Tag: Culture & Arts

  • La sélection replays du « Monde »

    La sélection replays du « Monde »

    LES CHOIX DE LA MATINALE

    Au programme replays du week-end, de belles figures et des bons mots, avec Philippe Gildas raconté par Antoine de Caunes, et la capitaine Marleau, version féminine déjantée de Columbo, jouée par Corine Masiero.

    « Un homme formidable », raconté par Antoine de Caunes

    Un homme formidable compile de grands moments de délires et de fous rires enregistrés au fil des sept ans pendant lesquels Gildas et de Caunes ont partagé le plateau de Nulle part ailleurs (NPA), l’émission culte de Canal+ née en 1987. Ce documentaire, signé Michel Royer, est disponible sur le site de la chaîne. Sobre et parcimonieux, le commentaire de De Caunes apporte une touche personnelle et chaleureuse à des images qui sont une suite d’extraits mis bout à bout.

    Pour rendre hommage à Philippe Gildas, son ami décédé le 28 octobre, Antoine de Caunes n’a pas choisi au hasard le titre apparemment « bateau », convenu, voire hagiographique de ce documentaire. « Formidable ! » renvoie en réalité à la façon dont Philippe Gildas avait la manie de « ponctuer » les modules de son émission d’infotainment, NPA ; un adjectif qui devint d’ailleurs emblématique du journaliste-animateur lorsque les Guignols de l’info en firent le terme-leitmotiv de la marionnette de Gildas. Martine Delahaye

    Un homme formidable, de Michel Royer (France, 2018, 50 minutes). Sur Canal+

    « Notre pain est-il dans le pétrin ? », ou ce que nous consommons à chaque bouchée

    En quoi un pain dit artisanal diffère-t-il d’un pain industriel ? Une baguette fabriquée en grande surface est-elle nécessairement de moindre qualité qu’une autre, achetée en boulangerie ? Et acheter une baguette « (de) tradition », est-ce la garantie, d’où qu’elle vienne, qu’elle ne contient aucun additif et n’a subi aucune congélation ?

    Farine, eau, sel plus levure ou levain : la recette originelle du pain a beau être on ne peut plus simple, chaque bouchée nous amène à ingérer, le plus souvent à notre insu, un cocktail chimique d’additifs et d’enzymes inquiétant. Qui rend le pain blanc de moins en moins digeste, et le pain complet non biologique passablement dangereux.

    En moins d’une heure, sur la base d’une enquête qui apparaît sérieuse, la réalisatrice Elise Joseph montre comment le pain a perdu une bonne part de sa qualité nutritionnelle, allant jusqu’à créer des intolérances de plus en plus nombreuses. M. De.

    Notre pain est-il dans le pétrin ?, documentaire d’Elise Joseph (France, 2017, 55 minutes). Sur France 5.

    « Capitaine Marleau » : un peu mais pas trop…

    C’est en grande duduche nordiste, au verbe haut et cru et chapeautée d’une chapka fourrée, que Corine Masiero s’est véritablement fait connaître d’un très vaste public : chaque épisode de Capitaine Marleau fait un carton. Version féminine déjantée de l’inspecteur Columbo, cette capitaine se fiche de la bienséance et accumule les formules tordantes (dont des pots-pourris peuvent être facilement trouvés sur YouTube) : « Les seuls concours que j’ai gagnés, c’est des concours de circonstances », « laxiste léniniste », « Economique Jagger », etc.

    Mais entre la pluie de (pas toujours) bons mots de la capitaine, le surjeu permanent de son interprète, la trame parfois ténue de certains épisodes et une réalisation dont la subtilité n’est pas la caractéristique permanente, il ne reste pas toujours grand-chose à sauver. Le grand public est certes au rendez-vous, mais ce feuilleton populaire gagnerait à faire une pause, et la formidable Corinne ­Masiero à jouer autre chose que les grandes gueules ch’tis pour y revenir un jour avec une fraîcheur renouvelée. Renaud Machart

    Capitaine Marleau : Les Roseaux noirs. Téléfilm réalisé par Josée Dayan. Avec Corinne Masiero, Nicole Garcia, Hippolyte Girardot (France, 2018, 1 h 34).www.france.tv/france-3

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  • « Après la répétition » : la vie, le théâtre et l’espace entre les deux

    « Après la répétition » : la vie, le théâtre et l’espace entre les deux

    C’est un petit miracle de théâtre qui advient dans la salle de poche du Théâtre de la Bastille, à Paris. Georgia Scalliet, de la Comédie-Française, et Frank Vercruyssen, du tg STAN, jouent Après la répétition, d’après Ingmar Bergman. Après Infidèles et Atelier, c’est le troisième volet d’un ensemble composé par le collectif belge autour de la figure du cinéaste, metteur en scène et auteur suédois (1918-2007), dont on célèbre en cet automne le centenaire de la naissance.

    Pourtant, comme tout véritable miracle sans doute, il n’a rien de spectaculaire. La cage de scène est à nu, le décor quasiment inexistant, qui consiste en une table, deux chaises ordinaires et un vieux canapé marron. Quand vous arrivez, l’actrice et l’acteur sont déjà là. Ce sont donc les spectateurs qui apparaissent, sur le petit plateau qu’ils sont obligés de traverser pour rejoindre leur place, et les comédiens qui attendent. Et ce retournement, en soi, en dit déjà beaucoup sur cette merveilleuse variation sur le théâtre et la vie qui va se jouer devant vous.

    Complexité des passions humaines

    Elle prend pour point de départ le scénario d’Après la répétition, un film de télévision réalisé par Bergman en 1984. Comme il le confiera sans détours dans Laterna magica, sa formidable autobiographie, l’artiste suédois s’y met en scène sans fard, sous l’identité d’Henrik Vogler, un célèbre metteur en scène de théâtre. Pour la cinquième fois de sa carrière, Vogler met en scène Le Songe, d’August Strindberg – la pièce que Bergman lui-même a le plus montée, y revenant une dizaine de fois.

    Il a choisi, pour jouer le rôle de la fille d’Indra, fondamental dans la pièce, une jeune comédienne, Anna, qui n’est autre que la fille d’une grande actrice, Raquel, géniale et fracassée, que Vogler a aimée et repoussée vingt ans auparavant. Un soir, après la répétition, Anna et Vogler restent dans le théâtre, et parlent. Ils tomberont…

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  • Sélection albums : Charles Munch, The Amazing Keystone Big Band, les Rolling Stones…

    Sélection albums : Charles Munch, The Amazing Keystone Big Band, les Rolling Stones…

    • Charles Munch
      The Complete Recordings on Warner Classics

    Le 6 novembre 1968, Charles Munch était terrassé par une crise cardiaque aux Etats-Unis, où il se trouvait en tournée avec l’Orchestre de Paris, formation dont il était le directeur musical depuis sa création un an plus tôt. Le coffret de rééditions qui célèbre le cinquantième anniversaire de la mort du « Grand Charles », comme on se plaisait à appeler le musicien né à Strasbourg en 1891 en faisant un clin d’œil au président de la République (Charles de Gaulle, son aîné d’un an), témoigne de l’art si particulier de ce chef, minutieux derrière une façade instinctive. Etendus du milieu des années 1930 à la fin des années 1960, ces enregistrements avec cinq orchestres différents concernent nombre de chefs-d’œuvre du répertoire classique. Toutefois, de Berlioz à Dutilleux, en passant par Ravel et Jolivet, la musique française s’y taille la part du lion, fauve auquel Munch fut souvent comparé pour ses prestations souveraines. Pierre Gervasoni

    1 coffret de 13 CD Warner Classics.

    • The Amazing Keystone Big Band
      We Love Ella/La Voix d’Ella

    Fondé en 2010, The Amazing Keystone Big Band a notamment enregistré un très réussi Carnaval des animaux, de Camille Saint-Saëns, raconté par Edouard Baer, et a consacré deux précédents enregistrements à Django Reinhardt, l’un sous la forme d’un conte musical, l’autre recueil de thèmes du guitariste. C’est par le même procédé que la formation évoque la chanteuse Ella Fitzgerald. La grande dame du swing et du scat est chantée, de manière très exacte, par Celia Kameni, en huit thèmes, de son répertoire de la fin des années 1930 (A Tisket, A Tasket) aux années 1960 (Blues In The Night) dans We Love Ella. Et c’est Vincent Dedienne qui raconte l’histoire de Bess, orpheline qui devient chanteuse, dans La Voix d’Ella. On retrouve dans cet opus les interprétations de l’autre album avec un appareillage musical supplémentaire de l’Amazing Keystone Big Band qui accompagne le récit. Dans les deux cas, le rendez-vous avec le grand jazz classique est interprété de la manière la plus talentueuse. Sylvain Siclier

    2 CD vendus séparément Nome/L’Autre Distribution. La Voix d’Ella existe aussi en livre-CD aux éditions Gautier-Languereau.

    • Rolling Stones
      Voodoo Lounge Uncut

    Du 1er août 1994 au 30 août 1995, les Rolling Stones sont en tournée dans le monde entier, en lien avec la publication de leur album Voodoo Lounge (juillet 1994). Au programme, quelques titres du disque (You Got Me Rocking, Sparks Will Fly, The Worst, I Go Wild…), et un tour d’horizon de leur carrière, avec bon nombre de succès. Le bassiste Bill Wyman a quitté le groupe en 1993 et c’est Darryl Jones qui le remplace. Le 25 novembre 1994, le groupe est au Joe Robbie Stadium de Miami (Floride). Le concert est filmé, des invités sont de la partie (Sheryl Crow, Robert Cray, Bo Diddley). Partiellement publié alors, le voici dans son intégralité, sur un DVD, complément visuel des 2 CD de ce petit coffret Voodoo Lounge Uncut. Le groupe est en forme, avec les guitaristes Keith Richards et Ron Wood en duo complémentaire rythmique-lead, ravis des échanges avec Robert Cray durant Stop Breaking Down Blues, Charlie Watts, parfait à la batterie. A l’époque, les Rolling Stones avaient encore une notable envie que la scène soit leur terrain de jeu. S. Si.

    2 CD et 1 DVD Eagle Vision-Rolling Stones Records/Universal Music.

    • Gérald Toto
      Sway

    Fluidité et volupté, pastels et aquarelles. Le monde de Gérald Toto suggère un peu tout cela. Il ne se départit jamais de la douceur. Le chanteur et guitariste revient en vol solitaire, après Bondeko, l’exaltante récréation proposée en 2017 par le trio Toto Bona Lokua (avec Richard Bona et Lokua Kanza). Irrésistiblement apaisant, il invite à prendre la tangente, incite à l’abandon. La voix, les mélodies, la guitare, les percussions et même les machines, utilisées à dose homéopathique, cajolent et enivrent au fil des mélodies. Des mots et des phrases chantonnés, murmurés, soufflés, en anglais ou en langue inventée, dont le sens n’a pas réellement d’importance. Même lorsqu’un chagrin d’amour est évoqué (It’s a Love Pain) le climat reste serein et calme. Ces chansons vont comme bulles au vent, fragiles et éphémères, elles meurent toujours trop tôt. Découpé en onze escales, le voyage ne dure que trente-cinq minutes. Rien n’empêche de le refaire plusieurs fois. Patrick Labesse

    1 CD Nø Førmat !/Sony Music.

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  • Exposition : quand l’art tâtonne dans le noir

    Exposition : quand l’art tâtonne dans le noir

    Peindre la nuit ? La difficulté est manifeste. Que peut l’art de la vue aux heures où ce sens ne peut plus qu’à peine s’exercer, vaincu par l’obscurité ? Comment représenter ce qui est le plus défavorable à la représentation ? La réflexion est loin d’être neuve. Et loin d’être récent le désir des peintres de triompher des ténèbres. L’expérience la plus ancienne serait la Fuite en Egypte, d’Adam Elsheimer, petite huile sur cuivre de 1609, remarquable par sa précision astronomique. Celle-ci s’expliquerait par la diffusion des observations de Galilée, exactement contemporaines, d’autant qu’Els­heimer habite alors à Rome. Son tableau est vite célèbre : Rubens le mentionne dans une lettre et, à la mort de son auteur l’année suivante, il est vendu pour un prix élevé. Après Elsheimer, Rembrandt et bien d’autres se mesurent au sujet, dont Friedrich, Van Gogh et Munch – rien de moins.

    Elsheimer n’est pas dans l’exposition qui se tient à Metz. Ni Friedrich, Van Gogh ou Munch. Leurs œuvres ne s’empruntent pas aisément, d’une part. D’autre part, ce sont le XXe siècle et le début du XXIe qui sont examinés, conformément à la fonction du Centre Pompidou-Metz. L’exposition, sur deux étages, rapproche une centaine d’artistes, parmi lesquels des peintres, conformément au titre, et aussi des photographes, des cinéastes et des praticiens de l’installation. Elle commence par l’une de celles-ci, Lucioles, une vidéo de Jennifer Douzenel : un grand écran noir semé de très petits points lumineux qui exigent un long regard, de l’attention, du silence. La question de la visibilité est ainsi posée avec toute la pureté nécessaire, avec intransigeance même : la nuit et rien d’autre.

    Ceux qui biaisent et trichent

    Or, il est difficile de s’en tenir à cette pureté, difficile de s’abstenir d’artifices et d’effets. A de très rares exceptions près – Douzenel donc et la voûte céleste étoilée dessinée au fusain par Vija Celmins –, les…

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  • Une « déambulation nocturne » au Centre Pompidou-Metz

    Une « déambulation nocturne » au Centre Pompidou-Metz

    Portfolio

    LE MONDE |


    • Mis à jour le

    Répartie sur deux niveaux, l’exposition intitulée « Peindre la nuit », qui a lieu au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 15 avril 2019, rassemble des œuvres qui semblent avoir été peintes à la belle étoile ou à la lueur d’une lumière tamisée et intimiste. Un parcours nocturne à travers les peintures, installations et vidéos d’une centaine d’artistes qui ont créé, en silence et à pas feutrés, « un vocabulaire abstrait qui traduit ce vertige propre à la nuit, royaume de l’indistinct ». Jean-Marie Gallais, commissaire de l’exposition et responsable du pôle Programmation au Centre Pompidou-Metz, en commente une sélection et nous convie également à réfléchir sur notre place dans l’univers.

    Lire la critique (en édition abonnés) : Quand l’art tâtonne dans le noir

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    Peter Doig : « Milky Way », 1989-1990 ‒ huile sur toile

    « Dans “Milky Way” (“La Voie lactée”) de l’Ecossais Peter Doig, les grappes d’étoiles et les arbres sont dédoublés par leur reflet immobile et silencieux sur l’eau ‒ et la terre a disparu dans ce monde bleu et liquide. Le peintre ramène à portée de pinceau l’infini du ciel étoilé. Le sentiment de gigantisme est renforcé lorsque l’œil aperçoit, au centre, un canoë à la dérive : image de la petitesse de l’homme face à l’univers. »


    JOCHEN LITTKEMANN / ADAGP, PARIS 2018

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  • Stieg Larsson, l’antifaciste

    Stieg Larsson, l’antifaciste

    Le documentaire L’homme qui jouait avec le feu de Henrik Georgsson s’ouvre sur une interview de Stieg Larsson, remontant à 2004. Le Suédois a alors 50 ans, porte ses éternelles lunettes rondes, un blazer gris et une mine soucieuse. L’homme n’est pas encore l’écrivain aux 90 millions de polars écoulés dans le monde. Il ne le sera d’ailleurs jamais. Stieg Larsson est mort quelques semaines après cet entretien, le 9 novembre 2004, d’une crise cardiaque et avant même que le premier tome de Millénium ne soit publié. Assis dans un fauteuil orange dans son bureau en sous-pente du magazine antiraciste Expo, créé en 1995 à Stockholm, il évoque la démocratie « toujours menacée » car, dit-il, « elle n’est pas un don divin tombé du ciel », mais quelque chose « pour laquelle chaque génération doit se battre ».

    La traque des néonazis

    D’ailleurs, si en 2004 la démocratie existe en Europe, « on ne sait pas ce qu’il en sera dans vingt ans », constate Stieg Larsson, à la fin du documentaire de Henrik Georgsson (Bron, Wallander, etc.). Si la critique a encensé le film après sa sortie fin septembre, c’est que dans ce portrait de l’écrivain se dessine en creux l’histoire du néonazisme en Suède après la seconde guerre mondiale. Dans les années 1980, Larsson annonçait les succès actuels des Démocrates de Suède (SD), alors ultraminoritaires, et devenus faiseurs de rois au Parlement suédois, avec 17,6 % des voix remportés lors du scrutin du 9 septembre.

    Lire aussi : A la recherche du vrai Stieg Larsson, journaliste et justicier

    En suédois, le documentaire s’intitule Mannen som lekte med elden, « l’homme qui jouait avec le feu », – référence au second tome de Millénium, dont le titre français est La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette. Une cinquantaine de témoins racontent. Parmi eux, Eva Gabrielsson, la compagne du journaliste et écrivain. Mais aussi ses anciens collègues de l’agence de presse TT, où il a travaillé pendant plus de vingt ans comme graphiste, consacrant ses nuits à ce qui deviendra une obsession : traquer les militants d’extrême droite en Suède, jusque dans les sous-sols où ils tiennent leurs réunions. Il les photographie, fait des recoupements, constitue des dossiers.

    Stieg Larsson écrit également dans le magazine Searchlight, fondé en 1975 par le militant antifasciste britannique Gerry Gable, qui témoigne le visage dissimulé. Même chose pour un couple d’anciens collaborateurs d’Expo : en 1999, une bombe placée sous leur voiture a explosé, blessant grièvement l’homme. Leur fils de 8 ans s’en est sorti miraculeusement avec quelques égratignures.

    « Il avait une boussole morale très claire et la suivait. » Henrik Georgsson, réalisateur

    Le documentaire raconte les menaces de l’extrême droite, les coups de fil anonymes, les munitions envoyées par La Poste… Stieg Larsson devient un expert en sécurité. Il achète un manuel qui explique comment ouvrir un colis piégé sans qu’il explose, et demande à ses collègues de cacher une batte de base-ball dans le hall d’entrée de leur appartement… Divisés et sans moyens financiers, les groupuscules d’extrême droite sont considérés en Suède, dans les années 1980, comme une aberration appelée à disparaître. Le réalisateur Henrik Georgsson confie sa fascination pour la « persistance » de Stieg Larsson qui, contre vents et marées, s’obstine : « Il avait une boussole morale très claire et la suivait. »

    Lire aussi : Un prix Stieg-Larsson pour se rappeler l’activiste plus que l’écrivain

    En 1995, année de la création d’Expo, qui reste aujourd’hui le principal observatoire de l’extrême droite en Suède, les néonazis commettent sept meurtres dans le pays. La même année, Jimmie Åkesson, alors âgé de 16 ans et aujourd’hui patron de l’extrême droite suédoise, rejoint SD. Créé sept ans plus tôt, le parti tente depuis de rompre avec ses racines dans la mouvance néonazie. Expo continue de démontrer régulièrement les liens troubles entre les deux. Plus que Millénium, c’est là l’héritage de Stieg Larsson. L’homme qui aimait jouer avec le feu sera diffusé en début d’année prochaine à la télévision suédoise, en plusieurs épisodes.

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  • Danse : Jerome Robbins fait rimer la vie et la virtuosité

    Danse : Jerome Robbins fait rimer la vie et la virtuosité

    Incroyable liberté d’inspiration que celle du chorégraphe américain Jerome Robbins (1918-1998) ! Sur une gamme musicale panachée : Philip Glass, Bach, Debussy, Bernstein, le père de West Side Story (1957), il savait sauter du coq à l’âne, sans perdre le contact avec une danse savante, enracinée dans le vocabulaire classique, mais toujours humaine.

    Ce paradoxe éclate dans le programme à l’affiche du Palais Garnier. Solide et superbe, il est interprété avec mordant par les danseurs de l’Opéra national de Paris qui ont travaillé avec Jean-Pierre Frohlich, interprète et assistant du chorégraphe pendant trente ans. Un coup de pied aux fesses et nous voilà dans une comédie musicale de marins en goguette pour Fancy Free (1944) ; une galipette envoie paître la technique dans A Suite of Dances (1994) ; un coup de chaud érotique irradie le duo Afternoon of a Faun (1953) ; une bonne marche fouette l’exercice de géométrie qu’est Glass Pieces (1983).

    Fibre romantique et mélancolique

    La fibre romantique et mélancolique de Robbins, créateur d’une soixantaine de ballets, dont les best-sellers In the Night (1970) et Dances at a Gathering (1969), sur des musiques de Chopin, n’y est pas présente. Régulièrement dansées, ces pièces, chapitres d’un roman sentimental sur la rencontre, composaient en 2010, toujours à Garnier, l’essentiel d’un Hommage à Robbins. Cette nouvelle soirée, moins gazeuse, plus dynamique, propose une autre vision de l’œuvre de ce néoclassique hautement singulier, dont on fête cette année le centième anniversaire de la naissance.

    L’irruption de la vie dans la virtuosité file la chair de poule à la danse de Robbins. Elle vrille le langage classique, le tourneboule, le fait régulièrement dérailler en lui rappelant qu’il raconte d’abord une histoire. Cette narration souterraine entraîne un jeu d’acteur muet d’une impeccable minutie, greffé sur un flot…

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  • Hip-hop : le retour des Black Eyed Peas, sans Fergie

    Hip-hop : le retour des Black Eyed Peas, sans Fergie

    L’industrie du disque est parfois cruelle. Les Black Eyed Peas, stars internationales dans les années 2000 grâce à des tubes comme Where Is the Love ? ou I Gotta Feeling, ont vendu près de 40 millions d’albums. Après huit années d’absence discographique, ils ont publié leur septième album, Masters of the Sun Vol. 1, le 26 octobre, sur les plates-formes de streaming. A une semaine de la sortie physique du disque, le 9 novembre, le verdict est sans appel : pas un seul titre ne s’est hissé au sommet des charts. La qualité est pourtant au rendez-vous mais, privé de sa chanteuse emblématique Fergie et après une si longue absence, le groupe a égaré son public.

    En visite à Paris mi-septembre, Will.i.am, Apl.de.ap et Taboo assument : « Sur ce disque, résume le second, nous nous sommes fait plaisir. Notre idée était de célébrer le vingtième anniversaire de notre premier album, Behind the Front [1998]. Nous avons essayé de faire comprendre aux gens qui nous ont découverts avec Elephunk [2003] ce qui nous animait avant, c’est-à-dire la vibe des années 1990 : A Tribe Called Quest, les Jungle Brothers, et l’album de Nas Illmatic. »

    Masters of the Sun Vol. 1, qui porte le même nom que la bande dessinée publiée par Will.i.am chez Marvel en 2017, débute justement par un duo avec Nas, Back 2 Hiphop. Sur trois titres, Wings, Dopeness et 4 Ever, Fergie est remplacée respectivement par la chanteuse des Pussy Cat Dolls Nicole Scherzinger, par la Sud-Coréenne CL et par la Canadienne Esthero, entérinant un peu plus l’idée que la blonde égérie du groupe n’en fait plus partie : « Elle voulait se concentrer sur sa carrière solo, résume Taboo, ne plus faire de tournée, alors que moi, j’avais besoin d’être sur scène, je ne voulais pas attendre. J’en avais besoin pour ma guérison, je venais juste de combattre mon cancer…

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  • Exposition : Tomas Saraceno tricote le fil de l’univers

    Exposition : Tomas Saraceno tricote le fil de l’univers

    Au générique, de drôles d’actrices : Holocnemus pluchei, Psechrus jaegeri, mais aussi Agelena labyrinthica, ou encore Tegenaria domestica. Des noms de scène qui apparaissent dès le début de l’exposition de Tomas Saraceno, au Palais de Tokyo, parmi tous les collaborateurs du projet : philosophes, cosmonautes ou biologistes. Qui se cache derrière ces pseudos d’impéra­trices romaines ? Des araignées, fidèles assistantes de l’artiste argentin. Depuis des années, dans son atelier berlinois, il les chouchoute, les marie, les observe, dans des conditions dignes d’un muséum d’histoire naturelle.

    Tomas Saraceno, artiste : « Ecouter ce qu’ont à nous dire ces animaux préhistoriques et apprendre à partager avec eux l’espace »

    Résultat : il possède aujourd’hui la plus belle collection de toiles d’arachnides au monde. Locales ou exotiques, sociales ou solitaires, leurs architectures volatiles défilent sous la verrière du palais, complètement obscurcie pour l’occasion. Une plongée dans des infra-mondes, avec qui Saraceno propose de mettre le visiteur en symbiose, aiguisant son attention au vivant. « Il s’agit d’écouter ce qu’ont à nous dire ces animaux préhistoriques, parmi les plus sensibles au monde, et d’apprendre à partager avec eux l’espace, voire d’entendre ce nouvel espéranto qu’ils pourraient nous apprendre », résume l’artiste, investi depuis toujours dans l’écologie, tendance poétique (on s’étonnera donc du partenariat avec Rolls-Royce développé pour sa carte blanche parisienne par cet ardent combattant pour une planète à zéro carbone, mais c’est peut-être une autre histoire).

    Brillant dans la pénombre, des dizaines de toiles révèlent leurs méandres. En coupole, en trampoline, en géométrie lâche ou tissés serré, les pièges de soie défient le regard et l’intelligence de l’homme. Solides quand on les pense fragilissimes, vibrant tel le tympan d’une oreille, ces Sagrada Familia de fibre protéinée…

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  • Sélection galerie : Lindsay Caldicott chez Christian Berst Art brut

    Sélection galerie : Lindsay Caldicott chez Christian Berst Art brut

    Lindsay Caldicott est née à Leicester en Angleterre en 1956 et s’y est suicidée en 2014. Radiographe de profession, elle fait des études d’art à Londres ­entre 1983 et 1988, puis retourne à son métier. Elle est internée en 1990 à Leicester comme maniaco-dépressive et schizophrène, conséquence d’abus qu’elle a subis dans son enfance. De ce moment à sa mort, elle accomplit une œuvre d’une singularité et d’une complexité exceptionnelles. Ce sont des collages, dans lesquels elle dispose des éléments découpés, photocopiés, répétés des dizaines de fois. Elle les organise le plus souvent en éventails, en entrelacs, en circonvolutions. La précision des assemblages de fragments suppose un travail préparatoire et une exécution très lents et minutieux. Processus obsessionnel, sans doute.

    Ces montages, faits essentiellement d’éléments prélevés dans des images d’anatomie, des radiographies et des photographies, ne sont pas figuratifs, quand on les considère de loin. Ils le redeviennent quand l’œil se rapproche pour essayer de comprendre ce qu’il voit. Il n’y parvient que partiellement, perdu dans les plis et les superpositions dont Caldicott maîtrise exactement la prolifération. Quelques œuvres sont d’une structure plus simple, dessinant des schémas anthropomorphiques. Elles sont tout aussi remarquables. Lindsay Caldicott était une grande ­artiste, dont rien n’était connu jusqu’à cette exposition.

    « Lindsay Caldicott : X Ray Memories ». Galerie Christian Berst Art brut, 3-5, passage des Gravilliers, Paris 3e. Tél. : 01-53-33-01-70. Du mardi au samedi de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 24 novembre.

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