leurs administratifs. Côté pile, c’est l’envers de la médaille, car complètement mouillés dans les transactions minières.
Personne n’est complètement blanc
Même le richissime gouverneur de la province, Moïse Katumbi Chapwe n’échappe pas à ce cliché. Malgré sa bonne volonté et toutes les actions qu’il réalise pour son Katanga. Comment en serait-il autrement ?
En effet, il lui est reproché d’être, dans les problèmes des « minings » à la fois juge et partie. Et pour cause ? Actionnaire principal dans une des plus grosses boites minières, Mining Katanga., une certaine opinion pense qu’il n’a pas complètement les mains libres pour combattre la fraude minière.
Et que de ce fait, par ricochet, il est souvent obligé de fermer les yeux sur certaines dérives des opérateurs miniers, ne fût ce que par solidarité d’homme d’affaires. Les loups ne se mangeant pas entre eux.
Ajouté à sa qualité d’exploitant minier, c’est son épouse, Carine Kapinga, qui a la haute main sur l’évacuation des produits miniers. Elle possède la plus grosse compagnie de transport qui a l’exclusivité de cette évacuation vers les centres de traitement: la société Hakuna Matata. Dont elle est la principale actionnaire. Une entreprise de transport née sur les anciennes de l’ancienne Merzario et qui possède plusieurs « trucks » affectés à cette besogne très lucrative. Même l’international Mputu Mabi Trésor est activement impliqué dans le secteur minier, où il possède de gras intérêts. De par son manage avec une parente du couple Katumbi.
Le sursaut de l’Eglise catholique
Devant l’inertie de l’autorité politico-administra tive, la complicité évidente des Ong contre la fraude, seule contre tous, l’Eglise catholique du Katanga a décidé de monter au créneau.
Lors de l’ouverture, samedi 15 mai dernier, du séminaire de formation des membres de l’Observatoire des ressources naturelle, un des Evêques participants a notamment déclaré « l’Eglise catholique veut s’impliquer pour la transparence de la gestion des ressources naturelles congolaises ». Pour cet homme d’Eglise, l’observance d’une éthique dans l’exploitation des ressources, notamment minières, doit être de stricte observance. Et d’ajouter: « Il est important que l’Eglise puisse comprendre si l’exploitation de ces ressources contribue au développement du pays. Il est important également que l’Eglise sache dans quelles conditions des droits humains se fait l’exploitation des ressources naturelles ».
Les participants à ce séminaire n’ont pas tort de vouloir scruter ce qui se passe en coulisses dans ce milieu minier dominé par une maffia non seulement congolaise, mais surtout étrangère, attirée par les facilités leur accordées et le laxisme de l’autorité congolaise.
D’où, les questions légitimes et fondamentales que sont en droit de se poser les participants à ces assises : l’exploitation de nos ressources contribue-t- elle réellement au développement du pays et profite-t-elle aux populations autochtones? La commission épiscopale pour les ressources naturelles (CERN) en collaboration avec la Conférence épiscopale nationale du Congo essayera d’y répondre et de donner des pistes de solution dont le Gouvernement pourrait s’inspirer pour assainir le Secteur minier.