Tag: Gabon

  • La République Restera Monarchie : l’espoir biffé des Gabonais

    La République Restera Monarchie : l’espoir biffé des Gabonais

    République gabonaise, monarchie tu resteras! Le président sorti par le peuple est ainsi ramené par une Cour constitutionnelle sous les airs émouvants d’une famille dysfonctionnelle. C’est le drame des présidentielles Africaines : la vérité des urnes et la transparence attendront. Immergeons puis émergeons, la magie des urnes nous va mieux à 50,66%. La honte aussi!

    monarchie-confirme-au-gabonMonarchie, tu ne quémanderas point la République

     

     

    Cette ère nouvelle d’instabilité a commencé par des jours de négociations sur le mode d’évaluation à adopter, face à la plainte déposée par le candidat Jean Ping dans des circonstances bien particulières : les votes dans la province du Haut-Ogooué, là où Ali Bongo Ondimba a obtenu 95 % des voix pour 99 % de participation, selon les résultats très discutables de la Commission électorale nationale permanente (Cénap). Recomptage ou validation? La question est là.

     

    Décodées pour le commun des mortels, les données miraculeuses du Haut-Ogooué signifient que seulement 50 capricieux électeurs sur les 71 786 inscrits sur la liste électorale ne sont pas allés voter.En somme, les 95,46 % des voix ainsi attribuées au candidat Ali Bongo lui permettaient de combler son retard accumulé dans les huit autres provinces pour finalement dépasser Jean Ping de quelque 6 000 voix au niveau national. Statistiquement, une telle performancedouteuse de « 95 % des voix pour 99 % de participation et seulement 50 électeurs absents » ne s’était jamais vue au Gabon pas plus que dans la défunte Union soviétique. Personne ne croyait donc à un tel exploit d’Ali Bongo Ondimba dans la province où la zizanie et la dissidence se sont installées depuis bien longtemps.

     

    À la suite d’une singulière messe, en vérité le contrôle de la régularité des procès-verbaux de l’élection du 27 août 2016, la Cour constitutionnelle saisie depuis le jeudi 8 septembre 2016 s’est mise en conclave véritable le jeudi 22 septembre dans l’après-midi, à charge de livrer verdict le lendemain, échéance légale. Vendredi noir : l’armée se déploie, le plus-que-frère d’Ali Bongo qu’est Léon-Paul Ngoulakia neutralisé, le blocus définitif des deux grands pôles urbains  Libreville et Port-Gentil exécuté, Internet maintenu coupé, les nombreux quartiers Akébé et Lalala cernés.

     

    Monarchie, tu ne demanderas point à devenir République

     

    Finalement, la longue marche des Gabonais vers la démocratie et qui n’est rien d’autre que la volonté profonde de mettre fin au règne de la dynastie Bongo sur le Gabon, depuis 1965, va se poursuivre. Une fois de plus, la Cour constitutionnelle n’a pas restitué la force du droit en considérant toutes les évidences de l’invraisemblance contenue dans la victoire orchestrée dans la province du Haut-Ogooué.

     

    La Cour constitutionnelle a même délité le droit à l’espoir chez une population jeune, la première richesse du Gabon, qui a su dépasser les clivages provinciaux ainsi que tous les pièges du vote ethnique depuis que le candidat Jean Ping avait réussi à rassembler les ténors de l’opposition jusqu’à certains membres de la famille présidentielle.

     

    L’évidente anomalie de la victoire du président sorti, Ali Bongo Ondimba, va être confirmée par une Cour constitutionnelle manifestement peu courageuse, pour entrer dans la grande Histoire du Gabon qui s’écrivait sous les yeux du monde entier. Le refuge souverainiste de la Cour n’a pu s’allier à la nécessaire transparence républicaine attendue de l’institution. La fameuse tour de Pise gabonaise est restée penchée du même côté, celui du pouvoir : le recours de Jean Ping a été rejeté et, en pleine nuit, le résultat balancé.

     

    République, levez-vous! Monarchie vous êtes, monarchie vous resterez! La fébrilité de l’attente s’est transformée en désespoir, en consternation, en colère, en brusquerie et en inhumanité. Trois familles de choix essentiels étaient possibles face au litige électoral dans toute sa gravité : l’annulation, la confirmation et l’inversion des résultats électoraux. La pire de toutes les options a été choisie : l’incertitude de l’iniquité par la reconduction du statu quo.

     

    La présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, n’est ni Salomon encore moins Aristote pour exemplifier, devant tout le monde, la médiété recommandable dans tous les cas aussi extrêmes. Déjà, dans la session plénière de la messe plénière du jeudi 22 septembre, après avoir entendu les dernières représentations des avocats des deux parties, Marie-Madeleine Mborantsuo n’a pas su jouer la transparence même sur la date et l’heure de communication de la décision capitale attendue depuis si longtemps. À sa guise, tout devrait venir plus tard, selon sa manière et sur sa convocation.

     

    Deux semaines durant, la Cour constitutionnelle gabonaise ne s’était imposé aucun calendrier rigoureux. En pareille circonstance d’urgence républicaine, l’imprécision est la marque de l’irrésolution. C’est la lecture faite par les Gabonais. Et la désolation, l’inquiétude, a gagné les cœurs et les esprits, à l’intérieur comme à l’extérieur du Gabon.

     

    Les rues, les quartiers et les matiti de Libreville et Port-Gentil, surtout, sont mis sous surveillance. Une fois de plus, les lieux de rencontre de l’état-major du candidat Jean Ping sont pris en étaux par les forces de sécurité. Les appels et les communications toujours sous un contrôle serré. La démocratie vite immolée, la monarchie Bongo est réinstallée. Ali Bongo Ondimba se précipite encore pour appeler à un dialogue avec Jean Ping. Le jeu!

     

    Comme pour faire un poing levé, les cinq doigts du désespoir, de la consternation, de la colère, de la brusquerie et de l’inhumanité se sont refermés chez la majorité des Gabonaises et des Gabonais. L’innocent Gabon vert-jaune-bleu, désormais souillé du rouge sang, ne serait plus le même après tant de déchirures. Ici et là, des larmes de blessure pour mieux  le dire… Continuez, fils à papa; la honte vous va si bien. Mais, la démocratie aura le dernier mot sur vous!

    Pierre S. Adjété – Québec, Canada

    • 24 septembre 2016●
  • Gabon: Ali Bongo réélu président, affrontements à Libreville

    Gabon: Ali Bongo réélu président, affrontements à Libreville

    GABON-Ali Bongo vient d’être réélu, pour un second mandat, président du Gabon avec 49,80% des voix, selon le ministère de l’Intérieur. Le taux de participation s’élève à 59,46%. L’opposition conteste le score de l’élection et des heurts ont lieu ce mercredi dans certains quartiers de Libreville.

    ■ La tension était encore très vive ce mercredi soir dans la capitale : grands axes coupés sur le front de mer, check points, véhicules blindés aux carrefours et commerces fermés. La grande majorité des habitants sont restés cloitrés chez eux.

    Mais avec l’arrivée de la nuit, la situation s’est un peu calmée à Libreville, après une après-midi de violences qui ont commencé très vite, juste après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo.

    Des échauffourées ont notamment éclaté dans le quartier populaire de Nkembo. Des premiers tirs de grenades assourdissantes ont été entendus pendant que des hélicoptères tournaient dans le ciel.

    Des groupes d’opposants ont convergé vers l’Assemblée nationale. Ils sont parvenus à entrer dans la cour. Un incendie s’est ensuite déclaré aux abords du Parlement. Des manifestants ont également visé la Radio-Télévision gabonaise, avec là encore des violences : grenades lacrymogènes contre pierres.

    Des heurts ont également éclaté à Nzeng Ayong, où l’immeuble du vice-Premier ministre Paul Biyoghe-Mba a été incendié.

    A l’échangeur de Charbonnages, le centre commercial ABC mall a été vandalisé, ainsi que l’agence d’Ecobank à l’intérieur. Plusieurs chaines de distribution ont été prises pour cibles, mais aussi des magasins libanais au PK7 et PK6.

    Le public a pris le dessus sur les camions de policiers et ils ont même fait sortir de force un policier qui a fui.
    Félicité, une manifestante venue protester contre les résultats devant la Cenap

    Enfin, à plein ciel, un autre quartier populaire, des manifestants qui voulaient brûler une station-service ont été repoussés par les forces de sécurité. Des échauffourées s’en sont suivies pendant au moins une heure.

    Des manifestants sont aussi descendus dans la rue à Port-Gentil, la deuxième ville du pays qui est acquise à l’opposition. Selon un habitant, les opposants ont été dispersés à coups de canons à eau.

    Des affrontements ont lieu à Libreville entre partisans d’Ali Bongo Ondimba, réélu président, et ceux de Jean Ping, candidat à l’élection arrivé deuxième, le 31 août 2016. © AFP/Marco Longari

    Jean Ping, l’ancien ministre aujourd’hui opposant, dénonce le résultat. Selon lui, les chiffres ont été manipulés notamment dans cette province du Haut-Ogooué, la région d’origine de la famille Bongo et d’après les chiffres officiels, Ali Bongo y a remporté plus de 95% des suffrages. Le taux de participation, lui, frôle les 100%.

    Paul Marie Gondjout, commissaire pour l’opposition à la Cenap, est sorti du bâtiment en colère en déclarant qu’« on essayait de voler le choix des Gabonais ». Il a parlé d’un « mensonge éhonté » avec « un score digne d’une dictature » dans le Haut-Ogooué. Un membre de l’opposition a présenté à la presse les résultats, selon lui truqués par la Cenap, dans cette province.

    Sur huit membres de la Cenap, quatre seulement ont approuvé les résultats annoncés il y a une heure par le ministre de l’Intérieur. Le ministre de l’Intérieur est arrivé quelques dizaines de minutes plus tard pour les valider.

    Les résultats officiels viennent d’être annoncés par le ministère de l’Intérieur

    ■ Le ministre de l’Intérieur a donné les résultats fournis par la Cenap à 17h (heure de Paris), la commission électorale gabonaise. Ali Bongo a donc été réélu avec 49,80% des voix. Son adversaire Jean Ping obtient 48,23% des voix. Le taux de participation est de 59,46%.

    L’ancien ministre a remporté six provinces contre trois pour le président réélu. Jean Ping l’emporte largement notamment dans les deux provinces où se trouvent Libreville et Port-Gentil, les deux plus grandes villes du pays.

    Cet après-midi, un litige a éclaté au sein du Bureau de la Cenap, l’instance décisionnaire de cette commission. Les membres de l’opposition se sont abstenus de voter mais le vote a été validé.

    RFI

  • Gabon:Ali Bongo Ondimba réélu pour un deuxième septennat, selon les résultats officiels

    Gabon:Ali Bongo Ondimba réélu pour un deuxième septennat, selon les résultats officiels

    Ali Bongo-La réélection du président sortant gabonais est confirmée par les résultats officiels provisoires publiés par le ministre de l’Intérieur.

    Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a obtenu 49,80% des suffrages devant l’opposant Jean Ping (48,23%) lors du scrutin à un tour tenu samedi, a déclaré le ministre de l’Intérieur Pacôme Moubelet-Boubeya, confirmant les résultats provisoires émanant de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap).

    “L’opposition s’est abstenue”, a précisé l’un de ses délégués, dénonçant un “passage en force”.

    Les délégués de M. Ping contestent les résultats dans une des neuf provinces du pays, le Haut-Ogooué, fief de l’ethnie Téké des Bongo.

     

    M. Bongo obtiendrait dans cette province 95,46% des suffrages, avec une participation de 99,93% pour 71.714 inscrits, d’après le procès-verbal qui devait servir de base au débat et auquel l’AFP a eu accès en début de réunion.

    Ce score permettrait au président sortant de remporter la victoire avec 49,80% au niveau national, contre 48,23% pour son rival Jean Ping, avec un taux de participation de 59,46%, toujours selon ces documents provisoires.

    Ce qui représente une différence de 5.594 voix en faveur de M. Bongo devant M. Ping sur 627.805 électeurs inscrits pour l’élection présidentielle qui s’est déroulé dans le calme.

    “Monsieur Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l’Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage bureau par bureau, devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin”, ont indiqué dans un communiqué son chargé de communication au Gabon, Jean-Gasaprd Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.

    Ils n’ont pas précisé si ce recomptage concernait seulement la province du Haut-Ogooué.

  • Gabon: Guerre des nerfs entre les Gabonais Ali Bongo et Jean Ping

    Gabon: Guerre des nerfs entre les Gabonais Ali Bongo et Jean Ping

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    La guerre des nerfs a commencé dimanche au Gabon à deux jours de la proclamation prévue du résultat de l’élection présidentielle entre le président sortant Ali Bongo Ondimba et son principal rival Jean Ping qui s’est autoproclamé vainqueur.

    “Je suis l’élu. J’attends que le président sortant m’appelle pour me féliciter”, a déclaré dimanche M. Ping dans la capitale Libreville devant la presse et des milliers de partisans euphoriques.

    “Au moment où je m’exprime devant vous, les tendances générales nous donnent vainqueurs”, a ajouté l’ex-patron de l’Union africaine (UA), dans ses premières déclarations publiques depuis la clôture du scrutin à un tour de samedi.

    Son entourage avance dimanche soir un score national de 60% en sa faveur contre 40% en faveur de M. Bongo sur 60% des inscrits, une estimation qui était dimanche soir impossible à vérifier.

    M. Ping, un ex-cacique du régime âgé de 73 ans, prétend renverser la dynastie Bongo père et fils, au pouvoir depuis 1967 dans le petit Etat pétrolier d’Afrique centrale qui souffre de la chute des prix du baril.

    “Fraude congénitale”

    Ce métis de père chinois et de mère issue de l’ethnie Myéné a été plusieurs fois ministre sous l’ex-président Omar Bongo, au pouvoir pendant 41 ans jusqu’à sa mort en 2009 et l’élection de son fils Ali.

    “Vous avez déjoué les pièges de la fraude congénitale de ce régime que nous accompagnons enfin dignement vers la sortie”, a encore lancé Jean Ping, par ailleurs ex-compagnon d’une fille d’Omar Bongo.

    Après ce discours, M. Ping a été reçu à l’ambassade de France à sa demande, a indiqué l’entourage du candidat.

    Face à l’empressement de son adversaire, Ali Bongo a déclaré dimanche devant des partisans attendre “sereinement” le résultat.

    “Nous sommes légalistes et nous sommes républicains donc nous attendons sereinement que la Cénap (commission électorale, ndlr) annonce les résultats de l’élection”, a déclaré le président-candidat pour sa première prise de parole publique depuis la fermeture des bureaux de vote.

    “Ca me rappelle deux fables: +rien ne sert de courir, il faut partir à point+, et +il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué+”, a ajouté le président sortant, en réponse aux questions de journalistes sur l’auto-proclamation de son rival. Dimanche, son porte-parole a réaffirmé qu’Ali Bongo était “en tête avec une avance qui ne peut plus être inversée”.

    “L’annonce (des résultats) est prévue pour ce mardi 30 août vers 17h00” (16H00 GMT), selon le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet. Ce dernier a rappelé “qu’il est illégal de proclamer des résultats chiffrés en amont de l’annonce des autorités compétentes”.

    Redoutant des troubles comme en 2009 après la première élection d’Ali Bongo, beaucoup de Librevillois restaient cloîtrés chez eux, après avoir fait des stocks de nourriture les jours précédents.

    Les rues et les plages de la capitale étaient quasi-désertes dimanche, après une nuit sans incident signalé.

    “Totalement farfelu”

    L’ambassade de France a recommandé aux Français établis au Gabon, “d’éviter de se déplacer, sauf nécessité avérée, et de se tenir informés de la situation” dans l’attente de mardi.

    Dans la matinée, les fidèles se sont rendus aux offices dominicaux, mais moins nombreux que d’ordinaire.

    A l’église catholique Saint-Michel, l’abbé Michel-Ange Bengone a lancé un “vibrant appel aux organisateurs (du scrutin) et aux forces de défense à respecter le verdict des urnes et la Constitution”.

    “Ca donne l’impression qu’on est assis sur une poudrière et que ça peut se déclencher à n’importe quel moment, si le perdant n’accepte pas sa défaite”, a confié à l’AFP après la messe un fidèle, Emmanuel Edzang.

    En 2009, la victoire d’Ali Bongo Ondimba avait été contestée par l’opposition surtout dans la capitale économique Port-Gentil (plusieurs morts, couvre-feu, consulat de France incendié).

    Avant même la fermeture des bureaux de vote samedi, les deux camps se sont accusés mutuellement de fraudes, comme à chaque élection présidentielle depuis le rétablissement du pluralisme politique en 1990.

    Les pro-Ping ont accusé le président sortant de préparer “une tentative de passage en force” avec l’appui de l’armée.

    “C’est totalement farfelu”, a aussitôt répliqué le porte-parole d’Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze.

    Un millier d’observateurs internationaux et nationaux ont supervisé le scrutin. Ceux de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) n’ont fait état d’aucun incident pendant la journée de vote. Les observateurs européens doivent s’exprimer lundi à 13h00 locales (12h00 GMT).

    Avec AFP

  • Gabon:La Cour constitutionnelle saisie sur la candidature d’Ali Bongo à la présidentielle au Gabon

    Gabon:La Cour constitutionnelle saisie sur la candidature d’Ali Bongo à la présidentielle au Gabon

    Bongo-Ali-Au moins deux candidats d’opposition ont déposé des recours devant la Cour constitutionnelle du Gabon pour contester la candidature à la présidentielle du mois prochain du président Ali Bongo Ondimba, qu’ils accusent d’inéligibilité.

    Les avocats de l’ex-président de la Commission de l’Union africaine – et ex-beau frère du chef de l’Etat – Jean Ping, et de l’ancien président de l’Assemblée nationale Guy Nzouba Ndama, se sont rendus lundi à la Cour constitutionnelle, ont précisé des proches à l’AFP.

    Selon l’opposition, plusieurs milliers de recours avaient été déposés la semaine dernière devant la Commission électorale nationale (Cenap) pour empêcher le président élu en 2009 à la mort de son père, de briguer un second mandat. En vain, la Cenap ayant validé au total 14 candidatures, dont celle d’Ali Bongo.

    Ses détracteurs affirment que le dirigeant gabonais est un enfant nigérian adopté par l’ex-président Omar Bongo à la fin des années 1960 et l’accusent d’avoir falsifié son état civil. Selon cette thèse, il ne peut pas être président en vertu de la Constitution, qui impose d’être né gabonais.

    La Cour constitutionnelle, ultime recours légal possible, ne pouvait être saisie “que par un candidat” à l’élection, dans les 72 heures suivant la publication de la décision de la Cenap, délai qui expirait lundi soir.

    La juridiction suprême dispose ensuite de cinq jours pour rendre sa décision.

    Les principaux adversaires du président Bongo, 57 ans, au scrutin du 27 août sont d’anciens caciques du régime passés dans l’opposition, comme Jean Ping, 73 ans, Guy Nzouba Ndama, bientôt 70 ans, ou encore l’ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale, Casimir Oye Mba, 74 ans.

    Lundi, opposition et société civile ont réclamé la libération d’une vingtaine d’activistes “arrêtés et détenus arbitrairement” depuis 10 jours après une manifestation anti-Bongo qui avaient rassemblé quelques centaines de personnes à Libreville.

    A moins de deux mois du scrutin, pouvoir et opposition multiplient les escarmouches, laissant craindre une campagne tendue dans ce pays réputé calme de 1,8 million d’habitants.

    Avec AFP

  • Présidentielle gabonaise : dix-huit candidats face à Ali Bongo

    Présidentielle gabonaise : dix-huit candidats face à Ali Bongo

    Ali Bongo-Les dés sont jetés. Mardi 12 juillet a été clos le dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle du 27 août au Gabon. Ils devraient être 18 candidats à tenter de battre Ali Bongo Ondimba, le président sortant, lors du scrutin qui ne compte qu’un seul tour depuis la modification de la Constitution en 2003. La Commission électorale nationale et permanente (Cenap) devra encore valider ces candidatures au plus tard vendredi. Les aspirants à la présidence devront en effet d’ici là s’acquitter de la somme de 20 millions de francs CFA (30 489 euros) auprès de la commission pour être candidat. Ils peuvent en outre voir leur candidature invalidée pour d’autres raisons, notamment légales.

    Le président sortant, élu en 2009 à la mort de son père, Omar, qui avait régné quarante et un ans sur le pays, part évidemment grand favori. Sa campagne dispose de moyens financiers dont peuvent seulement rêver les opposants, et l’appareil gouvernemental semble s’être mis à son service. Bongo junior a néanmoins plusieurs défauts dans sa cuirasse : les doutes sur ses origines, sa rivalité politique avec sa demi-sœur Pascaline, la fracture de son camp ou son bilan, que certains trouvent un peu maigre. Des failles que ne manqueront pas d’exploiter ses adversaires, dont voici les principaux.

    Jean Ping, 73 ans

    Jean Ping, candidat aux élection présidentielles gabonaises d’août 2016.

    Ancien président de la Commission de l’Union africaine, ancien compagnon de Pascaline Bongo, Jean Ping, 73 ans, a surtout été le ministre des affaires étrangères et le proche conseiller d’Omar Bongo. Métis gabonais-chinois, il est soutenu par le parti Démocratie nouvelle, dernier-né, en avril 2016, des partis de l’opposition. Jean Ping est au cœur d’une polémique au sujet d’une vidéo publiée en mai dans laquelle il appelait à éliminer une partie des Gabonais qualifiés de « cafards ».

    Guy Nzouba Ndama, 69 ans

    Guy Nzouba-Ndama, ancien président de l’Assemblée nationale, candidat aux élections présidentielles du 27 août 2016.

    Président démissionnaire de l’Assemblée nationale, cet ancien soutien du président Omar Bongo, puis de son fils, vient seulement de revêtir, à 69 ans, son costume d’opposant. En effet, après quarante années de service pour le Parti démocratique gabonais (PDG, actuellement au pouvoir), Guy Nzouba Ndama entre dans la course à la présidence avec un nouveau parti baptisé Rassemblement héritage et modernité (RHM). Son passage à l’opposition ne manque pourtant pas de panache. « Omar Bongo avait une vertu cardinale, celle du dialogue, a-t-il déclaré dans un entretien récent au Monde Afrique. Or Ali Bongo s’est enfermé dans une coquille, entouré de sa bande de coquins et de copains. »

    Casimir Oye Mba, 74 ans

    Casimir Oye Mba, premier ministre (1990-1994) d’Omar Bongo et ancien gouverneur de la banque des Etats d’Afrique centrale, candidat à l’élection présidentielle sous la bannière de l’Union nationale (UN).

    Casimir Oye Mba, premier ministre (1990-1994) d’Omar Bongo et ancien gouverneur de la banque des Etats d’Afrique centrale, 74 ans, est candidat à l’élection présidentielle sous la bannière de l’Union nationale (UN), le principal parti d’opposition. Cadre éminent du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) depuis les années 1970, il s’était déjà présenté comme candidat indépendant en 2009 avant de renoncer in extremis, la veille du scrutin, provoquant la stupeur et une certaine déception au Gabon. D’extraction modeste, il a étudié le droit en France avant de s’élever dans les cercles dirigeants du petit pays pétrolier.

    Bruno Ben Moubamba, 49 ans

    Bruno Ben Moubamba. Image tirée de son site de campagne.

    Ancien vice-président de l’Union nationale (UN) et ancien candidat à la présidentielle gabonaise en 2009, Bruno Ben Moubamba, 49 ans, est sans doute le cadet des prétendants à la présidence, du moins dans les têtes de liste. Ce jeune candidat s’était déjà présenté en 2009 et avait récolté… 963 voix (0,28 %). Pour la présidentielle du 27 août, il ne pourra compter sur le soutien que d’une partie de son actuelle formation, l’Union du peuple gabonais (UPG), divisée entre les militants ralliés à Ali Bongo et ceux qui gardent la ligne originelle de l’UPG.

    Raymond Ndong Sima, 61 ans

    Raymond Ndong Sima, 61 ans, économiste et ancien premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, tentera pour la première fois de briguer le fauteuil présidentiel en tant que candidat indépendant.

    Premier ministre d’Ali Bongo de février 2012 à janvier 2014, Raymond Ndong Sima a démissionné le 30 juin 2015 du Parti démocratique gabonais (PDG). En cause ? La sortie, le 5 mars 2015, en France d’un livre très critique envers le pouvoir, intitulé Quel renouveau pour le Gabon ? Depuis, il est devenu l’un des plus virulents opposants au régime. A 61 ans, cet économiste brigue le fauteuil présidentiel en tant que candidat indépendant.

    Et une douzaine d’autres

    Léon Paul Ngoulakia, cousin du président Ali Bongo, et Pierre-Claver Maganga-Moussavou, le maire de Mouila, ont également déposé leur candidature auprès de la Cenap. Dieudonné Minlama Mintogo, membre du mouvement Ça suffit comme ça, inspiré du sénégalais Y en a marre, Paul Mba Abessole, chef du RPG (Rassemblement pour le Gabon), Augustin Moussavou King, socialiste, sont également sur la liste. Gérard Ella Nguema, ex-secrétaire exécutif de l’Union nationale, ancien membre du Rassemblement national des républicains (RNR) vient s’ajouter au tableau.

    On dénombre également plusieurs candidats indépendants : Michel Bouka Rabenkogo, Camille Mouivo-Matsima, Roland Désiré Aba’a Minko, Jean-Jacques Ndong Mbadinga, Gervais Nzovi Moulengui, Pierre-Claver Mouele Mboumba et Abel Mboumbe Nzondou.

    Discours parfois xénophobe

    Avec des mots qui ne sont pas toujours exempts de xénophobie, les opposants multiplient les attaques personnelles envers M. Bongo, en contestant notamment son acte de naissance. Ils affirment, comme l’auteur français Pierre Péan dans son livre Nouvelles Affaires africaines, qu’Ali Bongo est un enfant nigérian du Biafra qui a été adopté par Omar Bongo à la fin des années 1960. L’opposition réactive cette polémique au long cours puisque la Constitution gabonaise stipule que « toute personne ayant acquis la nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la présidence de la République. Seule sa descendance ayant demeuré sans discontinuité au Gabon le peut, à partir de la quatrième génération ».

    Le nombre d’électeurs est également connu depuis le 8 juillet. Ils seront très exactement 628 124 à voter, soit 34,9 % du 1,8 million d’habitants que compte la République gabonaise, selon la liste remise par le ministre de l’intérieur, Pacôme Moubélet Boubeya.

    (Le Monde)