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Source: Kric.org
Un pseudo-événement. C’est le moins qu’on puisse dire du remaniement du gouvernement que vient d’opérer Joseph Kabila. En neuf années de présence à la tête de l’Etat, le «raïs» a effectué une dizaine de «réaménagements» des équipes gouvernementales successives sans pour autant apporter le moindre Changement – en termes d’efficacité – dans la gestion des affaires publiques autant que dans le vécu quotidien de la population. Cette fois sera-t-elle la bonne ? C’est à voir. En revanche, quelques «fidèles» ont pu, chaque fois, prendre l’ascenseur social conduisant vers la «mangeoire nationale». On peut comprendre les «Milolo» (youyous) poussés par les parents et amis des nouvelles «excellences». Pour eux, c’est sans aucun doute un événement.
Un nouveau gouvernement pour quoi faire avec quels moyens ? Les politologues considèrent à juste titre que la politique – c’est-à-dire la gestion de la vie collective – va de pair avec l’action. Toute action suppose des moyens à fins. Au Congo démocratique, on semble souvent oublier qu’un gouvernement n’a pas pour mission de gérer des dossiers, un rôle dévolu à l’administration. La tâche du gouvernement consiste à donner des grandes orientations et à prendre des décisions majeures destinées à résoudre les problèmes inhérents à la vie collective. Bref, à améliorer le cadre et la qualité de la vie.
Irresponsabilité, insécurité, pauvreté, Impunité, gabegie, injustice sociale, sont autant de maux dont souffre et continue à souffrir le Congo sans que les gouvernements successifs aient pu apporter un début de réponse. La liste est loin d’être exhaustive. «Le ministre est responsable de son département, stipule l’article 93 de la Constitution de la RD Congo. Il applique le programme gouvernemental dans son ministère sous la direction et la coordination du Premier ministre (…)».
Irresponsabilité. Qui est responsable de quoi dans ce pays où les membres du gouvernement affichent la posture de «super secrétaires généraux» de l’administration publique alors qu’on attend d’eux de se comporter en «décideur-réformateur» de leur secteur respectif d’activités. A titre d’exemple, l’actuel ministre des Affaires étrangères consacre tout son énergie dans la gestion du nouveau passeport dit bio métrique – une tâche purement administrative – alors qu’on attend de lui notamment de doter le pays d’une politique étrangère codifiée et de résoudre les problèmes qui se posent tant au niveau de l’administration centrale que des représentations diplomatiques congolaises aux quatre coins du monde. Pire, depuis la «libération» du 17 mai 1997 à ce jour, les Congolais attendent désespérément de recevoir la nouvelle carte d’identité devant remplacer la «Carte pour citoyen». Qui est responsable de cette grave lacune ? Est-ce le ministre de l’Intérieur ou le président de la République dont le cabinet joue le rôle d’un «gouvernement parallèle» ? Pourquoi Joseph Kabila affiche-t-il peu d’empressement à mettre fin à cette “omission”? Que se cache-t-il derrière cette attitude?
Insécurité. Dans les provinces du Kivu, les citoyens congolais sont, depuis plus d’une décennie, terrorisés par des groupes armés nationaux et étrangers. Dans la Province Orientale, les «éleveurs» Mbororo et les rebelles ougandais de la LRA sèment la mort au quotidien. Les Congolais de ces contrées vivent dans la peur ne sachant à quel saint se vouer. Ces situations n’empêchent pas le conseil des ministres de déclarer à chacune de ses réunions que «la situation est globalement calme à travers le pays». Peut-on parler de «calme» et de «paix» pendant que des citoyens vivent dans l’insécurité tant pour leurs personnes que pour leurs biens ?
Pauvreté. Dans son discours prononcé devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès en décembre dernier, Joseph Kabila a reconnu, neuf années après son accession à la magistrature suprême, que «les conditions de vie des populations congolaises, tant au Kivu que partout ailleurs, demeurent largement en deçà de leurs légitimes attentes». C’est ainsi qu’il a décidé que, «dès l’année prochaine, l’accent dans la mise en œuvre des Cinq Chantiers sera déplacé du secteur des transports aux infrastructures scolaires, hospitalières, de génération et de distribution d’eau et d’électricité, (…) ». Force est de relever que les gouvernants congolais paraissent incapables de faire la distinction entre les actions urgentes et les actions importantes. Fallait-il consacrer l’essentiel des moyens financiers aux travaux de réhabilitation des infrastructures pendant que la population peine à satisfaire ses besoins vitaux en eau potable, en électricité, en soins de santé et en éducation ? Autre exemple. Depuis un certain temps, le ministre congolais de la Justice se plait à déporter les jeunes délinquants dits «Kuluna» dans les prisons de l’arrière-pays. C’est la solution à moindre frais qu’il a trouvé pour éradiquer cette nouvelle forme de banditisme dans la capitale. Ce membre du gouvernement parait ignorer que l’augmentation des crimes et délits dans une société est directement liée à l’accroissement de la misère. C’est aussi le signe révélateur d’une société mal gouvernée. Ne faudrait-il pas donner une formation professionnelle à ces jeunes gens pour leur permettre de trouver un emploi?
Impunité. «Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et exécutif», dispose l’article 149 de la Constitution. Ce vœu des législateurs peine à se matérialiser. La justice congolaise est toujours dépendante de l’exécutif dont le chef nomme et révoque à sa guise les magistrats tant du parquet que du siège. Les magistrats, toujours clochardisés, attendent de recevoir les moyens matériels et financiers pour affirmer leur indépendance. Les crimes et délits sont commis impunément. Des poursuites ne sont engagées que lorsque le pouvoir exécutif juge de l’opportunité. Plus grave, les agents publics chargés d’appliquer la loi en RD Congo – policiers, magistrats, soldats des FARDC – sont les plus grands violeurs de la loi.
Gabegie. La RD Congo est mal gérée. L’aide accordée à l’Etat haïtien d’un montant de 2,5 millions USD constitue le plus bel exemple de gestion-pirate de l’argent public. Ce geste démontre que les gouvernants congolais devraient être initiés à la bonne gestion. Celle-ci doit passer par une réduction drastique du train de vie de l’Etat et l’affection de l’argent récupéré dans les dépenses les plus productives.
Injustice sociale. En scrutant la composition de la nouvelle équipe gouvernementale, il apparaît que les ressortissants de certaines provinces du pays continuent à être privilégiés par rapport à d’autres. Cette injustice sociale se remarque aussi dans la vie quotidienne où la loi est plus accommodante vis-à-vis des uns et sans rémission à l’encontre des autres. Quid de l’égale protection des Congolais devant la loi ?
Il faut espérer que la nouvelle équipe gouvernementale donnera aux citoyens les raisons de respecter leurs gouvernants. Un tel respect se mérite. Il dépend de l’engagement clair et net du gouvernement à se mettre au service de l’intérêt général. Inutile de dire que gouverner un Etat n’a qu’un seul but : la recherche permanente des voies et moyens pour rendre la vie collective chaque jour plus vivable pour chacun et pour tous. Tout action contraire ne peut susciter que mépris et réprobation.
Baudouin Amba Wetshi