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  • [Tribune] Je n’ai pas de problèmes particuliers avec la Commission de l’Union africaine

    [Tribune] Je n’ai pas de problèmes particuliers avec la Commission de l’Union africaine

    Depuis le mois de janvier, la Commission de l’Union africaine (UA) refuse de reconnaître la réélection de Francine Muyumba à la tête de l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ). Un scrutin qui aurait été, selon l’UA, entaché d’irrégularités. Ce que la Congolaise et son comité réfutent.

    Ce mois de novembre, l’Afrique célèbre, comme tous les ans, la Journée africaine de la jeunesse. C’est l’occasion pour moi, en tant que présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ), de me féliciter du travail abattu ces quatre dernières années. Avec le comité exécutif de l’UPJ, nous avons en effet réussi à faire entendre la voix de la jeunesse africaine et nous continuons de le faire jusqu’au terme de notre actuel mandat, d’ici deux ans. Suivant des objectifs clairs, nous avons entre autres obtenu de l’Union africaine (UA) la création du Fonds africain de la jeunesse à l’issue du sommet des chefs d’État et de gouvernement de juillet 2018.


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    Mais en réalité, l’UPJ existe depuis 1962. Elle a été créée par les pères fondateurs, notamment Kwame Nkrumah, Sékou Touré et autres. Elle s’appelait alors « mouvement panafricain de la jeunesse » et s’était assignée la mission de continuer la lutte pour le bien-être des Africains, particulièrement des jeunes Africains. Comme tous les autres mouvements de lutte pour l’indépendance sur le continent, notre structure a contribué ainsi à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), rebaptisée depuis UA. Mais c’est seulement en janvier 2009, lors du sommet des chefs d’État à Addis Abeba, que les dirigeants africains ont pris la décision d’octroyer à l’UPJ le statut d’organe continental de coordination des organisations des jeunes et celui de l’agence focale de l’UA en matière de la jeunesse.

    Malentendus avec l’Union africaine

    Aujourd’hui, au sein de l’UPJ, nous sommes préoccupés par la situation de la jeunesse africaine sur l’ensemble du continent. Des jeunes y vivent dans la misère, avec l’un des taux de chômage les plus élevés du monde. Cette situation pousse certains d’entre eux à partir. Peu importe s’il faut passer par des voies illégales. C’est pourquoi, lors du sommet Afrique-Europe sur la jeunesse, en octobre 2017, nous invitions déjà les dirigeants de deux continents à investir dans l’entrepreneuriat des jeunes du continent. Cette plaidoirie était suivie quelques mois plus tard par l’initiative du président français, Emmanuel Macron, d’initier trois projets relatifs à l’épanouissement de la jeunesse africaine. Coût total : 11 milliards de dollars américains, dont 50 millions ont été attribués à la jeunesse tunisienne.

    Mais le financement de nos actions demeure l’un de nos défis majeurs au sein de l’UPJ. Pour continuer à remplir sa mission, notre structure en appelle à plus de soutien des États dans le cadre de l’appui financier de l’UA dont elle ne bénéficie plus depuis six ans. Aujourd’hui, les 13 membres de son comité exécutif – deux par région du continent et deux représentants de la diaspora – sont tous pris en charge par leurs États respectifs. En ce qui me concerne, sans appui du gouvernement de mon pays la RDC, il m’aurait été impossible de faire efficacement mon travail et de porter haut la voix de la jeunesse africaine.

    L’UA a été induite en erreur par certaines personnes qui voulaient intégrer l’institution par tous les moyens

    Autres couacs : les malentendus entre l’UPJ et la Commission de l’UA. Ceux-ci remontent à notre cinquième congrès de décembre 2017, à l’issue duquel j’ai été réélue au poste de présidente de notre structure. Mais la Commission de l’UA s’est refusée dès le mois de janvier à reconnaître le nouveau comité exécutif de l’UPJ. De fait, elle a été induite en erreur par certaines personnes qui voulaient intégrer l’institution par tous les moyens.

    Fin octobre, à Alger, des ministres en charge de la jeunesse de différents États membres de l’UA ont demandé à la Commission de mettre fin à cette incompréhension et je m’en réjouis, parce que je n’ai pas de problèmes particuliers avec la Commission de l’UA. Nous appartenons tous à la même famille : nous ne manquerons donc pas de trouver des voies et moyens pour revoir la collaboration entre la Commission et l’UPJ et renforcer ainsi l’organisation continentale. D’ailleurs, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission, vient de nommer un envoyé de l’UA pour la jeunesse. C’est une bonne nouvelle car c’est l’une des recommandations de l’UPJ et des ministres en charge de la jeunesse du continent depuis 2016.

    L’UPJ, organe consultatif des gouvernements africains

    De son côté, l’UPJ réaffirme son soutien à la réforme de l’UA telle que pilotée par Paul Kagame, président du Rwanda. Elle salue les efforts déployés dans ce sens par Moussa Faki Mahamat et espère obtenir une direction en charge de la jeunesse au sein de la Commission, comme c’est déjà le cas pour les questions liées au genre. L’UPJ s’apprête également à de grandes réformes institutionnelles, conformément au rapport de la première réunion de son comité exécutif. Des changements pourraient bientôt intervenir pour lui permettre notamment de faire face aux insuffisances juridiques des textes légaux de l’institution et de se conformer aux exigences de la réforme de l’UA.


    >>> À LIRE – Union africaine : après le sommet extraordinaire d’Addis-Abeba, où en sont les réformes ?


    Dans cette perspective, au cours de l’année 2019, plusieurs jeunes compétents du continent seront nommés pour plus d’inclusivité au sein de l’UPJ, mais aussi pour couvrir les actions de celle-ci sur l’ensemble du continent. Regroupant tous les conseils nationaux de la jeunesse des États membres de l’UA et reconnu comme organe consultatif des gouvernements africains en matière de jeunesse, conformément à la Charte africaine de la jeunesse, l’UPJ continuera ainsi à plaider en faveur de plus de participation des jeunes dans la gouvernance sur le continent.

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  • Noureddine Adam nargue l’ONU, les personnalités du Forum de Doha, départ de l’ambassadeur des États-Unis en Guinée…

    Noureddine Adam nargue l’ONU, les personnalités du Forum de Doha, départ de l’ambassadeur des États-Unis en Guinée…

    Noureddine Adam quitte régulièrement la Centrafrique malgré les sanctions onusiennes ; de nombreuses personnalités s’exprimeront au Forum de Doha ; l’ambassadeur des États-Unis en Guinée devrait quitter Conakry pour Bamako… Chaque semaine, Jeune Afrique vous invite dans les coulisses de la diplomatie africaine.

    • Forum de Doha : qui parlera ?

    Daou Bakary Emmanuel pour JA

    Au Forum de Doha (Qatar), les 15 et 16 décembre, plusieurs personnalités africaines ou arabes s’exprimeront : Hassan Ali Khayre, le Premier ministre somalien ; Soumeylou Boubèye Maïga, son alter ego malien ; le Nigérian Mohammed Barkindo, secrétaire général de l’Opep ; Saeb Erekat, secrétaire général de l’OLP ; l’Irakienne Nadia Murad, Nobel de la paix 2018 ; et le Libanais Ghassan Salamé, émissaire de l’ONU pour la Libye.

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  • Gabon : Ali Bongo Ondimba est arrivé au Maroc pour y poursuivre sa convalescence

    Gabon : Ali Bongo Ondimba est arrivé au Maroc pour y poursuivre sa convalescence

    Le président gabonais Ali Bongo Ondimba est arrivé dans la matinée du 29 novembre à Rabat afin d’y poursuivre sa convalescence, après plus d’un mois passé dans un hôpital de Riyad.

    Parti de la capitale saoudienne dans la soirée du mercredi 28 novembre, le président Ali Bongo Ondimba, âgé de 59 ans, est arrivé tôt jeudi à Rabat, a indiqué à l’AFP une source diplomatique marocaine.

    Après son arrivée, le président gabonais a directement été conduit dans un établissement hospitalier de la capitale marocaine pour y poursuivre sa convalescence et sa rééducation, à la suite d’un accident vasculaire cérébral survenu fin octobre.

    Aucune image du chef de l’État n’a été diffusée ni à son arrivée au Maroc ni à son départ de Riyad où, selon l’agence de presse saoudienne SPA, il a été salué par des officiels du ministère saoudien des Affaires étrangères.


    >>> À LIRE – Gabon : enquête sur le fonctionnement de l’État en l’absence d’Ali Bongo


    Une « brève convalescence », selon Sylvia Bongo

    Son transfert de Riyad à Rabat avait été confirmé la veille par la Première dame, Sylvia Bongo Ondimba, qui précisait qu’il « a été rendu possible grâce à l’amélioration très significative » de l’état de santé de son mari, parlant « de brève convalescence » au Maroc.

    Elle annonçait également que le chef de l’État mettrait à profit sa convalescence « pour travailler sur les dossier les plus prioritaires » du Gabon, en faisant venir à Rabat « les principaux responsables de la présidence ».

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  • Gabon-France : l’appel de Jean Ping salué par le parti de Jean-Luc Mélenchon

    Gabon-France : l’appel de Jean Ping salué par le parti de Jean-Luc Mélenchon

    Dans un communiqué diffusé le 19 novembre, la commission Internationale Afrique de La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon, a invité « à répondre favorablement » à l’appel au rassemblement de Jean Ping.

    La commission Internationale Afrique de La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon, a invité, le 19 novembre, « à répondre favorablement » à l’appel au rassemblement de Jean Ping. À l’origine de ce communiqué : Patrice Finel, conseiller Afrique et ami de longue date de Mélenchon.

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  • Cameroun : Maurice Kamto en froid avec Protais Ayangma, figure du patronat

    Cameroun : Maurice Kamto en froid avec Protais Ayangma, figure du patronat

    Maurice Kamto, le candidat arrivé en deuxième position à la présidentielle du 7 octobre, avait espéré que le quotidien « Mutations », détenu par Protais Ayangma, une figure du patronat, se mettrait au service de sa campagne.

    En 2009, Protais Ayangma avait échoué à prendre la tête de l’organisation patronale Gicam, dont il était le vice-président. Depuis, il n’a pas chômé : il a fondé Entreprises du Cameroun (Ecam), un groupement de PME, et a dirigé l’assureur Saham Cameroun (jusqu’en 2015). Aujourd’hui, il préside le conseil d’administration de Saham Congo et, au sein de son cabinet de conseil Prévoyance-Assurance-Assistance (P2A), il travaille à la création d’une compagnie sous-régionale de réassurance.

    À 67 ans, Ayangma est plus qu’une figure du patronat. Un temps haut placé dans la hiérarchie du Grand Orient et Loges unis du Cameroun (GoLuc), il est aussi propriétaire du quotidien Mutations.

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  • Ghana : Nana Konadu Rawlings conserve des partisans au sein de l’opposition

    Ghana : Nana Konadu Rawlings conserve des partisans au sein de l’opposition

    Si Nana Konadu Rawlings, l’épouse de l’ancien président ghanéen Jerry Rawlings, est moins impliquée dans le débat national depuis sa défaite à la présidentielle de 2016, elle conserve néanmoins des partisans au sein du principal parti d’opposition.

    À tout juste 70 ans, Nana Konadu Rawlings a-t-elle définitivement tourné le dos à la politique ? Même si elle s’exprime toujours dans les médias, l’épouse de Jerry Rawlings, l’ancien président ghanéen, est moins impliquée dans le débat national depuis son cuisant échec à la présidentielle de 2016. Seule femme en lice, elle n’avait recueilli que 0,15 % des suffrages.

    Celle que l’on a longtemps comparée à Hillary Clinton avait fondé le Parti démocratique national (NDP) en 2012, après avoir claqué la porte du Congrès démocratique national (NDC), la formation de son époux. Elle n’avait notamment pas supporté que les militants du NDC lui préfèrent un autre candidat pour les représenter à la présidentielle de décembre 2012.

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  • Égypte : les personnalités ” Afrique ” du Caire

    Égypte : les personnalités ” Afrique ” du Caire

    Dans l’entourage d’Abdel Fattah al-Sissi, trois personnalités sont centrales lorsqu’il est question des dossiers « Afrique » : les ministres Mohamed Chaker et Sahar Nasser et Mohamed Salem, le PDG de Silicon Industries Corporation.

    Deux politiques et un patron. Au gouvernement, Mohamed Chaker  et Sahar Nasser sont chargés de dossiers continentaux cruciaux.

    Amr Abdallah Dalsh/REUTERS

    Le premier, à la tête du ministère de l’Électricité et des Énergies renouvelables, cherche notamment à renforcer la coopération avec le Soudan pour faire de l’Égypte l’axe principal de l’interconnexion électrique entre l’Europe, les pays arabes et l’Afrique. Il fut l’un des rares ministres à conserver son portefeuille lors du remaniement de juin 2018.

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  • Égypte : Sissi, africain mais pas trop

    Égypte : Sissi, africain mais pas trop

    Désigné à la tête de l’institution panafricaine pour un an, le pays des pharaons, souvent qualifié de « trop arabe », veut profiter de cette présidence pour avancer ses pions sur le continent. Sans proposer une véritable vision pour l’Afrique.

    Dans les coulisses du dernier sommet de l’Union africaine (UA), l’absence d’Abdel Fattah al-Sissi a fait grincer des dents. « Il n’était pas à Nouakchott en juin et n’est pas à Addis aujourd’hui… Ça montre un certain mépris pour l’institution, s’agace un responsable à la Commission de l’UA. Lorsqu’il a besoin de nous, il sait où nous trouver. Mais lorsqu’il faut contribuer à notre action, on ne le voit plus. »

    « Les diplomates égyptiens sont très bons, mais leur retrait assumé et leur condescendance historique vis-à-vis des Africains, ça fait toujours beaucoup parler ! » renchérit un connaisseur. C’est peu dire que la désignation de l’Égypte, par les pays d’Afrique du Nord – à qui revenait la décision cette année –, à la présidence de l’UA, à compter de janvier 2019, et ce pour une durée d’un an, n’a pas fait que des heureux dans les couloirs de l’institution.

    L’après Kagame

    « Il y a des inquiétudes claires, car on le sait, les “grands pays” comme l’Afrique du Sud, le Nigeria et bien sûr l’Égypte ont toujours tendance à traîner les pieds, note un observateur sous le sceau de l’anonymat. La crainte, c’est de voir arriver un “gros morceau” peu investi et que le mouvement très dynamique de cette dernière année ne s’étiole. Ce n’est pas simple de prendre la présidence après Paul Kagame. » Le président du Rwanda a calqué sa gouvernance à la tête de l’institution sur celle de son pays, mêlant méthodes autoritaires et approche managériale dynamique, tout en incarnant une Afrique moderne, développée et insoumise à l’Occident.

    Si sa technique « commando » est jugée « trop informelle » et « offensive » par beaucoup de diplomates, de l’aveu de tous, le Rwanda a tout de même réussi à amorcer avec brio les réformes attendues et assuré une présidence « exceptionnelle ». « Un tel investissement, c’est du jamais-vu. Le Rwanda a investi beaucoup de temps et d’efforts dans sa présidence. Ils étaient très présents à la Commission, ils ont beaucoup travaillé… Je ne crois pas que ce soit l’intention de l’Égypte », admet un diplomate égyptien en poste à l’UA. Difficile donc pour Sissi de reprendre le flambeau d’un prédécesseur à ce point loué.

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  • Maroc : grandeur et décadence du PJD

    Maroc : grandeur et décadence du PJD

    Sept ans après son accession à la tête du gouvernement, le PJD peine à s’imposer comme leader de l’exécutif. Contraint de composer avec une majorité hétéroclite et fragilisé par des dissensions internes, il en est réduit à laisser au Palais le soin de conduire les indispensables réformes.

    «Ne cherchez pas la moindre dissonance entre le chef du gouvernement et Sa Majesté le roi, qui est le chef de l’État et dont les directives sont au-dessus de nos têtes. » C’est ainsi que Saadeddine El Othmani a rappelé son allégeance à Mohammed VI, chef de l’État et de l’exécutif, dans son discours mensuel devant les parlementaires, à la fin d’octobre. Une formulation qui n’est pas sans faire écho à un autre modèle de fidèle soumission, signé Abbas El Fassi, en 2007 : « Mon programme gouvernemental consiste à suivre les directives de Sa Majesté », avait lancé l’ex-secrétaire général de l’Istiqlal au lendemain de sa nomination en tant que Premier ministre.

    On l’aura compris, face à l’institution monarchique, le Parti de la justice et du développement (PJD) se place désormais clairement au même niveau que les autres formations politiques. Révolues, les insinuations d’Abdelilah Benkirane proférées au fameux soir du 25 novembre 2011, lorsque le PJD avait remporté les premières législatives post-nouvelle Constitution – laquelle accorde de larges prérogatives au chef du gouvernement. « Les Marocains insistent pour garder la monarchie, mais ils veulent qu’elle évolue avec eux », lançait alors le chef de file du PJD, qui, durant les premières semaines de son mandat, s’aventurait à révéler la teneur de ses échanges avec Mohammed VI.

    Cohabitation inédite

    En sept ans, cette cohabitation inédite dans l’histoire du royaume a considérablement évolué. Le PJD a perdu sa virginité politique pour s’adapter à la realpolitik marocaine et se reposer derrière les décisions royales. « Il a compris, au fil des épreuves, que son seul véritable allié pour gouverner n’est autre que la monarchie, explique le sociologue Mehdi Alioua, enseignant-chercheur à Sciences-Po Rabat. Le parti est alors devenu une composante, parmi d’autres, de l’État-Makhzen. »

    De surcroît, son score électoral, aussi important soit-il, n’a jamais permis au parti de la lampe de rassembler une majorité claire et solide. Le PJD a donc dû composer avec une coalition hétéroclite et peu stable. Résultat, depuis son arrivée aux affaires, en 2011, il n’a cessé de devoir gérer des crises avec ses alliés au sein du gouvernement.

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  • [Édito] Le PJD est-il soluble dans la démocratie ?

    [Édito] Le PJD est-il soluble dans la démocratie ?

    Sept ans déjà… Arrivé au pouvoir à l’issue d’élections anticipées et dans la foulée d’un mouvement de contestation auquel il n’avait pas pris part, le Parti de la justice et du développement (PJD) a-t-il atteint l’âge de raison ?

    Les consultations locales de 2015 et les législatives de 2016 ont démontré que le parti de la lampe s’inscrivait dans la durée, savait mieux que d’autres mobiliser sa base militante et confirmait son ancrage au sein de la classe moyenne. Son image de formation intègre, porteuse des valeurs d’un islamisme urbain, pragmatique, conservateur et libéral sur le plan économique, continue de susciter l’adhésion d’un socle apparemment irréductible d’électeurs, pour lesquels ce parti jeune (22 ans, dont quinze au sein de l’opposition) représente toujours une solution crédible.

    De l’islamisme radical des origines au parti de gouvernement, la lente évolution du PJD vers l’appropriation des normes politiques modernes, via la rupture avec le « frérisme » et la construction d’une identité propre, est quasi achevée, et sa « marocanisation », semble-t-il, irréversible. Devenu un parti (presque) « comme les autres », le PJD doit donc être jugé à la même enseigne que les autres.

    Projets fous, agenda inexistant

    Or c’est justement là que le bât blesse. Sept ans après son accession à la tête du gouvernement, le parti de Benkirane et d’Othmani n’est toujours pas sorti de l’apprentissage. À l’instar d’Ennahdha en Tunisie ou du Parti liberté et justice (Frères musulmans) en Égypte, le PJD n’avait pour tout viatique, en novembre 2011, que sa totale inexpérience de la gestion des affaires publiques.

    Longtemps habitués à organiser leur survie dans la clandestinité, ses dirigeants n’étaient pas prêts à exercer le pouvoir dans un contexte démocratique. Ils ne le sont guère plus aujourd’hui. Trop peu de cadres, des projets flous, un agenda inexistant : autant de handicaps rédhibitoires qui ont conduit ce parti à se diluer dans des querelles d’ego internes et des relations intestines conflictuelles au sein d’une majorité parlementaire hétéroclite et en partie hostile.

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