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Résultats des législatives: un «13 janvier» hypothétique

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Par Le Potentiel

Agent de la CENI-Publiera, publiera pas ? Interrogation difficile tant il est vrai que jusqu’hier tard dans la soirée, rien de rassurant ne se dégageait des couloirs de la CENI. Si les membres du bureau de cette institution d’appui à la démocratie en déplacement n’avaient pas encore tous regagné Kinshasa, les 8 experts de la Communauté internationale travaillaient en vase clos à Kinshasa. De quoi rendre hypothétique la publication des résultats provisoires des élections législatives 2011 prévue pour ce 13 janvier 2012.

Il ne reste plus que 24 heures pour que les Congolais soient informés sur les noms des cinq cents candidats députés nationaux élus à l’issue des législatives du 28 novembre 2011. L’élan avec lequel le bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a, depuis quelques jours, habitué les Congolais à la publication des résultats partiels de ces scrutins, semble s’estomper cette semaine. Cela d’autant plus que la dernière publication de ces résultats remonte au jeudi 5 janvier. Et pourtant, d’aucuns attendaient voir, au cours de cette semaine, cette institution citoyenne progresser dans son travail de publication des résultats des bureaux de compilation. Malheureusement, ce n’a pas été le cas.

Et comme il fallait s’y attendre, des commentaires vont bon train. Certaines personnes sont d’avis que la CENI respectera le calendrier électoral en publiant les résultats provisoires, ce vendredi 13 janvier. D’autres, par contre, demeurent sceptiques. Ils craignent que l’organe de gestion des élections ne soit pas au rendez-vous de ce 13 janvier comme initialement prévu.

Malgré toutes ces appréhensions, la Commission électorale nationale indépendante s’obstine à faire croire que le rendez-vous sera respecté d’une façon ou d’une autre. Elle se veut rassurante, sans rien dire, étant donné que les opérations de compilation sont «suffisamment» avancées dans les CLCR disséminés à travers le pays.

De source crédible, l’on apprend que la publication des résultats provisoires des législatives nationales serait maintenue prévue pour ce 13 janvier 2012. «Même s’il y avait prolongation, les membres du bureau de la CENI se réuniront pour discuter de cette situation», précise-t-elle.

A ce jour, le bureau de la CENI a publié des résultats partiels de 153 CLCR compilés sur 169. Quinze autres Centres locaux de compilation des résultats sont en instance de traitement et un seul CLCR n’a pas été reçu.

Par ailleurs, la même source affirme que tous les experts internationaux travaillent en collaboration avec les techniciens de la CENI à Kinshasa. Depuis la semaine dernière, «les deux parties se sont déjà réunies à quatre reprises à huis clos». D’après cette source, les experts internationaux ne sont pas déployés dans les CLCR. Ils sont venus en RDC sur la demande de la Communauté internationale, mais pas de la CENI. Aussi, ont-ils reçu mission de vérifier seulement si le travail de l’institution d’appui à la démocratie est «en conformité avec les procédures électorales» relatives à la transparence et à la crédibilité des opérations de compilation. Ils constituent seulement un appui technique à la CENI.

Il sied de souligner que le nombre d’experts internationaux à pied d’œuvre à Kinshasa s’élève à huit personnes. Dont deux sont de National Democratic Institute (NDI), les deux autres proviennent de la Fondation internationale pour les systèmes électoraux, IFES, et les quatre derniers du Forum des commissions électorales de la SADC.

Parmi ces experts, il y a ceux qui travaillent depuis longtemps avec la CENI. Il s’agit, notamment du directeur de l’IFES.

Pendant que les techniciens internationaux remplissent leur mission à Kinshasa, le bureau de la CENI est dépêché dans des CLCR à problème. Selon cette même source, le vice-président de la CENI est délégué dans les deux Kasaï. Mme la 2ème rapporteur adjointe se trouve en Province Orientale et au Maniema.

Le rapporteur est, quant à lui, mandaté dans la province de l’Equateur. Entre-temps, le 1er rapporteur adjoint est envoyé dans la province du Bandundu pendant que les membres du cabinet de Mme la Questeur adjointe sont délégués au Katanga.

Ils ont tous reçu l’ordre d’ouvrir les plis destinés à la CENI et de les comparer avec les résultats des CLCR. A la date du mercredi 11 janvier 2012, aucun de ces membres du bureau de la CENI n’avait encore regagné la capitale, Kinshasa. Et même s’ils rentraient ce jeudi, ils ne disposeront pas de temps nécessaire pour élaborer un rapport fiable. Ce qui concourt au report de cette date du 13 janvier pour que la proclamation intervienne ultérieurement.

EXPERTS INTERNATIONAUX : MISSION DIFFICILE

Quant à la mission des experts internationaux, elle risque également d’être bâclée. Confrontés au facteur temps, les experts sont «restés bloqués» à Kinshasa, travaillant dans les bureaux de la CENI. Avec quels éléments de travail, de vérification ?

Là est la question fondamentale dès lors qu’ils ne sont pas descendus à la base. C’est-à-dire, dans les bureaux de vote avant d’arriver aux centres de vote et centres de compilation. A moins qu’ils soient surdoués pour dénicher au premier coup d’œil les irrégularités. Mais si tout ceci relève d’une «fraude organisée», ce serait chercher une aiguille dans une botte de foin. A l’image d’«un crime parfait».

DU BOULOT POUR LA CSJ

Quoique l’on dise, la communauté tant nationale qu’internationale reste suspendue au travail des experts internationaux ainsi qu’à la publication des résultats par la CENI. A titre d’exemple, et pour ne prendre que le cas de la Belgique, le gouvernement de ce pays est divisé à la suite de la dernière lettre du Premier ministre Eli Di Rupo. Ses propos sont interprétés diversement à telle enseigne que dans sa dernière déclaration, le gouvernement belge affirme que sa position n’a pas changé. Il attend la publication des résultats des législatives avant de se prononcer officiellement et clairement.

Mais qu’à cela ne tienne. C’est vers la Cour suprême de justice que les yeux sont tournés. Le sénateur Henri-Thomas Lokondo, membre de la commission sénatoriale chargée des Relations extérieures a relevé dans la dernière publication du journal Le Potentiel qu’il revient à la Cour suprême de justice de crédibiliser ces élections.

Une Cour suprême de justice qui aura du pain sur la planche avec cette montagne de contestations en perspective. Elle sera certainement saisie dans les huit jours suivant la publication des résultats, articles 73 et 74 de la loi portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. Et elle dispose de sept jours pour rendre ses verdicts, cas par cas. L’on n’est pas encore sorti de l’auberge. Echos de Bruxelles RDC : le gouvernement reste sur sa position

Le gouvernement attend la publication des résultats des élections législatives du 28 novembre 2011 en République démocratique du Congo avant d’envoyer éventuellement une délégation ministérielle à Kinshasa, a affirmé mercredi le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders.

Le gouvernement maintient son point de point de vue sur le déroulement des scrutins présidentiel et législatif, qui étaient organisés simultanément, ont assuré M. Reynders (MR) et son collègue des Finances, vice-Premier ministre comme lui, Steven Vanackere (CD&V), lors de leur arrivée rue de la Loi pour une réunion du Conseil ministériel restreint.

Le 17 décembre, au lendemain de la proclamation de la victoire du président sortant Joseph Kabila, le chef de la diplomatie avait «regretté que de trop nombreuses déficiences et irrégularités aient dû être constatées lors de la collecte et de la compilation des résultats». Il avait toutefois ajouté que «ces déficiences ne paraissent pas de nature à remettre en cause l’ordre des résultats» donnant M. Kabila vainqueur avec 48,95% des suffrages, devant le vieil opposant Etienne Thsisekedi, avec 32,33% des voix.

Le Premier ministre Elio Di Rupo a félicité «l’ensemble des forces congolaises pour la tenue des élections» qui ont reconduit M. Kabila pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de la RDC, dans un message adressé le 3 janvier au chef de l’Etat congolais.

M. Reynders a qualifié mercredi ce message de “tradition”. «C’est toujours ainsi après les élections», a-t-il souligné, tout en reconnaissant que la compilation des résultats lors de la présidentielle avait été «une catastrophe». Selon lui, le gouvernement attend la publication des résultats des législatives – attendue vendredi – avant d’envoyer éventuellement une délégation ministérielle en RDC. «Elle devra y rencontrer toutes les forces politiques», a fait valoir M. Reynders, défendant sa décision de ne pas se rendre à Kinshasa le 20 décembre pour la prestation de serment de M. Kabila.

Les écologistes flamands de Groen, dans l’opposition, ont qualifié le message de M. Di Rupo de «gaffe diplomatique». «Le Premier ministre Di Rupo n’a sans doute pas directement félicité Kabila, mais on peut s’attendre à ce que ses louanges à l’ensemble des forces congolaises soient utilisées par Kabila pour renforcer la légitimité des résultats des élections», a affirmé la députée fédérale Eva Brems.

Selon elle, le signal donné par la Belgique de ne pas se rendre à Kinshasa pour l’investiture du président a été “perdu”. «Les déclarations de Di Rupo ne sont pas non plus de nature à réduire l’inquiétude et la déception des Congolais» vivant en Belgique, a conclu Mme Brems.

QUE VEUT LA BELGIQUE AU CONGO ?

«Vingt jours après, la Belgique reconnaît Joseph Kabila», titrait mardi le journal congolais pro-gouvernemental “L’Avenir”. Et le site Internet kabiliste “Digitalcongo”, commentait l’information : «Mieux vaut tard que jamais».

Ce cri de victoire, survenant six semaines après les élections les plus visiblement frauduleuses de dernières années en Afrique, avait de quoi étonner. Mais le journal kinois publiait un fac-similé d’une lettre identifiée sous le code EDR/JJS/AVK/004A, datée du 3 janvier 2012 et signée du Premier ministre Elio Di Rupo, adressée à «Monsieur Joseph Kabila, président».

Dans cette lettre, le Premier ministre écrit : «Comme vous le savez, la Belgique est engagée aux côtés du peuple congolais sur la voie du renforcement de la démocratie. Au moment où je viens de prendre mes fonctions en qualité de Premier ministre, je souhaite féliciter l’ensemble des forces congolaises pour la tenue des élections qui vous reconduisent au poste de président de la République démocratique du Congo. Avec la communauté internationale, je reste à vos côtés pour aider le peuple congolais à répondre aux aspirations qu’il exprime en matière de progrès social».

Révélée après le refus du ministre belge des Affaires étrangères, le MR Didier Reynders qui avait refusé de se rendre à l’investiture de Joseph Kabila en raison de la manière cavalière dont les élections avaient été menées par l’appareil d’État au bénéfice du président sortant, cette missive du Premier ministre socialiste belge pouvait-elle être un faux ? Après tout, le régime Kabila n’avait pas hésité, juste avant le scrutin, à dénoncer le meurtre d’un Congolais en Espagne par l’opposition de son pays – meurtre inexistant avait bientôt rectifié Madrid. Vérification faite, il n’en est rien. Cette lettre a bien été écrite. Chez le Premier ministre, on l’explique comme une démarche “purement diplomatique”. Il est vrai, à y regarder de plus près, que M. Di Rupo ne félicite pas Joseph Kabila d’une victoire non avérée mais «l’ensemble des forces congolaises pour la tenue des élections qui vous reconduisent». Manière subtile de ménager la chèvre et le chou. M. Di Rupo félicite sans féliciter. Mais ce n’est pas ainsi que c’est utilisé par le régime congolais et notre Premier ministre devait s’y attendre.

Du coup, alors que la Commission électorale congolaise, compromise dans les fraudes, doit proclamer vendredi ses résultats législatifs, bien malin qui pourrait dire quelle est la position de la Belgique. Didier Reynders avait soufflé le froid, annonçant qu’il espérait pouvoir se rendre à Kinshasa à l’ouverture de la session parlementaire, si le dépouillement des législatives était conduit avec plus de transparence que celui de la présidentielle. Or, il n’en a rien été. Et voilà qu’Elio Di Rupo souffle le chaud.

Belga/Libre Belgique