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  • L’ex-président angolais échappera-t-il au grand ménage anticorruption ?

    L’ex-président angolais échappera-t-il au grand ménage anticorruption ?

    -Son fils Jose Filomeno pointe depuis deux mois dans le box des accusés d’un tribunal pour avoir vidé 500 millions de dollars des caisses de l’Angola. Et sa milliardaire de fille Isabel vient d’être inculpée pour en avoir détourné au moins le double.

    Mais, loin de ce fracas politico-judiciaire, l’ex-président Jose Eduardo dos Santos, 77 ans, coule une retraite paisible en Espagne.

    S’il est accusé d’avoir largement livré les ressources nationales à la cupidité d’une poignée de proches, le maître absolu du pays pendant trente-huit ans a échappé à l’opération “mains propres” menée par son successeur Joao Lourenço.

    Au moins provisoirement.

    “S’attaquer à dos Santos lui-même serait politiquement très risqué”, explique l’analyste Paula Cristina Roque, de l’université britannique d’Oxford. “Ses enfants ne disposent que de peu de soutien au sein du MPLA (le parti au pouvoir)”, note-t-elle, “mais c’est une toute autre histoire avec lui”.

    A son arrivée au pouvoir en 2017, la volonté manifestée par Joao Lourenço d’éradiquer la corruption qui gangrène le deuxième producteur de pétrole du continent africain n’a guère suscité que des haussements d’épaules.

    Le MPLA au pouvoir, l’opposition et la population n’ont alors vu dans les propos de l’ex-ministre de la Défense que des promesses de campagne sans importance.

    Alors c’est peu de dire que le limogeage systématique des patrons d’entreprises publiques, hauts fonctionnaires ou militaires proches de l’ancien régime a déstabilisé l’establishment angolais.

    Symboles du système népotique reproché au père dos Santos, ses enfants n’ont pas été épargnés.

    – “Persécution” –

    Un temps patron du puissant fonds souverain du pays, Jose Filomeno a été arrêté et emprisonné six mois. Il risque désormais plusieurs années de prison.

    Première femme milliardaire d’Afrique, sa demi-soeur Isabel a été débarquée de la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, ses avoirs angolais ont été gelés et elle vient d’être inculpée d’une flopée de crimes financiers.

    L’Angola veut remettre la main sur Isabel dos Santos, accusée d’avoir pillé son pays

    Le mois dernier, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a enfoncé le clou en accusant Mme dos Santos, preuve de ses montages financiers à l’appui, d’avoir “siphonné les caisses” du pays.

    De son exil forcé de Londres et Dubaï, celle que les Angolais ont baptisée la “Princesse” nie et crie à la “persécution” politique.

    Avec elle, les critiques de Joao Lourenço ont relevé que certains proches de l’actuel chef de l’Etat, à commencer par l’ancien vice-président Manuel Vicente, avaient été opportunément oubliés par les juges.

    Le porte-parole du procureur général, Alvaro Joao, dément toutefois tout traitement de faveur.

    “Le parquet s’intéresse à ces deux enfants (…) car il a mis au jour leur mauvaise gestion des deniers publics”, justifie M. Joao, en rappelant que bien d’autres potentats ont eux aussi subi les foudres de la justice angolaise.

    Sélectif ou pas, le grand nettoyage opéré par Joao Lourenço bénéficie en tout cas d’un large soutien dans le pays.

    – Son heure viendra –

    “La corruption est un mal qui corrompt la société angolaise depuis la mise en place du régime (du MPLA en 1975)”, rappelle l’avocat Salvador dos Santos, à la tête d’une ONG. “Au plus haut niveau (de l’Etat), personne ne vit de son salaire ou de revenus légaux, tout n’est que triche et fraude”.

    Dans ce pays resté un des plus pauvres de la planète malgré sa manne pétrolière, la rue non plus ne cache pas sa satisfaction de voir tomber la famille dos Santos.

    “Je n’ai pas de mots pour qualifier Isabel”, lâche le mécanicien Tayson Madrugada, 20 ans, dans son garage de la capitale. “Elle s’est servie de notre pays et a fait des affaires qui n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes d’ici”.

    Le parquet affirme aujourd’hui ne pas envisager de s’attaquer à Jose Eduardo dos Santos.

    “A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve suggérant que l’ex-président ait commis d’infraction”, assure Alvaro Joao. En rappelant que M. dos Santos reste constitutionnellement protégé de toute poursuite criminelle par son statut jusqu’en 2022 – cinq ans après la fin de son mandat.

    Inlassable pourfendeur des turpitudes de l’ex-famille régnante, le journaliste Rafael Marques veut croire que, passée cette date, le chef tombera lui aussi dans les mailles du filet.

    “Beaucoup de ceux qui ont déjà été inculpés l’ont cité”, détaille-t-il, “des enquêtes sont en cours (…) il va devoir répondre à certaines questions”.

    C’est ainsi le cas dans “l’affaire” Jose Filomeno, où l’ancien gouverneur de la Banque centrale Valter Filipe da Silva, lui aussi sur le banc des accusés, a expliqué avoir utilisé les fonds détournés sur ordre de l’ancien chef de l’Etat.

    Dos Santos, maître énigmatique et absolu de l’Angola

    “Dos Santos n’échappera pas à la justice, son heure viendra”, assure Rafael Marques, “la seule question est de savoir si sa santé ne le trahira pas d’ici à 2022”.

    Avec AFP- VOA

  • Angola:  Pour Sindika Dokolo, «il y a volonté de nous nuire»

    Angola: Pour Sindika Dokolo, «il y a volonté de nous nuire»

    -À l’occasion de la publication de l’enquête des « Luanda Leaks », l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo a accepté de répondre aux questions écrites de Radio France Internationale sur les principales allégations relevées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et 36 médias partenaires, dont RFI.

    RFI : Le gouvernement angolais vous accuse d’avoir fait perdre plus d’un milliard de dollars à la Sonangol et à la Sodiam. Vos avoirs sont gelés pour ça en Angola. Que répondez-vous ?

    Sindika Dokolo Ce que le gouvernement nous réclame pourrait être couvert par les parts dans Unitel ou Galp. Dès lors, pourquoi geler toutes nos actions et même nos comptes personnels ? Il y a volonté de nous nuire.

    Pour vous, c’est politique ?

    Même le timing de cette enquête est suspect. L’un de nos cabinets d’avocats, PLMJ, avait déjà été hacké dès 2015. On savait que plusieurs de nos autres sociétés ont été ciblées depuis par un hacker portugais, ces documents ont été gardés et sont instrumentalisés aujourd’hui pour faire main basse sur nos avoirs à l’étranger. Ils se servent de la presse pour manipuler l’opinion et les gouvernements étrangers.

    Donc pour vous, il y a une forme de complot ?

    C’est Armageddon, le régime prétend le faire au nom de la lutte contre la corruption, mais ils ne s’en prennent pas aux mandataires des entreprises publiques accusées de malversation, juste à une famille qui opère, elle, dans le secteur privé. Mais ça ne me fait pas peur de tout perdre, j’ai déjà vécu ça avec mon père. Il faut qu’ils aient vraiment politiquement peur de ma femme pour faire ça. Ils veulent nous rendre responsables de toute la corruption et de la faillite de l’Angola. Mais nous avons 20 000 employés directs en Angola, des milliers d’autres travaillent dans les points de vente de Unitel et de Zap, on paie des impôts en Europe et on est le premier contributeur fiscal d’Angola, on a beaucoup travaillé et investi dans ce pays, plus que quiconque. On n’a pas un groupe consolidé, mais on a demandé à nos équipes de faire le calcul. L’an dernier, on a payé avec ma femme 250 millions de dollars d’impôts pour nos sociétés imposables en Angola.

    Comment expliquez-vous avoir obtenu un bonus via votre société Almerk de la part Victoria Holding Limited pour le rachat de Grisogono ? Surtout que c’est cet argent qui vous sert ensuite à investir dans de Grisogono.

    Le bonus d’Almerk n’a rien d’anormal. Rien ne m’obligeait à le réinvestir. Le projet DG revêtait deux aspects: un investissement pour la relance de la société et un investissement dans la plateforme de fournitures de diamants venant d’Angola. J’ai fini par investir 115 millions dans la société de Grisogono, le même montant que Sodiam, mais j’ai dépensé trois à quatre fois plus pour créer la plateforme qui devait permettre de faire de de Grisogono une entreprise comparable à Graff ou à de Beers.

    Mais de Grisogono n’est pas de Beers.

    Oui, mais c’est ce qu’on voulait faire : créer un « de Beers » angolais, de l’extraction à la commercialisation, mais la Sodiam a refusé, c’est l’une des raisons de l’échec de l’opération.

    Et pourquoi de Grisogono ? La société affichait des pertes depuis 2007 ?

    Ça aurait été impossible pour l’État angolais, comme pour nous d’acquérir un autre joaillier de luxe. Est-ce que vous savez à combien ça se négocie ? Plus de 10 milliards pour Tiffany’s !

    La Sodiam affirme avoir investi plus que vous.

    C’est un autre mensonge. J’ai investi 115 millions en capital, comme la Sodiam, c’est qu’a établi PwC (ndlr : PricewaterhouseCoopers) et ce qui a été présenté aux actionnaires de victoria holding en novembre 2019. Et moi, je fournissais, en plus, en permanence des stocks de pierres précieuses à crédit qui oscillaient entre 50 millions et 200 millions.

    Mais au départ, en 2012, la Sodiam apporte plus que vous, elle éponge notamment les dettes de de Grisogono ?

    La Sodiam a plus investi dans la plateforme de vente et moi dans la plateforme d’achat. C’était la première transaction internationale de la Sodiam. Les banques ou les régulateurs auraient pu refuser.

    La Sodiam dit n’avoir pas profité des bénéfices des ventes sur 2,3 milliards de dollars de pierres précieuses.

    Qu’ils produisent le document qui leur donnait un droit sur les bénéfices. On a même payé ces diamants à un prix supérieur à d’autres acteurs sur le marché.

    Selon des documents que nous avons pu consulter, vous êtes avec votre société Odyssey l’un des clients privilégiés de la Sodiam ?

    Je ne suis pas classé client privilégié. « Cliente preferencial » en portugais, ça veut dire client agréé ayant un programme d’achat contractuel avec Sodiam. Au cours des 15 dernières années, il y en a eu plus d’une quinzaine. C’est pour ça que c’est ridicule d’affirmer qu’entre les acheteurs agréés de la Sodiam, il y avait des différences de prix. C’est un mensonge puisque les mines vendaient à différents vendeurs pendant l’année et qu’il y avait pour toutes les transactions un évaluateur indépendant.

    Mais vous assuriez à RFI payer plus que les autres ?

    La Sodiam a négocié que nous lui payons une rétribution de 50 % supérieure à tous ses autres acheteurs au nom du partenariat dans de Grisogono. Les autres payaient 5 %. Et nous, 7,5 % soit 2,5 % de plus.

    Ce qui pèse lourdement sur les finances de de Grisogono, ce sont les dépenses marketing, de promotion. 

    Vous me direz quelle grande marque de luxe dépense moins que ça en promotion pour devenir une marque planétaire.

    Comment expliquez-vous que d’une suite et de deux chambres dans un palace soient payées en votre nom par Victoria holding Limited à l’occasion du festival de cannes de 2012 ?  

    Ils mettaient souvent des chambres à mon nom qui étaient en fait des chambres des célébrités qui venaient à la dernière minute. Venir dire maintenant que j’ai profité des chambres d’hôtel de de Grisogono ne fait aucun sens. Pour chaque expo de haute joaillerie, je devais fournir 200 ou 300 millions de marchandises. Alors, me reprocher 3 chambres d’hôtel… Pourquoi ne pas m’accuser d’avoir pris des bics et des pin’s gratuits ?

    Votre famille entretient aussi de multiples relations d’affaires avec la Sonangol. C’est ce que vous reproche aujourd’hui la compagnie pétrolière angolaise. Votre femme, notamment, est partenaire de la Sonangol dans l’actionnariat de la société de téléphonie mobile Unitel.

    C’est Isabel, l’architecte du réseau qui a fait le succès de Unitel et c’était un excellent investissement pour la Sonangol, ces parts valent aujourd’hui plus d’un milliard de dollars

    Comment se fait-il que vous obteniez 40 % de parts de Esperaza, la joint-venture avec la Sonangol qui venait de prendre des parts dans Galp ?  

    C’est aussi une idée d’Isabel. La Sonangol n’avait ni les contacts ni les capacités de réaliser un montage financier aussi ambitieux. J’étais sur la même ligne. Ça faisait longtemps qu’on voulait développer une campagne à destination de l’Europe pour promouvoir l’Angola comme producteur de pétrole. L’objectif était de travailler sur toute la chaîne depuis la production jusqu’aux pompes, en passant par les raffineries. Cela ne devait pas que nous permettre de racheter les parts d’ENI dans Galp, mais aussi de tenter une fusion-achat avec Cepsa. Un grand producteur africain allié à un raffineur et distributeur dans la péninsule ibérique.

    Pourquoi vous n’apparaissez pas dès le début dans le capital d’Esperaza ?

    Le contrat d’achat et de vente date de décembre 2006, mais le Memorandum of understanding qui consacre l’investissement tripartite Amorim- Exem- Sonangol dans Galp date de janvier 2006. D’ailleurs, je suis administrateur de la société dès mars ou avril 2006. Donc ce n’est pas franchement caché.

    Dans certains documents, y compris publics, dans les médias, votre femme est présentée comme la vraie propriétaire des actions dans Galp.

    Exem m’a toujours appartenu. Les banques et tous les mandataires hollandais l’ont toujours su. Je ne sais pas d’où vient cette information.

    Pourquoi avoir mis aussi longtemps à rembourser votre participation quand on voit les dividendes que produit votre participation dans Galp 

    La Sonangol ne voulait pas que Esperaza redistribue les dividendes reçus de Amorim Energia BV parce qu’elle n’avait pas encore changé son véhicule d’investissement et aurait payé deux fois des impôts. Une fois en Europe et une fois en Angola.

    Donc les dividendes de la Sonangol sont toujours là sur le compte d’Esperaza 

    Et les miens aussi. J’ai près de 35 millions d’euros de dividendes bloqués dans Esperaza. Il n’y a jamais eu aucun risque de non-remboursement de la dette de 75 millions de dollars. Ce prêt d’actionnaire est garanti par la totalité de mes actions qui s’élèvent à 800 millions d’euros et qui couvrent donc plus de 10 fois la valeur de la dette.

    La Sonangol vous reproche d’avoir remboursé cette dette en kwanza, la monnaie nationale angolaise, quand elle était due en dollars, et ce, un mois avant le départ de votre femme de la tête de la Sonangol ?  

    La Sonangol était en quasi-cessation de paiement et nous a demandé d’avancer les délais de remboursement qui étaient normalement prévus un an plus tard, on a négocié et obtenu de payer ce montant en kwanza.

    Pourquoi avez-vous payé 11 milliards de kwanzas au lieu des 14 milliards que représentait en octobre 2017 vos parts dans Esperaza, il y a une différence de 12 millions de dollars 

    En tout cas, les 11 milliards constituaient le dernier solde, intérêts compris. Nous avions déjà payé 15 % du prix des actions le 18 décembre 2006. Le reste était dû au 31 décembre 2017. Ce qui explique sans doute cette différence.

    Donc, ça n’a rien à avoir avec le fait que votre femme était encore à la tête de la Sonangol et que votre beau-père n’était plus président  ? 

    Ça n’a rien à voir avec ça. J’aimerais qu’on soit sérieux deux minutes. C’est connu. La Sonangol n’avait plus de dollars à cause de la baisse des cours du pétrole. Ma femme a obtenu à son arrivée des majors qu’elle puisse payer en kwanza sa part des salaires des employés, des locations et autres frais en kwanza. Et à cette période, les kwanzas, ça ne poussait pas sur les arbres. La Sonangol en avait besoin. Moi, j’en avais qui était bloqué en Angola. C’était un partenariat gagnant-gagnant.

    Mais comment expliquer que certaines de vos sociétés comme Wise ou Almerk sont payées pour recruter des sous-traitants pour aider des entreprises publiques ?  

    Wise, Almerk ou toute autre entreprise relationnée qui facture un service apportent une réelle valeur ajoutée. Gérer, structurer des financements, restructurer des dettes, sourcer des compétences spécifiques, définir et accompagner la mise en place de nouveaux process, assurer l’accompagnement des gestions de caisse des différents projets, faire un audit, étudier un plan de fusion ou d’acquisition (M&A). Bref, c’est une vraie valeur ajoutée qui a un coût et mérite une rémunération.

    Comment expliquer l’achat d’un condo de plus de 50 millions à Monaco ?  

    C’est un investissement immobilier. Nous ne vivons pas à Monaco. Il n’y a rien d’illégal, je ne vois pas ce qu’il y a à commenter.

    Pourquoi ne pas l’avoir acheté vous-même ? Pourquoi passer par une société à Malte ?  

    Ma famille a été spoliée par Mobutu en 86. Sans autre forme de procès, Mobutu avait déclaré dans une phrase qui demeure célèbre dans ma famille : « Prenez tout. Laissez-lui sa voiture et sa maison.  » J’ai toujours vécu dans la hantise des règlements de compte politiques si malheureusement fréquents en Afrique. J’ai bien eu raison apparemment. Depuis que nos biens nous ont été rendus par la Conférence nationale souveraine en 1991, ma famille a toujours privilégié des montages de holding complexes afin d’être protégée au maximum des spoliations de pouvoirs politiques.

    Mais pourquoi utilisez-vous systématiquement des véhicules financiers basés dans des places fiscalement avantageuses, voire dans des paradis fiscaux  ?  

    C’est très difficile pour quelqu’un qui vient de l’Angola ou de la RDC qui sont des pays complètement blacklistés sur les marchés européens d’ouvrir un compte en banque sur le sol européen. Si vous êtes comme moi une personnalité politiquement exposée depuis 2001, c’est de l’ordre de l’impossible. On peut me reprocher d’utiliser des véhicules financiers logés dans les paradis fiscaux, mais est-ce illégal ? D’abord, je n’en utilise pas pour des investissements en Europe. Je ne les utilise que parce que l’Angola n’a pas d’accord de double système de taxation. Il n’y a pas de raison que je paie mes impôts deux fois.

    Est-ce que vous avez donné des instructions pour cacher le fait que vous soyez propriétaire ou actionnaire de certaines sociétés ?  

    Non, et de toute façon, ce n’est jamais caché, les banques le savent, les partenaires le sachent. Quand je vous parlais d’utiliser des montages de holdings complexes, c’est pour nous protéger de la presse malveillante ou des politiciens.

    On a beaucoup parlé des prêts que vous octroyez à vos sociétés. Fin 2014, vous avez pour plus de un milliard de prêts notamment auprès de banques angolaises portugaises dans lesquels votre femme a des part. N’est-ce pas beaucoup ?

    Nous n’avons pas de groupe avec ma femme, mais nos sociétés ont un chiffre d’affaires cumulé de 2 milliards de dollars. Nos prêts sont toujours garantis.

    Pourquoi investissez-vous, vous comme les sociétés d’État, presque uniquement sur base de prêts ?

    C’est un peu le principe du capitalisme : faire le plus possible avec ce qu’on a, travailler avec un bon effet multiplicateur de l’investissement pour avoir un retour sur investissement le plus élevé possible. Le risque c’est de perdre. Vous devez toujours enregistrer des succès et maintenir votre crédibilité et le sérieux de vos équipes. Cela vous permet de toujours conserver suffisamment d’actifs pour vous permettre de rembourser le cas échéant.

    Avec RFI

  • Angola: Isabelle Dos Santos en lice pour la présidentielle en Angola

    Angola: Isabelle Dos Santos en lice pour la présidentielle en Angola

    Isabelle Dos Santos, la “femme la plus riche d’Afrique” se présente à la présidence malgré le gel de ses avoirs et des accusations de détournement de plus d’un milliard de dollars de fonds publics.

    La fille de l’ancien président angolais rejette ces accusations.

    Dans une interview accordée mercredi à la chaîne de télévision portugaise RTP, il lui a été demandé si elle serait intéressée par le rôle de président.

    Elle a répondu par l’affirmative : “Il est possible… Je ferai tout ce que je dois faire pour défendre et servir mon pays.”

    Lorsque son père José Eduardo dos Santos était président, il l’a nommée à la tête de la compagnie pétrolière d’Etat Sonangol.

    En décembre, un tribunal angolais a ordonné la saisie de ses biens et de ses comptes bancaires, ainsi que de ceux de son mari Sindika Dokolo et de son associé, Mario Leite da Silva.

    Cette décision fait suite à des accusations selon lesquelles Isabelle Dos Santos aurait détourné plus d’un milliard de dollars de la Sonangol et du négociant officiel en diamants Sodiam vers des entreprises où ils détenaient des participations.

    Au cours de l’entrevue, elle a nié les accusations en indiquant qu’il s’agissait d’une attaque contre sa famille et d’une campagne contre ses ambitions politiques.

    “Nous ne pouvons pas utiliser la corruption, ou la prétendue lutte contre la corruption, de façon sélective pour neutraliser ceux qui, selon nous, pourraient être de futurs candidats politiques… Il s’agit de la lutte pour le pouvoir”, a-t-elle affirmé.

    AVEC  BBC

  • Un tribunal angolais ordonne la saisie des biens d’Isabel dos Santos

    Un tribunal angolais ordonne la saisie des biens d’Isabel dos Santos

    -Un tribunal angolais a ordonné la saisie des actifs et des comptes bancaires d’Isabel Dos Santos, la fille milliardaire de l’ex-président José Eduardo dos Santos.

    Cette saisie semble faire partie d’une campagne de lutte contre la corruption menée par le gouvernement actuel dans un pays riche en pétrole, l’Angola.

    Le tribunal a ordonné le gel des comptes bancaires angolais de Mme Dos Santos et la saisie de ses participations dans des sociétés locales, notamment le géant des télécommunications Unitel et la banque Fomento de Angola (BFA), a rapporté l’agence de presse publique.

    L’administration du président, Joao Lourenço, cherche à recouvrer 1 milliard de dollars US (760 millions de livres sterling) que lui doit Isabel dos Santos et ses associés.

    Elle a nié à plusieurs reprises être auteur de malversations durant le mandat de son père.

    Qui est Isabel Dos Santos?

    Isabel Dos Santos est souvent décrite comme la femme la plus riche d’Afrique.

    Le magazine Forbes estime sa fortune à 2,2 milliards de dollars.

    Âgée de 46 ans, elle vit à l’étranger et déclare qu’elle a quitté l’Angola parce que sa vie était menacée.

    Elle dirige un énorme empire commercial avec des participations dans des sociétés en Angola et au Portugal, où elle a des parts dans la société de télévision par câble Nos SGPS.

    Dans un tweet, Mme Dos Santos n’a pas fait directement référence à l’ordonnance du tribunal, mais a déclaré que “la route est longue, la vérité prévaudra”.

    Mme Dos Santos a acquis une grande notoriété publique en 2016, lorsque son père l’a nommée de façon controversée à la tête de la société pétrolière publique angolaise Sonangol.

    Elle a été licenciée de ce poste en 2017 par M. Lourenço, le successeur de son père.

    Son frère poursuivi en justice

    Son frère, José Filomeno dos Santos, est jugé en Angola pour corruption.

    L’accusation soutient que lui et ses co-accusés ont aidé à faire sortir 500 millions de dollars du pays alors qu’il était à la tête du Fonds souverain de l’Angola. Ils ont plaidé non coupable.

    L’ordonnance du tribunal a été lue à la télévision d’État – un geste puissant dans un pays où, pendant des décennies, la famille Dos Santos semblait intouchable.

    Il y a deux ans, en 2017, M. Dos Santos s’est retiré après 38 ans au pouvoir.

    Et à la surprise de beaucoup, son successeur s’est retourné contre la famille, promettant une grande répression de la corruption.

    Depuis lors, des milliards de dollars de biens volés ont été récupérés à l’étranger.

  • José Filomeno dos Santos, le fils de l’ex-président limogé du fonds d’investissement souverain en Angola

    José Filomeno dos Santos, le fils de l’ex-président limogé du fonds d’investissement souverain en Angola

    -Le président angolais Joao Lourenço a démis de ses fonctions le fils de l’ancien chef de l’Etat José Eduardo dos Santos qui était à la tête du fonds d’investissement souverain du pays, a annoncé mercredi soir la présidence.

    José Filomeno dos Santos a été remplacé par un ancien ministre des Finances, Carlos Alberto Lopes.

    Le fils de l’ex-président, surnommé “Zenu”, avait été mis en cause dans le scandale des “Paradise Papers”. Le fonds aurait versé des dizaines de millions de dollars à un homme d’affaires proche de “Zenu”, Jean-Claude Bastos de Morais, pour gérer cette entité.

    Comme de nombreuses puissances pétrolières, l’Angola a mis en place un fonds pour investir les revenus de l’or noir. Lancé en 2011, il était alors doté de 5 milliards de dollars.

    Depuis qu’il a pris ses fonctions en septembre, Joao Lourenço, dauphin désigné par José Eduardo dos Santos, a commencé à démanteler pièce par pièce l’empire politico-financier bâti par son prédécesseur, au pouvoir pendant trente-huit ans.

    Il a ainsi congédié plusieurs patrons des institutions ou secteurs les plus sensibles du pays (Banque centrale, pétrole, industrie du diamant, médias), tous des fidèles de l’ancien président.

    La fille dos Santos, Isabel, classée femme la plus riche d’Afrique par le magazine américain Forbes, a été évincée en novembre de la présidence de la compagnie pétrolière nationale Sonangol.

    Depuis, la Sonangol a indiqué enquêter sur des mouvements de fonds jugés suspects ordonnés par la femme d’affaires.

    Son époux, Sindika Dokolo, n’a pas échappé au grand ménage organisé par le président. La Société publique angolaise de commercialisation des diamants (Sodiam) s’est retirée du capital du bijoutier suisse de Grisogono, dont est actionnaire le mari d’Isabel dos Santos.

    José Eduardo dos Santos, qui est resté le patron du parti du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), a déploré en décembre des décisions à ses yeux trop “radicales”.

    Lundi, à l’occasion d’une conférence de presse pour ses 100 jours au pouvoir, Joao Lourenço lui a répondu en niant toute “tension” avec son prédécesseur.

    Lors de sa campagne, Joao Lourenço avait promis d’éradiquer la corruption et de relancer l’économie du pays, en panne depuis la chute des cours du pétrole, sa principale ressource, en 2014.

    Avec AFP

  • Les Angolais votent pour les premières élections sans dos Santos depuis 38 ans

    Les Angolais votent pour les premières élections sans dos Santos depuis 38 ans

    -Plus de 9 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour les élections législatives ce mercredi 23 août. Les bureaux de vote doivent fermer à 17h TU. Le parti qui obtiendra la majorité au Parlement décrochera la présidence du pays. L’actuel chef de l’Etat, José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 38 ans, cède sa place. Le candidat du MPLA, son parti, devrait normalement lui succéder. Il s’agit de l’ancien ministre de la Défense, João Lourenço.

    Cet article est réactualisé régulièrement, avec notre envoyée spéciale à Luanda

    Le vote a démarré ce mercredi 23 août à 7 h, heure locale (6 h TU) dans tout le pays. Plus de 9 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dans ce pays qui compte quelque 24 millions d’habitants.

    Vote dans le calme à Cimangol

    A Cimangol, moitié quartier populaire, moitié bidonville de Luanda, les opérations de vote se déroulent dans le calme depuis ce mercredi matin, rapporte l’envoyée spéciale de RFI à Luanda. C’est en fait toute la ville qui a pris des allures de « ville morte » : tous les magasins sont fermés, il y a peu de circulation.

    Devant les bureaux de vote, il y a ceux qui rentrent et se disent très satisfaits de voter. Ceux qui votent pour la première fois, surtout, accomplissent leur devoir de citoyen avec beaucoup d’engouement.

    Le personnel de la Commission électorale leur explique comment utiliser le bulletin, comment choisir le parti pour lequel ils veulent voter une fois dans l’isoloir. Le nombre de bureaux de vote est beaucoup plus important que lors de la précédente élection en 2012, ce qui permet d’éviter l’attente.

    S’il n’y a pas de changement, se sera très grave.

    Des électeurs empêchés de voter

    A l’extérieur d’un bureau de vote de Cimangola, à Luanda ce mercredi 23 août, une dame découvre qu’elle est convoquée dans un bureau plus éloigné. © Photo : RFI / Sonia Rolley

    En revanche, et c’est ce que craignaient les partis d’opposition et activistes de la société civile, il y a encore de nombreux électeurs qui, arrivés devant leurs bureaux, sont empêchés de voter.

    Les femmes, surtout, qui s’énervent. « Pourquoi on m’envoie voter à 10 ou 20 km, alors que j’habite ici ? », s’emporte l’une d’elle. Les hommes, autour, sont catégoriques : étant donné le niveau d’organisation de la Commission électorale, « cela ne peut être qu’une manipulation du pouvoir », estiment-ils.

    Dans ce quartier, les habitants n’ont pas les moyens de se payer un ticket de bus pour aller voter si loin et, du coup, ces électeurs rentrent chez eux, dépités. Ce qui devrait grossir le chiffre de l’abstention.

    • Quels sont les partis en lice ?

    Le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le parti-Etat qui tient tous les leviers du pays depuis 42 ans – soit plus longtemps que le président sortant José Eduardo dos Santos lui-même -, est un mouvement de libération d’inspiration marxiste-léniniste, converti au capitalisme sauvage.

    Pendant la campagne, les drapeaux du MPLA étaient omniprésents et les affiches des autres candidats étaient arrachées. Le MPLA a d’ailleurs une cellule dédiée à ces arrachages dans chaque ville du pays.

    Et sur les deux principales chaînes télévisées d’Angola, il recueillait plus de 80 % de l’attention médiatique, selon les décomptes réalisés par de jeunes activistes.

    En face, son rival historique, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), a déjà déposé un recours et espère encore gagner. C’est en tout cas ce qu’affichent sa direction et ses militants.

    Mais lors du dernier meeting de l’Unita, son leader Isaias Samakuva a dénoncé une fraude et a rappelé qu’il y avait le secret du vote, appelant les électeurs à ne pas se laisser intimider par la machine MPLA.

    Parmi les quatre autres partis en compétition, une formation fait beaucoup parler d’elle : la Casa-Ce. Cette toute jeune coalition de l’opposition, créée en 2012 peu avant les précédentes élections générales, semble séduire de plus en plus de jeunes urbains.

    Quels sont les enjeux du scrutin ?

    Si, comme annoncé, le MPLA remporte la majorité et donc la présidence, José Edouardo dos Santos sera tout de même remplacé à la tête de l’Etat après 38 ans de présidence. Mais ses successeurs auront affaire à de nouveaux défis.

    Ils leur faudra prendre la tête du pays dans un contexte de crise économique et de grogne sociale sans précédent, et avoir affaire surtout à l’entourage de l’ancien président, propriétaire de la plupart des grandes entreprises du pays et accusé de gabegie.

    Avec RFI

  • Angola:Dos Santos ne se présentera pas à un nouveau mandat en 2017

    Angola:Dos Santos ne se présentera pas à un nouveau mandat en 2017

    Dos santos victoire-Le président angolais José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis trente-sept ans, ne sera pas candidat à un nouveau mandat à la tête du pays lors des élections générales de 2017, a annoncé la radio officielle.

    La Constitution angolaise ne prévoit pas de scrutin présidentiel, mais précise que le poste de chef de l’Etat revient au chef du parti qui remporte les législatives.

    M. dos Santos a officiellement lancé vendredi la campagne de son parti pour les élections de 2017 lors d’un discours devant son comité central, sans toutefois y préciser s’il serait candidat à un nouveau mandat.

    Le communiqué officiel du MPLA publié à l’issue de cette réunion n’a pas non plus évoqué sa succession, mais à l’issue de sa lecture, la radio nationale a précisé en citant des sources internes au parti que M. Lourenço avait été désigné pour lui succéder.

    “Le président José Eduardo dos Santos ne sera pas candidat” à sa succession à la tête du pays, a confirmé à l’AFP M. Pinto.

    Le nom de M. Lourenço, qui avait été nommé vice-président du MPLA en août, sera officiellement dévoilé lors du 60e anniversaire du parti le 10 décembre, selon cet élu.

    Le chef de l’Etat avait été réélu en août à la tête du MPLA. Il avait semé le trouble en affirmant en mars qu’il quitterait le pouvoir en 2018, un an après les prochaines élections.

    Depuis plusieurs semaines, l’Angola bruisse de rumeurs sur l’état de santé du président, qui suggèrent qu’il s’apprête à prendre sa retraite politique.

    Le MPLA est arrivé au pouvoir en 1975 lorsque l’Angola a acquis son indépendance du Portugal. José Eduardo dos Santos a pris les rênes du pays quatre ans plus tard après la mort du chef historique du parti, Agostinho Neto.

    En trente-sept ans, il a imposé un règne sans partage sur le pays, plus gros producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne avec le Nigeria, mais qui reste l’un des plus pauvres du monde.

    Avec AFP

  • Les pays des Grands-Lacs appellent au renfort de la mission de l’ONU en RDC

    Les pays des Grands-Lacs appellent au renfort de la mission de l’ONU en RDC

    sassou_-_santos-Les dirigeants des pays des Grands-Lacs réunis à Luanda ont appelé les Etats de la région et d’Afrique australe à “fournir des contingents supplémentaires” aux forces de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), qui traverse une grave crise politique.
    Les dirigeants ont demandé aux Etats membres “de la Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs (CIRGL) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) de fournir des contingents à la brigade d’intervention” de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), selon un communiqué final transmis jeudi.
    L’objectif est de “renforcer les opérations menées contre les forces négatives” en RDC, “en étroite collaboration” avec Kinshasa.
    A la fin officielle du sommet qui s’est tenu mercredi à Luanda, les présidents de l’Angola, Jose Eduardo dos Santos, de la RDC, Joseph Kabila, et du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, se sont réunis à huis clos, a indiqué à l’AFP une source proche de la présidence angolaise.
    Luanda et Brazzaville “se sont engagés à (…) envoyer, avant la fin du mandat de Joseph Kabila (le 20 décembre, NDLR) des militaires supplémentaires” pour renforcer la mission des Casques bleus en RDC, a ajouté cette source.
    La RDC est minée par une crise politique profonde liée au report de la présidentielle qui devait se tenir cette année.
    En octobre, la majorité congolaise et une frange minoritaire de l’opposition ont convenu de reporter ce scrutin à avril 2018.
    L’accord prévoit la constitution rapide d’un nouveau gouvernement dont la tête devrait revenir à une personnalité de l’opposition, mais ne dit pas expressément que M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne sera pas candidat à la fin de son mandat, le 20 décembre.
    La Constitution lui interdit de se représenter.
    La Monusco, dont la mission est essentiellement axée sur la protection des populations civiles, est présente en RDC depuis 1999 et compte près de 20.000 hommes en uniforme.
    Le mandat des Casques bleus a été considérablement renforcé au fil des années. Depuis 2013, ils ont pour mission de neutraliser les différents groupes armés nationaux et étrangers qui écument l’est du pays et sont autorisés à recourir à la force de manière offensive.
    AFP