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  • Procès Gbagbo : la CPI se prononcera le 15 janvier sur les demandes de liberté provisoire et d’acquittement

    Procès Gbagbo : la CPI se prononcera le 15 janvier sur les demandes de liberté provisoire et d’acquittement

    La Chambre de première instance de la Cour pénale internationale (CPI) a fixé une audience mardi 15 janvier à 11 heures pour rendre sa décision sur les demandes de libération provisoire et d’acquittement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ainsi que de son ministre Charles Blé Goudé, poursuivis pour crimes contre l’humanité.

    La décision de la CPI est particulièrement attendue en Côte d’Ivoire, en particulier chez les partisans de l’ancien président ivoirien et de son ancien ministre de la Jeunesse, poursuivis pour crimes contre l’humanité commis dans le cadre des violences post-électorales en Côte d’Ivoire entre décembre 2010 et avril 2011. Leur procès dure depuis janvier 2016.

    Le 23 juillet, la défense de Laurent Gbagbo avait déposé une demande de non-lieu dans son procès et, le 3 août, la défense de Charles Blé Goudé avait déposé une requête pour non-réponse.

    Rumeurs et démentis

    La CPI avait annoncé la tenue d’une audience pour rendre sa décision le vendredi 14 décembre, au lendemain de l’audience organisée à huis clos partiel pour entendre les vues des parties et des participants. Mais cette nouvelle audience n’aura pas lieu. La rumeur de la remise en liberté des deux hommes avaient cependant enflé sur les réseaux sociaux. Plusieurs médias avaient même repris l’information, avant de publier des démentis. Des manifestations spontanées de plusieurs centaines de personnes avaient notamment été observées à Yopougon, fief de l’ancien président ivoirien.

    En attendant le verdict, les avocats de Charles Blé Goudé et de Laurent Gbagbo s’activent pour trouver des résidences d’habitation pour leurs clients à Bruxelles, la Belgique ayant été choisie pour accueillir les deux célèbres prisonniers ivoiriens.

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  • [Tribune] Les points sur la CPI

    [Tribune] Les points sur la CPI

    En tant que conseil à la Cour pénale internationale (CPI), mon rôle est de représenter mes clients, mais aussi de pointer les manquements de la Cour ainsi que ses excès. Pour noble que soit sa mission, elle n’est pas à la hauteur des espoirs placés en elle. Nous devons y remédier, d’abord en nous montrant juste et constructif dans la critique.

    Être juste envers la CPI commence par refuser qu’elle soit jugée pour ce qu’elle n’est pas. Non, ce n’est pas une cour mondiale des droits de l’homme telle que l’avait rêvée René Cassin en 1948 pour veiller au respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme, compétente pour la conciliation et les recommandations, et, en cas d’échec, dotée d’une vocation contentieuse. Après la purification ethnique en ex-Yougoslavie et le génocide du Rwanda, tous deux suivis de la création d’un Tribunal pénal international ad hoc par l’ONU, l’idée d’une juridiction permanente compétente pour de tels crimes avait fait un retour en force. Mais ce n’est pas ce qu’est la CPI.


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    N’intervenant que pour les crimes les plus graves, elle ne peut statuer que lorsque aucune justice nationale ne peut ou ne veut juger sérieusement un cas donné. La subsidiarité amenant la Cour à n’intervenir que si l’État-nation est défaillant ne saurait donc être le signe de son échec. La CPI n’est pas une cour supranationale. Elle est là pour juger, mais aussi pour rappeler aux États qu’ils sont les premiers à devoir juger les crimes relevant de son mandat, ce qu’ils font encore trop peu souvent. L’opinion publique, qui aurait le pouvoir de les y amener, ne se mobilise pas suffisamment.

    Il faut aussi rappeler que la CPI est indispensable pour juger le terrorisme, crime devenu transnational par excellence. Tant que les tribunaux de certains pays se disqualifient de par les compromissions de leurs gouvernants en la matière, une juridiction internationale devient le dernier espoir. Un exemple : bien que les terroristes détenus en zone de non-droit soient fondés à recevoir un procès équitable dans leurs pays, en France ou ailleurs en Europe, les rapatrier ne paraîtrait pas politiquement correct à l’opinion publique.

    Faille démocratique

    La preuve est faite : en droit international pénal, la CPI n’est pas une fin, elle est un moyen, le but véritable étant que les principes de droit qu’elle incarne soient adoptés par tous les systèmes judiciaires nationaux. Reste que son fonctionnement interne lui-même soulève des questions. Son procureur est choisi, comme les juges, par les membres de l’Assemblée des États parties.

    On a pris la mauvaise habitude de donner à la CPI un procureur qui ne relève pas d’un choix démocratique

    Cependant, lors du premier vote, une erreur grave a été commise : la Commission préparatoire a recommandé, pour que l’élu à ce poste sensible soit incontesté, que les États membres procèdent, par consensus de préférence, à un scrutin concurrentiel. On a ainsi pris la mauvaise habitude de donner à la CPI un procureur qui ne relève pas d’un choix démocratique et ne souffre pas de contestation de cet ordre. Tant que ce sera le cas, la Cour ne sera pas pleinement crédible en tant qu’exemple de la justice.

    Risques de corruption

    Autre écueil : puisque la CPI n’est pas un organe de l’ONU, elle doit assurer son propre financement, lequel repose principalement sur les cotisations des membres de son Assemblée des États parties. Néanmoins, ceux-ci n’ont guère de scrupules à réduire, voire retenir, leur contribution, parfois à des fins de chantage, tout en s’obstinant en déclarations favorables et en appels à une CPI plus ferme. Des modes de financement indépendants doivent donc être mis en place.

    La conduite du personnel doit aussi être plus strictement contrôlée face aux risques de corruption. Suite à un scandale de transactions privées douteuses, la Cour a d’ailleurs mis en place, en 2015, un « système de transparence financière » qui contraint ses dirigeants à déclarer tous les ans leur patrimoine.

    La meilleure réponse aux critiques se trouvera toujours dans les actes, et plus la CPI sera crédible en interne, mieux ses jugements seront acceptés et son exemple, suivi. Les destinées des États eux-mêmes dépendent parfois de ses décisions. L’acquittement de Jean-Pierre Bemba et celui, probablement imminent, de Laurent Gbagbo en sont la meilleure illustration.

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