Tag: gecamines

  • Albert Yuma s’insurge contre le « harcèlement fiscal » et l’« ingérence étrangère » en RDC

    Albert Yuma s’insurge contre le « harcèlement fiscal » et l’« ingérence étrangère » en RDC

    -Environnement des affaires délétère, morose et peu transparent, harcèlement fiscal… Albert Yuma, le président de la fédération des entreprises du Congo (FEC), a lancé une violente charge contre la politique du gouvernement. Mais aussi contre l’« ingérence étrangère » dans les questions minières.
    « Aucun gouvernement ne devrait jamais promettre ce qu’il n’est pas certain de tenir. C’est une question de crédibilité et de responsabilité de l’action publique vis-à-vis des gouvernés ». Actuellement au centre d’une enquête judiciaire ouverte par le parquet de Kinshasa portant sur une dette de 128 millions d’euros contractée par la Gécamines, qu’il préside, c’est sous sa casquette de président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) qu’Albert Yuma Mulimbi a tapé du poing sur la table le 29 février, lors de la traditionnelle cérémonie des vœux de l’organisation patronale, à l’hôtel Pullman.
    Ce proche de Joseph Kabila – qui avait un temps tenté de l’imposer à la primature, en avril 2019 – a appelé le nouveau pouvoir à amorcer des grandes réformes pour améliorer le climat des affaires et instaurer un système fiscal efficace en RDC. Des réformes, qui permettraient à l’État, assure-t-il, de stimuler les investissements et les recettes publiques.
    Son appel intervient quelques jours après la fin de la mission d’évaluation du programme intérimaire du FMI, dont le compte-rendu témoigne d’inquiétudes similaires.
    Croissance économique en repli
    Les dernières données statistiques publiées par la Banque centrale du Congo indiquent que l’activité économique en RDC a fléchi en 2019 par rapport à l’année 2018. Ainsi, le taux de croissance économique a atteint 4,6 % contre 5,8 % en 2018. « Bien que ce taux de croissance soit supérieur à la moyenne des pays subsahariens, la croissance économique de la RDC demeure fragile et peu inclusive car portée par le secteur minier, secteur hautement capitalistique mais peu pourvoyeur d’emplois », souligne Albert Yuma.
    Pour démontrer l’impact négatif de cette fragilité, le président de la FEC fait référence au dernier Rapport sur le développement humain de 2019, du Pnud, qui classe la RDC à la 179e position avec un IDH de 0,459. « Cette position est en recul de 3 places par rapport à l’année 2018. Sans grande surprise nous continuons donc à stagner, voire à régresser, dans le peloton de queue des pays à développement humain les plus faibles », s’inquiète Albert Yuma.
    Ce n’est pas la sortie la plus sévère du patron des patrons sur le sujet. Lors de la même cérémonie des vœux de la FEC, en janvier 2014, il avait ainsi remis en cause les chiffres officiels de la croissance et déploré la persistance du sous-emploi et de la pauvreté, critiquant sévèrement la politique économique d’Augustin Matata Ponyo, alors Premier ministre.
    Un climat des affaires qui « dissuade toute velléité d’entreprendre »
    La loi de finances 2020 prévoit la collecte d’environ 203 taxes et impôts pour alimenter les caisses de l’État. Pour Albert Yuma, « l’environnement des affaires reste largement délétère, morose et peu transparent, dominé par la corruption, le harcèlement fiscal, l’insécurité juridique et judiciaire ainsi que par des coûts de facteurs de production si élevés, qu’ils dissuadent toute velléité d’entreprendre ».
    Pas de concertation dans les décisions publiques
    « Les capacités d’intervention de l’État se sont dégradées en raison d’initiatives prises sans concertation aucune, et si certaines d’entre elles ont eu certaines mérites, elles s’avèrent en fin de compte créatrices de frustrations car non applicables financièrement », a déploré Albert Yuma.
    Le patron des patrons est ainsi revenu sur le plan de trésorerie publié début février, qui réduit les recettes courantes à environ deux millions de dollars, contre une prévision de plus de sept millions de dollars dans la loi de finance. « Nous avons observé avec regret, mais avec le sentiment qu’il ne pouvait en être autrement, la réduction implicite du budget de l’État », a-t-il déclaré, rappelant avoir « émis des doutes » lors de l’adoption de ce budget « sur la capacité du pays à soutenir de telles dépenses avec des recettes que nous jugions irréalistes et […] sans rapport avec nos capacités contributives ».

    Soutien au gouvernement sur la sous-traitance minière
    Sur la question des mines, en revanche, le patron des patrons congolais a espéré la fermeté de Kinshasa après que les ambassadeurs de 19 pays ainsi que la délégation de l’union européenne ont saisi le gouvernement, le 21 février, pour réclamer un moratoire de six mois quant à l’application de la loi sur la sous-traitance [imposant de recourir exclusivement à des entreprises locales] et un dialogue en vue d’aplanir les « incompréhensions ». « Je le dis très clairement ici, il est inadmissible que que des ambassades étrangères se mêlent des politiques publiques internes », a martelé Albert Yuma pour qui cette loi est un « levier à l’émergence d’entreprises locales » et à des investissements futurs.
    « Il est patent qu’aujourd’hui, le tissu économique n’est pas en capacité d’absorber 100 % de la demande de sous-traitance », a-t-il reconnu. « Mais il est tout aussi clair que si on ne fait rien, on trouvera difficilement des acteurs locaux susceptibles d’investir dans la durée sans avoir la garantie de pouvoir compter sur des contrats futurs », a-t-il argué.
    Albert Yuma a également fait part de ses « inquiétudes » quant aux futures propositions du FMi pour le secteur minier, accusant les rapports officiels de l’organisation de « plagier quasi intégralement les conclusions de certaines ONG ». « Soit le FMI n’a pas de vision propre pour l’industrie minière, ce qui est troublant, soit c’est que les dés sont déjà pipés en fonction des intérêts représentés par ces ONG et que je juge contraires à ceux du Congo et à sa souveraineté ».

    Avec JA

  • la Gécamines et son partenaire chinois inaugurent le projet de Deziwa, sans Albert Yuma

    la Gécamines et son partenaire chinois inaugurent le projet de Deziwa, sans Albert Yuma

    Extraction of rock for the enrichment of chrysotile at the Bazenovsky quarry deposit of chrysotile asbestos, Ural Mining and Processing Plant. Chrysotile asbestos is a safe kind of asbestos.

    -Deziwa, qui représente un investissement de 880 millions de dollars, veut jouer dans la cour des grands pour la production de cuivre et de cobalt en République démocratique du Congo. Son inauguration tombe à pic pour la Gécamines, embourbée dans une complexe affaire de dette.

    Joint-venture créée en 2017 et détenue par l’opérateur minier public Gécamines (49 %) et le groupe China Nonferrous Metal Compagny (51 %), la société minière Deziwa SAS (Somidez) a inauguré ce 15 janvier son usine ultramoderne de raffinage de cuivre et cobalt, située dans la province du Lualaba, à environ 35 km à l’est de la ville de Kolwezi.

    D’une capacité installée de 80 000 tonnes de cuivre et 8 000 tonnes de cobalt par an – chiffres qui doivent être doublés lors de la phase additionnelle du projet – Deziwa a nécessité un investissement de 880 millions de dollars (790 millions d’euros). Il repose sur des réserves de 4,6 millions de tonnes de cuivre et de 420 000 tonnes de cobalt.

    Coopération sino-congolaise

    Mais cette inauguration s’est faite en l’absence du président du conseil d’administration de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi, interdit par la justice de quitter Kinshasa suite au litige entre la Gécamines et l’homme d’affaire Dan Getler.

    »Notre fierté (…) réside surtout dans ce que, ce projet incarne pour nous la manifestation claire, nette et tangible de la stratégie engagée par la Gécamines pour redevenir un acteur minier de rang international », a-t-il fait dire au membre du conseil d’administration de la Gécamines chargé de le représenter, estimant que les installations replacent  »la RDC sur le chemin de la reconstruction de son potentiel industriel minier ».

    Un financement appuyé par Dan Gertler

    »Somidez est parmi les premiers projets en RDC en termes d’échelle de production, d’équipements techniques et de niveau d’intelligence. Avec son modèle de coopération le plus récent, son niveau d’automatisation le plus élevé, ses équipements les plus modernes, son traitement de minerais le plus important et son niveau optimal de gestion, Somidez sert d’excellent modèle de coopération sino-congolaise dans le domaine minier », a affirmé Wang Tongzhou, président du conseil d’administration de CNFMC.

    L’usine devrait devenir la pleine propriété de la société congolaise – de droit privé mais détenue à 100 % par l’État – « d’ici neuf à onze ans », a fait dire Albert Yuma, qui estime que le niveau de réserves de minerais permettront alors aux installations de fonctionner « encore sept à neuf ans ».

    Pour rappel, le projet de Deziwa appartenait initialement à 68 % à la firme canadienne Platmin, qui a souhaité vendre ses parts sur les marchés boursiers avant que le développement du site ne soit lancé. La Gécamines avait alors usé de son droit de préemption, notamment via un prêt de 200 millions de dollars de Fleurette Group, de Dan Gertler, qui lui a permis désintéresser l’entreprise canadienne.

    Avec J.A

  • Gecamines: Albert Yuma va revoir unilatéralement les partenariats miniers

    Gecamines: Albert Yuma va revoir unilatéralement les partenariats miniers

    -Moins de trois semaines après la publication du rapport Carter stigmatisant la mauvaise gestion de la Gécamines, le patron de cette société publique congolaise, Albert Yuma, a annoncé mardi matin qu’il allait « revoir – j’ai dit revoir, pas renégocier, c’est nous qui allons désormais fixer les termes » – les partenariats qui lient l’entreprise congolaise à des sociétés minières privées.
    Albert Yuma s’adressait mardi matin à des agents de la Gécamines et aux nouveaux mandataires qu’il a nommés il y a quelques mois au sein des partenariats. Il leur a annoncé les « deux axes » fixés « par le chef de l’Etat », au « développement » de l’entreprise publique: « refaire de la Gécamines un véritable acteur minier » sur le plan national et international; faire en sorte que les ressources de la République démocratique du Congo (RDC) – dont la société publique détient, dit-il, « la majorité » – « profitent au peuple congolais, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».
    « On nous a trompés »
    « Dans la plupart de nos partenariats, pour ne pas dire tous », a affirmé M. Yuma, « nous n’avons jamais touché de dividendes et l’Etat n’a jamais touché d’impôts ». Depuis « la mise en place du code minier », qui date de 2002, les différents partenaires de la Gécamines, a-t-il dit, « ont exporté pour plus de 48 milliards de dollars » et « l’Etat a reçu en net – soit le revenu moins les bonus fiscaux qu’il a donnés – moins de 3 milliards de dollars ». C’est pourquoi, a ajouté M. Yuma, la Gécamines va « revoir – j’ai dit revoir, pas renégocier, c’est nous qui allons désormais fixer les termes » – les « conditions » des partenariats qui lient l’entreprise congolaise à des sociétés minières privées.
    Selon M. Yuma, « on nous a trompés, en 2000 » en disant que le Congo était incapable de développer seul ses ressources minières et qu’il fallait des partenariats. « On aurait dû toucher 350 millions de dollars de dividendes et on a touché zéro » dollars, tandis que « l’Etat aurait dû toucher 768 millions de dollars d’impôts » et a touché « zéro ». « Nos partenaires se sont toujours arrangés pour que les comptes d’exploitation apparaissent en perte d’année en année », a-t-il assuré.
    Prendre le contrôle du cobalt
    Or, la « vraie ressource » des partenariats n’est « pas l’argent » mais « les gisements » de cuivre et de cobalt de la Gécamines, a estimé Albert Yuma, assurant que « la prochaine guerre mondiale sera pour le contrôle du cobalt », dont le Congo possède « 70% » et l’entreprise publique « 40% des réserves mondiales connues ». « Depuis 15 ans, nos partenaires nous ont trompés et, disons-le, volés. Cela doit s’arrêter ».
    M. Yuma a ajouté que l’entreprise avait « aussi constaté la faiblesse de nos mandataires pour contrôler les partenariats », raison pour laquelle ils avaient été changés il y a quelques mois. Reconnaissant aussi des faiblesses dans « l’organisation » de la société publique, son patron a annoncé avoir confié à « Ernst and Young un audit organisationnel » en vue d’installer de nouvelles structures « dès le deuxième trimestre 2018″. En effet, a-t-il ajouté, la Gécamines souffre d’ »équipements obsolètes » et « surtout » d’un personnel trop vieux, la moyenne d’âge étant « 58 ans ». « On ne peut pas compter sur cette génération pour défendre nos intérêts » et « prendre des risques ».  Il faut, dit-il, que les cadres « reprennent le contrôle de la Gécamines comme, il y a 40 ans, nos frères arabes ont décidé de contrôler le pétrole ».
    « Pas un dollar ne manque »
    Répondant au rapport du Centre Carter  (https://afrique.lalibre.be/10520/ou-sont-passes-les-millions-de-la-gecamines/) selon qui « près des deux tiers de ces revenus (NDLR: générés par les partenariats miniers) – ou 750 millions de dollars – ne peuvent être tracés jusqu’à des comptes en banque de manière fiable », M. Yuma a assuré à son auditoire que c’était « une idiotie, un mensonge, une incompétence (…) Pas un dollar ne manque. Tout l’argent est enregistré dans les comptes de la Gécamines ». Il a affirmé que « la plupart de cet argent est parti dans des investissements » qu’il chiffre à « 860 millions de dollars depuis que nous sommes là », soit sept ans, « et dans le financement de l’Etat congolais. En termes de pourcentage, la Gécamines a contribué plus au budget de l’Etat que tous les partenaires réunis », a-t-il déclaré, sans expliquer son calcul.
    Toutefois, de ces « 860 millions de dollars » d’investissements et de « deux plans de restructuration, deux plans de production », « on ne voit pas les résultats », a reconnu M. Yuma, rejetant la faute sur « vos aînés ». Evoquant les « rapports bidon, basés sur des racontars », tel celui du Centre Carter, selon lui, le patron de la Gécamines a stigmatisé « certains d’entre vous qui disent n’importe quoi » à des « étrangers » contre « 1000 ou 2000 dollars, ou une auto ou une promesse d’emploi ».
    Et d’assurer que, grâce à la réorganisation de la Gécamines prévue pour 2018,  « dans 2 ou 3 ans, vous allez voir la différence ». Comme il l’a déjà annoncé – sans effet – à plusieurs reprises ces dernières années, M. Yuma a promis: « Nous serons capables de produire 100.000 tonnes ».
    Par Marie-France Cros
  • RDC: Gécamines, où sont passés les 750 millions Dollars: les détails du rapport

    RDC: Gécamines, où sont passés les 750 millions Dollars: les détails du rapport

    -Le Centre Carter a publié ce 3 novembre la première partie d’un rapport sur la Gécamines, société minière publique congolaise, et sur ses principaux partenariats (https://afrique.lalibre.be/10520/ou-sont-passes-les-millions-de-la-gecamines/), qui cherche à établir ce qu’il est advenu de l’argent engrangé par l’entreprise.

    Le rapport raconte l’histoire de la Gécamines, société publique sous Mobutu devenue entreprise commerciale appartenant à l’Etat sous Joseph Kabila. Sur pression de la Banque mondiale, un Code minier est adopté en 2002, dans le but de mettre fin à la fois au monopole de l’Etat congolais sur les ressources minières et aux pratiques de vente à bas prix à des chevaliers d’industrie prêts à aider des politiciens en poste au Congo, pratiques inaugurées sous Mobutu et qui ont surtout fleuri sous le règne de Laurent Kabila (1997-2001).

    La Gécamines contrôle les meilleurs permis

    Profitant d’une disposition spécifique du Code minier, la majorité des entrepreneurs privés ont cependant préféré acheter à la Gécamines des concessions aux ressources avérées plutôt que d’acquérir auprès de l’Etat congolais des permis d’exploration aux résultats incertains. Comme elle contrôle les « meilleurs permis », l’entreprise publique s’est ainsi retrouvée  dans la position de gardien des « actifs miniers les plus désirables du Congo », rôle légalement dévolu au Cadastre minier, indique le rapport.

    Or, souligne le Centre Carter, la Gécamines joue sur le fait qu’elle est devenue une société commerciale pour ne plus rendre compte au parlement. Mais, en même temps, elle bénéficie de privilèges de société publique. Par exemple, indique le rapport, elle a pu transformer ses permis d’exploration en licences d’exploitation sans remplir les prérequis en matières financière, technique et environnementale exigés par la loi – ce qui lui a donné accès à 96 permis d’exploitation au lieu du maximum de 50 autorisé par le Code minier. En outre, elle a reçu une aide légale gratuite normalement réservées aux « gouvernements africains » de la part d’institutions financières internationales. Enfin, le président Joseph Kabila a signé « de multiples lois protégeant la Gécamines de la faillite », lois inaccessibles aux sociétés commerciales privées.

    Deux tiers de ces revenus sont intraçables

    Selon le rapport, la Gécamines a utilisé cette position privilégiée pour générer 1,1 milliard de dollars de contrats portant sur le cuivre et sur le cobalt entre 2011 et 2014. « Près des deux tiers de ces revenus – ou 750 millions de dollars – ne peuvent être tracés jusqu’à ses comptes en banque de manière fiable », indique le Centre Carter. Celui-ci a retrouvé la trace de certains de ces fonds, « détournés vers l’une des plus proches connexions d’affaires du Président, le groupe Fleurette de Gertler, pour rembourser un prêt. Mais le gros des revenus manquants n’a pas pu être retrouvé ».

    Et le rapport – qui souligne les « anomalies » existant dans les livres de comptes de la société congolaise – d’ajouter: « L’opacité continue des dépenses de la Gécamines, couplée à sa maigre production, a nourri des supputations selon lesquelles ses revenus ont été siphonnés pour bénéficier à un petit nombre d’acteurs politiques clés. Dans ce sens, la Gécamines n’agit plus comme un Etat dans l’Etat », comme c’était le cas sous Mobutu, quand elle fournissait à ses travailleurs logement, nourriture, soins de santé et écoles, mais plutôt comme « un Etat parallèle, opérant au-delà de la portée des institutions régulières et de la surveillance de l’Etat, capable d’accorder des actifs miniers, de collecter un revenu significatif et de déterminer comment canaliser ces fonds ».

    Participations et droits de passage

    La Gécamines  possède par ailleurs des participations minoritaires dans une vingtaine de partenariats. Bien que le patron de la Gécamines, Albert Yuma – très proche du président Joseph Kabila – ait assuré en 2015 que les partenariats avaient rapporté « absolument rien » à l’entreprise congolaise, celle-ci, indique le Centre Carter, en a généré des revenus qui ont atteint « en moyenne 262 millions de dollars par an en royalties, bonus et autres frais contractuels entre 2009 et 2014 ». Mais « seuls 5% de ces revenus ont pris le chemin du Trésor public ». Et de s’inquiéter de nouvelles ventes possibles dans les prochains mois, alors que la RDC est susceptible d’entrer en campagne électorale et que ses dirigeants vont avoir besoin d’argent.

    De plus, la Gécamines a évoqué à cinq reprises au moins un « droit de préemption » sur la revente des actifs d’un partenaire à une troisième partie. Normalement, ce droit permet à un des partenaires de racheter la part de l’autre au prix proposé par la tierce partie. Mais la Gécamines est incapable de racheter elle-même; elle a alors bloqué la conclusion de ces contrats si on ne lui payait pas une somme substantielle. De facto, elle a transformé ce « droit de préemption » en droit de passage prélevé sur le nouveau contrat.  Les paiements réclamés dans ce cadre par la Gécamines ont atteint jusqu’à 130 millions de dollars, indique le Centre Carter. Ce droit de passage n’est cependant pas appliqué à des sociétés liées à Dan Gertler, proche ami du président Joseph Kabila.

    Enfin, la Gécamines revend ses propres participations minoritaires dans des partenariats; elle a tenté au moins une opération de ce type chaque année depuis 2010, indique le rapport.

    Aucune relance de la Gécamines

    La Gécamines a assuré que ces revenus devaient lui permettre de relancer sa production minière, note le Centre Carter, mais « en pratique, ils semblent avoir été utilisés principalement pour d’autres objectifs ». Ainsi, si la production minière totale du Congo a été multipliée « par 50 entre 2004 et 2014, la production de la Gécamines a stagné aux niveaux de 2004 après une hausse brève et artificielle en 2012 et 2013 »; la société congolaise avait en effet présenté comme siennes des productions réalisées par d’autres entreprises, indique le rapport. Et si le patron de la Gécamines, Albert Yuma, a annoncé en 2014 une production de « 50.000 tonnes » de cuivre avant la fin 2015 (après avoir annoncé en 2012 « 100.000 tonnes » pour cette date), la production n’a pas dépassé 17.827 tonnes en 2015 et a encore baissé en 2016. Cette année-là, il a promis « 50.000 tonnes » pour 2017, mais les informations de La Libre Afrique indiquent que la Gécamines n’en prend pas le chemin.

    La Gécamines n’a pas non plus utilisé ces revenus pour payer les salaires de ses travailleurs, qui se plaignent d’arriérés.

    La libre Afrique

  • RDC : 750 millions de dollars se sont « volatilisés » à la Gécamines, selon le Centre Carter

    RDC : 750 millions de dollars se sont « volatilisés » à la Gécamines, selon le Centre Carter

    -Selon un rapport dévoilé ce vendredi, la société congolaise d’exploitation du cuivre et du cobalt agirait en véritable « État parallèle » en RDC, négociant les permis avec les autres miniers et opérant sans aucune supervision des institutions d’État.

    Le Centre Carter, ONG créée en 1982 par l’ancien président américain Jimmy Carter, a rendu publique ce vendredi la première partie d’un rapport sur les pratiques contractuelles et financières de la Gécamines, la société d’État qui exploite cuivre et cobalt en RDC. « Alors que le code minier de 2002 avait pour objectif de casser le monopole de la Gécamines, celle-ci est au contraire devenue le véritable gardien des ressources minières de la RDC », estiment les auteurs de « La privatisation des concessions de cuivre du Congo : une affaire d’État ».

    En effet, la Gécamines ayant été autorisée à conserver ses meilleurs permis, « la plupart des investisseurs ont préféré négocier avec la société d’État pour bénéficier de ces ressources, plutôt que se lancer dans un processus d’exploration plus incertain », poursuit le Centre Carter.

    Selon les contrats que les enquêteurs ont pu étudier, les joint-ventures ainsi noués ont permis à la Gécamines de générer en moyenne 262 millions de dollars (225 millions d’euros) par an entre 2009 et 2014, soit 1,5 milliards de dollars. Une manne dont seulement 5 % a été reversée au Trésor national sous forme de taxes et d’avances sur dividendes.

     

     Des fonds transférés au groupe de Dan Gertler

    Le rapport fait également état de sommes « disparues », pour un montant de 750 millions de dollars sur la période 2011-2014, « dont une partie a été transférée vers une des plus proches relations d’affaires du président, le Groupe Fleurette, de Dan Gertler, en remboursement d’un prêt. L’opacité de la gestion financière de la Gécamines, ainsi que la faiblesse de sa production officielle, alimentent la spéculation sur la possibilité d’un détournement des revenus de l’entreprise au profit d’un petit nombre d’acteurs politiques ». Ce chiffre concorde avec celui avancé en juillet par l’ONG Global Witness, dont l’étude portait sur la période 2013-2015.

    Outre ces question financières, le Centre Carter dénonce aussi le jeu trouble de la société, qui a officiellement perdu son statut d’entreprise publique, « mais se sert de son caractère quasi-public pour obtenir des privilèges que ne peuvent avoir les sociétés privées ». la Gécamines peut ainsi transformer ses permis de recherche en licences d’exploitation, sans remplir les prérequis financiers, techniques et environnementaux exigés par la loi, « ce qui lui a permis d’amasser près de deux fois plus de permis que ce que prévoit le code minier ».

    La Gécamines, en tant qu’entreprise publique, peut percevoir des aides émanant d’institutions financières internationales officiellement destinées aux « gouvernements africains ». En revanche, « elle invoque son statut d’entreprise privée pour échapper à la supervision du gouvernement et parer aux questions quant à ses pratiques contractuelles, ses revenus et ses dépenses », notent les auteurs, qui recommandent une plus grande transparence et une application plus stricte du code minier.

    Jeune Afrique a essayé sans succès de joindre le président du conseil d’administration de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi, pour l’interroger sur ce rapport. De même, notre courrier électronique adressé au service communication de l’entreprise est resté lettre morte à l’heure où nous publions cet article.

    Congo Report Carter Center Nov 2017 by jeuneafrique on Scribd

    Jeune Afrique

  • RDC : la Gécamines cède deux gisements pour 52 millions de dollars

    RDC : la Gécamines cède deux gisements pour 52 millions de dollars

    Extraction of rock for the enrichment of chrysotile at the Bazenovsky quarry deposit of chrysotile asbestos, Ural Mining and Processing Plant. Chrysotile asbestos is a safe kind of asbestos.
    Extraction of rock for the enrichment of chrysotile at the Bazenovsky quarry deposit of chrysotile asbestos, Ural Mining and Processing Plant. Chrysotile asbestos is a safe kind of asbestos.

    -Selon la compagnie minière congolaise cette cession était justifiée en raison du montant trop élevé des coûts de transport nécessaires pour le traitement des minerais extraits de ces sites.

    La Gécamines a annoncé avoir cédé pour 52 millions de dollars le permis d’exploitation des gisements miniers de Luiswishi et de Lukuni (20 km au nord de Lubumbashi) à Congo Dongfang International Mining, filiale locale du groupe minier chinois Zhejiang Huayou Cobalt Co.

    Dans son communiqué publié le 4 juillet, la Gécamines rappelle avoir récupéré ce permis (PE 527) en 2012 lors de son absorption de la Compagnie minière du sud Katanga (CMSK ) via le rachat des parts (60 %) qu’y détenait de l’Entreprise Générale Malta Forrest. Cette opération, qui incluait plusieurs autres actifs miniers, avait coûté 58 millions de dollars à la Gécamines.

    Congo Dongfang International Mining, qui a exporté en 2012 (derniers chiffres disponibles) 26 988 tonnes de minerai de cuivre, 8 852 tonnes de cathode de cuivre et 24 730 tonnes de concentré de cobalt met la main, avec cette acquisition, sur un site aux réserves estimées à 354 619 tonnes de cuivre et 62 903 tonnes de cobalt.

    Coût

    La raison principale invoquée par la Gécamines pour cette cession est l’éloignement du site minier du ce qui induisait des coûts de transport élevés. « Ce concentrateur devra être alimenté par les minerais du périmètre de Kasombo plus proche de Kipushi », explique la Gécamines dans son communiqué.

    L’entreprise congolaise affirme avoir réalisé une plus-value dans cette opération puisqu’elle conserve, outre le concentrateur et le siège de Kipushi, les autres titres miniers, à savoir 3 permis d’exploitation et 4 permis de recherche qui faisaient également partie du patrimoine de la Compagnie minière du sud Katanga.

    Coopération

    La cession des gisements de Luiswishi et de Lukuni à Congo Dongfang International Mining est la deuxième transaction réalisée entre la Gécamines et un opérateur chinois au cours du dernier mois. La compagnie indique avoir conclu « un accord-cadre de coopération stratégique » avec China Nonferrous Metal Mining concernant « cinq grands projets miniers » à savoir Lubumbashi, Likasi et Kolwezi. Les détails de cet accord n’ont pas été communiqués.

    Jeune Afrique

  • Cession minière suspecte : la Gécamines dit avoir touché 10 millions de dollars

    Cession minière suspecte : la Gécamines dit avoir touché 10 millions de dollars

    cheminee-de-la-gecamines-La compagnie publique congolaise Gécamines a reçu cette somme lors de la la vente d’une concession minière en République démocratique du Congo à une filiale du groupe suisse Glencore.

    La Générale des Carrières et des Mines (Gécamines) indique sur son site internet avoir “conditionné son autorisation” à cette cession “au paiement en sa faveur de la somme de 10 millions” de dollars. Dans un communiqué, elle précise que la transaction a été réalisée en février.

    Glencore avait confirmé jeudi dernier que sa filiale Mutanda Mining avait acquis ce permis d’exploitation 658 portant sur environ 170 ha auprès d’une coentreprise dans laquelle la Gécamines détient une participation minoritaire, après la révélation de cette vente par l’agence Bloomberg.

    Le groupe minier suisse n’a pas révélé le montant déboursé pour l’acquisition de cette licence sur l’enclave de Kawama, située à l’intérieur du périmètre d’exploitation de Mutanda Mining, dont il détient 69% des parts, le reste appartenant à Fleurette Group, holding de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler.

    La zone exploitée par Mutanda Mining pour la production de cuivre et de cobalt est située à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lubumbashi, capitale du Katanga, la grande province minière de la RDC.

    Proche du président congolais Joseph Kabila, M. Gertler est soupçonné d’avoir acquis, comme bien d’autres, un certain nombre de concessions minières en RDC dans des conditions opaques.

    La législation congolaise impose au gouvernement de rendre publiques les modalités de toute cession des ressources naturelles de l’État sous deux mois.

    Mercredi, le ministère des Mines n’avait toujours pas publié sur son site internet le contrat de cession du permis 658 et on ignore la part touchée pour cette vente par le partenaire de la Gécamines, une filiale du groupe congolais Bazano, à l’actionnariat flou, qui possède 70% de la société commune qui détenait la licence sur l’enclave de Kawama.

    Vendredi, le Centre Carter, fondation de l’ancien président américain Jimmy Carter, a pressé “le gouvernement de la République démocratique du Congo de révéler les termes de l’accord” sur la cession du permis 658 sur l’enclave de Kawama, concession potentiellement riche en cuivre et en cobalt.

    Avec AFP