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-Non, trois fois non. Pour une fois, c’est l’unanimité au Congo : la classe politique, majorité et opposition côte à côte, l’opinion publique s’exprimant autant dans les associations que dans la rue et les forces armées qui s’en tiennent à leur victoire militaire et consolident leur contrôle sur le Nord Kivu, tous approuvent les négociateurs qui, à Kampala, ont claqué la porte et refusé de signer le document que leur présentait le médiateur ougandais. « Le match est fini, le boxeur M23 a été mis dans les cordes, on ne peut le faire remonter sur le ring » expliquent les vendeurs de journaux, proposant des quotidiens aux manchettes qui se ressemblent toutes. En termes plus politiques, Seraphin Ngwej, le conseiller diplomatique du chef de l’Etat, ne dit pas autre chose : « comment pouvons nous accepter que l’on mette sur pied d’égalité un mouvement qualifié de « force négative » par les Nations unies, qui a été vaincu sur le terrain militaire, avec un gouvernement légitime ? »
« Accord de paix » ou simple « déclaration » ? La question n’était pas seulement sémantique. Ayant vaincu militairement ses adversaires, qui, mis en débandade se sont repliés dans les pays voisins (non sans se démultiplier, passant de quelques centaines de rebelles en déroute à 1700 combattants accueillis en Ouganda…) Kinshasa n’entend pas signer autre chose qu’un document par lequel le M23 accepte de mettre fin à la guerre. Bref, une capitulation en rase campagne, traduisant le nouveau rapport de forces établi à la fois sur le terrain des opérations et sur le plan diplomatique, où Kinshasa a pu compter sur le soutien de ses alliés d’Afrique australe.
Du côté de la branche politique du M23, refusant l’idée d’une reddition pure et simple, on exige toujours un « accord », assorti de certaines conditions, entre autres en ce qui concerne la réintégration des combattants au sein des forces congolaises, ce qui suscite plus que des réticences au sein d’une armée requinquée et qui n’entend plus être infiltrée par des hommes à la loyauté douteuse.
A l’instar des négociateurs congolais à Kampala, Seraphin Ngwej n’hésite plus à mettre en cause la neutralité du médiateur ougandais, le ministre de la défense Crispus Kyonga : « cette fois, il a abattu ses cartes, démontré qu’il a un autre agenda que celui de simples bons offices, qu’en réalité il ne cherche qu’à sauver la mise du M23… »
Un négociateur congolais, qui participait au sommet de Pretoria, qui avait rassemblé voici huit jours les présidents des pays de la région des Grands Lacs (Paul Kagame brillant par son absence) et les chefs des Etats d’Afrique australe, raconte lui aussi comment le président ougandais Museveni fut apostrophé par ses pairs : « terminez votre travail » lui intima le vieux président ougandais Mugabe tandis que le président Kabila, d’un calme olympien, assénait « nous, nous n’avons jamais menti à personne » et précisait «il est temps que tout cela s’arrête, désormais nous n’avons plus de temps à perdre… » (ce qui est un euphémisme, alors que depuis onze mois, tous frais payés par le gouvernement congolais, les pourparlers de Kampala tournent en rond…)
« A chaque fois que nous avons conclu un accord de paix, une nouvelle rébellion, peu de temps après, a resurgi de ses cendres et désormais nous voulons mettre fin à ce cycle infernal » ajoute Seraphin Ngwej, estimant que « la victoire militaire des forces congolaises aura une onde de choc dans les pays voisins, l’Ouganda et le Rwanda, qui, depuis vingt ans avaient misé sur la fragilisation de la RDC… »
Galvanisées par la victoire militaire, assurées du soutien de la force d’intervention africaine (Malawi, Afrique du Sud et surtout Tanzanie, qui a perdu trois officiers au cours des combats) les autorités congolaises se montrent désormais intransigeantes.
Le consensus est tel que l’on peut se demander si le « gouvernement d’unité nationale », toujours en gestation et qui risque de ressembler à un paquebot sur lequel toutes les forces politiques trouveraient leur place au soleil est encore réellement nécessaire. « Au lieu de satisfaire les politiciens qui veulent leur part du gâteau, le président ferait mieux de laisser travailler le Premier Ministre Matata Mponyo… On ne change pas une équipe qui vient de gagner… » assurent les vendeurs de journaux…
Le carnet de Colette Braeckman