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SAGA AUTOUR D’UN FILM : MENDE CONFOND THIERRY MICHEL ET DENIS MUKWEGE


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MENDE MUKWEGE MICHEL-Tout est bien qui finit bien, pourrait-on dire. Le film intitulé « L’homme qui répare les femmes- la colère d’Hippocrate » peut, enfin, être diffusé en RDC. Dans un communiqué diffusé lundi 19 octobre 2015, le Ministre de la Communication et des Médias, et porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, a annoncé la levée de la décision qui interdisait la projection du film sur le territoire congolais.

Le Porte-parole du Gouvernement dit avoir considéré les efforts de la coréalisatrice du film, Colette Braeckman, pour “obtenir une traduction plus conforme aux témoignages”. Il ajoute que “la séquence du film ayant fait l’objet d’une traduction jugée non conforme aux propos tenus par les victimes peut être élagué sans en altérer la substance”.

L’interdiction de diffusion de ce film avait suscité des réactions en sens divers, aussi bien de l’un des réalisateurs, Thierry Michel, que du personnage central, le Dr Denis Mukwege, et du Gouvernement belge. Tous criaient à l’obstruction de la liberté d’expression, prenant ainsi les devants de la motivation à la base de la décision du Gouvernement congolais.

En fait, le Gouvernement s’était insurgé, d’une part, contre une mauvaise traduction en français de certains témoignages en swahili et en mashi qui en altérait le sens et, d’autre part, contre des propos dénigrants contre les forces armées congolaises. Mais, malgré ces observations et une proposition de trouver des traducteurs neutres qui proposeraient une version consensuelle des passages litigieux, Thierry Michel est sorti de ses gongs pour critiquer le Gouvernement congolais sur base d’une contre-expertise menée par ses propres soins et qui, selon lui, aurait jugé la traduction française conforme à la langue mashi parlée au Sud-Kivu.

 

La gifle de Colette Braeckman retentit encore

Malgré cette obstination, du reste caractéristique de Thierry Michel qui ne se prive jamais de provoquer des buzz à la sortie de chacun de ses films, sa co-réalisatrice, Colette Braeckman, s’était désolidarisé de lui pour dénoncer son agitation plutôt suspecte. Dans un de ses articles postés sur son blog, il faisait le récit suivant :

« A la suite du refus de diffusion du film « l’homme qui répare les femmes » exprimé par le ministre de l’information congolais Lambert Mende, invoquant la réaction négative des forces armées, une voie de négociation demeurait ouverte. Elle avait été préparée par plusieurs amis congolais et surtout par Kathryn Brahy, déléguée de Wallonie Bruxelles International. Cette perspective demeurait cependant très hypothétique, étant donné que Thierry Michel, de sa propre initiative et sans consulter les autres personnes concernées, -dont les producteurs et la co auteur du film-, avait prévenu la presse de la « censure » dont « l’homme qui répare les femmes » avait fait l’objet. »

Ici partait donc la cabale de Thierry Michel dont la suite des actes démontrait son instrumentalisation de la situation et de ses partenaires pour ses propres intérêts, et même pas de ces victimes des viols que lui et son personnage principal – Denis Mukwege – qui se faisait alors plus politique que médecin. Les deux lascars se sont déchaîné dans les médias alors qu’une voie de sortie restait encore à explorer. Et Colette Braeckman d’en donner le témoignage :

« Malgré tout, il avait été convenu qu’à mon arrivée à Kinshasa, je prendrais contact avec le ministre de l’Information et que nous visionnerions ensemble les passages litigieux, à l’aide d’un traducteur local maîtrisant parfaitement le swahili et le mashi. Si une erreur de traduction avait dû être décelée, elle aurait pu être corrigée, ouvrant ainsi la voie à la levée du veto militaire. Cette solution à l’amiable aurait permis que nul ne perde la face et surtout que la population congolaise puisse prendre connaissance d’un film qui lui était destiné en premier lieu, bien avant les audiences diplomatiques et internationales.

Elle n’a cependant pas été possible parce que le co-auteur du film, Thierry Michel, de sa propre initiative et sans concertation, prit les devants, prenant l’avis de traducteurs vivant en Belgique. Ces derniers conclurent au fait qu’aucune erreur n’avait été relevée et ce verdict, qui ne découlait pas d’une appréciation croisée, fut largement communiqué. »

Pire encore, prenant les devants alors que la démarche de conciliation était encore entière, Thierry Michel, qui s’était manifestement juré d’attirer les phares de l’actualité sur lui et non sur les bénéficiaires du film dont il n’était que co-auteur, en est arrivé jusqu’à proférer des menaces de mort à peine voilée contre Lambert Mende. Colette Braeckman rapporte, en effet, ce qui suit :

« (…) Alors que le rendez-vous était pris avec le Ministre de l’Information, M. Michel prit l‘initiative, encore une fois unilatérale, d’adresser à ce dernier un message qui fut jugé « menaçant » et rappelant les derniers jours du Maréchal Mobutu (septembre est l’anniversaire de la mort de ce dernier au Maroc). A mon arrivée au Ministère de l’Information, je découvris qu’un traducteur local swahiliphone avait déjà été convoqué la veille, en prévision de notre séance de visionnage. Mais surtout, il apparut que les ponts avaient été rompus entre le Ministre et Thierry Michel. Lambert Mende avait tenu le Chef de l’Etat informé de ses échanges avec le cinéaste et le Président avait tranché contre une diffusion du film au Congo. Plus rien n’était donc possible, la porte entr’ouverte avait claqué ».

Et, en fin de compte, cette conclusion sans appel de Colette Braeckman :

« Sans préjuger du résultat final de la démarche entreprise (un échec était parfaitement envisageable, les objections du pouvoir congolais étaient peut-être plus radicales qu’un problème de traduction) je ne peux m’empêcher de conclure que, une fois de plus, le réalisateur a communiqué sans concertation sur une question qui concernait plusieurs personnes ayant jusque-là respecté les règles de la collégialité. Qu’il a torpillé une négociation qu’il savait imminente et délicate, en faisant connaître les conclusions de ses propres traducteurs et en interpellant maladroitement le ministre de l’Information.

Qu’il a, de facto, rendus vains sinon ridicules les efforts de plusieurs personnes qui s’étaient efforcées de trouver une solution à l’amiable, car elles pensaient que la priorité devait être donnée au droit de la population congolaise à voir ce film qui lui était destiné.

Mais je conclus aussi que sur le plan médiatique international, le réalisateur, en plus de décrédibiliser le pouvoir congolais, a assuré la publicité de son film et renforcé sa propre position de victime de la censure… »

Aujourd’hui que ce film peut, enfin être diffusé, Qu’est-ce que Denis Mukwege et Thierry Michel peuvent dire après leurs envolées médiatiques d’il y a quelques semaines ? On comprend, finalement, que la notoriété du Dr de Panzi lui monte à la tête. Se faisant de plus en plus vedette sur les malheurs de ses patientes, on le sent plus politiciens qu’acteur d’un plaidoyer humanitaire jouant une partition écrite là où les Congolais savent…

Pascal Debré Mpoko