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Un missionnaire confirme l’occupation armée de Boga en Ituri


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Par Beni Lubero

L’information de la dépêche de BLO du 17 février dernier intitulée « Beni-Lubero encerclé par des clandestins lourdement armés » selon laquelle il y avait un campement des nilotiques lourdement armés à Boga en Ituri vient d’être confirmée par un missionnaire de la région qui demande un concours urgent de prière en faveur des saints de la localité de Tchabi, près de Boga.

D’après le SOS du missionnaire dont nous taisons le nom pour raison de sécurité, “en date du 13 février, des rebelles non autrement identifiés ont recommencé à attaquer la région de Boga. 8 villages ont été attaqués avec 108 maisons pillées et brûlées, et un nombre de morts très élevé. Plusieurs jeunes ont été capturés et enlevés, et 56 enfants ont été retrouvés se promenant entièrement nus, leurs vêtements ayant été ravis par les assaillants.

Aveba, un village situé à 30 km de Tchabi est déjà occupé par ces assaillants, un fait qui coupe le chemin le plus court pour se rendre à Bunia. L’occupation d’Aveba oblige à la population de prendre un détour d’environ 210 Km pour se refugier à Bunia, sans que la sécurité lors de ce grand détour soit assurée.

Le village de Zunguluka situé à 4 km au Nord et en bas de la côte de Tchabi et à 100 km au Sud de la ville de Bunia a été aussi attaqué. Des centaines d’élèves de l’école primaire et secondaire, effrayés par les coups de feu, étaient à débandades sans savoir où fuir. Ce grand village de Zunguluka a été pillé, les maisons brûlées, et on y compte plusieurs morts.

Un petit nombre des soldats de la MONUC sont sur place mais n’ont pas pu protéger les villages ni empêcher l’avancée des rebelles qui pillent tout à leur passage, tirent sur tous ceux qui leur opposent une résistance.

L’électricité étant coupée dans toute la région de Boga, il nous est difficile de communiquer entre nous !

Le Seigneur a protégé Tchabi plusieurs fois dans le passé. Il a même détourné les rebelles à quatre kilomètres de la mission. Il peut le faire encore! Veuillez prier pour les saints qui habitent ces villages.

Avec un cœur troublé,

Missionnaire X X»

Comme tous les cas d’invasion du territorial national par des clandestins armés, le gouvernement congolais ainsi que la MONUC qui représente la communauté internationale au Congo observent un silence de mort vis-à-vis de ces actes hypothéquant la souveraineté nationale du Congo. Ailleurs, comme au Soudan et en Guinée Conakry par exemple, la même communauté internationale parlerait déjà de génocide ou de crime contre l’humanité. Mais en R.D. Congo, le crime de sept millions des morts, des milliers des femmes violentées, des centaines des milliers des habitations brulées, des millions des congolais traumatisés, n’a pas de qualificatif. Autrement dit, c’est un non-lieu. C’est ainsi que des chercheurs canadiens et belges s’emploient à utiliser la science du comptage pour revoir à la baisse le nombre des morts congolais victimes de la thérapie de choc utilisée en R.D. Congo par les transnationales qui recolonisent aujourd’hui la R.D.Congo. Cette thérapie de choc porte déjà ses fruits car 50 après l’indépendance, les congolais ne savent plus compter leurs morts. On peut dire que cette thérapie de choc avec tous ses effets secondaires les a tellement reformatés qu’il leur faut des compteurs et enquêteurs canadiens ou belges pour savoir combien des membres de leurs familles ils ont perdu. Les mathématiciens congolais sous l’effet du choc et du trauma ne savent plus compter ! Le trauma collectif, la souffrance, la peur, le désordre, la destruction des infrastructures de cette thérapie de choc sont ainsi en passe de casser l’âme du peuple congolais afin de lui faire avaler, sous prétexte de développement ou de reconstruction, le virus de l’infantilisme et de la dépendance au « Grand Blanc de Lambaréné ». Ainsi, assiste-t-on, la mort dans l’âme, au retour des pacotilles, de la distribution de l’aide alimentaire à une population qui se nourrissait avant la guerre d’agression. Les sages de nos villages qui résolvaient les conflits de toutes sortes s’enrôlent pour des séminaires de formation organisées par des jeunes stagiaires des universités d’occident qui parcourent les villes et les cités congolaises pour donner des leçons de résolution des conflits aux sages congolais sous le choc de la thérapie du capitalisme du désastre.

Les invasions armées qui provoquent mort et désolation dans les provinces de l’Est du pays en même temps que les thuriféraires du régime en place et les ONG onusiens jouent de la musique de la paix, des cinq chantiers, du retour du FMI, du remaniement du gouvernement, de l’échange respectif des refugiés congolais et rwandais, de la formation de 1000 soldats congolais par l’Africom à Kisangani, de la confirmation par le CEI de la tenue des élections locales en 2010, etc., participent de la stratégie du choc, une stratégie du fouet et de la carotte sans laquelle il serait difficile de reformater l’esprit du congolais pour lui faire accepter une nouvelle colonisation 50 ans après sa première indépendance. L’exclamation des vieux de Bandulu/ Nord-Kivu, survivants de la colonisation belge dans les Mines de Manguredjipa, est ainsi prémonitoire : « la colonisation par des clandestins armés est pire que celle des colons belges » !

Le peuple congolais est ainsi invité à puiser de son capital socioculturel l’énergie nécessaire pour résister mordicus au reformatage mental et vaincre la recolonisation qui s’annonce subtile et meurtrière !