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Source: Le Potentiel
Un jeu de ping-pong, consistant à se rejeter mutuellement la responsabilité sur le regain de l’insécurité dans les Kivu, met face à face le gouvernement et le CNDP. Selon des observateurs, ce flot d’accusations réciproques n’est que l’arbre qui cache la forêt. Avec, à la clé, la pérennisation d’un espace de non droit, caractérisé par la volatilité de la situation sécuritaire.
Qui entretient encore l’insécurité dans les Kivu avec, pour conséquence, son lot de victimes civiles innocentes ? Cette question ne trouve pas de réponse appropriée. En tout cas, pas pour l’instant.
Selon Me Kasiwa Mahamba, le porte-parole du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP ex-mouvement politico-militaire), l’insécurité « prévaut partout dans la région et ne saurait (donc) être imputée au CNDP ». Me Kasiwa était interrogé le 03 septembre par La Voix de l’Amérique.
Pour l’opinion publique, le gouvernement de la RDC et le CNDP jouent à « je te tiens par la barbichette ; tu me tiens par la barbichette ». S’appuyant sur cette carte de la confusion, le CNDP accuse le gouvernement de ne pas respecter l’accord de paix signé à Goma en mars 2009. D’où des parasites qui créent la situation d’insécurité récurrente dans la province du Nord-Kivu.
Les récentes révélations de l’ONU et des ONG internationales faisant état de plusieurs centaines de cas de viols à l’encontre des femmes, mettent en relief l’ampleur du phénomène. Ces révélations posent, incidemment, la problématique de l’évaluation des accords conclus à l’époque, on le sait, sous la médiation internationale.
ALIBI CNDP
Loin du théâtre des protagonistes, on peut s’interroger lequel d’entre gouvernement ou le CNDP n’a pas rempli sa part de contrat ? L’interrogation, importante à tous égards, pourrait aider à situer les responsabilités des uns et des autres. Et à démêler une bonne part de l’écheveau kivutien.
L’exercice deviendrait avantageux s’il permettait de conclure que la non application, ou l’application partielle, desdits accords est à la base de la résurgence de graves actes d’insécurité au Kivu, que Kinshasa impute au CNDP. Actes que naturellement déplore le CNDP qui dit, à son tour, qu’ils ne sont que la résultante du non respect de la parole donnée par le gouvernement. Le CNDP évoquant par là 2009, lorsqu’il avait accepté de déposer les armes afin d’intégrer les institutions républicaines.
Plus explicitement, le CNDP crie au blocage par le gouvernement du processus de paix initié en mars 2009. A titre illustratif, son porte-parole explique que « le gouvernement a pris des engagements, par exemple, la reconnaissance formelle des grades des ex-militaires et policiers ex-CNDP, le retour effectif des réfugiés Banyamulenge, l’intégration politique des cadres du CNDP, l’installation des comités locaux de conciliation ». Nombre de ces engagements seraient donc restés au niveau de bonnes intentions.
Accusé d’entretenir en sous-main une administration parallèle dans le territoire de Masisi, bien que s’étant engagé à lever le pied, le CNDP ne manque pas d’alibi. Selon son porte-parole, l’accord de 2009 engageait les parties à procéder « à l’installation des administrateurs de territoire et leurs assistants, tandis que le reste du personnel (NDLR : ayant précédemment servi dans les rangs du CNDP) restera en place jusqu’à nouvel ordre ».
RENIER SA SIGNATURE ?
Conclusion dépitée du CNDP, à en croire son porte-parole : «les gens ne se rendent pas compte que les anciens agents administratifs du CNDP ne relèvent plus du pouvoir hiérarchique du CNDP (NDLR : mais que) ce sont des fonctionnaires de l’Etat ». Belle rhétorique enrobée dans un joli sophisme !
En tout état de cause, les récriminations qui fusent de part et d’autre, une année après la signature en grande pompe de l’accord en mars 2009, montrent deux choses : le gouvernement central avait négocié en position de faiblesse. Et sous la pression de l’insaisissable communauté internationale. Pour plusieurs raisons liées à « la raison d’Etat », le gouvernement avait intérêt, à l’époque, à sauver la face vis-à-vis de l’opinion internationale, alors toute impériale dans le délicat dossier de l’Est.
Ceci dit, il n’est que normal de se rendre compte que le gouvernement s’était, par l’accord de Goma, intuitivement placé sous le chantage du CNDP.
Le plus imprudent, pour les hommes qui gèrent (?) le dossier, serait de s’imaginer naïvement qu’il est clos. Ou que l’ex CNDP politico-militaire, tactiquement transformé en parti politique, serait subitement devenu quantité négligeable sur l’échiquier de l’Est.
LE CNDP RATTRAPE
Toutefois, une nouvelle donne peut changer présentement le rapport en présence. La publication du rapport de l’ONU annoncé pour le 1er octobre prochain charge le Rwanda. Le CNDP, dont l’ancêtre lointain est l’aile dure de la défunte AFDL qui a gardé la ligne extrémiste du RCD a bénéficié du soutien de ce pays voisin dans son entreprise criminelle à l’Est. Ce mouvement politico-militaire ne s’en sortira pas aussi facilement, dès l’instant où le Rwanda est déjà gravement indexé. Du coup, la place du CNDP n’est pas dans les institutions, mais devant les juges du tribunal international pour les massacres commis à l’Est de la RDC.
Plutôt que de s’activer pour entrer dans les institutions de la République notamment au gouvernement, le CNDP qui utilise l’arme du chantage, ferait mieux de préparer sa défense devant la justice internationale. Lier le gouvernement au respect des engagements pris est une bonne chose. Cependant, éviter à la République de consacrer des primes à ceux qui l’ont endeuillée serait faire justice à d’innombrables victimes et à la République, elle-même.
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