Tag: Culture & Arts

  • Les masques géants du Congo retrouvent la lumière

    Les masques géants du Congo retrouvent la lumière

    masques-Présents en Afrique centrale depuis le 16eme siècle, les Jésuites se sont implantés en terre kongo dès la naissance de l’Etat indépendant du Congo, fondant la Mission du Kwango. Tout les intéressait : la botanique, la linguistique, l’histoire, l’archéologie et, au fil des années, ces érudits-missionnaires envoyèrent en Belgique des documents ethnographiques ou scientifiques qui aujourd’hui encore font autorité. Leur rapport aux objets fut mitigé : pour certains, masques et statues utilisés dans les rites religieux n’étaient que des « fétiches » qu’il importait de désacraliser et de détruire. Pour d’autres, ces masques rituels étaient des outils aidant à mieux connaître des populations qu’il importait de convertir et même si les objets collectés dans les villages n’étaient pas considérés comme des œuvres d’art au sens occidental, les religieux s’employèrent souvent à les rassembler et à les envoyer en Belgique, soit au siège de leur ordre à Louvain-Heverlee, soit au Musée de l’Afrique centrale à Tervuren. Ce dernier, en 1998, a repris la gestion physique de la collection missionnaire, préservant ainsi des œuvres d’une richesse aussi exceptionnelle que… pratiquement invisible.

    En effet, les collections de Tervuren sont d’une diversité telle, enrichies par des envois de générations d’administrateurs coloniaux, de missionnaires, de colons que la plupart de ces trésors, faute de place pour les exposer, ont longtemps dormi dans des caves et des armoires. Préservés certes, mais inconnus du grand public. La fermeture provisoire du Musée de l’ Afrique centrale, en pleine rénovation, peut apparaître comme une chance : soucieuse de rappeler son existence, l’importance de ses collections et la valeur de son personnel scientifique, la vénérable institution se voit obligée d’organiser, ailleurs que dans ses locaux, des expositions thématiques. C’est ainsi que le musée Belvue, qui jouxte le Palais royal, accueille jusqu’en novembre prochain une série de masques géants qui dormaient dans les caves de Tervuren depuis qu’ils avaient été envoyés par les missionnaires depuis le cœur du Kwango, répertoriés et classés par la suite.
    Chez les populations Yaka et Suku du Kwango, ces masques imposants, le grand Kakuunguou son pendant féminin le Kazeba, étaient utilisés lors des fêtes d’initiation, les mukanda . Les jeunes garçons, lors d’une longue retraite en brousse, étaient alors préparés à leur vie d’adulte et circoncis. Leur retour au village était marqué par des danses masquées publiques, où les danseurs s’identifiaient aux ancêtres et à leur force vitale.
    Aujourd’hui encore, pour la première fois exposés ensemble, côte à côte, ces masques dégagent une force impressionnante. Même si certains d’entre eux ont gardé un aspect terrifiant, tous demeurent empreints de mystère, comme s’ils demeuraient reliés à des forces inconnues. Mais notre regard a changé : qui oserait encore qualifier de « fétiches » ces pièces d’une beauté extraordinaire, dont certaines sont de purs chefs d’œuvres qui suscitent la jalousie des plus grands musées du monde…
    Cette exposition, pas très grande, mais magnifique et centrée sur un sujet précis mériterait d’être visitée par les enfants des écoles bruxelloises, qu’ils soient inscrits ou non dans les cours de morale ou de religion: ils y apprendraient la beauté des cultes des “autres”, feraient fonctionner leur imaginaire et éduqueraient leur regard dans un monde diversifié. Quant au enfants d origine africaine, si nombreux à Bruxelles, on ne peut que souhaiter qu’ils viennent en masse au musée Belvue: ils en ressortiront avec des étoiles dans les yeux.

    (Colette Braeckman)

  • Démocratie en Afrique : comme Goodluck Jonathan, ils ont accepté leur défaite avec fair-play

    Démocratie en Afrique : comme Goodluck Jonathan, ils ont accepté leur défaite avec fair-play

    diouf-wade-Le monde salue le geste républicain du président Goodluck Jonathan qui a reconnu mardi sa défaite face au candidat de l’opposition l’ex-général Muhammadu Buhari. Avant lui, d’autres dirigeants africains se sont retirés après avoir été battus aux élections.

    La journée du 31 mars 2015 est rentrée dans les annales glorieuses de la démocratie au Nigeria et en Afrique. Car, au fur et à mesure que les résultats s’égrenaient – et dessinaient une défaite du président sortant-, la crainte d’un déferlement de violence sur le pays le plus peuplé d’Afrique augmentait.

    Pourtant, un simple coup de fil (suivi quelques heures plus tard par un communiqué officiel) a suffi à désamorcer une situation jugée par les observateurs comme “une cocotte-minute qui pouvait exploser à tout moment”. Goodluck Jonathan s’est comporté en “gentleman démocrate” en reconnaissant sa défaite avec à la clé, un appel au calme lancé à ses partisans qui n’attendaient pourtant qu’un simple mot –fraudes- pour semer le chaos dans le pays.

    Si sous d’autres cieux un pareil geste est la règle, en Afrique le constat est malheureusement autre. Depuis 1990, cinq chefs d’États dans seulement trois pays ont rendus le tablier après avoir été battus dans les urnes par leurs adversaires.

    • Mathieu Kerekou : (Bénin 1991)

    © AFP

    Après avoir dirigé le Bénin d’une main de fer entre 1972 et 1991, Mathieu Kerekou a accepté de convoquer une “Conférence nationale” rassemblant l’ensemble des forces vives du pays. Présidée par l’Archevêque de Cotonou de l’époque, Mgr Isidore de Souza, la conférence ouvre le pays au multipartisme et à des élections transparentes en 1991. Battu par  l’opposant et premier ministre de la transition Nicéphore Soglo, Mathieu Kerekou accepte sa défaite et se retire momentanément de la scène politique béninoise.

    • Nicéphore Soglo : (Bénin 1996)

    © AFP

    Cinq ans après avoir remporté la première élection présidentielle post-Conférence nationale, Nicéphore Soglo est battu dans les urnes par son éternel adversaire Mathieu Kerekou. Nicéphore Soglo reconnaît très vite sa défaite et s’impose à la tête de l’opposition béninoise avant d’être élu en décembre 2002 à la tête de la mairie de Cotonou, capitale économique du Bénin. Aujourd’hui, les deux anciens rivaux – qui vivent au Bénin – sont considérés comme des sages dans le paysage politique au pays du roi Béhanzin.

    • Abdou Diouf : (Sénégal 2000)

    © AFP

    L’élection présidentielle de mars 2000 constitue un important point de repère dans l’évolution démocratique au Sénégal. Après avoir succédé le 1er janvier 1981 à Léopold Sédar Senghor, Abdio Diouf a été élu en 1983 puis réélu en 1988 et en 1993. Battu au second tour de l’élection présidentielle de 2000 par l’opposant Abdoulaye Wade, Diouf se retire de la vie politique et prend la tête en octobre 2002 de l’Organisation internationale de la francophonie.

    • Abdoulaye Wade : (Sénégal 2012)

     

    © AFP

    Après avoir tenté l’aventure sans succès en 1978, 1983, 1988 et 1993, Abdoulaye Wade accède à la présidence en mars 2000 après avoir remporté le second tour de l’élection contre Abdou Diouf. Réélu en 2007 le chantre du “Sopi” (changement en wolof) est défait lors de l’élection présidentielle de mars 2012 par Macky Sall, un de ses anciens lieutenants. Wade accepte sa défaite et passe le témoin à son successeur le 12 avril.

    • Joyce Banda : (Malawi 2014)

    © Thoko Chikondi/AP/SIPA
    En 2009, Joyce Banda a été désignée vice-présidente du Malawi par le président Bingu wa Mutharika. Elle succède à ce dernier décédé le 7 avril 2012. Joyce Banda se présente à la présidentielle du 20 mai 2014 où elle est battue par Peter Mutharika. Après avoir annoncé l’annulation du scrutin invoquant de “graves irrégularités”, elle accepte finalement sa défaite et passe le témoin à son adversaire.

    (Jeune Afrique)

  • Trente éléphants tués en quinze jours par des braconniers dans le parc de la Garamba

    Trente éléphants tués en quinze jours par des braconniers dans le parc de la Garamba

    Elephant-Trente éléphants ont été abattus en deux semaines dans le Parc national de la Garamba, dans le nord-est de la RDC. Les responsables du parc accusent un groupe de braconniers soudanais d’avoir commis ce massacre.

    Selon Jean-Marc Froment, directeur chargé de la Conservation d’African Parks, ONG qui cogère le Parc de la Garamba avec l’Institut congolais pour la Conservation de la nature (ICCN), “un groupe de Soudanais du Nord s’est introduit dans le parc, s’est réparti en petits groupes et a abattu trente éléphants durant quinze jours”. “Ces gens ont beaucoup chassé en République centrafricaine et dans le nord (de la République démocratique) du Congo, mais la densité d’éléphants là-bas est très faible, donc ils vont de plus en plus loin, a-t-il expliqué  Ils cherchent les derniers éléphants, comme tout le monde. Ce sont des chasseurs très expérimentés.”

    D’après un recensement effectué en 2014, le Parc national de la Garamba abrite quelque 1 700 éléphants, ce qui en fait une cible de choix pour les braconniers. Les quelque 150 “rangers” du Parc doivent surveiller environ 13 000 km carrés de savanes et de forêts.

    Les braconniers soudanais sillonnent l’Afrique centrale à cheval

    En juin 2014, des braconniers avaient abattu – certains à partir d’un hélicoptère – 68 éléphants en deux mois dans la Garamba, soit 4% de la population de pachydermes du parc. Ce massacre avait déjà été attribué à des chasseurs soudanais, qui sillonnent l’Afrique centrale à cheval, parfois sur des milliers de kilomètres. Des braconniers soudanais sont également soupçonnés d’être responsables du massacre de 300 éléphants dans le Parc national de Bouba N’Djida, dans le nord du Cameroun, en février 2012, puis d’au moins 89 autres près de Ganba, dans le sud du Tchad, en mars 2013.

    L’annonce de ce nouveau massacre intervient alors que s’ouvrait lundi une conférence internationale d’experts à Kasane, au Botswana, pour tenter de sauver les éléphants d’Afrique. Le comptage des pachydermes sur le continent n’est pas une science exacte, mais il restait environ 470 000 individus à l’état sauvage en 2013, contre 550 000 en 2006.

    Inquiétudes pour la survie des éléphants d’Afrique

    Au rythme de 25 à 30 000 animaux abattus par an, la mortalité surpasse désormais le taux de natalité de cet animal, qui n’a qu’un petit à la fois, après une gestation de 21 mois. Autrement dit, si la tendance se poursuit, l’éléphant d’Afrique est condamné à mort. Le déclin est déjà particulièrement net en Afrique de l’Est, au Kenya et en Tanzanie.

    Des cartes des “routes de l’ivoire”, élaborées par l’association Traffic – spécialisée dans la traque des exportations illégales d’espèces menacées – montrent d’ailleurs clairement que c’est par les ports ou aéroports kenyans et tanzaniens que la plus grande partie de l’ivoire de contrebande quitte l’Afrique. “L’or blanc” transite généralement par la Malaisie, le Vietnam, les Philippines ou Hong-Kong, avant de gagner ses destinations finales, essentiellement la Chine et la Thaïlande. Là, les défenses d’éléphants abattus deviennent des bijoux, des objets d’arts ou des sculptures, très prisées des riches Asiatiques.

    (Avec AFP)

  • LE DECOUPAGE TERRITORIAL DU KATANGA EN 4 : CONDITIONS DE SA REUSSITE AU DELA D’UN SCEPTICISME AFFICHE

    LE DECOUPAGE TERRITORIAL DU KATANGA EN 4 : CONDITIONS DE SA REUSSITE AU DELA D’UN SCEPTICISME AFFICHE

    Nouvelle carte RDC-I. PRELIMINAIRES
    Comme un fleuve irrigué par de nombreux affluents, voilà plus de neuf ans  que l’on entend des voix s’élever pour ou contre le « découpage territorial », rappelant l’époque de la tour de Babel  avec son cortège de divisions et d’incompréhensions. Cette cacophonie s’est intensifiée depuis la récente  promulgation de la loi de programmation n° 15/004 du 28 février 2015 déterminant les modalités d’installation de nouvelle s provinces.
    En effet, à la faveur de la révision constitutionnelle sanctionnée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011, l’article 226 de la Constitution fut modifié dans le sens de la suppression du délai constitutionnel initial, laissant au législateur le soin d’adopter une loi de programmation déterminant les modalités d’installation de ces nouvelles provinces.
    Ladite loi de programmation – tant attendu – a pour objet la mise en application  de la volonté du peuple congolais. Elle fixe un nouveau calendrier d’installation des provinces qui est conçu en deux phases : la première concerne la Ville de Kinshasa et les quatre provinces actuelles non démembrées ; la seconde, dont la durée ne peut excéder cent vingt jours à dater de la mise en place des commissions, concerne les autres provinces dont le Haut- Lomami, le Haut- Katanga, le Lualaba et le Tanganyika issues de la province du  Katanga.
    Cette loi définit également les actions à entreprendre en vue de la mise en place effective de ces provinces, parmi lesquelles la désignation des membres de la commission, par le décret du Premier Ministre, chargés d’effectuer des tâches spécifiques notamment,  d’établissement de l’actif et du passif des anciennes provinces.
    En optant pour la « décentralisation », la République Démocratique du Congo (RDC) n’innove pas. Plusieurs pays africains l’ont opté à la suite des crises économiques, sociales et/ou politiques qu’ils ont connu. La décentralisation est souvent perçue comme la panacée pour relever toute une série de défis en matière de développement: reconstruire l’État, combattre la corruption, restaurer la confiance dans le gouvernement, promouvoir des formes de gouvernance plus participatives et lutter contre la pauvreté. En pratique, les choses sont loin d’être aussi simples si, pour d’aucuns, la décentralisation est intrinsèquement une bonne chose à laquelle il convient d’avoir recours en toutes circonstances, il existe cependant un courant de scepticisme important et la RDC ne fait pas exception.
    C’est pourquoi il sied de réfléchir sur les conditions de sa réussite !
    II. AU DELA DES PESANTEURS ET SCEPTICISME AFFICHES
    Depuis que la décentralisation fut introduite dans la Constitution, sa matérialisation en RDC n’a cessée de  rencontrer des pesanteurs qui font que l’urgence de l’application de cette politique fut diversement appréciée. Pour nous en convaincre, nous faisons recours à la situation de la province du Katanga. En effet, au terme de l’article 2 de la Constitution, la RDC compte 25 provinces et la ville de Kinshasa, contre 10 provinces et la capitale actuellement. En clair, il sera procédé au découpage territorial. À ce sujet, le Katanga qui éclate en quatre provinces : le Haut- Lomami, le Haut- Katanga, le Lualaba et le Tanganika. Mais l’on a assisté au chapelet des pétitions et des contre-pétitions sur le découpage ou non du Katanga, lettres ouvertes et prises de position confuses. Tous les coups furent permis.  Certains opérateurs politiques soutenant mordicus le processus compte tenu de leur attachement à de sentiments tribaux et/ou ethniques. Par contre ceux qui sont en défaveur de la décision craignent de perdre certains avantages.
    Au-delà de toutes ces positions, contre-positions, peurs et cauchemars sur le découpage territorial au Katanga, il est impérieux que les antagonistes aient présent à l’esprit que la RDC est un « Etat uni et Indivisible» et la décentralisation, d’essence constitutionnelle soit-elle, n’est pas synonyme de fédéralisme, encore moins de confédéralisme. La ligne de démarcation mérite d’être rapidement tracée…
    Ainsi, nous soutenons qu’il ne s’agit plus de décider si le découpage  territorial  est une option, ou de ne pas la voir franchir l’étape du stade initial, mais plutôt de savoir comment le mettre en œuvre dans la pratique pour qu’il puisse réaliser les objectifs qu’il s’est fixés en assurant à la fois la stabilité, l’efficacité de l’Etat ainsi que les libertés démocratiques créatrices d’idées et de progrès. Ainsi, la RDC a pris un tournant décisif dans le mode de gouvernance de ses provinces puisque les principes de l’Etat central fortement décentralisé ont été précisés comme fil conducteur pour le fonctionnement des institutions.
    L’on doit effacer les peurs d’être chassés dans telle ou telle autre contrée ou d’aller obligatoirement résider ou travailler uniquement dans sa province dite d’origine car, tout congolais a le droit de s’établir partout ou il veut et personne ne pourra le lui en priver sans violer la Constitution et les droits fondamentaux. Pour ce faire, ayons tout simplement à l’esprit l’idée que  la décentralisation est juridiquement un mode d’organisation des pouvoirs publics. C’est le transfert de certaines compétences de l’Etat à des collectivités territoriales, autonomes financièrement et juridiquement du pouvoir central. Mais en réalité, elle est aussi l’affaire de chaque citoyen car elle modifie profondément ses relations avec les pouvoirs publics. TOCQUEVILLE affirmait par exemple que la centralisation administrative n’était propre « qu’à énerver les peuples » car elle tendait « à diminuer parmi eux l’esprit de cité ».
    En RDC, les mutations institutionnelles et socio-politiques attendues doivent être comprises comme un élargissement de la démocratie participative pour stimuler la responsabilisation des acteurs à la base. Dans ce sens, la décentralisation offre non seulement des espoirs d’un renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance locale mais aussi des promesses d’une plus grande efficacité et efficience dans l’offre de services adaptés aux besoins locaux et un cadre adapté pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Toutefois, la décentralisation n’apportera une plus grande efficience dans l’offre des services, une meilleure gouvernance locale et ne contribuera à la réduction de la pauvreté et à la consolidation de la paix sociale seulement si certaines conditions sont remplies.
    III. QUELQUES CONDITIONS POUR UN DECOUPAGE TERRITORIAL REUSSI AU KATANGA ET EN RDC
    3.1. Le respect et la compréhension des textes légaux qui organisent le découpage territorial  par le peuple et ses élus
    La culture démocratique veut qu’après la promulgation de la loi de programmation qui détermine, en application de l’article 226 de la Constitution les modalités d’installation de nouvelles Provinces en RDC et pour le cas d’espèces, qui détermine les quatre provinces qui sont issues de la province du Katanga telles que énumérées à l’article 2 de la Constitution, les frondeurs doivent s’incliner et se mettre au pas. Il leur aussi appartient le droit de mener d’autres démarches légales pour que leurs desideratas soient entendus pour un remembrement ou pour un autre démembrement possible. Cela doit cependant se faire dans  le strict respect des normes.
    L’on entend donc par modalités d’installation de nouvelles Provinces, l’ensemble des opérations à effectuer dans chaque Province selon le calendrier d’installation des nouvelles provinces .
    A ce sujet, l’on doit retenir que l’installation de nouvelles Provinces et de la Ville de Kinshasa se déroule en deux phases dont la première phase concerne les Provinces du Kongo Central, du Maniema, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et la Ville de Kinshasa.  La deuxième phase concerne les Provinces du Bas-Uelé, de l’Equateur, du Haut-Katanga, du Haut-Lomami, du Haut-Uélé, de l’Ituri, du Kasaï, du Kasaï Central, du Kasaï Oriental, du Kwango, du Kwilu, du Lomami, du Lualaba, de Maï-Ndombe, de la Mongala, du Nord-Ubangi, du Sankuru, du Sud-Ubangi, du Tanganyika, de la Tshopo et de la Tshuapa. [ Article 3]
    L’installation des nouvelles provinces issues du Katanga se fait dans les quinze jours suivant la promulgation loi  et pour les besoins de leurs installations, sur proposition du Ministre ayant l’intérieur  dans ses attributions, un Décret délibéré en Conseil des Ministres met en place une Commission par Province à démembrer, ici le Katanga qui comprendra aussi des sous-commissions en vue d’effectuer les opérations relatives à l’installation.
    Composée d’au plus quinze membres à raison de trois membres par sous-commission, la Commission a pour tâches de  :
    – établir l’état des lieux de la Province ;
    – dresser l’actif et le passif de la Province ;
    – repartir, entre les nouvelles Provinces, le patrimoine ainsi que les ressources humaines et financières.
    Il sied donc d’insister sur le respect par l’exécutif national de mettre en place cette commission et que le travail débute sans oublier  l’audit afin de contrer les dissipations et autres manipulations financières et  dissimulations des deniers par les dirigeants sortant !
    3.2. L’avenir du  découpage territorial quand les députés provinciaux demeurent encore acteurs voire actifs
    Dans les trente jours de sa constitution, la Commission présente son rapport des travaux à l’Assemblée provinciale existante qui en prend acte.
    La présentation du rapport par la Commission et sa prise d’acte par l’Assemblée provinciale existante enclenchent le processus d’éclatement de la Province.
    Il sied de nous poser la question de la légitimité et du sérieux des députes provinciaux qui doivent prendre acte du rapport de la commission afin d’enclencher le processus si l’on sait que la plupart desdits députés sont des godillots comme bien élaboré dans notre livre intitulé « Le parlement provincial pour quoi faire ? » . N’est-ce pas laisser cette charge entre les mains de ceux qui ne partagent pas voire ne portent pas la voix du peuple depuis leurs élections par hasard en 2006 ? Pour le cas du Katanga, comment cette institution – Assemblée provinciale – peut-elle enfin se prendre au sérieux et ne pas demeurer sous le dictat de son « speaker » ennemi du découpage territorial quand ses intérêts sont menacés oubliant que le fédéralisme tant prôné n’est pas loin de ce qui se trouve sur le gâteau ?
    Au regard de la loi de programmation, le quinzième jour suivant la présentation du rapport par la Commission et sa prise d’acte par l’Assemblée provinciale existante, chaque Assemblée provinciale de la nouvelle Province se réunit de plein droit en session extraordinaire en vue de :
    1. l’installation du Bureau provisoire dirigé par le doyen d’âge assisté de deux membres les moins âgés ;
    2. la validation des pouvoirs qui vaut pour le reste du mandat à courir.;
    3. l’élaboration et l’adoption du Règlement intérieur ;
    4. l’élection et l’installation du Bureau définitif ;
    5. l’élection du Gouverneur et du Vice-gouverneur de Province, conformément à l’article 168 de la Loi électorale.
    La séance d’ouverture est présidée par le fonctionnaire ayant le grade le plus élevé dans l’administration publique de la nouvelle Province.
    La session extraordinaire prend fin à l’épuisement de l’ordre du jour.
    Lorsqu’une Assemblée provinciale ne se réunit pas dans le délai sans motif valable, le Ministre ayant l’intérieur dans ses attributions la convoque en session extraordinaire. Dans ce cas, la séance d’ouverture est présidée par un délégué du Ministre de l’Intérieur.
    La durée de l’installation effective des institutions provinciales ne peut excéder cent vingt jours à dater de la mise en place des Commissions. Voilà donc qu’il est urgent que la commission soit nommée et mise en place et que le travail se fasse sans délai pour que les députés provinciaux ne se refugient derrière le défaut de commission alors qu’ils doivent cette fois-ci sortir de leurs carcans et devenir des tambourineurs justifiant leur existence par les deux attributions fondamentales qui fondent la compétence de tout parlement : adopter la loi des hommes, et contrôler l’Administration chargée de l’appliquer. Cette double justification répond à la théorie de la séparation des pouvoirs de MONTESQUIEU.  Pourtant, le Parlement provincial du Katanga a fait montre de l’amateurisme ou carrément ce qu’il convient d’appeler « l’analphabétisme parlementaire », « l’incultisme  démocratique », etc.
    Il est certes vrai qu’avec les élections passées, nous avions dans une certaine mesure salué la victoire de la démocratie. Mais, une question demeure : Avons-nous choisi des bons acteurs ? La réponse est bien connue de tous. De plus en plus, nous déplorons amèrement la crise de légitimité que les Parlements provinciaux, institutions pivots de la démocratie – traversent. Au Katanga, le gouvernement provincial dominant l’agenda; la cohabitation entre les deux institutions politiques provinciales basée sur les intérêts égoïstes et mesquins ont engendré une gouvernance provinciale peu transparente démocratiquement, et les citoyens se demandant a quand le bout du tunnel ? Serait-ce par  l’installation des nouvelles provinces ?
    De ce qui précède, l’on est en droit de se demander dans quelles mesures, l’Assemblée provinciale qui doit être le symbole de l’expression démocratique joue-t-elle encore un rôle dans le processus de décision politique de nos démocraties dans les nouvelles provinces? Ainsi, avec le lancement du processus d’installation des nouvelles provinces, il sied que les députés réfléchissent sur leur rôle. Il est temps que le Parlement provincial cherche d’apparaître de plus en plus comme une institution à même de répondre aux attentes démocratiques profondes. Sans être le lieu unique des décisions importantes, le Parlement en est bien souvent la condition nécessaire. Il ne doit plus être  « la chambre d’enregistrement » ou mieux « la caisse de résonance »  que l’on dénonce, mais un acteur incontournable dans un système global de production de la norme : lieu de négociation de la décision finale, tribune d’affrontement des idées, meilleur moyen d’assurer un débat transparent et équilibré. Par ailleurs, le Parlement devra être de plus en plus, notamment dans sa fonction de contrôle, comme un acteur à même de répondre à l’exigence croissante de compte-rendu, constituant ainsi des garanties démocratiques : les Gouvernements  provinciaux des nouvelles provinces issues du Katanga devront agir désormais sous le contrôle effectif des parlementaires.
    3.3. L’implication active des citoyens dans le processus
    Presque tous les débats voire « ébats et émois » sur le découpage en RDC sont faits en l’absence du peuple, le souverain et bénéficiaire primaire. Il est donc important que les citoyens soient au centre du processus par implication active dans le processus. En effet, pour que réussisse la décentralisation, le processus doit être inspiré par l’exigence de la population d’une redéfinition des rapports entre l’État et ses citoyens et non être l’œuvre des calculs politiciens. La population locale doit s’approprier la réforme pour veiller à ce que l’esprit de la décentralisation soit respecté, que les dispositions juridiques formelles reflètent ses préoccupations et les réalités dans lesquelles elle vit et que ces dernières soient appliquées. Pour y parvenir de façon efficace, la population doit acquérir un certain nombre de compétences et d’aptitudes, en particulier une bonne compréhension des textes relatifs à la décentralisation. Les citoyens doivent avoir une meilleure compréhension des enjeux et de la manière dont ils peuvent participer et intervenir efficacement au niveau local dans les processus de prise de décisions qui affectent leur vie et leurs moyens d’existence. Fondamentalement, la population locale doit avoir foi dans les réformes et les opportunités qu’elles offrent, être convaincue qu’elle est capable de jouer un rôle important et demander aux collectivités de lui rendre compte de la gestion des affaires locales.
    Reconnaissons cependant que la réalisation de cette condition est un défi majeur en RDC car le chapelet de la pauvreté et l’analphabétisme, freine la participation active et informée des populations locales. Là où l’information existe, elle apparaît souvent tintée des discours partisanes et de division pour faire échec à la décentralisation.
    3.4. Rendre des entités décentralisées et leurs animateurs capables et compétitifs
    Fort de l’arsenal juridique sur la décentralisation, les collectivités locales doivent assurer des services sociaux et économiques (santé, alimentation en eau, éducation, etc.) sur la base de plans de développement locaux. Elles sont censées s’acquitter de ces services dans la concertation et l’équité, en veillant à la pleine participation des communautés qui relèvent de leur autorité. L’une des raisons principales de la décentralisation est d’accroître l’efficience et l’efficacité générales en permettant aux collectivités locales de renforcer leur sensibilité, leur responsabilité à l’égard des citoyens et l’efficacité de la production et de la fourniture de services. Ainsi, le processus de décentralisation est essentiel pour que les instances locales puissent jouer un rôle actif et important en termes de gouvernance locale.
    À court terme, le succès de la décentralisation dépend largement de la mesure dans laquelle la population locale constate qu’elle apporte des avantages tangibles. Étant donnés les niveaux de pauvreté actuels, cette population, qui perçoit les principes de la gouvernance démocratique comme essentiels à l’expression de ses initiatives, veut aussi voir mises en œuvre des mesures concrètes susceptibles de résoudre ses problèmes quotidiens : Installations sanitaires et éducatives inadaptées, alimentation en eau insuffisante, manque d’opportunités en matière d’emploi, de débouchés commerciaux et d’investissement, routes impraticables voire inexistantes, etc. Si les collectivités locales ne peuvent répondre à ces questions, cela compromettra gravement leur légitimité et la possibilité d’opérer des changements structurels dans le mode de gestion des affaires locales.
    Il sera aussi essentiel de renforcer les capacités des autorités locales pour répondre aux défis de la « décentralisation- découpage » et leur permettre d’agir en adoptant une démarche participative, transparente et durable pour réussir à gagner la confiance et la reconnaissance de la population locale, et, à terme, développer et renforcer leur autonomie financière. Reconnaissons cependant, que cela ne sera pas que facile.
    3.5. Fournir un cadre institutionnel favorable qui donne l’autorité et les pouvoirs de décision au niveau local.
    Les textes légaux sur la décentralisation permettent la création des entités territoriales légalement reconnues, dotées d’un budget et d’un personnel propre, ainsi que des pouvoirs de décision sur un éventail de domaines relevant directement de leur compétence. Le principe de subsidiarité et la nécessité de faire en sorte que le transfert de responsabilités s’accompagne d’un transfert simultané de ressources sont reconnus. Toutefois, dans la pratique, cet engagement politique en faveur d’un transfert de compétences connaît des embûches en RDC qu’il faille élaguer au plus tôt. De surcroît, l’absence d’un pouvoir effectif des collectivités locales sur le contrôle de leurs ressources financières compromettra leur viabilité économique et nuira à la légitimité du processus de décentralisation aux yeux de la population locale. Il appert donc nécessaire que tous les boulons d’étranglement du processus de décentralisation soient réellement supprimés afin que renaisse la RDC de ses cendres comme le phénix. Ce n’est donc pas un problème de moyens mais de volonté et vision managériale. Quelles garanties avons-nous qu’en réduisant les provinces de onze a une, la RDC serait nantie en infrastructures et que la misère cesserait ? Aucune et l’on fausserait les prémisses !
    IV. En guise de conclusion !
    Que conclure, sauf affirmer qu’au delà des inquiétudes politiciennes plutôt que citoyennes, il ne nous reste qu’à affirmer que découpage territorial du Katanga – en quatre nouvelles provinces – réussi constituera une réforme politique mettant les élus locaux au défi de répondre aux demandes des populations.
    Il permettra de mettre en relation directe le besoin social tel qu’il est vécu par le citoyen et la décision politique qui lui répond. Il autorisera alors non seulement une réforme de l’Etat par la déconcentration de ses moyens et la réduction de son périmètre d’intervention. Un véritable processus de reconstruction de l’Etat pourrait ainsi être amorcé en s’appuyant sur les communautés de base et les entités décentralisées. Cela est d’autant vrai car, l’espace local constitue, en effet, le lieu d’ancrage de la citoyenneté, le maillon initial des liens sociaux et la base du « vouloir vivre collectif ». Pour cette raison, il est impérieux de favoriser l’émergence d’entités fortes au plus près des préoccupations des citoyens. Mais une gouvernance locale ne peut être efficace que si les relations avec les autres niveaux de pouvoir sont prises en compte, donnant lieu à des échanges, à des négociations et à des actions de coopération. Comme qui dirait l’unité dans la diversité et non dans l’adversité !
    D’ou l’importance des actions à entreprendre pour un découpage territorial réussi et la loi sous examen est explicite quand elle affirme  à son article 10 : «  …dès l’installation de nouvelles Provinces, le Gouvernement de la République initie, en concertation avec les autorités provinciales, un programme d’équipement, de réhabilitation et de construction des infrastructures nécessaires au fonctionnement de nouvelles provinces. Il prévoit, sur une période de cinq ans, un budget pluriannuel d’investissement destiné au financement des travaux prioritaires de nouvelles Provinces. Il procède annuellement à une évaluation des travaux réalisés dans le cadre du programme …. Le rapport d’évaluation de ces travaux est présenté, à chaque session budgétaire, à l’Assemblée Nationale et au Sénat… ».
    Toutefois, pour prévenir les risques d’iniquité territoriale, de dilution des responsabilités et des compétences, l’instauration d’une démocratie locale doit être assortie de politiques complémentaires (renforcement des capacités, déconcentration des services de l’Etat, aménagement du territoire…) auxquelles tous les Congolais devront contribuer.
    Au finish, retenons qu’ « il n’y a rien de plus puissant qu’une idée dont le temps est venu ». Cette observation de Victor Hugo semble pouvoir avec modestie être appliquée à cette contribution pour une découpage territorial réussi au Katanga et partant en RDC.

     

    Dr. Joseph Yav
    ———————-
    – Avocat / Attorney at Law
    – Consultant
    – Professor (University of Lubumbashi:DRC)
  • Des médecins sud-africains réussissent la première greffe de pénis au monde

    Des médecins sud-africains réussissent la première greffe de pénis au monde

    medecin-L’Afrique du Sud a réussit, vendredi, la première greffe mondiale de pénis. L’opération a été menée par une équipe de médecins sud-africains sur un jeune homme dont l’organe avait été amputé.

    Une équipe de chercheurs sud-africains a annoncé le premier succès mondial d’une transplantation de pénis vendredi 13 mars. La reconstruction a été menée le 11 décembre à l’hôpital Tygerberg du Cap durant neuf heures. L’organe utilisé avait été prélevé sur un donneur décédé. Trois mois plus tard le patient recouvre l’usage de toutes ses fonctions urinaires et reproductives.

    “J’ai le privilège d’avoir participé à cette première greffe réussie au monde”, a déclaré le professeur Frank Graewe, chef du département de chirurgie reconstructive à l’Université de Stellenbosch (Sud-Ouest). Une autre greffe avait déjà été pratiquée, mais elle n’avait pas été un succès.

    Circoncision ratées

    La greffe faisait partie d’une étude pilote réalisée par l’Hôpital Tygerberg à Cape Town et l’Université de Stellenbosch pour aider les initiés qui meurent ou perdent leur pénis à cause des circoncisions ratées chaque année au cours des cérémonies traditionnelles.

    Chaque année des milliers de jeunes hommes, principalement de la tribu Xhosa en Afrique du Sud, ont leurs prépuces sectionné lors de rituels traditionnels. Les experts estiment qu’environ 250 hommes perdent leur pénis chaque année à la suite de complications médicales dûes à la circoncision.

    L’équipe médicale a remercié la famille de la personne décédée dont le prélèvement de l’organe a permis cette opération. Trouver un donneur d’organe était l’un des principaux défis de cette étude, a déclaré l’ université.

    (Jeuneafrique)

  • Video-RDC – Rwanda : “Rumeurs du lac”, ou quand les eaux du Kivu se racontent

    Video-RDC – Rwanda : “Rumeurs du lac”, ou quand les eaux du Kivu se racontent


    Bande Annonce – Rumeurs du lac by Jeuneafriquetv

    Le documentaire de 52 minutes sera diffusé le 10 mars en avant-première en Belgique.

  • OIF : Michaëlle Jean dans ses meubles

    OIF : Michaëlle Jean dans ses meubles

    michael Jean-La nouvelle secrétaire générale de l’OIF a pris ses fonctions le 5 janvier, deux jours avant l’attentat contre Charlie Hebdo. L’émotion retombée, elle met patiemment en place ses équipes et sa politique.

    Et maintenant, Michaëlle Jean va devoir convaincre. Son élection au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Dakar, en décembre 2014, n’avait pas fait que des heureux. Le Congo-Brazzaville, Maurice et le Burundi, par exemple, n’avaient pas apprécié d’être contraints de lâcher leurs candidats respectifs en raison des pressions amicales de François Hollande et de Macky Sall… Et puis, la première conférence de presse de la nouvelle patronne de la Francophonie n’avait pas convaincu tout le monde.

    Au siège parisien de l’organisation, ces tumultes désormais paraissent loin. Depuis la passation de pouvoir avec Abdou Diouf, le 5 janvier, Michaëlle Jean se coule dans la fonction avec discrétion et modestie. “Elle a parlé pendant des heures avec tous les employés, témoigne un cadre. Je n’ai pas l’impression qu’elle soit arrivée avec un programme préétabli. Pour l’instant, elle joue la continuité.”

    Deux jours plus tard, c’était l’attentat contre Charlie Hebdo. “Elle a été conviée à participer à la marche républicaine du 11 janvier, explique son entourage, ce qui lui a permis d’échanger avec les chefs d’État présents : Ibrahim Boubacar Keïta, Faure Gnassingbé, Mahamadou Issoufou, Ali Bongo Ondimba, mais aussi Angela Merkel et Benyamin Netanyahou.”

    Depuis, elle en a reçu deux autres : le Guinéen Alpha Condé et le Malgache Hery Rajaonarimampianina. Préoccupée par les crises africaines, elle s’est entretenue au téléphone avec Catherine Samba-Panza, la présidente de la transition centrafricaine, et avec Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l’Union africaine, à la veille du sommet d’Addis-Abeba, où deux conseillers, le Sénégalais Ousmane Paye et le Canadien Jacques Bilodeau, la représentaient. Bon connaisseur des rouages de l’OIF et ex-directeur des affaires de l’Afrique francophone au ministère canadien des Affaires étrangères, le second est, à terme, appelé à succéder au premier.

    Une femme de communication, ancienne journaliste

    Michaëlle Jean s’est informée auprès des francophones directement menacés par l’insurrection islamiste de Boko Haram : le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Camerounais Paul Biya et le Tchadien Idriss Déby Itno. “Elle a tenu à rendre hommage au Tchad pour le sacrifice de ses hommes au Mali, au Cameroun et au Nigeria”, indique un conseiller.

    Elle a beau avoir fait du dialogue sa marque de fabrique, elle a réagi très vite à la crise en RD Congo. Dès le 21 janvier, alors que Kinshasa connaissait une troisième journée de violence, elle a fait connaître sa “préoccupation” – sans en informer les autorités au préalable. En comparaison, Abdou Diouf n’avait, lors de la crise burkinabè, réagi qu’après la démission de son ami Blaise Compaoré.

    “Diouf prenait du recul, de la hauteur, rappelle un cadre de l’OIF. Elle, c’est une femme de communication, une ancienne journaliste. Je pense qu’elle va prendre l’habitude de réagir publiquement et rapidement. Ce ne sera pas forcément une mauvaise chose puisque la principale faiblesse de l’organisation est son manque de visibilité.” C’est peut-être pour cette raison qu’elle a rétabli le poste, tombé en désuétude sous Diouf, de porte-parole du secrétaire général. Elle y a nommé un autre Canadien, Louis Hammann, qui s’occupait déjà de sa communication pendant sa campagne électorale.

    Mais la nomination la plus importante sera celle de l’administrateur général, le numéro deux de l’organisation. Clément Duhaime va devoir renoncer au poste puisqu’il est lui aussi canadien. La nomination de son successeur pourrait intervenir fin mars, lors de la réunion du Conseil permanent de la francophonie (CPF). Un temps pressenti pour le poste, le Mauricien Jean Claude de l’Estrac, le rival malheureux de Michaëlle Jean, ne fait plus partie des favoris depuis ses féroces critiques contre l’attitude de la France avant le scrutin de Dakar.

    Car Paris aura évidemment son mot à dire. “En tant que premier donateur et pays hôte du siège de l’OIF, nous suivons bien sûr le choix qui sera fait, indique-t-on au ministère des Affaires étrangères. Nous avons fait savoir à Michaëlle Jean quel était selon nous le profil d’un bon candidat : un Africain, mais choisi pour ses compétences. Cela dit, le choix lui appartient.”

    (Jeune Afrique)