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  • L’Afrique: porte d’entrée et de transit du trafic de drogue

    L’Afrique: porte d’entrée et de transit du trafic de drogue

    liberia-drogue-france_0-L’organe international de contrôle des stupéfiants présente son rapport pour l’année 2015. Une donnée connue de longue date se confirme : l’Afrique est bel et bien une porte d’entrée, une zone de transit pour tous types de drogues qui sont ensuite acheminées vers les Etats-Unis, l’Europe et l’Asie. Fait nouveau, le continent devient aussi une zone de fabrication de drogues de synthèses.

    Avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault

    Cocaïne à l’Ouest, héroïne à l’Est, drogues de synthèse et marijuana partout. Le continent africain est toujours une porte d’entrée pour tous types de drogues. « Le trafic de cocaïne demeure une préoccupation majeure », pointe le rapport. La Guinée-Bissau, la Gambie ou encore le nord du Mali sont des zones d’arrivées et de transit connues, mais, signe que ce dossier est ultrasensible, aucun de ces pays n’est cité dans le rapport. Seul le Cap-Vert est présenté comme une plaque tournante du trafic de cocaïne, une demi-tonne a été saisie.

    Dans ce rapport, aucun lien n’est établi entre les cartels d’Amérique latine et les groupes jihadistes présents en Afrique de l’ouest. De plus, il ne donne aucun détail sur l’argent généré par ce trafic.

    Changement de méthode

    Les trafiquants d’Amérique latine ont changé de méthode. Moins de grosses cargaisons, c’est via des colis plus petits que la cocaïne est acheminée en Afrique, notamment de l’Ouest. La multiplication des vols commerciaux depuis le Brésil explique en partie cette augmentation : 120 kilos saisis à Lagos en 2014, 286 kilos à Lomé.

    Autre élément, la confirmation que l’Afrique, notamment de l’Est est une zone de transit de l’héroïne. Les saisies ont fortement augmenté en Tanzanie, au Kenya, en Egypte. Dans ce dernier pays, 260 kilos ont été saisis en 2013 et plus de 600 kilos en 2014.

    Dernier point qui inquiète, l’Afrique de l’Ouest, notamment au Nigeria, en Côte d’Ivoire et Guinée, est devenue une zone de fabrication de drogues de synthèse. Dix laboratoires ont été démantelés l’an dernier. Plus de 100 kilos de méthamphétamine en provenance du Mali ont été saisis au Sénégal.

    Pour fabriquer ces drogues, il faut des produits chimiques, par exemple de l’éphédrine. Des produits légaux et qui sont importés en toute légalité sur le continent africain. Pour le moment, les contrôles pour savoir quelle est la destination finale de ses produits sont insuffisants.

    Enfin, le continent africain reste une terre très fertile pour la production de marijuana. L’herbe pousse en effet partout et très bien. Malgré les efforts des autorités, le Maroc est considéré comme l’un des premiers producteurs de cannabis au monde. Et une production importante rime avec consommation. Au Maroc, l’usage de cannabis concerne 12,4 % des personnes âgés de 15 à 64 ans, un chiffre beaucoup plus élevé que le niveau mondial qui est de 3,9%.

    L’organe note qu’il y a une apparition de centres illicites de production et de transformation de drogues.
    Erik Van Der Veen
    RFI
  • Grandeur et déclin de Kwame Nkrumah, père du panafricanisme

    Grandeur et déclin de Kwame Nkrumah, père du panafricanisme

    Kwame Nkrumah 02_0-Il y a cinquante ans, le Ghanéen Kwame Nkrumah se faisait évincer de la présidence de son pays par des militaires. Artisan de l’indépendance du Ghana, le leader déchu était accusé d’avoir ruiné son pays. Tombé dans l’excès de la mégalomanie et le culte de la personnalité, l’homme n’en reste pas moins l’un des plus grands penseurs de l’unité africaine. Et si la radicalité de sa pensée panafricaniste, en avance sur son temps, était la véritable cause de sa chute ?

    Le 24 février 1966, Kwame Nkrumah, premier président de la République du Ghana, est renversé lors d’un coup d’Etat. L’armée ghanéenne a profité de l’absence de ce dernier, en visite officielle en Chine, pour s’emparer du pouvoir. Le Ghana devient ainsi le septième pays en Afrique noire à connaître le syndrome des coups d’Etat militaires depuis le début des indépendances.

    Le mécontentement contre le régime grondait depuis plusieurs années, comme en témoigne la multiplication des grèves et des manifestations à travers le pays pour protester contre la pratique de plus en plus mégalomaniaque et solitaire du pouvoir par le chef de l’Etat. A l’annonce du coup d’Etat, la population descend dans la rue pour faire la fête, allant jusqu’à traîner à terre la statue du président qui s’élevait devant le Parlement.

    Pour expliquer ce coup de force, les putschistes évoquent, pour leur part, la grave crise économique ghanéenne, une dette extérieure insupportable, l’épuisement des réserves nationales, les pénuries, le chômage, la dévaluation de la monnaie ainsi que la dérive totalitaire du Convention People’s party (CPP) du président déchu. Certains voient dans ce putsch la main de puissances occidentales pour lesquelles le rapprochement du leader ghanéen avec l’Union soviétique et la Chine, doublé de son engagement pour l’unité panafricaine et le nationalisme économique, le plaçait, de facto, dans le camp communiste. D’ailleurs, des documents du Département d’Etat américain, déclassifiés depuis, ont montré que le putsch avait été mené par, comme l’a écrit le sociologue et militant tiers-mondiste Jean Ziegler, « deux officiers subalternes, intimement liés à l’Intelligence Service britannique ».

    Toujours est-il que, déclaré persona non grata au Ghana par le Conseil de libération qui s’établit à la tête du gouvernement à Accra, Nkrumah ne remettra plus les pieds de son vivant dans son propre pays. Il trouve asile en Guinée où il restera jusqu’à la fin de ses jours, avant de mourir d’un cancer à Bucarest en 1972.

    Retour sur un mythe

    La population ghanéenne avait pourtant ovationné Kwame Nkrumah lorsque, en 1957, celui-ci avait arraché l’indépendance du pays aux colonisateurs britanniques, hissant le Ghana à la souveraineté internationale. Il était extrêmement populaire, jusqu’au moment où son mythe a commencé à s’effriter sous la pression de la réalité du pouvoir, transformant l’homme providentiel en un « dictateur » honni, alors même que sa pensée visionnaire sur l’intégration africaine commençait à s’enraciner dans les esprits à travers le continent, faisant de l’auteur de L’Afrique doit s’unir le symbole vivant du panafricanisme. C’est l’intellectuel kényan Ali Mazrui qui résume en une formule éloquente le paradoxe de Nkrumah : « Il est devenu simultanément un héros africain et un dictateur ghanéen ».

    Rien ne prédisposait toutefois cet homme éclairé, soucieux de faire de la politique un moyen de libérer son peuple et unir l’ensemble du continent africain, à finir sa carrière nationale dans la tyrannie et la déchéance. Né en 1909 dans une famille modeste dans un village du sud-ouest du Ghana qu’on appelait à l’époque la Côte d’Or, le jeune Kwame Nkrumah s’est élevé par la force de son intelligence et ses aspirations.

    Son premier cycle d’études terminé, Nkrumah part en 1935 pour les Etats-Unis où il fait des études d’économie et de sociologie à l’université noire Lincoln, en Pennsylvanie. Il y découvre, d’une part, les thèses socialistes (Marx, Lénine) et, d’autre part, les auteurs noirs américains, tels que Marcus Garvey et W.E.B. Du Bois, dont la pensée pan-négriste et panafricaniste alimentent sa propre prise de conscience de nationaliste africain. Diplômé en 1939, il publie son premier ouvrage Towards colonial freedom : c’est une analyse des ressorts du colonialisme occidental et en même temps sa dénonciation en tant qu’outil d’oppression et d’exploitation.

    Parallèlement, le jeune Kwame se lance dans le militantisme et rejoint l’association des étudiants africains des Etats-Unis et du Canada, dont il devient le président. C’est le militantisme estudiantin qui le conduit ensuite en Angleterre où il s’impose très vite comme un des hommes-clés du mouvement panafricain. A ce titre, il organise le 5e congrès panafricain qui se tient à Manchester en 1945.

    Son séjour en Angleterre est aussi l’occasion pour le jeune nationaliste panafricaniste de nouer des contacts avec la diaspora africaine, dont le Zambien Kenneth Kaunda, le Kenyan Jomo Kenyatta, le Zimbabwéen Joshua Nkomo ainsi que le Tanzanien Julius Nyerere qui sont encore étudiants, mais qui vont bientôt jouer des rôles de premier plan dans le mouvement anti-colonial dans leurs pays respectifs, avant de prendre – pour certains – les rênes du pouvoir, une fois l’indépendance acquise. Nkrumah lui-même ne tardera pas à rentrer dans son pays, où sa réputation de militant indépendantiste le précédé, faisant de son nom un synonyme de radicalisme aux yeux de l’administration coloniale de la Gold Coast.

    Kwame Nkrumah en 1960, après son élection à la présidence du Ghana. © Getty Images

    Dès son retour au pays natal en 1947, Nkrumah devient ainsi la bête noire des colonisateurs britanniques qui ne tarderont pas à le jeter en prison pour agitation politique, faisant de ce militant quadragénaire le héros de la population ghanéenne qui aspire à la liberté et à l’indépendance. C’est ainsi que naît le mythe de Nkrumah, symbole vivant du nationalisme africain éclairé qui choisit le chemin de la négociation plutôt que celui de la confrontation pour libérer son pays. Militant devenu leader du mouvement indépendantiste, Nkrumah crée son propre parti, le CPP, qui en 1952 remporte triomphalement les élections locales et entre dans le gouvernement colonial. Il participe, aux côtés des Britanniques, à la gestion politique du pays, jusqu’à l’avènement de l’indépendance 5 ans plus tard. Le 6 mars 1957, la Côte d’Or se libère du joug colonial sous le nom du Ghana, en hommage à l’ancien empire ashanti. Le Ghana est le premier Etat indépendant de l’Afrique après le Soudan en 1956. Nkrumah est son Premier ministre, puis président à partir de l’introduction de la nouvelle Constitution en 1960.

    Les années Nkrumah

    Arrivé au pouvoir, le Ghanéen n’abandonne pas pour autant ses idéaux panafricanistes et s’intéresse aux autres pays du continent plongés dans la lutte coloniale. « Le nationalisme africain ne se limite pas seulement à la Côte d’Or », affirme-t-il, rappelant lors des nombreuses réunions panafricanistes qu’il accueille dans son pays que la décolonisation nationale n’était pas la dernière étape du combat anticolonial, mais le point de départ de la lutte pour une Afrique réunie.

    Sous son égide, dans les années 1960, le Ghana est devenu le refuge très recherché des panafricanistes du monde entier, notamment celui des Africains-Américains dont les ouvrages avaient permis de structurer la pensée politique du futur président. Outre le célèbre Docteur W.B. Du Bois à qui il rend hommage en lui accordant la nationalité ghanéenne, Nkrumah accueille des militants et intellectuels reconnus pour leur contribution à la réflexion sur l’identité noire : la poétesse Maya Angelou, le militant Malcolm X, la communiste Vicki Holmes Garvin, l’essayiste Julius Mayfield pour ne citer que ceux-là.

    Parallèlement, joignant l’idéologie à l’action, le leader ghanéen propose dès 1958 une union fédérale à la Guinée, mise au ban de la communauté française pour avoir osé dire « non » à de Gaulle. En guise de soutien à son ami le président Sékou Touré, il lui consent un prêt de 25 millions de dollars lorsque la France coupe les ponts brutalement avec Conakry, suite à la déclaration d’indépendance de son ancienne colonie. En 1960, Nkrumah va encore plus loin, en inscrivant dans la Constitution du Ghana la possibilité d’un abandon de souveraineté au profit d’une fédération africaine, suivant ainsi dans les pas de Sékou Touré qui avait été le premier Africain à avoir envisagé une telle éventualité. En 1963, Nkrumah est l’un des pères fondateurs de l’Organisation de l’Union africaine (OUA). Son discours à la cérémonie de la signature du traité créant cette première entité panafricaine éblouit et fait peur à la fois.

    « Je fais partie de ceux qui pensent, explique Amzat Bokhari-Yabara, auteur d’une histoire exhaustive du panafricanisme (1), que c’est la radicalité de la vision panafricaniste de Nkrumah appelant à la création des Etats-Unis d’Afrique comme le seul rempart possible contre le néocolonialisme et la poursuite de l’exploitation du continent par les grandes puissances, qui était peut-être la véritable cause de la ruine de ce grand homme, en avance sur son temps. Aujourd’hui encore, près de cinquante ans après la disparition de Nkrumah, son idée de l’abandon de souveraineté au profit d’une Union africaine fait débat et divise les pays africains ».

    En pleine guerre froide, cette radicalité est perçue  par les ex-puissances coloniales comme une manoeuvre pour soumettre toute l’Afrique au communisme en l’arrachant à leurs influences. A cette inquiétude, il faut sans doute ajouter la pénurie et le mécontentement qui étaient réels à l’époque au Ghana, tout comme le culte de la personnalité paranoïaque dans lequel était tombé le président ghanéen dans les dernières années de son règne, justifiant aux yeux de ses adversaires, intérieurs comme extérieurs, le coup d’Etat du 24 février 1966.

    « Cinquante ans après le coup d’Etat, Nkrumah reste un grand Africain en raison de la portée visionnaire de son ambition panafricaine », affirme le checheur Bokhari-Yabaara. Sa réconciliation avec son pays natal est sans doute aussi à l’oeuvre. L’audience retrouvée de son parti le CPP que dirige aujourd’hui sa fille Samia Nkrumah, en est peut-être le signe. »

    RFI

  • Blaise Compaoré est citoyen ivoirien et devrait échapper à la justice

    Blaise Compaoré est citoyen ivoirien et devrait échapper à la justice

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    -C’est désormais officiel : Blaise Compaoré, l’ancien président burkinabè, est Ivoirien. Son décret de naturalisation, signé de la main du président Alassane Ouattara, est daté de novembre 2014, soit seulement un mois après la chute de l’ancien président. Ce décret a été publié au Journal officiel en janvier 2016. L’ancien président du Burkina Faso est exilé en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé du pouvoir. Blaise Compaoré fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour son implication présumée dans la mort de l’ancien chef d’Etat Thomas Sankara. Il devrait donc devrait échapper à la justice car il ne peut pas être extradé.

    Le décret numéro 2014-701 ne fait qu’une vingtaine de lignes. Signé d’Alassane Ouattara, il annonce sobrement, que suite à sa demande, Blaise Compaoré, né en 1951 à Ouagadougou, est naturalisé ivoirien. Le décret suivant annonce, lui, la naturalisation de François Compaoré, le frère de l’ancien président burkinabè.

    Les textes sont datés du 17 novembre 2014, soit à peine plus de quinze jours après la chute de l’ex-chef d’Etat et son exil à Abidjan. Mais ils sont entrés en vigueur au lendemain de leur publication, le 18 janvier 2016.

    Ces naturalisations interviennent donc un mois seulement après l’émission d’un mandat d’arrêt international par la justice du Burkina Faso contre l’ancien président du pays. Celui-ci est inculpé pour son rôle présumé dans l’assassinat de l’ancien président du Burkina Faso Thomas Sankara en 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir. De plus, il est impliqué d’attentat contre la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat et complicité de recel de cadavre.

    Les autorités ivoiriennes ne souhaitent pas commenter ces informations. « C’est une affaire strictement personnelle », réagit ainsi une source.

    Blaise Compaoré devrait donc devrait échapper à la justice du pays qu’il a dirigé pendant de longues années. Etant donné les liens d’amitié entre Blaise Compaoré et Alassane Ouattara, une extradition semblait peu probable, après cette naturalisation, elle l’est encore moins.

    « Lamentable »

    En tout cas, la nouvelle fait débat à Ouagadougou. Si certains partisans de l’ancien président n’y voient aucun inconvénient, d’autres par contre, ses adversaires, qualifient d’acte « honteux » de celui qui a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans.

    Pour Pascal Zaida, secrétaire exécutif du mouvement populaire des jeunes, un mouvement qui avait soutenu le projet de référendum défendu par les partisans de l’ancien président, il sera difficile pour Blaise Compaoré de se présenter devant une justice à deux vitesses. « Nous estimons que d’un point de vue légal, c’est normal, il peut avoir la nationalité, ce n’est pas interdit. Maintenant, vous savez que nous sommes dans un pays où sous la transition, il y avait la justice des vainqueurs, et c’est cette même justice qui prévaut aujourd’hui. Si les autorités actuelles peuvent lui garantir une justice impartiale et équitable, je ne vois pas pourquoi il ne viendra pas y répondre. Mais par contre, si c’est pour faire encore la justice des vainqueurs, il a bien entendu raison de prendre la nationalité ivoirienne. »

    La stabilité du pays reste la priorité

    De l’autre côté, les mouvements qui ont mené la lutte contre le régime de Blaise Compaoré, se disent affligés par cette décision de l’ancien président burkinabè de se réfugier sous une autre nationalité. « En un mot comme en mille, c’est tout simplement lamentable. Il l’a fait pour échapper à la justice de son pays, parce qu’il sait que la Côte d’Ivoire n’extrade pas ses ressortissants. Mais ceci est terriblement honteux. Il jette l’opprobre sur lui-même et sur tous ceux qui sont liés à lui », déplore Ismaël Diallo, coordonnateur du Front de renforcement de la citoyenneté.

    A moins de renoncer à la nationalité burkinabè, poursuit Ismaël Diallo, Blaise Compaoré « n’échappera pas éternellement à la justice de son pays ».

    Mais, à Ouagadougou, on estime, presque résigné, que l’urgence est ailleurs. L’important pour la stabilité du pays, c’est surtout de neutraliser les anciens membres de l’ex-régiment de sécurité présidentielle, déclarait ainsi Alpha Barry lundi lors de sa visite à Abidjan. Après l’extradition de Moussa Niébé, considéré comme un des fidèles de Blaise Compaoré. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères assurait qu’Alassane Ouattara s’était engagé à aider le Burkina Faso à arrêter les ex-soldats du RSP.

    «Rambo», pilier de l’ex-RSP, extradé de Côte d’Ivoire

    Quand on regarde les conditions de naturalisation en droit ivoirien, on se rend compte qu’il y a quand même une condition de durée que ni Blaise Compaoré, ni son frère, ne remplissent
    Guy Hervé Kam

    rfi

  • Ouganda: Yoweri Museveni est réélu président du pays

    Ouganda: Yoweri Museveni est réélu président du pays

    Yoweri Museveni- President Ougandais
    Yoweri Museveni- President Ougandais

    -Yoweri Museveni, au pouvoir depuis trente ans, vient d’être réélu président de l’Ouganda pour un cinquième mandat de cinq ans, a annoncé, ce samedi 20 février, la Commission électorale ougandaise. L’opposition rejette cette « parodie d’élections ».

    « La commission déclare que le candidat Yoweri Kaguta Museveni, ayant obtenu plus de 50% des suffrages valides exprimés, est élu président de la République d’Ouganda », a déclaré son président. M. Museveni a obtenu à la présidentielle du 18 février 2016 60,75% des voix, loin devant son principal rival, Kizza Besigye (35,37%). L’ancien Premier ministre Amama Mbabazi ne recueille que 1,43% des voix.

    Arrivé au pouvoir en 1986, après avoir renversé l’autocrate Milton Obote, Yoweri Museveni est resté très populaire dans les campagnes et a bénéficié de la puissance financière et de l’expérience électorale de son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM).

    Opposant arrêté

    De son côté, l’opposant historique et principal rival, Kizza Besigye, 59 ans, jugeait que cette élection ne pouvait « pas être libre et équitable ». L’homme a d’ailleurs été été arrêté vendredi au siège de son parti, le Forum pour le changement démocratique, et emmené au poste de police de Nagalama à Kampala, où il a été détenu plusieurs heures avant d’être libéré. Il a fait parvenir un communiqué dans lequel il rejette les résultats et dénonce « un terrifiant coup d’Etat militaire ».

    « Même si le scrutin a eu lieu dans un environnement calme et paisible dans la majeure partie du pays », les retards enregistrés jeudi à Kampala témoignent du « manque de transparence et d’indépendance de la Commission électorale », a estimé la mission de l’Union européenne (UE), en rendant ses conclusions préliminaires sur les élections.

    Vote chaotique

    Le premier tour de l’élection présidentielle et des législatives a été particulièrement chaotique à Kampala, réputée acquise à l’opposition: de nombreux bureaux ont ouvert jeudi avec plusieurs heures de retards, provoquant des heurts entre électeurs en colère et les forces de l’ordre. Selon un haut responsable du FDC, l’opposition disposerait de résultats marquant des « différences flagrantes » avec les chiffres officiels.

    L’Ouganda, un pays enclavé d’Afrique de l’Est avec une population estimée à 37 millions d’habitants, n’a jamais connu d’alternance politique pacifique depuis son indépendance en 1962.


    Reportage à Kampala

    A l’annonce des résultats au stade Namboole où se tenait le centre de comptage, les équipes du parti présidentiel n’ont pas manqué de montrer leur enthousiasme, à l’image de Justine Lumumba Kasule, la secrétaire générale du NRM : « Félicitations au NRM, félicitations à Yoweri Kaguta Museveni, félicitations à tous les Ougandais qui sont épris de paix et qui ont vu le président Yoweri Kaguta Museveni comme la personne devant continuer à conduire ce pays. Diriger et garder l’Ouganda dans la paix pour les cinq prochaines années ».

    Les équipes de Kizza Besigye n’étaient pas sur place, car le FDC ne reconnaît pas les résultats de ce scrutin. Charles Mutasa, un porte-parole du parti, dénonce le manque d’impartialité, selon lui, de la commission électorale : « Bien sûr, nous ne sommes pas d’accord avec cette élection. Le gouvernement d’Ouganda et le président Museveni ont volé ces élections. La commission électorale que nous avons ici n’est pas du tout indépendante. Elle travaille pour le dictateur Museveni. Et nous sommes un parti qui croyons que les résultats ne sont pas libres et équitables ». Charles Mutasa assure que des centres de comptages propres au parti travaillent encore et devraient donner leurs propres résultats.

    Samedi soir, Kampala était très calme. De nombreuses boutiques sont restées fermées toute la journée par peur de violences à l’annonce des résultats. Mais pas de parades de supporters en ville : seuls quelques partisans de Museveni sont descendus dans la rue fêter la victoire de leur candidat. Les patrouilles des forces de l’ordre se sont poursuivies. En début de soirée, aucun heurt impliquant des opposants n’avait été signalé.

    RFI

  • Le Burundi et la RDC demandent à l’ONU de rappeler le Rwanda à l’ordre

    Le Burundi et la RDC demandent à l’ONU de rappeler le Rwanda à l’ordre

    Conseil de Sécurité de l'ONU
    Conseil de Sécurité de l’ONU

    -Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence et rappeler à l’ordre le Rwanda. C’est ce que demandent les ambassadeurs du Burundi et de la RDC à l’ONU dans deux lettres qu’ils ont chacun envoyées au président du Conseil de sécurité. Les deux pays accusent Kigali de déstabiliser le Burundi et dénoncent un risque pour la région.

    Le Burundi s’appuie sur le récent rapport des experts de l’ONU pour pousser le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre position. Dans ce rapport, des combattants burundais affirment avoir été recrutés dans un camp de réfugiés, puis entrainés militairement pendant deux mois par des militaires rwandais.

    « Nous aimerions que cette fois-ci, les Nations unies prennent acte que l’agression vient du Rwanda et que les deux capitales, Bujumbura et Kigali, doivent se parler pour mettre fin à cette agression », explique Gaston Sindimwo, premier vice-président de la République du Burundi.

    L’ambassadeur burundais Albert Shingiro a réclamé une réunion d’urgence du Conseil afin de « prendre des mesures appropriées » pour s’assurer que Kigali ne cherche pas à déstabiliser le Burundi. Dans son courrier, Bujumbura affirme que le Rwanda viole plusieurs textes internationaux, en particulier l’accord cadre d’Addis-Abeba signé en 2013, dans lequel les pays de la région s’engagent à ne pas s’ingérer dans les affaires des Etats voisins.

    La République démocratique du Congo s’associe à cette démarche du Burundi. Dans une lettre au Conseil, l’ambassadeur de RDC Ignace Gata Mavita demande « d’inviter le Rwanda à respecter (ses) engagements internationaux et à arrêter sans délai ces recrutements et toutes les opérations qui s’en suivent ». C’est en RDC que les combattants burundais cités dans le rapport de l’ONU ont été interrogés. Ils étaient munis de fausses cartes d’électeurs. Pour Kinshasa, il y a un risque de déstabilisation régionale.

    RFI

  • Sénégal : Macky Sall accusé d’avoir “manqué à sa parole” en renonçant à écourter son mandat

    Sénégal : Macky Sall accusé d’avoir “manqué à sa parole” en renonçant à écourter son mandat

    Le président sénégalais Macky Sall - AFP
    Le président sénégalais Macky Sall –
    AFP

    -Le président sénégalais Macky Sall essuyait mercredi de vives critiques pour avoir renoncé, sur avis du Conseil constitutionnel, à écourter son mandat en cours comme il s’y était engagé.

    Macky Sall a annoncé mardi soir lors d’une allocation télévisée que le passage du septennat au quinquennat prévu par la révision constitutionnelle qu’il soumettra à référendum le 20 mars s’appliquerait seulement à partir du prochain mandat présidentiel et qu’il irait en conséquence jusqu’au bout de son mandat, en 2019.

    Elu au second tour en 2012 pour sept ans face à Abdoulaye Wade (2000-2012), M. Sall a saisi en janvier le Conseil constitutionnel de son projet de réforme de la Loi fondamentale prévoyant, conformément à sa promesse de campagne, une réduction immédiate du mandat du chef de l’Etat (le nombre de mandats étant limité à deux consécutivement).

    “Le président de la République a échoué. A l’incompétence qui lui était reconnue, il vient d’ajouter le déshonneur. Il nous faut à présent tourner sa page, fixer un cap vers le vrai changement qui redonnera toute sa crédibilité à la parole politique”, a déclaré l’ex-Premier ministre et opposant Idrissa Seck.

    “Lorsque la crédibilité de la parole présidentielle s’effondre, aucune autre de ses actions ne présente un intérêt”, a ajouté M. Seck lors d’un point de presse.

    Le mouvement “Y’en a marre”, à la pointe du combat en 2012 contre un troisième mandat du président Wade, a également accusé son successeur de revenir sur sa parole et annoncé qu’il ferait campagne pour le non.

    “Nous allons nous mobiliser et faire campagne pour que le non l’emporte au référendum. C’est sa réforme à lui (Macky Sall) et non celle du peuple. Des choses essentielles ont été extraites” du projet de révision constitutionnelle, a déclaré à l’AFP un responsable de “Y’en a marre”, Alioune Sané, citant la non-application du quinquennat au mandat en cours.

    Macky Sall “a renié sa parole et trouvé un subterfuge en s’adossant au Conseil constitutionnel”, a ajouté M. Sané.

    Le Sénégal a “raté une occasion formidable avec cette décision qui est un grand bond en arrière”, a quant à lui estimé sur la radio Futurs médias Alioune Tine, actuel directeur régional d’Amnesty International et ancien coordonnateur du Mouvement du 23 juin, une organisation qui s’était également beaucoup investie contre un troisième mandat de Wade.

    Anticipant ces critiques, M. Sall a affirmé avoir obligation de se “conformer à la décision du Conseil constitutionnel”, citant l’article 92 de la Constitution selon lequel les décisions de cette juridiction “s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles”.

    AFP

  • Zimbabwe: le retour à la terre des fermiers blancs

    Zimbabwe: le retour à la terre des fermiers blancs

    fermiers_-A la fin des années 1990, le Zimbabwe était le grenier à céréales du continent. Le pays comptait aussi parmi les premiers exportateurs de tabac au monde. Mais la confiscation des terres détenues par les agriculteurs blancs, lancée dans la violence il y a quinze ans, a mis le pays à genoux. Ces fermiers étaient 4 000 à la fin du siècle dernier, ils ne sont plus que 150 aujourd’hui. Leurs hectares ont été donnés le plus souvent à des soutiens du président Robert Mugabe. La plupart des bénéficiaires noirs ont laissé ces terres arables à l’abandon, soit par désintérêt, soit parce qu’ils n’avaient pas été choisis parmi les agriculteurs ayant le savoir-faire requis ou n’avaient pas les fonds et les moyens pour les exploiter. Aujourd’hui, avec la caution et même les encouragements du gouvernement de Mugabe, les Noirs sont de plus en plus nombreux à solliciter l’aide des Blanc qui acceptent volontiers de retourner à la terre. C’est le premier volet de notre série de reportages sur le Zimbabwe.

    De notre envoyé spécial à Beatrice, Nicolas Champeaux

    Les herbes sont hautes, les buissons touffus et les vieilles clôtures sont à terre. La nature a repris le dessus sur cette parcelle en périphérie de Beatrice, au Zimbabwe. Elle a été confisquée à un fermier blanc en 2003 et donnée à deux vétérans de la lutte pour la libération. « C’est la portion qui est exploitée par mes deux partenaires », explique au volant de son 4×4 Claude Dreyer, un agriculteur blanc âgé de 58 ans.

    Le partenariat commercial que Claude a noué ne porte que sur une partie des terres allouées à ses deux associés : « Pour rendre service, j’ai tout de même planté sur leur portion ce maïs qui arrive à peine aux genoux. Ce n’est pas irrigué, mais ça permet de nourrir un peu la communauté. » Ses deux partenaires noirs n’étaient pas parvenus à exploiter la terre parce qu’ils n’avaient pas les moyens de lever des fonds. Les invasions des fermes tenues par les agriculteurs commerciaux d’origine européenne ont été lancées au début des années 2000 dans la plus grande improvisation. Les deux associés ont donc cherché à s’associer avec un fermier blanc. D’après les termes du contrat de trois ans renouvelables, signé en avril 2015, Claude a l’usufruit d’une parcelle de 20 hectares. Selon le document, validé par le gouvernement, il peut les cultiver comme il l’entend, ses partenaires n’ont aucun droit de regard. En échange, il doit verser à ses deux associés une allocation mensuelle, indexée sur les profits. Claude s’est aussi engagé à aider ses partenaires, qui ont refusé de nous parler, à mieux exploiter les hectares qu’ils ont conservés.

    « Je m’engage dans une terre inconnue »

    En tout, Claude a investi un quart de million de dollars sur ses 20 hectares. « Vous allez voir, on arrive à mon projet, et là c’est autre chose, en plus vous avez de la chance, mes gens sont encore au travail », explique fièrement Claude, toujours au volant, à l’embouchure d’une piste cabossée.

    Alors que le soleil se couche, une quinzaine d’ouvriers agricoles, payés quatre dollars US la journée, vident des sacs de maïs à l’arrière d’un camion. Un contremaître remplit un tableau au stylo dans son cahier. Derrière le groupe se dressent, sur plusieurs hectares, des tiges de maïs aussi grandes qu’un basketteur du championnat américain NBA. « Ce champ fait partie de ma portion de la joint-venture (société commune NDLR). J’ai dû retaper tout le système d’irrigation sous-terrain », explique Claude avant de nous emmener sur une berge de la rivière Mupfure. Il nous montre, non sans fierté, les deux pompes qu’il a installées. L’une fonctionne à l’électricité, mais en raison des nombreuses coupures de courant, une autre tourne au diesel.

    Outre l’irrigation, Claude a aussi dépensé beaucoup d’argent pour débroussailler, acheter des équipements, des semences, et il emploie quarante saisonniers. Divorcé, remarié et père de quatre enfants, il a vendu sa maison pour financer cette aventure. « Je m’engage dans une terre inconnue, reconnaît Claude, le visage creusé de rides. J’ai vendu ma maison. Je n’aurais pas pu monter cette opération sans capital de départ. Les banques ne m’auraient jamais prêté d’argent, car la terre n’est pas à moi et parce que le contrat ne dure que trois ans renouvelables. J’espère dégager des profits d’ici deux ans. Mais je suis prêt à prendre ce risque, car je pense que c’est la marche à suivre pour le Zimbabwe. »

    Claude avait préalablement consulté le fermier blanc qui était propriétaire de ces terres et qui a été expulsé. « D’un point de vue éthique, je tenais à le voir, et il m’a donné son feu vert. Il m’a même aidé, il m’a indiqué où étaient enterrés certains canaux d’irrigation », se souvient notre hôte, cigarette au bec et sourire aux lèvres.

    Au retour de notre promenade, nous rencontrons Stoff Hawgood. Sa ferme jouxte les terres des deux associés de Claude. C’est lui qui l’avait introduit auprès d’eux. Stoff est heureux d’avoir joué le rôle d’entremetteur: « Je crois que les autorités commencent à comprendre qu’il y a au Zimbabwe des gens qui ont accès à la terre, mais qui sont sans ressource, et d’autre part des gens qui ont des ressources, mais qui n’ont pas accès à la terre. Le gouvernement essaie donc de faire en sorte que cette terre soit de nouveau rentable en autorisant les détenteurs de capitaux à accéder légalement à la terre pour relancer la production. »

    Un aveu d’échec du gouvernement Mugabe

    Le recours aux fermiers blancs, par le biais de ces joint-ventures, est un aveu d’échec de la part de la ZANU-PF au pouvoir, parti anti-impérialiste issu de la lutte pour l’indépendance. Le cas de Stoff Hawgood est, en soi, éclairant. Il emploie aujourd’hui quatre cents personnes, contre mille il y a une quinzaine d’années. En 2004, les autorités ont nationalisé les terres, et il a perdu le titre de propriété du demi-millier d’hectares acquis par ses parents en 1955, mais il n’a jamais été expulsé.

    En 2010, les autorités l’ont approché pour qu’il se mette en règle et postule pour pouvoir être l’occupant légal de la terre de ses parents. « Je fais pousser du soja, j’ai 200 hectares de maïs, 140 hectares de pommes de terres, ils donnent quarante tonnes de patates par hectare, et je produis dix mille litres de lait par jour. Les autorités ont dû voir que j’étais très productif et j’aide l’hôpital de campagne et les écoles, j’ai été sur cette ferme toute ma vie, j’ai beaucoup travaillé avec la communauté et je suis toujours resté à l’écart de la politique », explique Stoff avec conviction. Aujourd’hui, il continue d’investir avec parcimonie, mais il n’est pas prêt à prendre les mêmes risques que son ami Claude : « L’Etat a nationalisé les terres, nous ne pouvons plus convaincre nos banques de nous prêter de l’argent en leur disant que nous pouvons vendre en cas de coup dur. Et les agriculteurs ne veulent pas investir leurs deniers personnels ».

    Claude lui est prêt à ce sacrifice. « Je suis heureux de travailler avec ceux qui se sont vu octroyer des terres, c’est une expérience rafraîchissante. Selon moi, depuis le début, ces terres devaient revenir aux populations indigènes. On aurait pu éviter les violences auxquelles on a assisté. Entre l’indépendance en 1980 et les années 2000, les Blancs auraient dû prendre les devants, être plus coopératifs et proposer un accord avec le gouvernement. Les Blancs n’ont pas eu la bonne attitude », soupire Claude.

    Son ami Stoff n’est pas tout à fait d’accord : « Les Blancs ont commis l’erreur de se mêler de politique. Mais il est injuste de dire qu’ils n’ont rien fait pour corriger les inégalités héritées du passé. Je pense que tout le monde est fautif, on ne peut pas tout mettre sur le dos des Blancs, même s’ils auraient pu faire plus. De toute façon la réforme agraire est un processus. Les difficultés économiques du pays font qu’aujourd’hui tout le monde est prêt à se retrouver autour de la table et à identifier la marche à suivre. »

    Les autorités semblent sur la même longueur d’onde et assument pleinement ces partenariats entre les vétérans de la guerre de libération et les fermiers noirs. Ils résultent d’une décision du Conseil des ministres. Le gouvernement encourage même les fermiers blancs qui ont quitté le Zimbabwe à revenir au pays et à investir. C’est indéniablement un revirement.

    « Le Zimbabwe a besoin de l’expertise et des capitaux des fermiers blancs qui ont rejoint la diaspora et nous disons à tous ceux qui ont fui et qui sont attachés sentimentalement au Zimbabwe qu’ils peuvent revenir », a indiqué à RFI Christopher Mutsvangwa, ministre en charge des Vétérans. Joint au téléphone, il s’est aussi livré à une sorte de mea culpa : « La terre au Zimbabwe doit de nouveau être envisagée sous l’angle de la productivité. Cette terre par le passé a été prise en otage pour régler des comptes, mais au Zimbabwe, cette ère est révolue nous sommes passés à autre chose ». C’est un important revirement et peut-être le début d’un nouveau chapitre de l’histoire tumultueuse de la terre au Zimbabwe.

    RFI

  • Les éléments qui dérangent Ouattara et Paris dans le documentaire de Canal+

    Les éléments qui dérangent Ouattara et Paris dans le documentaire de Canal+

    bombardement-bouake-Qu’est-ce qui dérange tant l’Etat français et le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara dans l’enquête de Spécial Investigation interdite de diffusion sur le bouquet Afrique de Canal+ lundi dernier? Plusieurs éléments:

    1. Les déclarations du général De Malaussène (Force Licorne et commandement français en 2004-2005) sont un élément nouveau: « Je ne crois pas une seconde que ce soit Gbagbo qui ait donné l’ordre à ces pilotes biélorusses de tirer sur les soldats français. Je n’y crois pas une seconde. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette affaire est extrêmement trouble, que l’on ne veut pas savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les soldats français.» Et le général de poursuivre: « La chaine de commandement française a fonctionné comme elle le souhaitait. On revient à la question de fond: Pourquoi on a laissé partir les pilotes et pourquoi on ne les a pas arrêtés pour savoir qui était le premier donneur d’ordre. On n’a pas voulu le savoir, ou alors on le sait et on n’a pas voulu le diffuser.»

    2. Le témoignage du traducteur Ouraga est un élément nouveau. Les pilotes biélorusses étaient entre les mains de l’armée française, au Gatl, entre le 07 et le 11 novembre 2004.

    3. Les images déclassifiées qui prouvent que l’armée française a filmé les pilotes des Sukhoi à leur atterrissage après le bombardement de la base française, sans les interpeller, sont un élément nouveau.

    4. Les déclarations sous serment devant les juges d’instruction français du ministre de l’intérieur togolais à l’époque des faits, François Boko, sont un élément nouveau: « Nous avions l’intime conviction qu’ils [les pilotes biélorusses] avaient bombardé la position française et c’est ainsi que nous avons sollicité à la fois la Dgse et le Sctip qui ont demandé à Paris la conduite à tenir. Les instructions données étaient de ne rien faire par rapport à ces biélorusses.»

    5. Les déclarations de David Senat, conseiller juridique de Michèle Alliot-Marie au ministère de la Défense, sont un élément nouveau: il contredit frontalement Alliot-Marie, qui avait affirmé que c’est le cadre juridique (l’absence de mandat d’arrêt international) qui n’aurait pas permis l’interpellation des pilotes: « Ni au moment du bombardement le 6 novembre, ni après du 16 novembre au mois de décembre, c’est à dire au moment où les pilotes ont été libérés.  Je n’ai pas été informé de ces événements (…) L’analyse juridique n’a pas été faite. Par personne. Ni requise. C’était purement politique.»

    6. Les déclarations de l’avocat des familles des soldats tués sont un élément nouveau.

    et aussi,

    7. Alassane Dramane Ouattara, pour la première fois, est présenté officiellement par Canal+ comme le chef de la rébellion, et non plus la marionnette Soro.

    En fait, tout est dérangeant dans ce reportage. L’opération Dignité menée par l’armée ivoirienne les 4 et 5 novembre 2004 avait causé la débandade totale chez les rebelles. Le bombardement jamais élucidé jusqu’ici de la base des soldats français le 6 novembre 2004 avait permis à Paris de retourner in extremis la situation en faveur des hommes de Ouattara, qu’elle soutenait.

    Comme le dit Edwige, la mère du soldat français David dans le reportage: « Mon fils n’est pas mort pour la France. Il a été sacrifié par la France.»

    (LIDER News)

  • RWANDA :: CHAN 2016, Kigali : Cest leau qui manque le plus aux reporters

    RWANDA :: CHAN 2016, Kigali : Cest leau qui manque le plus aux reporters

    Penuried-eau a Kigali-Dans la capitale rwandaise, les robinets ne laissent couler le précieux liquide que de façon sporadique.

    A cause des problèmes d’eau, Raphael Happi et Guy Suffo, deux photographes camerounais venus couvrir la quatrième édition du CHAN ont déjà changé d’hôtel à trois reprises, depuis leur arrivée à Kigali, le 14 janvier 2016. Dans plusieurs hôtels et guest houses de la ville, les robinets ne laissent couler le précieux liquide que de façon sporadique (parfois quelques minutes par jour), pourrissant ainsi la vie aux reporters.

    Arrivé le dimanche 17 janvier dans la capitale rwandaise, Lindovi Ndjio, journaliste au quotidien La Nouvelle Expression et Lionel Emani Tchokonté, de la Radio Tiemeni Siantou (RTS) vivent le même calvaire dans une résidence qui les a accueillis au quartier « Démarrage », tout juste en face du Stade Amahoro de Kigali. « Pendant deux jours, je n’ai pas pu me laver à cause des problèmes d’eau. Il y a trop de coupure ici », confie Lindovi. Si Guy Roger Obama, logé au Centre catholique Christus ne souffre pas de ces coupures permanentes, il se plaint de la qualité du liquide issu du forage prévu par la structure chrétienne. « Parfois, la couleur est inquiétante. On ne peut avoir le courage de la boire, on ne peut que l’utiliser pour se laver », indique le journaliste de Magic FM, radio basée à Yaoundé.

    Les habitants de Kigali semblent déjà habitués à ces coupures récurrentes. C’est pour cette raison que la plupart des maisons ou hôtels prévoient toujours des fûts pour des réserves. Mais en général, les quantités gardées peinent à satisfaire tout le monde.
     (Camer-sport)

  • La CPI présente ses excuses pour une terrible erreur

    La CPI présente ses excuses pour une terrible erreur

    Gbagbo- ble-Des noms de témoins protégés ont, par inadvertance, été révélés par la Cour.

    Le juge Cuno Tarfusser, qui préside la chambre de la Cour pénale internationale (CPI) chargée de juger l’ex-président de Côte-d’Ivoire, Laurent Gbagbo, au pouvoir jusqu’au 11 avril 2011, et son ancien bras droit, Charles Blé Goudé – surnommé le “général de la rue” pour son influence sur les milices de jeunes gbagbistes – a présenté lundi ses excuses pour la terrible erreur faite par son tribunal vendredi dernier. Les deux hommes sont poursuivis pour crimes contre l’humanité.

    Huis clos avec micros

    Vendredi dernier, le juge Tarfusser avait ordonné le huis clos, à la demande du procureur Eric McDonald, pour évoquer le cas de témoins protégés.

    Il s’agit de personnes qui ont accepté de témoigner sur le système Gbagbo, qu’ils ont connu de l’intérieur, en échange d’une protection de la CPI, leur témoignage mettant leur vie en danger. Le bureau du procureur leur garantit notamment l’anonymat.

    Le procureur s’est inquiété du cas de quatre repentis – qui furent proches des accusés – dont certains blogueurs, indiquait Eric McDonald, cherchent à percer l’anonymat. Et le procureur, se croyant à l’abri du huis clos, de citer les identités de ces quatre témoins protégés. Las, les micros reliant la salle d’audience à la chaîne publique de la CPI n’étaient pas fermés! En quelques minutes, les noms des quatre repentis ont alors été diffusés sur les réseaux sociaux et sur YouTube.

    La CPI a promis “une enquête” pour déterminer les responsables de cette faute. En attendant, les réactions hostiles aux témoins protégés ne se sont pas fait attendre.

    Deux d’entre eux ayant réagi publiquement, nous pouvons citer leurs noms. Il s’agit de l’ancien chef d’état major de l’armée de Laurent Gbagbo, le général Philippe Mangou. Ce dernier a réagi auprès de médias en ligne ivoiriens.

    Si encourager Monsieur Laurent Gbagbo, le 11 mars 2011, à démissionner, au moment où lui-même demandait mon avis sur la question, pendant que l’armée était à court de munitions (…), que les Ivoiriens mouraient et qu’ils ne pouvaient ni manger ni se soigner, c’est trahir, alors j’ai trahi.”

    Famille menacée

    Un autre des témoins protégés, l’ex-bras droit de Blé Goudé, surnommé Sam l’Africain, s’est justifié auprès d’un autre média ivoirien, Inter.

    Il a expliqué qu’un mandataire de la CPI était venu le voir en prison parce qu’il était co-auteur de crimes durant la crise ivoirienne, afin de lui poser des questions sur son rôle durant la crise. “A ces questions, il faut qu’on réponde. Donc, c’est normal que je sois un témoin de la CPI”, avant d’assurer qu’il n’allait pas à la CPI pour témoigner contre Laurent Gbagbo. “Je suis un témoin de la crise ivoirienne, mais je ne suis pas un témoin contre quelqu’un ni pour quelqu’un. J’ai répondu pour les faits que j’ai vécu, alors pourquoi ces scandales?!”, s’est-il indigné. Et de demander qu’on cesse de menacer sa famille en Côte-d’Ivoire.

    Le juge Tarfusser s’était fait connaître lorsqu’il avait fait arrêter l’avocat de Jean-Pierre Bemba, Me Aimé Kilolo, un de ses collaborateurs, un témoin et un parlementaire congolais du parti de M. Bemba, en novembre 2013, pour “atteinte à l’administration de la justice”. Accusés de subornation de témoins, ils furent détenus jusqu’en janvier 2015 et leur procès a commencé en septembre dernier.

    Lalibre