Tag: Moyen-Orient

  • Retrait de l’Opep : ” Le Qatar veut se libérer des interférences extérieures “

    Retrait de l’Opep : ” Le Qatar veut se libérer des interférences extérieures “

    À trois jours du sommet de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne, le ministre qatarien de l’Énergie Saad al-Kaabi a annoncé le retrait de son pays de l’organisation. La décision, qui prendra effet en janvier 2019, est fortement symbolique.

    Le retrait aura un impact économique limité. Avec près de 600 000 barils produits par jour – contre près de 10,5 millions pour l’Arabie saoudite – le petit émirat est loin des poids lourds du secteur. Il est tout simplement le plus petit exportateur des pays membres de l’Opep. Ses réserves sont modestes, le Qatar s’appuyant surtout sur son immense potentiel gazier (troisième réserves mondiales, premier exportateur mondial) pour financer son économie.

    « Ce retrait reflète le désir du Qatar de concentrer ses efforts sur le développement et l’augmentation de sa production gazière, de 77 millions de tonnes par an à 110 millions de tonnes dans quelques années », a notamment déclaré Saad al-Kaabi. « C’est à mon sens lié à la volonté du Qatar de se libérer des contraintes régionales qui pourraient entraver son développement économique. Le secteur gazier est le centre de gravité du Qatar et il se donne ainsi une plus grande marge de manœuvre pour atteindre ses objectifs sans être contraint par des intérêts extérieurs », décrypte Andreas Krieg, spécialiste du Moyen-Orient au King’s College.

    Influence saoudienne

    Cette surprenante décision revêt une forte connotation symbolique. Membre depuis 1961, le Qatar avait été le premier pays à rejoindre l’institution dans la foulée des cinq fondateurs (Arabie saoudite, Iran, Irak, Koweït et Venezuela). Il est cependant le premier État moyen-oriental à la quitter.

    En froid prolongé avec Doha, Riyad, qui dirige de fait l’Opep vu son poids sur le marché mondial, a depuis quelques semaines orienté la production à la hausse pour faire baisser au forceps le prix du baril, suite aux demandes répétées de Donald Trump. Après avoir atteint plus de 75 dollars début octobre, le prix du baril est ainsi redescendu à 53 dollars aujourd’hui. Les décisions de l’Opep sont donc intrinsèquement liées aux objectifs politiques saoudiens, ce qui ne passe pas toujours auprès des autres pays exportateurs, notamment l’Algérie – où le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane est en visite depuis dimanche 2 décembre.

    Le Qatar a le sentiment que la domination saoudienne sur les institutions régionales a entravé ses objectifs de développement

    En se retirant de l’Opep, Doha signifie ainsi qu’elle n’entend pas demeurer au sein d’une institution dominée par son voisin hostile. « Il y a le sentiment au Qatar que la domination saoudienne sur les institutions régionales a entravé les objectifs de développement du Qatar. C’est pour l’émirat l’occasion de s’affirmer comme un marché indépendant et de se libérer des interférences extérieures. Le blocus de ses voisins a rendu cette décision possible », analyse Andreas Krieg.

    Le poids de l’Opep sur les cours mondiaux s’est trouvé relativisé ces dernières années par l’intégration dans le top 10 d’États exportateurs non membres, dont la Russie, le Canada et le Kazakhstan. Les États-Unis, premier consommateur et devenu en quelques années le premier producteur mondial, sont également moins dépendants du pétrole saoudien.

     

  • RDC – Émirats arabes unis : vers une exemption totale de visas d’entrée ?

    RDC – Émirats arabes unis : vers une exemption totale de visas d’entrée ?

    Les chefs des diplomaties congolaise et émiratie ont signé, en début de semaine à Abou Dhabi, un accord d’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques. Une étape de plus dans le rapprochement entre les deux pays.

    Pour l’instant, seuls les Émiratis et les Congolais détenteurs de passeports diplomatiques sont concernés. Ils pourront se rendre désormais sans visa, respectivement en RDC et aux Émirats arabes unis. C’est ce qui ressort d’un accord conclu le 19 novembre à Abou Dhabi entre les ministres des Affaires étrangères de ces deux États, le Congolais Léonard She Okitundu et l’Émirati Check Abdallah Ben Zayed Al Nahyane.

    Une étape supplémentaire dans le récent rapprochement entre les deux pays. C’est seulement depuis novembre 2017 en effet que la RDC et les Émirats arabes unis ont convenu d’établir des relations diplomatiques. « Des facilités, notamment de l’espace pour nos bureaux, nous ont été accordées pour ouvrir notre ambassade à Abou Dhabi », confie à Jeune Afrique Léonard She Okitundu. Il en sera de même pour la représentation diplomatique émiratie à Kinshasa, selon le chef de la diplomatie congolaise.

    Ce que voulait (vraiment) Abou Dhabi

    En attendant, les deux États font sauter le verrou des visas. « Les Émirats arabes unis avaient même souhaité que la RDC autorise l’entrée sans visa sur son territoire de tous les ressortissants émiratis détenteurs de passeports ordinaires, diplomatiques ou de service, révèle She Okutindu. Mais comme cela n’a pas été accepté pour les Congolais qui voudraient se rendre aux Émirats arabes unis, et pour ne pas consacrer l’inégalité de traitement, nous avons refusé la proposition d’Abou Dhabi. »

    L’accord signé s’étend sur « cinq ans renouvelable tacitement ». Concrètement, les détenteurs de passeports diplomatiques sont ainsi exonérés de visa d’entrée pour des séjours de 30 jours au maximum dans l’un ou l’autre État.

    Cela participe à notre démarche consistant à réorienter notre diplomatie vers des pays respectueux de notre souveraineté

    « C’est une première étape vers une exemption réciproque de visas pour les ressortissants congolais et émiratis », soutient Michael Sakombi, conseiller du chef de la diplomatie congolaise, qui a participé aux négociations. En attendant, « pour les détenteurs de passeports ordinaires et de service, l’accord signé prévoit des facilitations dans le traitement des dossiers aux services d’immigration, notamment par le biais des ambassades des Émirats », ajoute-t-il.

    Kinshasa se réjouit déjà de ce renforcement de la coopération avec cette puissance économique du Golf persique. « Cela participe à notre démarche consistant à réorienter notre diplomatie vers des pays respectueux de notre souveraineté », commente Michael Sakombi. En avril, à la demande des autorités congolaises, les Émirats arabes unis s’étaient retirés de l’organisation de la première conférence internationale des donateurs sur la RDC, à Genève. Une réunion boycottée par Kinshasa, qui se plaignait de n’avoir pas été consulté en amont. « Les Émirats arabes unis avaient fait preuve de solidarité », se souvient She Okitundu.

    Vols « imminents » d’Emirates pour Kinshasa

    Selon le ministre des Affaires étrangères congolais, ce rapprochement Kinshasa – Abou Dhabi est « sans exclusive » : « Il s’agit au contraire d’une volonté de diversifier nos partenaires ». Toutefois, ces derniers mois, des rapports sont plutôt tendus entre la RDC et ses partenaires traditionnels, notamment et surtout avec la Belgique. Alors qu’avec les Émirats arabes unis, des discussions se poursuivent autour de deux nouveaux accords qui seraient « en gestation » : celui relatif « à la promotion et à la protection des investissements » et celui liée à « la prévention de la double imposition ».


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    Dans le secteur aérien, un accord a déjà été conclu entre les deux pays et les vols d’Emirates à destination de Kinshasa seraient « imminents », selon les autorités congolaises. Des « derniers réglages » seraient également en cours en ce qui concerne le partenariat entre le gouvernement congolais et l’émirati DP Word pour la construction du port en eaux profondes de Banana, dans l’ouest de la RDC.

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