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-Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU se rendra en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda les 4, 5 et 6 octobre prochain. L’ONG Human Rights Watch (HRW) demande aux membres du Conseil de sécurité de profiter de leur visite “pour presser les gouvernements de la région de cesser d’apporter le moindre soutien aux groupes armés“.
Le temps presse pour Human Rights Watch. “Les civils vivant dans l’est de la RD Congo subissent des atrocités qui ne prennent pas fin, mais il est très rare que les individus responsables soient traduits en justice“, explique Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de l’ONG. Les 4, 5 et 6 octobre, une délégation du Conseil de sécurité sera à Kinshasa, Goma, la capitale du Nord-Kivu, en proie à l’instabilité chronique, avant continuer sa visite vers Kigali. Un déplacement sous pression, alors que le gouvernement congolais et le M23 ont entamé depuis en décembre 2012 de laborieuses négociations de paix à Kampala.
M23 et Rwanda
Human Rights Watch profite de cette visite annuelle du Conseil de sécurité pour tirer la sonnette d’alarme. L’ONG estime que “les membres du Conseil de sécurité devraient profiter de leur visite pour presser les gouvernements de la région de cesser d’apporter le moindre soutien aux groupes armés qui commettent des exactions, et d’arrêter les individus soupçonnés de crimes de guerre“. Selon l’organisation, “le Conseil de sécurité devrait adopter une résolution exigeant que le Rwanda cesse tout soutien au M23, un groupe armé responsable de multiples atrocités dans l’est de la RD Congo, et imposant des sanctions aux dirigeants rwandais de haut rang qui ont orchestré ce soutien“.
Milices Maï-Maï et FARDC
Dans la ligne de mire de l’organisation des droits de l’homme : les rebelles du M23, mais aussi les nombreux groupes armés qui pullulent à l’Est de la RDC. Selon HRW, l’ONU devrait porter une attention particulière à la milice Maï-Maï de Ntabo Ntaberi Sheka, dont les membres ont tué, violé et mutilé des dizaines de civils depuis mai 2013. “Le 27 septembre, ils ont attaqué plusieurs villages dans le territoire de Masisi, tuant plusieurs enfants, violant des femmes et incendiant des habitations“, dénonce l’ONG. Human Rights Watch pointe également l’armée régulière, les FARDC. L’armée congolaise commet aussi de nombreuses exactions “y compris les viols d’au moins 76 femmes et filles dans et aux alentours de la ville de Minova, dans la province du Sud-Kivu, en novembre 2012“, souligne HRW. Si les crimes des groupes armés ne doivent pas restés impunis, les exactions de l’armée nationale non plus. L’ONG demande au Conseil de sécurité de “pousser le gouvernement congolais à soumettre à des enquêtes, arrêter et, s’il y a lieu, poursuivre en justice les membres des forces de sécurité qui se sont rendus responsables de crimes de guerre et d’autres graves violations des droits humains“.
Kampala
Cette “piqûre de rappel” d’Human Rights Watch intervient alors que les pourparlers de Kampala butent sur l’amnistie que pourraient accorder les autorités congolaises aux rebelles du M23, en échange de l’arrêt des hostilités et de son désarmement. HRW explique que “les accords conclus dans le passé entre le gouvernement congolais et d’autres groupes armés ont permis à des commandants rebelles responsables de graves violations des droits humains d’être récompensés en étant intégrés dans l’armée congolaise“. “Par la suite, beaucoup d’entre eux ont commis de nouvelles atrocités contre la population civile en tant qu’officiers de l’armée congolaise, avant de faire défection et de créer de nouveaux mouvements rebelles“, conclut Human Rights Watch. L’ONG appelle donc la communauté internationale à rester vigilante.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia