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Sécurité nucléaire: la RDC parmis les pays qui ne respectent toujours pas la résolution 1540

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Par Charles Hanley, The Associated Press

NEW YORK – Six ans après l’adoption de la résolution 1540 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui impose aux gouvernements d’exposer leurs actions en matière de sécurité nucléaire, ce texte en théorie contraignant n’est toujours pas appliqué par une trentaine de pays, dont des producteurs d’uranium comme le Niger ou la RDC.

La mise en oeuvre de la résolution 1540, instrument-clé de la lutte contre la prolifération, est l’un des grands dossiers du sommet sur la sécurité nucléaire de Washington.

La résolution demandait aux Etats de rendre compte de leurs efforts en matière de sécurité nucléaire avant octobre 2004. A ce jour, 29 ne l’ont toujours pas fait. Quant aux informations communiquées par les quelque 160 gouvernements qui ont répondu, elles sont souvent insuffisantes.

La résolution “impose des obligations strictes de compte rendu aux Etats, mais peu les ont pleinement respectées”, estime dans un rapport publié en décembre dernier la Commission internationale sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire, groupe d’étude prestigieux.

Claude Heller, ambassadeur mexicain auprès de l’ONU et président de la commission de l’ONU supervisant la mise en oeuvre du texte, prévoit une série de réunions avec des pays qui n’ont toujours pas rempli leurs obligations pour les convaincre de coopérer. Il voit le sommet de Washington comme une occasion d'”envoyer un message fort” sur l’importance de la résolution.

Seul instrument international légal visant à empêcher que la technologie nucléaire ne tombe entre les mains de terroristes, elle s’impose à tous les pays, contrairement aux traités, applicables seulement aux Etats qui les ratifient.

Le texte demande aux Etats d'”adopter et de mettre en oeuvre des lois appropriées efficaces qui interdisent à tout acteur non étatique”, comme des terroristes, de fabriquer ou détenir des armes nucléaires, chimiques ou bactériologiques. Les gouvernements doivent mettre en place des contrôles aux frontières et sur les exportations ainsi qu’une protection physique des sites et matières sensibles.

Une analyse de l’Associated Press met en évidence de grandes disparités dans la manière dont les pays ont rendu compte de leurs actions. Les Etats-Unis et d’autres pays industrialisé s ont communiqué des rapports solides contenant jusqu’à 30.000 mots, alors que des pays plus petits ont soumis des rapports de seulement quelques centaines de mots, qui n’étaient pas vraiment pertinents.

Presque tous les Etats n’ayant pas établi de comptes-rendus se trouvent en Afrique. C’est notamment le cas de la Zambie, du Malawi et de la République centrafricaine, qui produisent de l’uranium.

Autres “mauvais élèves”, le Niger, gros exportateur d’uranium, et la République démocratique du Congo. En 2008, des experts de la commission de M. Heller ont rédigé des rapports pour le compte de ces deux pays. Mais ni le Niger, ni la RDC n’ont rendu compte eux-mêmes de mesures de renforcement de la sécurité nucléaire.

Dans le sud de la RDC, la mine de Shinkolobwe, d’où provenait l’uranium utilisé pour la bombe atomique larguée sur Hiroshima, a été fermée en 1960. Mais ces dernières années, des milliers de mineurs indépendants travaillant sur le site ont extrait du cobalt et, selon certaines informations, de l’uranium.

Sur fond de regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire dans le monde, les sociétés minières intensifient la recherche de gisements d’uranium au Niger et dans d’autres pays ne respectant pas la résolution 1540, comme le Gabon, la Guinée, le Mali et la Mauritanie.

Même s’il pourraient réussir à concevoir des “bombes sales” radioactives relativement simples, Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes n’auraient pas le savoir-faire ni les infrastructures nécessaires pour fabriquer des armes nucléaires à partir de l’uranium africain. Les experts craignent toutefois que des “acteurs non étatiques”, dont des trafiquants motivés par l’appât du gain, puissent livrer de la technologie, de l’uranium ou d’autres matières à un Etat possédant un programme d’armement illicite.

Les obligations fixées par la résolution 1540 sont “particulièrement importantes pour les pays qui ont des mines d’uranium ou un vieux réacteur de recherche”, souligne Johan Bergenas, spécialiste suédois de la non-prolifération.

Une base de données de l’AIEA recense de nombreux cas de vol, de perte ou d’autres incidents impliquant des matières nucléaires chaque année. “Cela montre qu’il y a un risque auquel la communauté internationale doit faire face”, souligne M. Heller.