-L’armée ougandaise (UPDF) a annoncé avoir lancé vendredi des attaques contre des camps, dans l’est de la RDC, de rebelles ougandais musulmans du groupe Allied Defence Forces (ADF) accusés d’avoir tué 14 casques bleus début décembre dans cette région.
Les ADF “prévoyaient de mener des actions hostiles contre l’Ouganda”, a expliqué l’UPDF dans un communiqué, disant se baser sur des “informations partagées entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC)”.
“Par mesure préventive, l’UPDF a cet après-midi (vendredi) conduit des attaques contre leurs camps dans l’est de la RDC”, a ajouté l’armée ougandaise.
Dans la nuit du 7 au 8 décembre, 14 Casques bleus tanzaniens avaient été tués dans un raid contre leur base de Semuliki, dans la province du Nord-Kivu en RDC, non loin de la frontière avec l’Ouganda.
Il s’agissait de l’attaque la plus meurtrière contre une force onusienne dans le monde depuis 24 ans.
Elle a été attribuée aux ADF, un groupe présent dans l’est de la RDC depuis 1995, qui lutte contre le régime du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 31 ans en Ouganda.
Créées pour défendre les droits de musulmans s’estimant bafoués par l’homme fort de Kampala, les ADF avaient été progressivement repoussées vers l’Ouest par l’armée ougandaise, jusqu’à s’installer en RDC.
Les autorités congolaises et la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) accusent les ADF d’avoir tué plus de 700 civils depuis octobre 2014 dans la région de Beni et ses environs, dans le nord du Nord-Kivu.
Les autorités ougandaises, puis de RDC, ont tenté de lier les ADF – coutumières d’une violence aveugle – à l’internationale jihadiste, mais aucun expert travaillant sur la RDC n’a réussi à établir un tel lien.
Les ADF sont l’un des nombreux groupes armés actifs dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, les deux provinces orientales de la RDC frontalières de quatre pays (Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie) et de trois grands lacs (Édouard, Kivu et Tanganyika).
-Le gouvernement ougandais a admis avoir perdu la trace de 40 rebelles congolais s’étant échappés d’une base militaire ougandaise dans laquelle ils étaient cantonnés depuis 2014, tandis que 101 autres ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de rejoindre la République démocratique du Congo (RDC).
Plus tôt cette semaine, l’Ouganda avait pourtant nié que des ex-rebelles du Mouvement du 23 mars s’étaient échappés de la base de Bihanga (ouest, près de la frontière congolaise). Kinshasa avait affirmé dimanche qu’au moins 200 d’entre eux avaient pénétré en RDC depuis l’Ouganda et investi une localité du Nord-Kivu (est de la RDC).
Le M23 est un ancien groupe rebelle à dominante tutsi ayant fui la RDC après avoir été défait fin 2013 par l’armée congolaise. Plusieurs centaines de ses membres avaient alors trouvé refuge en Ouganda, où ils ont été cantonnés dans la base militaire de Bihanga.
Le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo, a indiqué jeudi dans un communiqué que certains ex-rebelles “ont furtivement quitté” la base, et que “le lieu où ils se trouvent actuellement est inconnu”.
“La nuit passée, la sécurité ougandaise a intercepté quatre véhicules à Mbarara transportant 101 anciens combattants du M23 en chemin vers la République démocratique du Congo”, a par ailleurs affirmé la même source. “Ces 101 (anciens combattants, ndlr) suivaient un autre groupe de 40 dont nous avons découvert qu’ils s’étaient échappés il y a sept jours”.
M. Opondo n’a pas précisé quand les autorités ougandaises se sont rendu compte de la disparition des 40 ex-rebelles.
Dernier mouvement des rébellions à dominante tutsi soutenues par le Rwanda et l’Ouganda dans l’est de la RDC, le M23 avait été défait en novembre 2013 par l’armée congolaise, appuyée par les Casques bleus de la mission de l’ONU en RDC (Monusco), après dix-huit mois de guérilla au Nord-Kivu.
Des centaines de ses combattants ont alors fui vers l’Ouganda et le Rwanda. Après les évasions de cette semaine, quelque 270 ex-rebelles se trouvent encore à Bihanga, selon M. Opondo.
Le porte-parole a également nié toute implication ougandaise dans l’évasion des ex-rebelles et ajouté que son pays ne soutient aucun mouvement armé visant à déstabiliser la RDC.
Les autorités congolaises accusent elles régulièrement le Rwanda et l’Ouganda d’avoir laissé “ces criminels (les ex-rebelles du M23) circuler librement” sur leur territoire alors qu’ils devraient être selon elles jugés.
-Yoweri Museveni, au pouvoir depuis trente ans, vient d’être réélu président de l’Ouganda pour un cinquième mandat de cinq ans, a annoncé, ce samedi 20 février, la Commission électorale ougandaise. L’opposition rejette cette « parodie d’élections ».
« La commission déclare que le candidat Yoweri Kaguta Museveni, ayant obtenu plus de 50% des suffrages valides exprimés, est élu président de la République d’Ouganda », a déclaré son président. M. Museveni a obtenu à la présidentielle du 18 février 2016 60,75% des voix, loin devant son principal rival, Kizza Besigye (35,37%). L’ancien Premier ministre Amama Mbabazi ne recueille que 1,43% des voix.
Arrivé au pouvoir en 1986, après avoir renversé l’autocrate Milton Obote, Yoweri Museveni est resté très populaire dans les campagnes et a bénéficié de la puissance financière et de l’expérience électorale de son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM).
Opposant arrêté
De son côté, l’opposant historique et principal rival, Kizza Besigye, 59 ans, jugeait que cette élection ne pouvait « pas être libre et équitable ». L’homme a d’ailleurs été été arrêté vendredi au siège de son parti, le Forum pour le changement démocratique, et emmené au poste de police de Nagalama à Kampala, où il a été détenu plusieurs heures avant d’être libéré. Il a fait parvenir un communiqué dans lequel il rejette les résultats et dénonce « un terrifiant coup d’Etat militaire ».
« Même si le scrutin a eu lieu dans un environnement calme et paisible dans la majeure partie du pays », les retards enregistrés jeudi à Kampala témoignent du « manque de transparence et d’indépendance de la Commission électorale », a estimé la mission de l’Union européenne (UE), en rendant ses conclusions préliminaires sur les élections.
Vote chaotique
Le premier tour de l’élection présidentielle et des législatives a été particulièrement chaotique à Kampala, réputée acquise à l’opposition: de nombreux bureaux ont ouvert jeudi avec plusieurs heures de retards, provoquant des heurts entre électeurs en colère et les forces de l’ordre. Selon un haut responsable du FDC, l’opposition disposerait de résultats marquant des « différences flagrantes » avec les chiffres officiels.
L’Ouganda, un pays enclavé d’Afrique de l’Est avec une population estimée à 37 millions d’habitants, n’a jamais connu d’alternance politique pacifique depuis son indépendance en 1962.
Reportage à Kampala
A l’annonce des résultats au stade Namboole où se tenait le centre de comptage, les équipes du parti présidentiel n’ont pas manqué de montrer leur enthousiasme, à l’image de Justine Lumumba Kasule, la secrétaire générale du NRM : « Félicitations au NRM, félicitations à Yoweri Kaguta Museveni, félicitations à tous les Ougandais qui sont épris de paix et qui ont vu le président Yoweri Kaguta Museveni comme la personne devant continuer à conduire ce pays. Diriger et garder l’Ouganda dans la paix pour les cinq prochaines années ».
Les équipes de Kizza Besigye n’étaient pas sur place, car le FDC ne reconnaît pas les résultats de ce scrutin. Charles Mutasa, un porte-parole du parti, dénonce le manque d’impartialité, selon lui, de la commission électorale : « Bien sûr, nous ne sommes pas d’accord avec cette élection. Le gouvernement d’Ouganda et le président Museveni ont volé ces élections. La commission électorale que nous avons ici n’est pas du tout indépendante. Elle travaille pour le dictateur Museveni. Et nous sommes un parti qui croyons que les résultats ne sont pas libres et équitables ». Charles Mutasa assure que des centres de comptages propres au parti travaillent encore et devraient donner leurs propres résultats.
Samedi soir, Kampala était très calme. De nombreuses boutiques sont restées fermées toute la journée par peur de violences à l’annonce des résultats. Mais pas de parades de supporters en ville : seuls quelques partisans de Museveni sont descendus dans la rue fêter la victoire de leur candidat. Les patrouilles des forces de l’ordre se sont poursuivies. En début de soirée, aucun heurt impliquant des opposants n’avait été signalé.
-Amama Mbabazi, ancien Premier ministre, qui a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2016, a intenté une action en justice contre le président ougandais.
Le porte-parole du candidat, Benjamin Alipanga, invoque, selon le quotidien ougandais the Monitor, “l’incapacité physique et constitutionnelle” de M. Museveni d’exercer ses fonctions “en raison de son âge”.
Dans le requête déposée à la justice, M. Mbabazi soutient que le président Museveni ne pourra pas “exercer un mandat présidentiel complet de cinq ans à partir de 2016, car il dépassera la limite d’âge prévue par la constitution ougandaise” au cours de ce mandat.
Yoweri Museveni, 70 ans, est au pouvoir depuis 1986. Des activistes l’accusent de mentir sur son âge afin de contourner la législation du pays qui fixe un âge limite de 75 ans au chef de l’Etat.
Yoweri Museveni avait affirmé en juin être en “excellente santé, à l’exception de quelques crises de paludisme, toux ou légères réactions allergiques nasales”, précisant qu’il n’y a “quasiment aucun effort physique” qui lui soit impossible, “à part s’accroupir.
Son adversaire, M. Mbabazi a lui 66 ans.
La requête sera examinée lors d’une audience le 17 juillet.