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Par Marie-France Cros
-La mésentente de l’opposition trace au Président sortant une voie royale vers le renouvellement de son mandat.
Le lancement en décembre, dans la course à la présidence, de deux grosses pointures de l’opposition, le “vieux de la vieille” Etienne Tshisekedi et l’ex-président de l’assemblée nationale Vital Kamerhe, avait, on s’en souvient, précipité un changement constitutionnel, bouclé en quelques jours. Le 15 janvier, étaient adoptés divers amendements constitutionnels renforçant la centralisation du pays et les pouvoirs du chef de l’Etat. L’un d’eux réduisait de deux tours à un tour l’élection présidentielle attendue en novembre, ce qui facilite la réélection du chef d’Etat sortant puisque l’opposition n’a désormais de chance de le vaincre qu’en ne présentant qu’un seul candidat contre lui.
Apparemment, c’est déjà raté.
Alors que plusieurs ténors de l’opposition tentent de se mettre d’accord sur les bases d’une candidature unique, Etienne Tshisekedi les a pris de vitesse, cette semaine, en déclarant à Radio France Internationale (RFI): “Je n’ai pas lutté pendant 30 ans pour laisser ma place à un autre! ” Pas question, donc, pour lui, de se concerter avec le reste de l’opposition sur un programme ou un candidat unique. “Celui qui n’est pas d’accord avec le programme de l’UDPS est libre de faire ce qu’il veut. On n’est pas obligé de faire une plateforme avec l’UDPS, mais l’UDPS est préparée à se présenter aux élections et à les gagner. S’il y a quelqu’un d’autre qui veut que ce soit sa candidature qui passe, cela ne peut pas se faire !”
L’optimisme du septuagénaire sur la victoire de sa candidature n’est cependant pas partagé par grand monde en dehors de ses militants. Absent du pays pour maladie pendant trois ans, le vieil homme se rend apparemment mal compte de l’état dans lequel sa gouvernance autoritaire a laissé l’UDPS.
Cette dernière n’est en effet plus la grande formation nationale de l’époque de gloire de Tshisekedi, dans les années 80-90. Népotisme et tribalisme l’ont peu à peu resserrée sur une base essentiellement kasaïrenne, région natale de Tshisekedi, et surtout de sa tribu, les Lubas. Trompé par la foule immense de Kinois – parmi lesquels figurent nombre d’habitants d’origine luba – venue l’accueillir à l’aéroport lors de son retour de Belgique, en décembre dernier, Etienne Tshisekedi ne se rend pas compte qu’il est loin d’être aussi populaire en dehors de la capitale et du Kasaï. Or Kinshasa et les deux Kasaï ne comptaient, en 2006, que pour un total de 7 millions d’électeurs sur 25; et les Kasaï oriental (dont est originaire sa femme) et occidental (où il est né) n’avaient respecté qu’à 57 et 49 % son mot d’ordre de boycott des élections.
En outre, l’électorat UDPS est divisé par… les divisions du parti. Ce dernier est en effet partagé en deux ailes : alors que l’organe suprême du parti est le Collège des cinq fondateurs, quatre de ces derniers sont regroupés dans l’aile Belchika (du nom de son animateur principal) ou Righini (du nom de la rue où elle se réunit); l’autre est l’aile Tshisekedi. Une tentative de rapprochement a été tentée par la première à l’occasion d’un congrès tenu en décembre à Kinshasa (“le premier” en 28 ans d’existence du parti selon l’aile Tshisekedi, “le second ” selon l’aile Righini, qui en avait déjà tenu un en 2009), mais s’est heurtée à une fin de non-recevoir de celui qui se fait appeler “le lider maximo “.
Ce congrès, en définitive, n’a servi qu’à confirmer Etienne Tshisekedi comme président du parti et candidat à la présidence. Il n’avait pas eu le temps (il en avait perdu beaucoup à cause des disputes internes) de s’occuper de la “modernisation” du parti et l’élaboration d’“un nouveau projet de société”, ainsi que la révision des statuts et du règlement d’ordre intérieur, qui avaient donc été confiées à une commission, qui avait dix jours pour s’exécuter. On attend toujours ses conclusions.
On sait cependant que, peu au courant des statuts, qui semblent donner le poids de la légalité à l’aile Belchika, l’électorat UDPS connaît surtout Etienne Tshisekedi. Mais l’âge, 78 ans, et le mauvais état de santé de ce dernier ne seront pas des atouts dans la campagne électorale à mener dans un pays immense, aux mauvaises voies de communication, où voyager est toujours difficile.
Sans compter que l’obstination du vieil homme à se présenter au scrutin sans chercher de candidature unique de l’opposition a encouragé tous les politiciens qui se croient un destin à l’imiter – sans compter ceux qui seront payés pour se lancer dans la course et diviser l’électorat d’opposition. On compte ainsi déjà une demi-douzaine d’opposants ayant fait annoncer qu’ils seraient candidats, sans que l’on connaisse leurs programmes ni qu’ils se soucient de se différencier de leurs concurrents autrement que par leur nom et l’éventuelle popularité tribalo-régionale qu’ils espèrent.
On voit mal, dans ces conditions, comment le Président sortant pourrait perdre le scrutin, même si en 2006 il était minoritaire à l’ouest du pays et que sa base électorale, à l’est, s’est notoirement beaucoup rétrécie, sous son mandat. Il faut y voir l’effet du peu de progrès des conditions de vie enregistrés dans cette zone du Congo et de la popularité qu’y connaît Vital Kamerhe – qui en est originaire et y avait fait campagne pour Kabila, avec un succès important, en 2006.
Écrit par Joseph ILUNGA
Dimanche, 20 Février 2011 07:41
Curieuse analyse que celle publiée ce samedi 19 février par La Libre Belgique sur la situation politique congolaise. Curieuse analyse par les suffisances d’analyse d’une spécialiste autoproclamée qui annonce la victoire de Joseph Kabila à la prochaine présidentielle qu’elle estime inévitable à cause d’un homme, Etienne Tshisekedi, présenté comme le vieux de la vieille, qui en annonçant sa candidature à la plus haute charge de l’Etat au nom de son parti aurait empêché l’opposition de trouver un compromis sur un seul candidat qui devrait croiser le fer avec Kabila.
Tshisekedi est décrit dans le fameux article de la pire manière : un vieux malade qui ne dispose pas des ressources physiques nécessaires pour battre campagne à travers l’immense Congo. Comme si cela n’était pas suffisant, la Libre Belgique affirme que le népotisme et le tribalisme ont resserré l’Udps sur une base essentiellement kasaïenne et surtout sur la tribu Luba.
Que pareille analyse qui frise l’injure soit faite par un journal d’un pays où les problèmes ethniques dits communautaires empêchent la formation du gouvernement fédéral depuis les élections de juin 2010 avec à la clé la coupe du monde de la plus longue crise politique, cela ne mérite que du mépris.
Parce que le journalisme c’est d’abord les faits quand bien même le commentaire est libre, il y a une série des questions auxquelles on est en droit de s’attendre à des réponses claires de la part de la Belgique libre, pardon La Libre Belgique. Quels sont les faits objectifs sur lesquels se basent ce journal francophone pour soutenir que la base de l’Udps est kasaïenne, mieux luba, reprenant ainsi un argument développé sous Mobutu et que Kabila et les chiens de garde de sa dictature qui imitent Mobutu jusqu’au délire ont repris à leur compte ?
La Libre Belgique soutient que Tshisekedi a été trompé par l’immense foule de Kinois parmi lesquels figurent nombre d’habitants d’origine luba venu l’accueillir à l’aéroport lors de son retour de Belgique en décembre dernier. Le journal ajoute que Tshisekedi ne se rend pas compte qu’il est loin d’être aussi populaire en dehors de la capitale et du Kasaï. Voilà une assertion qui rend l’analyse suspecte car elle ressemble par hasard à l’analyse faite par la presse prépayée de Kinshasa dont on sait que les sources voire les rédacteurs sont des laboratoires des services des renseignements de Kabila. Sur quelles données objectives se base La Libre Belgique qui n’évoque aucun sondage mené à Kinshasa et dans les provinces congolaises pour étayer ses assertions pleines de suffisance ?
Quant à la division de l’Udps, La Libre Belgique semble en savoir plus et attribue la légalité à l’aile Beltchika, un « leader » qui existe parce que créé par Tshisekedi et qui joue aujourd’hui un jeu dont on ne peut résister à la tentation de savoir s’il est conscient du rôle qui lui est attribué
Si la Libre Belgique s’était donné la peine de cultiver le journalisme, elle aurait, nul doute, réalisé que l’Udps est l’un des rares partis congolais, voire le seul à disposer d’une base réellement nationale. Elle aurait pu aussi se rendre compte que l’Udps dont la légalité serait détenue par Beltchika n’existe que dans le monde des idées, faute des camarades, tous les combattants qui l’avaient suivi ayant retourné à la maison-mère depuis le retour du chef du parti au pays. Il suffit que la spécialiste de la Libre Belgique ouvre les yeux pour voir que c’est avec Tshisekedi que les autres chefs des partis de l’opposition négocient. Si comme elle parait bien informée de l’existence de Righini et de Limete comme sièges de deux ailes de l’Udps, il suffit que, même à partir de ses bureaux de Bruxelles, la Libre Belgique s’informe auprès de ses contacts à Kinshasa pour savoir que c’est chez Tshisekedi que se rendent les Monsengwo, Kengo, Vundwawe et autres opérateurs politiques congolais pour parler avenir du Congo à démocratiser.
Comme par hasard, la spécialiste auto-proclamée sur le Congo soutient que la base électorale de Kabila est rétrécie à l’Est du Congo notamment à cause de la popularité de Vital Kamerhe, président d’un nouveau parti de l’opposition qui avait battu campagne pour Kabila en 2006. Si la Libre Belgique pouvait ajouter que c’est muni des males d’argent que Kamerhe avait battu campagne pour Kabila, l’homme qu’il avait choisi selon le titre d’un livre dont on attend toujours la version revue et corrigée.
Grosso modo, à Congoone, on est d’avis que l’article de La Libre Belgique n’a rien à envier aux pamphlets anti-Tshisekedi publiés par le journal Salongo du temps de Mobutu ou ceux de la presse prépayée de Kinshasa. Même la Pravda soviétique ne pouvait faire mieux.
Quant à Vital Kamerhe, devenu opposant il y a quelques mois seulement, on constate qu’il manque l’humilité en voulant s’imposer comme chef de l’opposition ou son candidat unique à la prochaine présidentielle sans avoir pris le temps de fourbir ses armes et poser des actes d’opposant, lui qui s’interdit toujours de critiquer Kabila dans toutes les langues en se contentant d’accuser son entourage qui l’avait empêché de devenir premier ministre.
Comme l’écrivait, il y a plusieurs semaines François Mpuila de l’Udps, Kamerhe est un frère siamois de Kabila Kabange Joseph. Congoone vient d’être contacté par plusieurs journalistes congolais qui avaient fait le déplacement de Goma et de Kigali sous la conduite de Marie-Ange Mushobekwa il y a quelques années. Tous avaient été entendus à l’Agence nationale des Renseignements (ANR) et il leur avait été interdit de diffuser leurs reportages à la suite d’une information que Kamerhe avait communiquée à Kabila. Laquelle ? Congoone préfère entretenir le mystère en attendant de crever l’abcès. Mova Sakanyi, ambassadeur de Kabila à Bruxelles et ministre de l’Information à l’époque en sait plus, lui qui avait accusé nos confrères d’être en bonne intelligence avec l’ennemi rwandais au point de susciter une réaction courroucée de l’ONG Journalistes en danger. Rideau !
Le plus ridicule dans l’article de La Libre Belgique c’est de prédire une prochaine victoire de Kabila à la prochaine présidentielle en la présentant comme inévitable parce que, par la faute d’un coupable désigné, un certain Tshisekedi wa Mulumba, l’opposition ne pourrait présenter un candidat unique face à Kabila. Comme si elle avait oublié son assertion, La Libre Belgique mange sa parole et nous apprend que d’autres « opposants » motivés par le pouvoir pourraient être amenés à se déclarer candidats. Dès lors, pourquoi s’acharner sur Tshisekedi en raillant l’accueil triomphal dont il a été l’objet en décembre dernier alors qu’aucun homme politique belge, alors aucun, ne peut réunir ne fut-ce que cent mille clients politiques de sa tribu ou ethnie appelée communauté ?
Enfin, parce que La Libre Belgique annonce que Kabila va rempiler, résonnons par l’absurde. Si Kabila, cet ovni sorti de nulle part, était belge, est-ce qu’on pouvait accepter de l’avoir ne fut-ce que comme échevin dans ce pays ?
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