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Vers une justice pour les femmes violées ?


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Source: Pays

L’heure de la pacification totale de l’est de la RDC (République démocratique du Congo) a-t-elle sonné ? Il y a de bonnes raisons de le croire. En effet, il n’y a pas longtemps, le président congolais, Joseph Kabila, avait promis et juré d’en découdre avec l’exploitation illégale des minerais de cette région, considérée comme un no man’s land. Cet exploit, il est en passe de le réussir. Mais les populations locales attendaient de la part du pouvoir congolais et de la MONUSCO (Mission des Nations unies en République démocratique du Congo) beaucoup plus que cela. Car, au quotidien, elles subissent des atrocités d’une autre époque.

Le dernier viol à grande échelle est celui perpétré entre fin juillet-début août sur des centaines de femmes. Toutefois, les victimes de ce crime peuvent espérer que justice leur soit rendue un jour, le lieutenant-colonel Mayele sous le commandement duquel les miliciens Maï Maï Cheka ont commis ce crime étant, depuis le 5 octobre dernier, entre les mains de l’armée nationale. Cette arrestation a été rendu possible grâce à la MONUSCO, avec la collaboration de la justice militaire congolaise. Elle pourrait permettre à l’ONU de redorer son blason, elle qui est accusée d’être incapable d’assurer sa mission, celle de sécuriser les civils dans cette région. Qui plus est, elle a récemment publié, malgré les menaces du général Kagamé du Rwanda, le rapport qui implique l’armée de ce dernier dans le massacre des civils hutu rwandais, réfugiés dans cette partie congolaise.

Mais il y a un paradoxe qui caractérise le pouvoir de Kabila. En effet, en même temps qu’il s’active à instaurer la paix au nord et au sud-Kivu, à arrêter les auteurs de crimes à grande échelle, à Kinshasa, les droits humains ne sont pas au beau fixe. Le 2 juin dernier, Floribert Chébeya, président de l’ONG de défense des droits de l’Homme, “La voix des sans voix”, avait été retrouvé mort dans des conditions jusqu’ici non encore élucidées. Le 2 octobre passé, Armand Tungulu Mudiandambu est sans doute mort des suites de tortures dans les locaux de la Garde républicaine. Son crime : avoir jeté une pierre sur la voiture du président Kabila. Une avocate est, elle aussi, en détention parce qu’on estime qu’elle a filmé avec son téléphone portable l’arrestation du regretté Mudiandambu. Cette justice à double vitesse laisse perplexe et suscite des interrogations. L’empressement du président congolais à pacifier l’est congolais n’est-il pas plutôt motivé par son désir de contrôler les richesses de la région qu’il a sans doute longtemps lorgnées que par la protection des civils qui y résident ? Tout porte à croire que oui. Sinon, pourquoi Kabila cherche-t-il la paix à l’Est alors que les droits de l’Homme sont l’un de ses derniers soucis ?

Certes, il faut saluer l’action de l’armée congolaise qui a rendu possible l’arrestation de Mayele. Les nombreuses femmes violées par ce dernier et ses miliciens souffrent aussi bien physiquement que moralement du traumatisme vécu et ont plus que besoin de justice. Mais Kabila doit mettre la même ardeur à protéger aussi les citoyens qui ne partagent pas sa vision politique ou luttent pour les droits humains.