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[Reportage] RDC: l’errance des enfants congolais expulsés d’Angola

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Par
RFI

Publié le 08-11-2018
Modifié le 08-11-2018 à 11:59

Des centaines d’enfants mineurs isolés errent actuellement dans le Kasaï en RDC sans pouvoir retrouver leurs familles. C’est l’une des conséquences des expulsions forcées de Congolais menées depuis plus d’un mois par l’Angola. Elle témoigne de la brutalité et la pagaille qui président à cette opération lancée début octobre sans préavis par l’Angola. A Kamako, ces enfants ont le plus souvent trouvé refuge dans des églises, en attendant, peut-être de retrouver la trace de leurs parents. Reportage à la paroisse ACK, Assemblée chrétienne de Kamako.

Ils sont cinq frères et sœurs, ils ont entre 4 et 12 ans, sont nés en Angola, ne connaissent personne au Congo et ont perdu la trace de leurs parents il y a presque un mois : « Les militaires sont venus chez nous. Ils ont arrêté papa et maman sous nos yeux. On est d’abord restés là dans la maison à pleurer et le soir, j’ai fermé la porte pour que nous dormions. Le lendemain, lorsque j’ai vu tous ces gens dehors en train de fuir vers le Congo, on les a suivis parce qu’on ne savait pas où aller ».

Après des jours de marche sans manger, une fois dépassée la frontière, les cinq enfants ont croisé Georges Mponga, un pasteur violemment expulsé d’Angola lui aussi. Il les a pris sous son aile : « A mon retour, j’ai trouvé les enfants qui souffraient, qui ne connaissaient pas le tshiluba, le lingala, ni le français. Comme moi, je connais le portugais, je me suis intéressé à prendre même leur charge. C’est pour cela que je suis resté avec eux ».

Quatre mètres sur quatre et un matelas posé sur le sol, c’est dans ce bureau de la paroisse de l’ACK, Assemblée chrétienne de Kamako, qu’ils ont trouvé refuge. Une église que dirige le pasteur Jean-Marcel Kasabubabo : « Voilà, les enfants dorment dans ces conditions avec nous ici. Ce sont les enfants que nous avons ici avec douleur. Ils souffrent. La  charge nous dépasse. Nous ne sommes pas assistés ni par les gens de la communauté internationale ni par le gouvernement. C’est avec nos petits moyens de l’église que les enfants vivent ».

Dix-huit enfants isolés vivent actuellement dans cette église dans l’espoir que leurs parents viendront les y chercher.

Il y a des enfants soit qui sont restés en Angola et les parents sont ici, soit dont les parents sont encore en Angola et qui ont été emportés par la foule de personnes qui commençait à voyager vers le Congo.

Anna Praz, chef des opérations du CICR à Kamako

08-11-2018
– Par
Florence Morice


■ Renouer le contact avec les familles

Pour aider ces expulsés désemparés, le Comité international de la Croix-Rouge ( CICR) a installé au centre-ville de Kamako une cabine téléphonique. Chaque jour, une centaine de refoulés d’Angola s’y rendent pour appeler gratuitement leurs proches, tenter de les retrouver et le plus souvent leur demander de l’aide. Ils ont droit chacun à un appel de trois minutes pour sortir de l’impasse.

André affiche une mine soulagée. Arrêté, tabassé, dépouillé, puis expulsé par l’armée angolaise, il erre depuis quinze jours sans rien à Kamako. Ce matin, il a au moins pu appeler un de ses oncles à l’aide : « Je lui ai demandé de m’envoyer de l’argent, pour pouvoir faire le trajet jusqu’à Kananga, où se trouve ma mère. Sans ça, je suis coincé ici ».

André range précieusement sans sa poche le numéro de son oncle. Un an qu’il n’avait pas pu lui parler : « Leur numéro ne passait plus depuis la guerre dans le Kasaï. Mais ce matin, j’ai croisé un cousin ici qui m’a donné leur nouveau numéro. Je suis tellement soulagé. Je pensais que toute ma famille avait été exterminée pendant le conflit et que je n’avais plus personne ici. Ils sont à Tshikapa. Je vais tout faire pour les rejoindre ».

A ses côtés, Kasonga vient de raccrocher avec sa nièce. Un appel à l’aide pour lui aussi. Mais il n’est pas optimiste : « Elle me dit qu’elle n’a pas les moyens de m’envoyer de l’argent. Elle aussi a une vie difficile. Elle ne travaille pas. Mais je n’ai personne d’autre à qui demander de quoi payer le trajet pour quitter ici. Je ne sais pas ce que je vais devenir ».

Un peu en retrait, Jean Sy, lui cherche encore le numéro de sa famille. Noté sur un carnet qu’il a perdu dans la panique en quittant de force l’Angola où il vivait depuis douze ans.

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