Tag: Mobutu

  • 20 ans après la mort de Mobutu, les Congolais ne l’ont pas oublié

    20 ans après la mort de Mobutu, les Congolais ne l’ont pas oublié

    -On l’appelait le roi du Zaïre. Mobutu Sese Seko, l’homme à la toque léopard, le tout-puissant maréchal, président de l’ex-Congo belge, a disparu il y a 20 ans jour pour jour. Il est décédé d’un cancer lors de son exil au Maroc, mettant fin à ses années de grandeur et de décadence. Mais aujourd’hui, en RDC, que reste-t-il de Mobutu ?

    Vingt ans déjà, mais les Congolais n’ont pas encore oublié le maréchal Mobutu, second président du pays après Joseph Kasa-Vubu. Pour les uns, c’était un grand président, un grand homme d’Etat : « Mobutu tout d’abord, c’est lui qui a pacifié ce pays. Il a unifié le pays, il a fait une armée nationale qui a fait la fierté de notre pays. C’est lui qui a intégré les Pygmées dans l’armée et dans la société ». « Ce fut un grand homme. Grand homme politique au cœur de l’Afrique, qui faisait effectivement la dignité de l’Afrique ».

    Pour d’autres, un homme au grand cœur : « Quand j’avais 12 ans, j’étais en première secondaire au lycée présidentiel. Il venait souvent. Il nous donnait à manger. On était bien ! Même pour la rentrée scolaire il nous donnait les cahiers et tout. On était bien ».

    Au Maroc, où le maréchal Mobutu est enterré, de nombreux membres de la communauté congolaise se sont rendus au cimetière chrétien de Rabat pour se recueillir sur sa sépulture. Hervé est venu spécialement de Kinshasa dans ce but. Il ne comprend pas que la dépouille de l’ancien président n’ait pas été rapatriée en RDC. « Comment quelqu’un qui a été si grand, qui a dirigé un grand pays comme le nôtre, peut rester en dehors de son pays pendant vingt ans ? », s’interroge-t-il. Et souhaite que « la famille et les autorités s’accordent pour faire venir cette sépulture à Kinshasa ».

    Mais, il y en a encore qui ne lui pardonneront pas d’avoir instauré un régime totalitariste : « Je dis qu’il était un dictateur, dans la mesure où il n’organisait aucune élection démocratique, il a confisqué la liberté de la presse durant tout son mandat. Je peux l’appeler dictateur ».

    Qu’importe, ses proches et ses anciens collaborateurs commémorent chaque année, à cette date, le triste anniversaire de la disparition du « père de l’authenticité zaïroise »

    Avec RFI

  • Ce jour-là : le 7 septembre 1997, Mobutu s’éteint loin du Zaïre

    Ce jour-là : le 7 septembre 1997, Mobutu s’éteint loin du Zaïre

    mobutu-Le maréchal Mobutu n’aura pas survécu à la perte de son pays en mai 1997. Il s’éteint en exil au Maroc à la suite d’un cancer. Sa mort et son enterrement se font dans une discrétion qui contraste fort avec l’exercice du pouvoir qui le caractérisait.

    Loin, très loin des bords du fleuve Congo et de sa ville natale de Lisala, le maréchal-fondateur zaïrois, désormais en exil, rend son dernier souffle le 7 septembre 1997 sur les côtes marocaines à Rabat. Mobutu n’aura pas fait long feu après la perte de « son pays ».

    Cela faisait des années que Mobutu était gravement malade, atteint d’un cancer de la prostate. Le Zaïre des dernières années de son règne est à l’image de sa santé. Le pays est enlisé dans un processus de démocratisation depuis 7 ans et en proie à une foudroyante rébellion, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, qui a causé sa chute.

    Le gargantua de la gloire, le monarque qui usait parfois de la troisième personne pour parler de lui-même, l’Ubu roi du Zaïre est enterré lors d’une cérémonie qui paraît bien étonnante comparée à ses trente années de règne. Une semaine après son décès, le 13 septembre, dans la plus simple discrétion Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga (en français : le guerrier tout-puissant qui grâce à son endurance et son inflexible volonté vole de victoire en victoire et sème la désolation sur son passage), est inhumé dans le carré européen du cimetière de Rabat en présence de sa famille et de ses plus proches qui l’ont suivi dans son exil.

    Chassé-croisé zaïrois

    Sa fuite du Zaïre fut rocambolesque. Pressé par les troupes du Mzee, Laurent-Désiré Kabila, le léopard quitte Kinshasa le 16 mai en toute hâte pour son fief : Gbadolite. Le 17 mai, le Zaïre vit un chassé-croisé historique. Les troupes de l’AFDL entrent dans Kinshasa, alors plongé dans un calme sidérant. La veille, dans les profondeurs de la forêt équatoriale, à Gbadolite, l’avion de Mobutu décolle tout en essuyant des rafales tirées par des soldats de la rébellion.

    Quelques heures plus tard, l’ex-homme fort zaïrois atterrit à Lomé, accueilli par un de égaux sur le plan de la longévité au pouvoir : Gnassingbé Eyadéma. L’escale à Lomé n’est pas trop longue. Le 23 mai, un autre exil l’attend.

    Le maréchal-fondateur devenu paria

    L’ancien relais et homme de confiance des Occidentaux en Afrique, pendant la Guerre froide, est désormais perçu comme un paria.

    L’accès à sa demeure de villégiature, à Roquebrune-Cap-Martin, sur la french riviera lui est refusé par les autorités françaises. Mobutu n’ira donc pas se soigner et couler de vieux jours sous le soleil de Provence.

    Son salut vient du souverain chérifien, Hassan II, qui l’invite à Rabat.  Mobutu Sese Seko est très affaibli par la maladie, un cancer de la prostate diagnostiqué en 1989, mais non-soigné. Ce n’est qu’en 1996 que Mobutu a entamé un traitement, le conduisant à quitter son Zaïre natal à plusieurs reprises pour les cliniques suisses et françaises. Le crépuscule de l’autocrate se fait en quelque sorte au ban des « grands hommes », sa mort ne suscite que peu de réactions dans les chancelleries, notamment occidentales.

    Aujourd’hui, la tombe de l’ancien homme fort du Zaïre jouxte les sépultures anonymes de compatriotes migrants, morts noyés dans la méditerranée.

    Et bien que la question du rapatriement en terre congolaise de la dépouille du chantre de la zaïrianisation soit régulièrement abordée, pour l’heure aucune disposition concrète ne laisse entrevoir une inhumation de Mobutu dans son pays natal.

    JA

  • RD Congo : les milliards de Gbadolite-«Dans les secrets des palais présidentiels africains»

    RD Congo : les milliards de Gbadolite-«Dans les secrets des palais présidentiels africains»

    Mobutupalace-Dans les somptueux palaces du maréchal Mobutu, au Congo, on dépensait sans compter. Une aubaine pour les intendants. Suite de notre série sur les secrets des palais présidentiels en Afrique     Quelques années après s’être installé à Gbadolite, dans le palais éléphantesque érigé sur 15 000 m2 par l’architecte Olivier-Clément Cacoub, Mobutu Sese Seko est saisi de remords : « J’ai vu un peu trop grand. Je préfère vivre à côté, au palais de Kawele. » Le maréchal avait fait construire cette demeure privée, « plus intime », disait-il, par le Sénégalais Pierre Goudiaby Atepa sur une petite colline à une dizaine de kilomètres de Gbadolite – village de sa région natale transformé en ville par le maître de Kinshasa, avec son aéroport international et ses larges routes goudronnées.

    Si Kawele se voulait moins tape-à-l’œil que le palais de Cacoub, son fonctionnement coûtait des sommes folles au pays.

    Pour autant, si Kawele se voulait moins tape-à-l’œil que le palais de Cacoub, son fonctionnement coûtait des sommes folles au pays : pas moins de 150 millions de dollars par an. En examinant ses comptes afin de rendre service à son beau-père (qu’il appelait papa sur ordre de ce dernier) – contre une rémunération équivalant à 10 % du budget, tout de même -, Pierre Janssen, un industriel belge, relève que tout est facturé deux, trois ou quatre fois le prix réel. C’était notamment le cas du champagne rosé Laurent-Perrier, la boisson préférée du « Léopard », dont dix mille à douze mille bouteilles étaient bues chaque année par la présidence. En réalité, Mobutu ne signait aucun chèque et se désintéressait totalement de l’argent, pour le plus grand bonheur de ses intendants.

    Mêmes dépenses somptuaires pour le mariage de sa fille Yaki avec Janssen, le 4 juillet 1992. Parmi les 2 500 invités, ceux du Belge, environ 150, venus des quatre coins de la planète à bord de trois avions présidentiels, ont eu un cadeau surprenant à leur arrivée à l’hôtel : dans chacune des chambres, le maréchal avait fait livrer une boîte remplie de zaïres, la monnaie locale de l’époque. Un milliard de zaïres par invité exactement.

    En fait, le zaïre ne valait rien, et cette somme correspondait, au mieux, au prix d’une cartouche de Marlboro.

    (Jeune Afrique)