Tag: Obama

  • Etats-Unis : Obama, quel bilan ?

    Etats-Unis : Obama, quel bilan ?

    obama-Le 8 novembre, les Américains éliront le successeur de Barack Obama à la Maison Blanche. Après huit années au pouvoir, quel bilan peut-on dresser des deux mandats du président sortant des Etats-Unis ?

    « Ensemble, nous changerons ce pays et nous changerons le monde. » Par ces mots prononcés lors de la campagne présidentielle de 2008, Barack Obama, candidat du Parti Démocrate, promet à ses concitoyens un nouvel espoir. Le 4 novembre, il est élu 44e président des Etats-Unis avec 53% des suffrages. Celui qui est aussi et surtout le premier président afro-américain hérite d’un pays en pleine crise économique et financière, la pire depuis le krach boursier de 1929.

    Barack Obama passera huit ans à la tête de la première puissance mondiale. Selon un sondage Washington Post-ABC News de juin 2016, il s’apprête à quitter la Maison Blanche – un président des Etats-Unis ne peut être candidat à un troisième mandat – plus populaire que jamais, avec 56% d’opinions favorables.

    Résultats socio-économiques

    Tout juste investit, début 2009, Barack Obama s’attaque à la réforme du système de santé. Il veut subventionner l’assurance maladie pour les plus pauvres afin de permettre à tous les Américains de bénéficier d’une protection sociale. Cette mesure est sa promesse de campagne la plus ambitieuse puisque plusieurs présidents, dont le dernier en date Bill Clinton, ont échoué à la mettre en place.

    Le Patient Protection and Affordable Care Act, l’”Obamacare”, est adoptée par le Congrès en mars 2010, après des mois de débats et de contestations au sein de la société civile et de la classe politique. Aujourd’hui, environ 20 millions de personnes ont pu souscrire à une couverture médicale grâce à cette loi. En revanche, l’”Obamacare” a entraîné l’augmentation du prix des assurances privées ce qui pénalise les foyers modestes. En 2015, selon le U.S. Census Bureau, le bureau des recensements américain, 9,1% de la population américaine n’a toujours pas d’assurance maladie.

    Le 23 mars 2010, Barack Obama signe la loi sur l'assurance maladie à la Maison Blanche à Washington.

    Le 23 mars 2010, Barack Obama signe la loi sur l’assurance maladie à la Maison Blanche à Washington.
    ©AP Photo/J. Scott Applewhite

    Avec un plan de relance de l’économie drastique de 790 milliards de dollars mis en place en 2009, sans le soutien des Républicains, Barack Obama réussit à faire passer le taux de chômage sous la barre des 5% (4,9% en août 2016). Il quitte le pouvoir en ayant ramené la croissance des Etats-Unis à un taux positif de 2,4% en 2015. En 2009, 10% de la population active était au chômage et le pays connaissait la pire récession de son histoire (-2,8%).

    Malgré ces mesures, les inégalités de richesse ont peu reculé. En 2015, sur une population totale de 321,4 millions d’habitants, quelque 43 millions d’Américains vivent encore sous le seuil de pauvreté selon le Census. Cela représente 3,5 millions de personnes de moins qu’en 2014, soit la meilleure amélioration depuis 1999. D’après l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), les Etats-Unis demeurent l’un des pays où l’écart entre riches et pauvres est le plus important.

    Une violence omniprésente

    Fin 2012, alors qu’il vient d’être réélu, Barack Obama doit faire face à la tuerie de Newton dans laquelle vingt enfants et sept adultes sont abattus par arme à feu dans le Connecticut. Cette tragédie le conduit à ouvrir le débat ultra-sensible sur le port d’armes, par ailleurs garanti par le deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis. Pour rappel, plus de 30.000 personnes meurent sous les balles chaque année aux Etats-Unis.

    Le président espère renforcer les contrôles d’accès aux armes à feu mais le Congrès, désormais à majorité républicaine et appuyé par la National Rifle Association (NRA) et la Gun Owners of America (GOA), les puissants lobbies des armes à feu, rejette le texte de loi du Sénateur Joe Manchin le 17 avril 2013. « Une journée déplorable pour Washington », regrette amèrement Barack Obama. C’est donc en signant plusieurs décrets en janvier 2013 et 2016 qu’il décide d’encadrer la vente d’armes à feu. Cependant, ces décisions risquent d’être annulées à tout moment par son successeur.

    Le 11 août 2014, la police de Ferguson, Missouri, s'approche d'un manifestant. 

    Le 11 août 2014, la police de Ferguson, Missouri, s’approche d’un manifestant.
    ©AP Photo/Jeff Roberson

    Le second mandat de Barack Obama est également ponctué par plusieurs meurtres racistes commis par des policiers ou des déséquilibrés. Trayvon Martin, Michael Brown, fusillade de Charleston… Ces affaires cristallisent les tensions raciales. L’Amérique s’embrase. De violents affrontements éclatent forces de l’ordre et manifestants, comme à Ferguson (Missouri) et à Baltimore (Maryland), entraînant bon nombre de bavures policières.

    Le président se veut néanmoins optimiste quant à la place des Noirs dans la société américaine. A Norma Percy, dans son documentaire Les Années Obama, il affirme : « Le fait que l’attention soit focalisée sur la façon dont les Noirs sont traités par la police peut donner l’impression aux gens que les relations interraciales se sont dégradées. En réalité, ces problèmes entre le système judiciaire et les Afro-Américains remontent à l’esclavage. Ceux qui pensent que la situation est pire que dans les années 50, 60 ou 70 n’ont pas vécu en tant qu’Afro-Américain dans ces années-là. »

    L’épine Guantánamo

    Barack Obama veut fermer le camp de détention militaire de Guantánamo. Il s’y attèle avec fermeté dès son arrivée à la Maison Blanche en 2009. A l’époque, 240 prisonniers de la « guerre contre le terrorisme » – entamée par George W. Bush en 2002 suite au 11-Septembre – y sont incarcérés et torturés dans le but d’obtenir des aveux. Une fois de plus, il se heurte au Congrès qui juge dangereux le transfèrement des détenus.

    Manifestation contre la prison de Guantánamo à Washington le 11 janvier 2015.

    Manifestation contre la prison de Guantánamo à Washington le 11 janvier 2015.
    ©AP Photo/Manuel Balce Ceneta

    Lors de la campagne de 2012, Barack Obama réitère. Il promet à nouveau la fermeture de la prison de Guantánamo, régulièrement critiquée par la communauté internationale pour non-respect des droits de l’Homme. Une soixantaine d’individus y sont encore enfermés selon le Pentagone. « Je ne suis pas prêt à renoncer », déclare-t-il le 8 septembre 2016. A quatre mois de la fin de son mandat, parviendra-t-il à tenir son engagement ?

    Moyen-Orient : le chaos

    Le 10 décembre 2009, Barack Obama reçoit le Prix Nobel de la Paix à Oslo. Mais celui qui veut extraire son armée des guerres en Irak et en Afghanistan doit composer avec le Printemps arabe à partir de 2011. Contrairement à ses voisins, le dictateur syrien Bachar al-Assad refuse de quitter le pouvoir. L’opposition s’organise. L’ordre relatif du Moyen-Orient est troublé. Les Etats-Unis, qui soutiennent la rébellion, tentent de résoudre le conflit par voie diplomatique, en vain.

    Il faut attendre septembre 2014 et l’ascension fulgurante du groupe Etat islamique en Irak et en Syrie pour que les forces aériennes américaines commencent à bombarder les bastions djihadistes, notamment la ville syrienne de Raqqa. Deux ans plus tard, la guerre en Syrie s’enlise et ne trouve pas d’issue. Plus de 84.000 civils, dont 14.711 enfants, sont morts depuis le début du conflit.

    Joe Biden, vice-président, Barack Obama, Hillary Clinton, Secrétaire d'Etat, et les membres du bureau de la Sécurité nationale suivent la traque d'Oussama Ben Laden depuis la Maison Blanche à Washigton le 1er mai 2011.

    Joe Biden, vice-président, Barack Obama, Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat, et les membres du bureau de la Sécurité nationale suivent la traque d’Oussama Ben Laden depuis la Maison Blanche à Washigton le 1er mai 2011.
    ©Pete Souza/The White House via AP

    Le succès le plus emblématique de l’administration Obama au Moyen-Orient est l’exécution de l’ennemi public numéro : Oussama Ben Laden, chef du groupe djihadiste d’Al-Qaïda et instigateur des attentats du 11-Septembre. Le 1er mai 2011, le président annonce lors d’une allocution télévisée que le terroriste vient d’être tué lors d’une opération américaine au Pakistan. Des scènes de liesses éclatent. Les Américains jubilent.

    Alors que les troupes américaines se sont retirées d’Irak en décembre 2011, elles sont toujours en place en Afghanistan. Barack Obama ne peut tenir parole. Il juge la situation actuelle du pays trop instable pour amorcer un retrait définitif à court terme.

    Rapprochements diplomatiques

    Quelques jours avant Noël 2014, Barack Obama et Raul Castro annoncent simultanément la normalisation des relations entre Washington et La Havane. Après des mois de négociations secrètes, les deux pays mettent ainsi fin à un embargo datant de 1961. Le 20 mars 2016, la famille Obama concrétise cette annonce et se rend à Cuba. Il s’agit du premier voyage officiel d’un président américain en exercice depuis 88 ans. Le 31 août, la page de 55 années de querelles est définitivement tournée avec le décollage du premier vol commercial reliant la Floride à l’île caribéenne.

    Poignée de main historique entre les présidents américain et cubain, Barack Obama et Raul Castro, le 21 mars 2016 à La Havane.

    Poignée de main historique entre les présidents américain et cubain, Barack Obama et Raul Castro, le 21 mars 2016 à La Havane.
    ©AP Photo/Ramon Espinosa

    Le 14 juillet 2015, un accord historique sur le nucléaire civil est signé entre l’Iran d’une part, et les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie et la Chine d’autre part. Après douze années de négociations Téhéran a finalement réussi à obtenir une levée des sanctions à son encontre. L’Amérique d’Obama se félicite. Son ami Israël maugrée.

    La diplomatie américaine reprend son souffle, ses succès pendant l’exercice du pouvoir d’Obama sont parcimonieux.

    Echec sur la réforme de l’immigration

    Pour ses dernières semaines à la Maison Blanche, Barack Obama essuie un sérieux revers. Le 3 octobre 2016, la Cour Suprême confirme le blocage de ses décrets annoncés fin 2014, suite au blocage systématique de sa réforme de l’immigration par les Républicains du Congrès. Ceux-ci concernent la régularisation de cinq millions de clandestins, majoritairement hispaniques, en leur octroyant un permis de travail. En ce moment, 11 millions de sans-papiers vivent illégalement sur le territoire américain.

    En décembre 2010, le projet de loi DREAM Act, portant sur le développement, le secours et l’éducation pour les mineurs étrangers, est aussi rejeté par le Congrès. Dès sa première course à la Maison Blanche en 2008, Barack Obama fait pourtant de l’immigration son cheval de bataille. C’est ainsi qu’il obtient le soutien de la communauté latino, électorat incontournable pour remporter une élection aux Etats-Unis.

    Manifestation pro-immigration devant la Cour Suprême le 15 janvier 2016.<br /> "Do you want my vote ? Say no to deportations !" (Vous voulez mon vote ? Dites non aux expulsions !)

    Manifestation pro-immigration devant la Cour Suprême le 15 janvier 2016.
    “Do you want my vote ? Say no to deportations !” (Vous voulez mon vote ? Dites non aux expulsions !)
    ©AP Photo/Susan Walsh

    L’immigration reste donc un sujet inéluctable de la campagne présidentielle de 2016. Et les positions des partis Républicain et Démocrate sont aux antipodes. Le conservateur Donald Trump construira un mur entre les Etats-Unis et le Mexique et promet un « filtrage extrêmement poussé des migrants » s’il est élu. Hillary Clinton, elle, encourage l’obtention de la citoyenneté et se positionne en faveur du regroupement familial.

    Dans Les Années Obama, Barack Obama confie à Norma Percy sa frustration sur l’échec de sa réforme sur l’immigration. Il semble néanmoins satisfait de ses huit années passées à la tête de l’exécutif américain : « Tous ces éléments sont autant de pavé sur la route qui mène à une union plus parfaite. Le chemin est encore long. Mais je suis convaincu que sur le plan de la justice et de l’égalité on est mieux lotis aujourd’hui qu’à mon arrivée. »

    tv5

  • Le pape François arrive aux Etats-Unis entre espoirs et soupçons

    Le pape François arrive aux Etats-Unis entre espoirs et soupçons

    pape-usa-Venu de Cuba, le pape François doit atterrir mardi après-midi aux Etats-Unis pour un voyage délicat, accueilli dans un geste inédit par le couple Obama, entouré d’espoirs d’une majorité d’Américains mais aussi des réserves d’une minorité.

    Le premier pape latino de l’Histoire posera le pied sur le sol des Etats-Unis pour la première fois de sa vie à 16H00 heures locale (22H00 GMT) à la base militaire Andrews, près de Washington.

    Le président américain Barack Obama, un protestant qui ne cache pas son admiration pour ce “pape des pauvres”, et sa femme Michelle, l’accueilleront à sa sortie de l’avion.

    Les médias américains, fortement présents dans l’avion papal, ont accordé une grande importance au voyage d’un pape argentin plébiscité par deux tiers des Américains.

    Mais son radicalisme social lui vaut aussi de très vives inimitiés chez les conservateurs et les milieux économiques libéraux, de Wall Street au Tea party jusque dans les rangs des Républicains.

    Le fait qu’il vienne de Cuba, où il a évité de critiquer fortement le président Raul Castro, ne fait qu’irriter un peu plus ceux qui jugent que ce pape est un marxiste déguisé ou un traître à la foi catholique, qui serait trop souple sur la doctrine.

    Outre sa rencontre avec le président Obama à la Maison Blanche mercredi, François est particulièrement attendu jeudi devant le Congrès, et vendredi à la tribune des Nations unies, sur des thèmes hautement explosifs.

    Parmi ces sujets, mentionnés dans ses écrits, figurent la protection et l’accueil des immigrés; la défense de l’environnement, avec un plaidoyer ferme pour une révolution énergétique radicale et la décroissance; la critique des dictatures de la technologie et de la finance; la dénonciation des responsabilités des vendeurs d’armes et des grandes puissances dans “la troisième guerre mondiale par morceaux” qu’il dénonce sans cesse.

    Le pape jésuite, connu pour son habilité et sa détermination, a préparé soigneusement pendant l’été les discours qu’il prononcera à Washington et New York.

    Et, s’il n’est pas anti-américain selon la plupart des experts, il est critique d’un certain dévoiement de l’idéal américain de liberté par les ultralibéraux.

    Sa visite aura lieu sous très haute sécurité, la police américaine voulant parer tout risque d’attentat contre un pape qui tient à se déplacer en voiture découverte pour être en contact avec les fidèles.

    Plusieurs rencontres avec les défavorisés de la société américaine, immigrés, sans logis, détenus, sont également programmés.

    Il a aussi prévu de présider à New York une cérémonie interreligieuse sur le site du World Trade Center, contre le terrorisme et pour le respect entre religions.

    Une autre cérémonie à Philadelphie avec la communauté hispanique exaltera les valeurs fondatrices de l’Amérique comme la liberté religieuse.

    A Philadelphie, il doit présider samedi et dimanche la fin d’une rencontre mondiale des familles catholiques, en présence d’un million et demi de personnes attendues. Là aussi sous très haute sécurité.

    Le souverain pontife doit quitter mardi vers 12H30 (16H30 GMT) une île en plein rapprochement avec les Etats-Unis, grâce au rôle de facilitateur du Vatican et du pape argentin.

    A 78 ans, il est apparu à Cuba éprouvé par la chaleur et un programme très chargé, jalonné de multiples contacts direct avec les foules.

    C’est à Santiago de Cuba, grand port de l’est de l’île, qui a vu naître la Révolution cubaine non loin de la base américaine de Guantanamo, que le pape argentin a terminé son étape cubaine.

    Dans la matinée, il a célébré sa dernière messe au sanctuaire de la Vierge de la charité “del Cobre”, niché dans les collines verdoyantes près de la ville où, la veille, il avait adressé une prière pour l’avenir le peuple cubain.

    Dans ce berceau de la révolution castriste, il a exalté une autre “révolution” qui apporte “la réconciliation”, basée sur la foi chrétienne qui a aidé des générations à résister aux “douleurs”, aux “pénuries” et au “désespoir”.

    Peu après, à la cathédrale de Santiago, il a béni la ville et salué devant des centaines de fidèles le rôle de la famille. “Prenons soin de nos familles, véritables centre de l’humanité”, a-t-il exhorté.

    Avec AFP

  • Barack Obama au Kenya, les cinq moments forts d’une visite historique

    Barack Obama au Kenya, les cinq moments forts d’une visite historique

    obama- sa soeur-Barack Obama a quitté Nairobi dimanche en direction d’Addis-Abeba, après deux journées historiques dans le pays natal de son père. Retour sur les moments forts de sa visite au Kenya.

    « L’Afrique est en marche », a martelé Barack Obama lors d’un discours teinté d’optimisme au premier jour de sa visite au Kenya, samedi 25 juillet, avant d’enchaîner des déclarations plus critiques sur l’homophobie et la corruption. Barack Obama en aussi a profité pour renouer avec sa famille africaine, qu’il n’avait pas vue depuis 2006, et se laisser aller à quelques pas de danse…

    Les retrouvailles avec sa famille kényane

    Bien qu’il n’ait pas pu se rendre au village natal de son père à Kogelo « pour des raisons de sécurité », Barack Obama a tout de même eu droit à des retrouvailles touchantes avec des membres de sa famille kényane, dès son arrivée vendredi 24 juillet au soir. Auma Obama, une demi-sœur du président, était présente sur le tarmac de l’aéroport de Nairobi pour l’accueillir.

    Ben Curtis/AP/SIPA

    Il s’est rendu avec elle en limousine dans un hôtel de la capitale où l’attendaient d’autres membres de sa famille, dont Mama Sarah, qu’il considère comme sa grand-mère.

    AFP

    « L’égalité des droits » pour les homosexuels

    Barack Obama avait promis d’aborder la question des homosexuels, pourtantqualifiée de « non-sujet » par le président Kenyatta avant son arrivée. Samedi 25 juillet, le président américain a réclamé l’égalité des droits pour les homosexuels en Afrique, comparant l’homophobie à la discrimination raciale envers les Noirs aux États-Unis.

    « J’ai été constant à travers toute l’Afrique là-dessus. Quand vous commencez à traiter les gens différemment, parce qu’ils sont différents, vous vous engagez sur un terrain où la liberté s’érode », a déclaré Barack Obama, devant son homologue kényan lors d’une conférence de presse. « En tant qu’Africain-Américain aux États-Unis, je suis douloureusement conscient de ce qu’il se passe quand les gens sont traités différemment devant la loi », a-t-il martelé.

    Uhuru Kenyatta a répondu qu’il y avait des « choses que, nous devons l’admettre, nous ne partageons pas ».

    Saul Loeb/AFP

    Coopération renforcée dans la lutte contre les Shebab

    Les États-Unis se sont engagés à accentuer leur coopération dans la lutte contre les Shebab, qui multiplient les attentats au Kenya depuis quelques mois. « Nous avons de façon systématique réduit les territoires que les shebab contrôlent. Nous avons pu réduire leur emprise réelle en Somalie et avons affaibli ces réseaux opérant ici en Afrique de l’Est », a déclaré Obama, en ajoutant que « cela ne veut pas dire que le problème est résolu ».

    La visite du président américain s’est d’ailleurs déroulée sous haute sécurité. Et la lutte contre le terrorisme sera sans doute au coeur de son discours au siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba, mardi 28 juillet.

    Evan Vucci/AP/SIPA

    Sur la piste de danse

    Sur une note un peu plus légère, le président américain s’est laissé aller à quelques pas de danse Lipala samedi soir, au rythme d’une chanson traditionnelle jouée par le groupe Sauti Sol. Il a été rejoint par le président Kenyatta et son épouse.

    Un appel à « changer les mentalités »

    Pour clore sa visite au Kenya, dimanche, Barack Obama a livré devant une foule conquise dans un complexe sportif de Nairobi un discours chargé d’émotion et rediffusé sur toutes les principales chaînes de télévision du pays. Il a notamment appelé à « changer les mentalités » en matière de corruption et d’éducation des femmes.

    « Le fait est que trop souvent, ici au Kenya, comme c’est aussi le cas dans d’autres endroits, la corruption est tolérée parce c’est comme ça que les choses ont toujours marché », a-t-il lancé. « C’est un boulet qui vous tire vers le bas », a-t-il lancé.

    Le président américain a aussi longuement dénoncé le tribalisme, jugeant qu’une « politique basée sur l’appartenance à une tribu ou à une ethnie est une politique qui condamne un pays à se déchirer » en faisant référence aux violences postélectorales qui ont déchiré le pays en 2008-2009.

    Après son discours, le président américain s’est livré à un rapide bain de foule, avant de s’envoler vers l’Éthopie.

    Evan Vucci/AP/SIPA

    Sabrina Myre

    Jeune Afrique

  • Obama plaide pour « une nouvelle dimension » des relations entre les États-Unis et l’Afrique

    Obama plaide pour « une nouvelle dimension » des relations entre les États-Unis et l’Afrique

    Obama-afrique-À la veille de son arrivée sur le sol kényan, le président américain, Barack Obama, a fait savoir qu’il souhaitait que les relations entre les États-Unis et le continent africain atteignent « une nouvelle dimension ».

    « L’Afrique est un lieu de dynamisme incroyable, où se trouvent certains des marchés les plus en croissance au monde, des gens extraordinaires, d’une résilience extraordinaire », a déclaré Barack Obama, le jeudi 23 juillet lors d’un discours livré devant des diplomates, responsables politiques et économiques, et des ONG africaines à la Maison Blanche.

    « C’est pourquoi, en tant que président, je travaille si durement pour que nos relations avec l’Afrique atteignent une nouvelle dimension », a-t-il ajouté en citant comme exemple la hausse des exportations américaines vers le continent, le lancement d’initiatives pour développer notamment le commerce, la santé, ou encore la sécurité alimentaire.

    Des liens avec l’Afrique « profonds, anciens et compliqués »

    Il a souligné que « les liens avec l’Afrique sont aux États-Unis évidemment profonds, anciens, et compliqués ». « Il y a eu parfois des incompréhensions, et parfois de la méfiance. Mais quand vous regardez toutes les études […] le peuple africain aime les États-Unis et ce qu’ils représentent. Peut-être de manière sans égal sur d’autres continents. »

    Et « ce qui est incroyable, quand vous regardez quel peuple est le plus heureux et le plus optimiste, les Africains sont toujours très bien placés malgré la pauvreté, malgré les conflits », a-t-il souligné.

    Ces déclarations surviennent alors que Barack Obama se trouve à moins de deux ans de la fin de son mandat. Le premier président noir des États-Unis a souvent été sous le feu des critiques pour ne pas avoir tissé des liens solides avec le continent.

    Obama s’envole jeudi pour Nairobi

    Obama s’envolera ce jeudi 23 juillet pour Nairobi, au Kenya, la terre de ses ancêtres, où il effectuera sa première visite en tant que président. Il se rendra ensuite en Éthiopie, où il sera le premier président américain de l’histoire à s’y déplacer.

    Le président américain ne changera pas le programme de son déplacement malgré la publication par l’autorité kényane de l’aviation civile de certains détails de sa visite au Kenya, comme son heure d’arrivée dans le pays, a précisé Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche mercredi 22 juillet. « Les détails du programme du président qui sont essentiels pour la sécurité sont des détails qui n’ont pas été rendus publics pour le moment », a déclaré Josh Earnest.

    La semaine dernière, l’ambassadeur des États-Unis à Nairobi a annoncé queBarack Obama ne visiterait pas le village de Kogelo où est enterré son père. Le président américain est attendu le vendredi 24 juillet dans la capitale kényane pour participer à un Sommet mondial de l’entrepreneuriat.

    (Jeune Afrique)

  • Semaine africaine pour Barack Obama

    Semaine africaine pour Barack Obama

    Barack Obama voyage-Le président américain recoit ce lundi à la Maison Blanche Muhammadu Buhari, le nouveau président du Nigeria. Il s’envolera jeudi pour Nairobi, puis remontera la vallée du grand rift au nord pour la capitale éthiopienne, Addis Abeba.

    Le president Obamasera  bientôt sur la terre de ses ancêtres. A l’occasion d’une tournee en Afrique, il fera sa première visite en tant que président au Kenya, patrie de son père.

    Lundi, le président américain recevra à la Maison Blanche Muhammadu Buhari, le nouveau président du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et première économie du continent.

    Il s’envolera jeudi pour Nairobi, puis remontera la vallée du grand rift au nord pour la capitale éthiopienne, Addis Abeba, où il sera le premier président américain de l’histoire à effectuer une visite.

    Le premier président noir des Etats-Unis s’est rendu quatre fois en Afrique depuis son élection, des visites qui n’avaient pas inclus le Kenya (Barack Obama s’y est déjà rendu avant son élection).

    Le père que Barack Obama dit n’avoir jamais vraiment connu est né dans l’ouest du Kenya, dans un village près de l’équateur et du Lac Victoria.

    Economiste, il a quitté sa famille quand Barack Obama avait deux ans. Il est mort dans un accident de voiture à Nairobi en 1982, à l’âge de 46 ans.

    Le “retour au pays” de Barack Obama a longtemps été empêché par l’inculpation du président Uhuru Kenyatta par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité, en raison de son rôle présumé dans les violences post-électorales fin 2007-début 2008.

    Ces poursuites ont été abandonnées en décembre, à cause de l’obstruction du gouvernement kényan, selon la procureure de la CPI, ouvrant en tout cas la voie à une visite présidentielle.

    “C’est évidemment important d’un point de vue symbolique, j’espère que cela montrera que les Etats-Unis sont un partenaire fort, pas seulement pour le Kenya mais pour l’Afrique subsaharienne”, a déclaré Barack Obama.

    Les deux présidents auront à discuter de commerce et de sécurité, mais la conversation prendra peut-être un tour personnel.

    Le père du président Obama était économiste pour le gouvernement du père de Uhuru Kenyatta, Jomo, qui dirigea le pays pendant 14 ans, de l’indépendance jusqu’à sa mort en 1978.

    Les deux hommes ne s’entendaient pas et Obama père finit par être limogé par Kenyatta père, un ostracisme qui contribua à son alcoolisme.

    Barack Obama, absorbé depuis 2009 par la récession américaine, les crises au Moyen-Orient, le terrorisme et son “pivot asiatique”, tâchera surtout de consolider son bilan africain.

    “Ce voyage est extraordinairement important pour le président”, dit l’ancien secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique, Johnnie Carson.

    Selon des sources diplomatiques, le débat fait rage en interne à la Maison Blanche pour déterminer si ce bilan doit inclure une tentative de résolution du conflit au Soudan du Sud, pays fondé en 2011 et ravagé par une guerre civile.

    Des dizaines de milliers de personnes sont mortes, et plus de deux millions ont fui leurs villages. Mais une plus forte implication américaine comporte des risques, a fortiori en cas d’échec politique.

     

    – Le Kenya meurtri par les attentats –

    Lors de sa première visite sur le continent, en 2009, Barack Obama avait appelé les Africains à prendre en main leur destinée, en leur lançant une version adaptée de son slogan de campagne: “yes you can!”, “oui, vous le pouvez!”

    Mais six ans après, l’ambition reste bridée par les problèmes de sécurité, de corruption et de violation des droits de l’homme.

    Le Kenya a été particulièrement visé par des groupes extrémistes. En 1998, les ambassades américaines à Nairobi et Dar es Salaam ont été éventrées par de terribles explosions, faisant des centaines de morts.

    En 2013, 67 personnes sont mortes dans le bain de sang perpétré par les islamistes somaliens shebab, alliés à Al-Qaïda, dans le centre commercial Westgate à Nairobi. Et en avril, les shebab ont massacré 148 personnes dans l’université Garissa, la plupart des étudiants.

    “Le Kenya est sur la ligne de front du combat contre le terrorisme, c’est pourquoi les Etats-Unis équipent et entraînent nos forces de sécurité”, a dit l’ambassadeur kényan aux Etats-Unis, Robinson Njeru Githae.

    Barack Obama participera à Nairobi à un sommet mondial de l’entrepreneuriat (Global Entrepreneurship Summit), une initiative lancée en 2010 et qui rassemblera des milliers d’entrepreneurs et d’entreprises.

    A Addis Abeba, Barack Obama devrait évoquer le déficit démocratique africain devant les dirigeants de l’Union africaine. Plus de 50 ONG africaines et internationales, dont Human Rights Watch et Freedom House, lui ont écrit pour le presser de ne pas faire l’impasse sur le sujet.

    (Avec AFP)

     

  • Le nègre de la Maison Blanche

    Le nègre de la Maison Blanche

    obama dubbing-C ‘est un mot de six lettres, symboliquement l’un des plus violents, des plus chargés, des plus haïssables et sans doute le plus raciste de la langue anglaise.

    Il aurait pu en choisir un autre, « negro », par exemple, aussi ambigu, connoté et méprisant que l’adjectif « nègre » en français, mais à qui Marcus Garvey et Martin Luther King donnèrent aussi un sens identitaire, comme le firent Senghor et Césaire pour son équivalent francophone. Parce qu’il estimait que lui, le premier président noir de l’histoire des États-Unis, pouvait se le permettre, Barack Obama a donc prononcé l’impensable lors d’une interview sur une radio de Los Angeles, le 22 juin : « nigger ». Phrase exacte : « Nous ne sommes pas guéris du racisme. Il ne s’agit pas seulement de ne plus dire « nigger » en public parce que c’est impoli ; ce n’est pas à celà que l’on mesure si le racisme existe toujours ou pas. »

    Buzz garanti : au pays du politiquement correct, tous les médias ont repris le mot tabou sans toutefois oser le dire. CNN l’a remplacé sur ses écrans par son initiale, le « N-word » (« le mot N »), Fox News l’a carrément bipé. Même si Obama, au cours du même entretien, est allé encore plus loin en affirmant que le racisme « fait toujours parti de notre ADN », les Américains n’ont retenu que ce mot-là, les plus outrés étant les conservateurs – ceux-là mêmes qui, en privé, ne se gênent pas pour user de cette insulte – comme si le déni valait tous les exorcismes.

    « Nigger ». Un mot qui renvoie directement à l’esclavage, au fouet des plantations, au Ku Klux Klan et aux lois Jim Crow sur la ségrégation raciale. L’équivalent du « kaffir » des maîtres blancs de l’apartheid. Un mot que les militants des Black Panthers et quelques rappeurs du ghetto comme Tupac Shakur se sont approprié pour prôner la violence révolutionnaire. Un mot qu’aucun président des États-Unis n’avait jamais osé prononcer en public depuis Abraham Lincoln, même si l’on sait qu’un Nixon ou un Johnson l’éructaient parfois dans l’intimité du Bureau ovale. Pire qu’un mot interdit : le cauchemar de l’Amérique.

    Si l’on en croit Valérie Jarrett, l’intime du couple, sa plus proche conseillère, la « sœur » de Michelle, avec qui elle partage une conscience aiguë des inégalités raciales aux États-Unis, cette provocation de Barack Obama a été parfaitement calculée et réfléchie. Cinq jours après le massacre de Charleston et dans un contexte national marqué par la multiplication des bavures policières contre des jeunes de la communauté noire, le président a voulu faire comprendre, quitte à choquer, qu’un Dylann Roof n’est pas seulement un être malade mais le produit de toute une mouvance suprémaciste aussi habile que les jihadistes de Daesh à infecter l’internet.

    Au-delà, le mot « nigger » correspond exactement aux clichés qui hantent l’esprit de millions d’Américains blancs tout droit sortis des romans de William Faulkner, ceux pour qui l’arrivée, en 2008, d’une famille noire à la Maison Blanche fut un traumatisme majeur et le révélateur d’un sentiment d’impuissance et de victimisation dont ils ne se sont toujours pas remis. C’est à eux qu’Obama s’adressait dans son interview et, quatre jours plus tard, lors de l’éloge funèbre qu’il a prononcé aux funérailles du pasteur Pinckney, l’une des neuf victimes de ce petit Blanc chômeur, déscolarisé et introverti, qui arborait sur son blouson les écussons de l’Afrique du Sud de Johannes Vorster et de la Rhodésie de Ian Smith.

    À moins d’une année et demie de la fin de son dernier mandat, il a fallu le drame de Charleston pour que Barack Obama, d’ordinaire si prudent sur le sujet, retrouve les accents de son formidable discours de Philadelphie, en 2008 (édité en français sous le titre De la race en Amérique) et l’inspiration des Rêves de mon père, ces Mémoires dans lesquelles, pour retracer l’ambiance de sa jeunesse, il cite à dix-neuf reprises le mot « nigger ». Pendant près de sept ans, le fait d’être à la fois le porteur de tant d’espoirs et le réceptacle de tant de haines avait paralysé le fils du Kényan Barack Hussein Obama Sr et de l’Américaine Ann Dunham. En osant enfin violer le tabou sémantique pour expliquer à ses compatriotes le chemin qu’il leur reste à parcourir avant de prétendre donner au monde des leçons d’égalité et de fraternité, c’est un peu de lui-même qu’il a aussi libéré.

    François Soudan

    par François Soudan

    François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

  • Charleston: l’éloge funèbre de Barack Obama aux obsèques du pasteur

    Charleston: l’éloge funèbre de Barack Obama aux obsèques du pasteur

    obama-Barack Obama a prononcé un éloge funèbre très politique, lors des obsèques du pasteur Clementa Pinckney à Charleston, dans l’église où un suprématiste blanc a tué neuf paroissiens voilà dix jours. Le président des Etats-Unis est revenu sur ce crime raciste, sur la circulation des armes et sur le drapeau confédéré, symbole des esclavagistes lors de la guerre civile américaine. Un emblème que la plupart des Etats du Sud ont décidé de retirer après la tuerie de Charleston, alors que ce débat était tabou jusque-là.

    Avec notre correspondante à WashingtonAnne-Marie Capomaccio

    Jamais Barack Obama n’avait été aussi direct sur les problèmes raciaux aux Etats-Unis. Avec cette année très mouvementée dans la communauté noire, depuis les émeutes de Ferguson ou Baltimore, puis cette tuerie raciste de Charleston, et peut-être la fin de son mandat approchant, le président américain ne reste plus dans le non-dit sur débat racial qui traverse le pays.

    La fusillade de Charlestonest un crime raciste, qui a eu lieu dans une église symbolique, une église brûlée par les suprémacistes blancs pendant la guerre civile, car les esclaves s’y réfugiaient. Barack Obama a rappelé la violence de la ségrégation contre les Afro-Américains : « Nous ne savons pas si le tueur connaissait cette histoire, mais il a senti la violence de son acte. Un acte qui rappelle une longue histoire de bombes et de tirs contre les églises, pas au hasard, mais comme un moyen de contrôle et d’oppression. »

    Le président américain est revenu sur le drapeau confédéré, symbole d’esclavagisme. Il faut retirer ce « symbole d’une oppression érigée en système, d’un assujettissement racial », a-t-il dit.Il a estimé que son retrait« ne serait pas un acte politiquement correct, ne serait pas une insulte à la valeur des soldats confédérés. Ce serait simplement la reconnaissance que la cause pour laquelle ils se sont battus, la cause de l’esclavage, était injuste ».

    Il a également fait référence aux inégalités sociales entre Noirs et Blancs et à l’impossibilité de légiférer pour contrôler la circulation des armes aux Etats-Unis. Barack Obama, plus prêcheur que président, s’est laissé emporter par l’émotion à la fin de son éloge funèbre en l’honneur du pasteur Pinckney.
    rfi