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Par Marie-France Cros
Nouveau coup de chaud à Kinshasa contre le Belge. Cette fois, cependant, le commissaire parlait sous la responsabilité collective de la Commission européenne.
1.De Gucht juge que la réaction congolaise va trop loin
2. Ce qu’a dit le commissaire
3. La transciption verbatim du débat est disponible en ligne
4. La résolution
Nouveau coup de chaud à Kinshasa au sujet de Karel De Gucht, commissaire européen au Développement jusqu’à la fin janvier et au Commerce ensuite.
Selon des indiscrétions en provenance de la Commission européenne, celle-ci a en effet reçu le 2 janvier une note verbale du ministère congolais des Affaires étrangères, s’indignant de propos tenus par M. De Gucht lors d’un débat sur le Congo au Parlement européen, le 16 décembre, considérant qu’il s’agissait de sa part d’un “procès du fonctionnement de l’Etat congolais dans des termes aux relents notoirement racistes, irrespectueux et irresponsables”. On trouvera en page de droite les déclarations de M. De Gucht le 16 décembre.
Plus grave: selon nos informations, il a en outre été verbalement communiqué au chargé d’affaires européen à Kinshasa qui a reçu cette note verbale, que “dans l’état actuel des choses, la venue du commissaire (à Kinshasa) n’était pas souhaitée” et que “toute demande de visa serait considérée comme une provocation”, mise en garde qui s’adresse tant au commissaire au Développement qu’au futur commissaire au Commerce. Ce dernier point fait allusion aux préparatifs d’une visite du commissaire au Congo au cours de ce mois de janvier.
L’initiative de Kinshasa a provoqué la surprise à Bruxelles, où avait déjà étonné, par sa virulence, une réaction du porte-parole du gouvernement congolais au lendemain du débat européen. Lambert Mende avait alors accusé le commissaire belge de “se prendre pour un donateur divin”, mettant apparemment en cause une phrase prononcée en anglais par M. De Gucht en réponse aux questions des parlementaires européens: “La Commission européenne fait beaucoup pour l’aide humanitaire et les programmes destinés à rétablir le règne de la loi. Nous parlons de dizaines de millions, et même plus de 100 millions d’euros initialement. Mais le problème, bien sûr, est: quelle est l’efficacité de tout ceci si vous n’avez pas de contrepartie appropriée dans l’arène politique ?”
Le porte-parole du gouvernement congolais citant M. De Gucht de manière inexacte (selon ses déclarations à l’AFP, le commissaire aurait dit que Bruxelles versait beaucoup d’aides humanitaires au Congo et que cela était “sans intérêt”), sa sortie n’avait guère provoqué de réactions en Europe. L’initiative du ministère congolais des Affaires étrangères revêt cependant une tout autre dimension.
Kinshasa semble s’être imprudemment avancée en traitant le commissaire européen au Développement comme elle traite parfois des membres du monde politique belge, habitué aux relations cahotiques qui sont les siennes avec son ancienne colonie. Les autorités congolaises s’en prennent en effet cette fois à la Commission européenne, responsable collectivement de la déclaration de M. De Gucht, ensuite endossée par le Parlement européen, qui a adopté le 17 décembre une résolution ne critiquant en aucune manière le commissaire et allant dans le sens appuyé par ce dernier. M. De Gucht s’exprimait, en outre, avec l’aval du Haut représentant européen pour la politique étrangère, Catherine Ashton.
Comment va réagir l’institution européenne – dépourvue du paternalisme belge vis-à-vis de Kinshasa mais donc aussi de son indulgence – face à cette attaque contre elle?
Plus immédiatament, le refus de recevoir le commissaire au Développement va retarder la mise en oeuvre de dix projets d’aide, pour un montant total de 278,5 millions d’euros, dont M. De Gucht devait signer ce mois-ci à Kinshasa les conventions de financement. Sans compter qu’on peut se demander si le successeur de M. De Gucht, le Letton Andris Pielbags, sera aussi intéressé qu’un Belge par les dossiers congolais et leur donnera l’indispensable impulsion.