Vue de l’extérieur, la grande maison sise au 32, rue de Toul, dans le 12e arrondissement de Paris, ne se distingue guère des autres bâtisses érigées dans le quartier au début du XXe siècle. Pourtant, au-dessus de la sonnette, à gauche d’un portail noir, une petite plaque prend aujourd’hui une valeur historique : « SON-RE Pierre Henry » . Quinze mois après la mort du compositeur (le 5 juillet 2017, à l’âge de 89 ans), elle constitue toujours la seule indication du lieu qui fut à la fois sa demeure et son studio (« SON-RE » signifiant « son et recherche électro-acoustique »).
Une plaque nullement commémorative, comme on en trouve à Paris pour perpétuer le séjour d’un artiste de renom ; juste une adresse pour La Poste. Enfin, plus pour longtemps. Dans la cour et dans la maison, les cartons sont légion. Le 31 octobre, Isabelle Warnier – veuve de Pierre Henry – rendra les clés de la demeure louée depuis 1971. Ensuite, le bâtiment sera sans doute rasé pour faire place à un immeuble.
Déco très spéciale
Partout, on s’active. Bernadette Mangin, l’assistante musicale de Pierre Henry pendant trente-cinq ans, a aménagé la bibliothèque en bureau de la dernière heure. Près d’elle, une jeune femme dresse un inventaire sur ordinateur. Ailleurs, d’autres auxiliaires du déménagement emballent les créations plastiques du compositeur, ces tableaux hétérogènes à la Arman confectionnés avec diverses pièces, liées ou non à la musique.
Quelques vestiges de cette déco très spéciale subsistent dans l’escalier (collage avec les différents membres de la famille de Pierre Schaeffer, l’inventeur de la musique concrète), sur un mur (chaussons utilisés par Isabelle Warnier, du temps où elle dansait dans la compagnie de Janine Charrat) ou sur un plafond (affiches de concerts). Et, témoignage plus précieux encore de sa frénésie créatrice, la sonothèque du musicien trône toujours dans plusieurs pièces, en attendant son transfert à…