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  • Tshisekedi atterrit à Kinshasa

    Tshisekedi atterrit à Kinshasa

    tshisekedi kin-L’avion transportant l’opposant historique congolais Étienne Tshisekedi a atterri mercredi à l’aéroport de Ndjili, dans l’est de Kinshasa, où l’attendaient plusieurs milliers de ses partisans, dans un climat politique tendu lié aux incertitudes entourant la prochaine présidentielle.

    Le jet privé, en provenance de Belgique, a atterri peu après 14h00 locales (13H00 GMT), ont constaté des journalistes de l’AFP.

    Une dizaine de cadres de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), et des responsables du “Rassemblement”, la plateforme d’opposition nouvellement créée en Belgique, attendaient au bas de la passerelle, selon ces journalistes.

    M. Tshisekedi “vient prendre la commande des opérations afin de nous amener à l’alternance qu’attendent les Congolais depuis des décennies”, a lancé Bruno Tshibala, secrétaire général de l’UDPS, quelques instants avant l’atterrissage de l’avion de l’opposant.

    Sur VOA Afrique, le professeur Jean-Claude Willame à l’Université Catholique de Louvain en Belgique et chercheur sur la RDC, parle d’un homme qui a “l’air très diminué” mais que son entourage considère pour le “future président”. “C’est de l’histoire ancienne Tshisekedi”, a souligné M. Willame.

    Agé de 83 ans, M. Tshisekedi est encore très populaire à Kinshasa et dans plusieurs autres villes du pays. Son retour, maintes fois annoncé, avait jusqu’à présent toujours été reporté.

    Le jet transportant l’opposant historique congolais et leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) Etienne Tshisekedi a atterri à l’aéroport international de N’Djili à son retour d’une longue convalescence l’étranger, à Kinshasa, RDC

    Le jet transportant l’opposant historique congolais et leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) Etienne Tshisekedi a atterri à l’aéroport international de N’Djili à son retour d’une longue convalescence l’étranger, à Kinshasa, RDC

    Il intervient dans un climat politique très tendu en RDC, l’opposition soupçonnant le président Joseph Kabila de vouloir se maintenir au pouvoir au delà du 20 décembre, date de la fin de son mandat.

    M. Kabila est au pouvoir depuis 2001, et la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat. Mais un arrêt récent de la Cour constitutionnelle l’a autorisé à rester en fonction si la présidentielle censée avoir lieu cette année n’était pas organisée.

    M. Tshisekedi avait été évacué de Kinshasa par avion médicalisé le 16 août 2014. Il a passé deux ans en convalescence en Belgique, l’ancienne puissance coloniale.

    A la mi-journée mercredi, des colonnes de ses partisans, arborant les couleurs de son parti avaient convergé vers l’aéroport international de Ndjili, où plusieurs milliers d’autres étaient déjà massés face aux installations aéroportuaires, sous la surveillance de nombreux policiers.

    Mercredi matin, l’un des porte-parole de l’UDPS, Augustin Kabuya, avait dénoncé auprès de l’AFP “l’ordre donné par le commandant de l’aéroport” à l’équipage “pour que l’avion du président Tshisekedi arrive à 17h00 (16h00 GMT) au lieu de 13h00 (12h00 GMT) afin d’empêcher un accueil délirant” de ses partisans.

    Refusant de commenter ces accusations, Georges Tabora, le commandant de l’aéroport de Ndjili, avait seulement indiqué à l’AFP que “l’heure d’atterrissage” qui lui avait été “communiquée (était) 14h00 (13h00 GMT)”.

    Pas de front d’opposition uni

    Ce retour de l’opposant intervient alors qu’un grand meeting politique de la majorité est prévu vendredi à Kinshasa. Un meeting de l’opposition, qui serait présidé par Étienne Tshisekedi, est également programmé dimanche dans la capitale. M. Tshisekedi ne s’est pour le moment pas déclaré candidat au prochain scrutin présidentiel.

    Jusqu’ici, l’opposition congolaise n’a jamais réussi à former un front uni contre le régime de M. Kabila.

    Fin novembre, le président Kabila avait annoncé son intention de convoquer un “dialogue national inclusif” en vue d’”élections apaisées” en RDC.

    Or le retour de M. Tshisekedi a lieu à quelques jours seulement du lancement des travaux préparatoires de ce “dialogue national” en RDC, selon le calendrier publié par le facilitateur de l’Union africaine, l’ex-Premier ministre togolais, Edem Kodjo.

    Mais, dans un communiqué publié dimanche à Bruxelles et signé par M. Tshisekedi, le “Rassemblement” d’opposition congolaise avait récusé M. Kodjo, estimant trop rapide le début des travaux.

    Opposant sous la dictature de Mobutu Sese Seko (1965-1997), et sous le régime de son successeur Laurent-Désiré Kabila, le père de l’actuel chef de l’État congolais, M. Tshisekedi était arrivé deuxième de la présidentielle de 2011, dont il avait rejeté les résultats.

    Son parti est miné par des divisions, mais reste une importante force de l’opposition disposée à discuter avec le pouvoir en vue de sortir de la crise.

    Les partisans de M. Tshisekedi ont toutefois conditionné leur participation au “dialogue national” par la libération de davantage des prisonniers politiques et d’opinion.

    voa

  • le parti de l’opposant historique Tshisekedi confirme son retour mercredi

    le parti de l’opposant historique Tshisekedi confirme son retour mercredi

    Etienne Tshisekedi, candidat  # 11
    Etienne Tshisekedi, candidat # 11

    -Le parti de l’opposant historique en République démocratique du Congo, Étienne Tshisekedi, a annoncé lundi à Kinshasa le retour au pays de son chef le 27 juillet, après près de deux ans de convalescence à l’étranger.

    L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) “vient de confirmer le retour au pays d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba”, a déclaré Bruno Mavungu, secrétaire général de ce parti lors d’une conférence de presse.

    M. Tshisekedi “arrive à Kinshasa le mercredi 27 juillet 2016 à 11 heures. Toutes les dispositions ont été prises en concertation avec le gouverneur de la ville de Kinshasa” pour le retour du vieil opposant, a-t-il ajouté sous les applaudissements des centaines de militants.

    M. Mavungu a invité la population de Kinshasa à “se mobiliser massivement” pour réserver au président de l’UDPS “un accueil délirant, [mais] dans le calme et la discipline”.

    M. Tshisekedi, octogénaire et en convalescence à Bruxelles, avait quitté la RDC le 16 août 2014 à bord d’un avion médicalisé.

    Maintes fois annoncé, le retour de M. Tshisekedi a toujours été reporté. Cette fois-ci, l’état d’avancement des préparatifs présage d’un retour certain du vieil opposant.

    Ce retour interviendra à quelques jours du lancement des travaux préparatoires au “dialogue national” en RDC, selon le calendrier publié par le facilitateur de l’Union africaine, l’ex-Premier ministre togolais, Edem Kodjo.

    Dans un communiqué publié dimanche à Bruxelles et signé par M. Tshisekedi, le “Rassemblement” d’opposition congolaise présidée par l’opposant avait récusé M. Kodjo, estimant trop rapide le début des travaux.

    Fin novembre, le président congolais Joseph Kabila avait annoncé son intention de convoquer un “dialogue national inclusif” en vue d’”élections apaisées” en RDC, où le climat politique est tendu.

    Samedi, M. Kodjo avait estimé que “tout le monde est maintenant dans les bonnes dispositions pour aller au dialogue proprement dit”.

    M. Mavungu a indiqué que l’UDPS participerait à ce dialogue national tout en demandant que “les choses soient bien faites”, une allusion entre autres à la libération de plus de prisonniers politiques.

    M. Kabila est au pouvoir depuis 2001, son mandat prend fin le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter.

    L’opposition soupçonne le chef de l’État de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat. Un arrêt récent de la Cour constitutionnelle a autorisé M. Kabila à rester en fonction si l’élection présidentielle censée avoir lieu cette année n’était pas organisée.

    Avec AFP

  • Etienne Tshisekedi reçu au ministère français des Affaires étrangères

    Etienne Tshisekedi reçu au ministère français des Affaires étrangères

    TSHISEKEDI-Une délégation de l’opposition de République démocratique du Congo (RDC) a été reçue, ce lundi 18 juillet, au Quai d’Orsay. Les représentants du rassemblement issu du Conclave de Bruxelles sont venus plaider leur cause à la direction Afrique du ministère, deux semaines seulement avant le grand meeting de l’opposition prévu à Kinshasa, le 31 juillet. La délégation était présidée par Etienne Tshisekedi, opposant historique et président de l’UDPS. L’opposition est sortie confiante et affirme avoir été entendue.

    Etienne Tshisekedi est entré au Quai d’Orsay soutenu par son fils, Félix Tshisekedi. Il y est resté environ une heure. C’est la première sortie publique, à l’étranger, du président de l’UDPS depuis son installation à Bruxelles, il y a près de deux ans.

    Aujourd’hui, il présidait une délégation d’une dizaine de représentants des coalitions politiques présentes à Genval, le mois dernier. Parmi eux, Olivier Kamitatu, du G7, et Martin Fayulu, de la Dynamique de l’opposition. Cette fois-ci, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, était également présent.

    Reçus par la direction Afrique du ministère, les opposants congolais disent avoir abordé la situation politique en RDC ainsi que l’organisation du dialogue national. Ils ont une nouvelle fois exprimé leurs conditions pour aller au dialogue, à savoir la mise en œuvre officielle de la médiation élargie, le respect de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies et le départ du président Joseph Kabila, en décembre prochain.

    Ils sont sortis satisfaits

    L’opposition assure avoir rencontré non seulement la direction Afrique du ministère des Affaires étrangères, mais aussi des représentants des Etats-Unis, de l’Union Européenne, de l’Allemagne et de la Belgique. Selon Freddy Matungulu, l’actuel modérateur de la Dynamique de l’opposition, qui a participé à la réunion, la délégation cherchait leur soutien.

    « Nous avons parlé de la disponibilité de cette communauté internationale à nous accompagner dans les efforts nous amenant prochainement à la préparation et à la tenue de l’élection présidentielle. Je pense qu’aujourd’hui, ce qui est important, c’est qu’’il y a un certain nombre de pas nouveaux dans la bonne direction », a-t-il déclaré.

    Parmi ces avancées, il y a la création récente du groupe de soutien à la médiation d’Edem Kodjo, saluée par le rassemblement de l’opposition.

    Au terme de la réunion, les opposants se disaient confiants du soutien de la communauté internationale sans toutefois des garanties précises quant à la suite des évènements après le retour en RDC d’Etienne Tshisekedi, le président de l’UDPS.

    « Nous n’avons pas demandé des garanties pour le président. Le président rentre dans son pays après une période de convalescence, c’est tout. Regardez simplement ; observez la suite des choses ; vous verrez que nous ne sommes pas venus parler de la pluie et du beau temps », a expliqué Félix Tshisekedi, son fils, et cadre de son parti.

    Le Quai d’Orsay n’a, quant à lui, pas souhaité commenter cette rencontre.

    RFI

  • Tshisekedi annonce son retour à Kinshasa pour le 27 juillet

    Tshisekedi annonce son retour à Kinshasa pour le 27 juillet

    Etienne Tshisekedi, candidat  # 11
    Etienne Tshisekedi, candidat # 11

    -L’opposant historique congolais, parti pour des soins de santé en Belgique depuis plus d’un an, sera de retour à Kinshasa avant la fin du mois de juillet en vue d’un grand rassemblement, indique son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social.

    Etienne Tshisekedi rentre au pays par Kinshasa, la capitale de la RDC mercredi 27 juillet 2016, précise dans un communiqué Augustin Kabuya, le porte-parole du parti.

    L’Udps appelle à la mobilisation pour ce retour avant le grand meeting de l’opposition prévu pour le 31 juillet.

    M. Tshikedi a récemment rencontré à Bruxelles Moise Katumbi, un autre opposant déclaré candidat pour l’élection présidentielle devant se tenir avant la fin de 2016 mais devenue improbable.

    Moise Katumbi, autorisé d’aller se faire soigner à l’étranger, a été condamné à trois mois de prison pour spoliation immobilière et encourt une peine de mort dans une affaire de recrutement des mercenaires dont il est accusé par le gouvernement congolais depuis qu’il a été désigné candidat pour la présidentielle par ses partisans.

    Les deux, MM. Tshisekedi et Katumbi, ont promis de prendre part à ce grand rassemblement de fin juillet à Kinshasa.

    Le retour de Tshisekedi est annoncé alors que se dessine le dialogue politique convoqué par le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, à qui la Constitution interdit de se représenter pour un troisième mandat.

    Bien que l’opposition, réunie depuis le conclave du mois mai dernier en Belgique, se soit opposée à ce dialogue, elle a semblé concéder à la demande du groupe international du soutien à la facilitation qui demandait dimanche dernier que ces assises se tiennent le plus vite possible, soit avant fin de juillet en cours.

    La même période, fin juillet, avait déjà été évoquée par la majorité présidentielle comme son “délai tolérable” pour le dialogue. Des voix s’élèvent de plus en plus dans la majorité et menacent de passer par un référendum si l’opposition persiste à bloquer le dialogue.

    Le retour de Tshisedi, individuellement plus favorable au dialogue que les autres opposants, coïncide curieusement avec la période évoquée par le facilitateur désignée par l’Union africaine, Edem Kodjo et par la majorité. Une bonne partie de l’opposition récuse M. Kodjo comme facilitateur pour certaines raisons.

    VOA

  • Interview-Etienne Tshisekedi : « Pour les jeunes, je suis un exemple »

    Interview-Etienne Tshisekedi : « Pour les jeunes, je suis un exemple »

    celebration-anniversaire-tshisekedi3-L’entretien n’a duré qu’une dizaine de minutes. C’est en pantoufles, entouré de son épouse, de son secrétaire particulier, l’abbé Théodore, et de Raphaël Katebe Katoto, le frère aîné de Moïse Katumbi, qu’Etienne Tshisekedi nous a reçus dans la chambre 218 de Château du Lac à Genval. Le luxueux hôtel, situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Bruxelles, abritait les 8 et 9 juin le « conclave » de l’opposition au président congolais Joseph Kabila. Le vieux leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui se déplace difficilement, a introduit et conclu le rassemblement. « Le président est fatigué », confie son secrétaire.

    Etes-vous satisfait de la tournure qu’a pris la réunion ?

    Etienne Tshisekedi Absolument, absolument… Je suis ça de très près et je suis satisfait.

    Vous pensez que l’opposition va réussir à constituer un front uni face à Joseph Kabila ?

    Absolument. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont là.

    Regrettez-vous l’absence de Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise et poids lourd de la Dynamique de l’opposition ?

    Non, non, non. Ça ne change absolument rien.

    Est-ce que vous vous imaginez en président d’une éventuelle transition ?

    C’est ce que je suis, oui.

    Vous pensez en avoir les moyens ?

    Absolument, absolument. Je suis prêt, je me suis apprêté à ça.

    Vous êtes quand même un peu malade…

    Non, non, non. La maladie, c’est terminé.

    [L’abbé Théodore confirme : « Il était malade, c’est fini. »]

    Ne craignez-vous pas d’être manipulé par d’autres figures de l’opposition qui utiliserait votre poids politique pour servir leurs propres ambitions ?

    Non, enfin je ne sais pas…

    [L’abbé Théodore précise : « On est vigilant. »]

    Nous sommes décidés à être ensemble et à faire partir Kabila le jour où il doit partir, c’est-à-dire le 19 décembre.

    Et s’il est toujours au pouvoir le 20 décembre, que ferez-vous ?

    Peu importe, retenez simplement… [M. Tshisekedi ne termine pas sa phrase]

    Seriez-vous prêt à mobiliser vos partisans, à leur dire de descendre dans la rue ?

    [L’abbé Théodore risque un : « C’est ça… »]

    Il y a beaucoup de moyens.

    [Raphaël Katebe Katoto ajoute : « La Constitution nous y autorise. Et je voudrais ajouter une chose : le président est assez grand, c’est un vieux routier, il connaît tout le monde. Si quelqu’un essayait de l’utiliser pour d’autres fins, il saurait quoi faire. »]

    Vous avez connu et résisté à Mobutu…

    Oui, voilà. (Rires.)

    … vous avez connu les Kabila père et fils et leur avez résisté aussi.

    Absolument.

    N’avez-vous pas créé un métier, celui d’opposant à vie ?

    Non… A vie, à vie… J’ai le résultat tout prêt là-bas. Il fallait absolument résister contre toutes ces manœuvres parce que je savais que la démocratie finirait par s’introduire au Congo.

    Pensez-vous que ce moment est venu ?

    Absolument, absolument, absolument. Le peuple est mûr et tout est prêt. Il n’y a pas de problème. Je vous fais savoir que Kabila a volé ma victoire le 28 décembre 2011. Il n’était rien, il n’était rien ! Il a des militaires, c’est comme ça qu’il a fait.

    Après autant d’années passées en politique, avez-vous des regrets ?

    Non, sinon je ne vivrais que de ça. Nous allons de l’avant.

    Vous avez 83 ans. Si vous deveniez président de transition, n’y aurait-il pas un décalage entre vous et la population congolaise, dont plus de la moitié à moins de 15 ans ?

    Non, parce que ces jeunes-là connaissent mon histoire. Je suis le seul à résister constamment. Tous ces jeunes veulent mon exemple.

    [Raphaël Katebe Katoto renchérit : « Le président Tshisekedi, c’est leur modèle, ils se retrouvent en lui, dans ses valeurs. Le combat qu’il a mené pendant des années, c’est la référence pour les Congolais. Il n’est pas en décalage. Ces gens-là sont derrière lui. L’homme de la situation, celui qui va sauver le pays, c’est lui. Le sauveur du Congo, c’est lui. Il n’y a pas d’autre issue. »]

    A quoi ressemblerait le Congo dirigé par Etienne Tshisekedi ?

    Ce sera le développement, la vraie justice, l’Etat de droit. Les investisseurs n’attendent que ça. Les Congolais seront avec moi pour que chacun prenne ses responsabilités. Nous avons cinquante-sept ans de recul, de misère et tout ça. Tout le monde comprendra qu’il ne faut plus voler, qu’il faut rendre.

    Vous vivez en Belgique depuis 2014. A quoi occupez-vous votre temps ? Comment restez-vous en prise avec ce qui se passe en RDC ?

    Je reçois tout le temps et j’ai les gens au téléphone.

    [Mme Tshisekedi précise : « Ici c’est bien parce que c’est tranquille. Il travaille très bien. »]

    La question de votre succession à la tête de l’UDPS se posera un jour. Comptez-vous léguer le parti à votre fils Félix ?

    Je préside un parti qui est tout à fait démocratique. Je disparais et il y a des délais pour organiser un congrès. Si jamais les Congolais pensent que c’est à Félix de me succéder, il me succédera.

    Pensez-vous que le candidat à la présidentielle Moïse Katumbi ferait un bon président du Congo ?

    Je me réserve. C’est une question pour le futur.

    Le Monde

  • Tshisekedi tente de convaincre l’opposition à aller au dialogue

    Tshisekedi tente de convaincre l’opposition à aller au dialogue

    Etienne-Tshisekedi.-Portrait 1-L’opposant historique congolais a indiqué, à l’ouverture d’un conclave qui regroupe l’opposition de son pays à Bruxelles, qu’il était nécessaire d’aller au dialogue politique pour résoudre la crise à laquelle s’expose la RDC avec la fin du mandat de Joseph Kabila.

    “Nous savons qu’il y a quelqu’un qui a un mandat qui a pris fin et que nous devons le manager, c’est-à-dire le renvoyer très doucement. Le 19 décembre, qu’il le veuille ou non, M. Kabila devra remettre le pouvoir. Si ce n’est pas à celui qui sera élu, il devra le remettre absolument à quelqu’un (d’autre) pour sortir définitivement du pays. C’est pour cela qu’il est nécessaire qu’on vienne au dialogue où nous allons régler tout cela”, a déclaré Etienne Tshisekedi dans son discours d’ouverture du conclave.

    A 83 ans, M. Tshikedi qui est l’initiateur du conclave a rappelé qu’il était le premier à réclamer la tenue du dialogue politique.

    “Nous avons toujours lutté dans la paix. Jamais nous n’exposerons notre peuple aux balles”, a-t-il expliqué soulignant avoir exigé que le dialogue se fasse sous la médiation de la communauté internationale.

    “C’est pour cela que nous regardons un peu”, a-t-il soutenu en expliquant les hésitations qui lui sont attribuées.

    “Nous nous sommes entendu dans le pré-dialogue que nous allons libérer tous les prisonniers politiques et l’actuel contrôleur qui est M. Edem Kodjo devra être assisté par les quatre délégués des Nations Unies, de l’Union européenne, des Etats-Unis et de l’organisation de la francophonie”, a-t-il argumenté insistant sur “l’unité des forces acquises au changement parce qu’en cas d’une lutte aussi acharnée que cela nous devons nous unir pour chasser celui que vous connaissez “.

    Plusieurs opposants congolais prennent part à ces assises qui devront aller jusqu’à jeudi soir.

    L’absence du parti de Jean-Pierre Bemba l’ancien rebelle et ex-vice-président de la RDC, en prison à la CPI, le Mouvement pour la libération du Congo (Mlc) et Vital Kamerhe, une autre figure de l’opposition, sont les plus remarquables.

    Le parti de Tshisekedi, l’Udps accepte de prendre part au dialogue politique convoqué par M. Kabila mais pose les conditions reprises dans le discours de l’ouverture du conclave par son leader.

    Une bonne partie de l’opposition refuse d’y prendre part, accusant M. Kabila de vouloir prolonger son mandat alors que la Constitution le lui interdit.

    Le parti de M. Kabila, Parti du Peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd) a, pour sa part, évoqué, le week-end dernier, la possibilité d’un référendum constitutionnel pour permettre au président sortant de briguer un autre mandat.

    Joseph Kabila, 45 ans, est arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père. Il a par la suite été élu deux fois dans des élections dont les résultats ont été contestés, en 2006 et en 2011.

    VOA

  • Reve ou realite:E.Tshisekedi et G. Kyungu,poignée de mains a Bruxelles

    Reve ou realite:E.Tshisekedi et G. Kyungu,poignée de mains a Bruxelles

    Tshisekedi-Kyungu 1-En politique on ne dit jamais «jamais»! Fâchés depuis 1992, Étienne Tshisekedi et Gabriel Kyungu viennent de se revoir ce lundi 6 juin à Bruxelles. Des retrouvailles intervenues 26 ans après. Les deux monstres politiques étaient d’abord des amis, car membre du très fermé et courageux club des «13 parlementaires». Club qui avait le premier fait vaciller la dictature de Mobutu. La première charge d’envergure contre le président Mobutu dont ils avaient dénoncé les dérives dictatoriales au début des années 80, c’est aussi eux. Mais les intérêts politiques avaient poussé les deux personnalités à emprunter des chemins différents. Étienne Tshisekedi restant ferme dans son opposition à Mobutu alors que Kyungu s’était finalement réconcilié avec lui contre son ex compagnon. Avec les Kabila, père et fils, Kyungu s’en est accommodé aussi jusqu’à travailler étroitement avec Joseph Kabila avant de le lâcher pour suivre Moïse Katumbi. Tshisekedi lui, imperturbable, est resté dans l’Opposition. De Mobutu aux Kabila, l’homme n’a pas bougé. Toujours opposant. D’où le surnom tantôt moqueur tantôt respectueux «d’opposant historique». Aujourd’hui, à l’heure de la méga recomposition des forces politiques en RDC, Étienne Tshisekedi et Gabriel Kyungu se rapprochent. Il a fallu beaucoup de dépassement au patron de l’Udps pour le faire. C’est ça être aussi un homme d’État. Faire fi de ses états d’âme au nom de l’intérêt général. Tshisekedi pouvait s’enfermer ou se recroqueviller s’il s’était mis en tête toutes les «trahisons» de Kyungu. Et le prix fort que sa communauté d’origine paya. Une page douloureuse de l’histoire à vite refermer. Tshisekedi dont les yeux sont rivés vers l’avenir a donc adressé une invitation à l’ancien président de l’assemblée provinciale du Katanga. Invitation au Conclave de Bruxelles que l’ex gouverneur du Katanga a accepté. Ainsi, débutent les grandes manœuvres qui fait trembler la Kabilie. Une union des forces de l’Opposition sera redoutable pour le pouvoir. Ses marges de manœuvre pour intimider, réprimer et manipuler seront extrêmement réduites. Et pour ça Kinshasa ne veut pas d’une alliance de l’Opposition qui ruinerait ses chances d’en conclure une avec «le sphinx».

  • Étienne Tshisekedi, Monsieur Non

    Étienne Tshisekedi, Monsieur Non

    katumbi-tshisekedi-katebe-De Mobutu à Kabila, depuis quatre décennies, l’ombrageux Étienne Tshisekedi tient tête à tous les pouvoirs, ce qui lui vaut une grande popularité. Âgé et malade, livrera-t-il son dernier combat lors de la présidentielle ?

    Quarante ans. Voilà quarante ans qu’il tient tête aux chefs d’État qui se sont succédé aux commandes de la RD Congo. Aujourd’hui encore, Étienne Tshisekedi, 83 ans, reste persuadé qu’il est l’unique chef légitime du peuple congolais. Et refuse obstinément de reconnaître l’autorité de Joseph Kabila. Il a beau vivre depuis deux ans dans un petit immeuble de Woluwe-Saint-Pierre, une commune chic de Bruxelles, rien n’y fait : l’opposant historique croit dur comme fer en son destin.

    À Kinshasa il est vrai, le « président », comme il aime se faire appeler par sa cour, continue à peser sur la vie politique. Dans les quartiers populaires, les derniers « parlementaires debout » l’attendent comme le messie. Guettant chaque jour les rares informations qui filtrent depuis la Belgique, ils s’interrogent sur les revirements de leur champion. Depuis un an, le moins que l’on puisse dire est qu’il les a multipliés…

    Après des décennies de lutte, Tshisekedi avait en effet semblé lâcher prise en mai 2015. Il avait alors envoyé des émissaires entamer des négociations avec le gouvernement. Des réunions, censées rester secrètes, avaient été organisées à Venise ou à Ibiza, loin des yeux de la diaspora. Pour Joseph Kabila, un accord avec son irréductible opposant aurait représenté un joli coup politique.

    « Quand il a appris que le camp présidentiel proposait des postes, il a flairé le piège et a tout arrêté », Félix Tshisekedi

    Il lui aurait permis d’apaiser une rue toujours prête à s’enflammer, comme l’ont montré les émeutes de janvier 2015. Voire de négocier son maintien au pouvoir au-delà de son dernier mandat constitutionnel qui, en principe, doit s’achever à la fin de 2016. Si l’éternel opposant y consentait, qui, à Kinshasa ou en Occident, pourrait y trouver à redire ?

    L’affaiblissement de Tshisekedi rendait cette ouverture possible. Victime d’un malaise (un AVC, selon certains proches), il avait été évacué de la capitale congolaise par avion médicalisé en août 2014. Depuis, il n’apparaissait plus que sur des vidéos. Celles-ci, hachées par des coupes nombreuses, ne rassuraient pas vraiment sur son état de santé. On doutait alors de sa capacité à prononcer un discours jusqu’au bout.

    On murmurait que son entourage le manipulait et qu’il était prêt à brader l’image de l’icône vieillissante en échange d’une poignée de maroquins ministériels. Ces pourparlers avec le pouvoir s’étant vite ébruités, les « combattants » – les ultras de la diaspora -, dénonçant une trahison, commençaient à manifester à Bruxelles. « Nous étions en train d’y laisser des plumes », confie un cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de Tshisekedi.

    Et là, coup de théâtre : dans l’un de ces retournements dont il a le secret, le « vieux » suspend les négociations sans crier gare. « Ses proches en étaient à discuter de la répartition des postes, ironise un fin connaisseur de l’opposition, à Bruxelles. Même eux ont été surpris de son revirement. » « Quand il a appris que le camp présidentiel proposait des postes, il a flairé le piège et a tout arrêté », confirme son fils Félix.

    Après des semaines de silence, le Sphinx finit par se prononcer. Pour dire non, encore une fois. « Le pouvoir s’est fait avoir, assure un ministre. On a cru pouvoir amadouer Tshisekedi. Mais il est incontrôlable. »

    Ce caractère lui a peut-être coûté le pouvoir et l’a assurément privé d’alliances.

    Et ensuite ? La situation se fige, jusqu’au 10 avril dernier : là, sous la pression internationale, le patron de l’UDPS accepte d’ouvrir de nouvelles discussions avec le pouvoir. Mais assorties de conditions telles que les chances d’aboutir à un accord demeurent très minces.

    Pour le meilleur et pour le pire, l’octogénaire à la mine renfrognée refuse de changer de cap. Fidèle à lui-même : têtu comme une mule et imprévisible, même pour ses alliés. « Je crois avoir eu son oreille lorsque je le conseillais, témoigne Albert Moleka, son ancien directeur de cabinet. Mais personne ne peut se targuer d’avoir une influence totale sur lui. » Dans son entourage, qui lui est tout acquis, il reste ce patriarche luba que personne n’ose contester. « S’il était au pouvoir, je crois qu’il serait plus autoritaire encore que Kabila », assure un visiteur régulier.

    Ce tempérament volcanique lui vaut, aussi, son exceptionnelle popularité. Dans une classe politique où tant ont renoncé à leurs idéaux pour un poste, il est le seul à n’avoir jamais collaboré avec le régime Kabila. Mais ce caractère lui a peut-être coûté le pouvoir. Et l’a assurément privé d’alliances. Car avec le reste de l’opposition aussi, Tshisekedi souffle le chaud et le froid. Ces derniers mois, c’était avec le Front citoyen 2016, cette coalition de l’opposition et de la société civile formée pour obtenir le départ de Kabila. Félix Tshisekedi était présent à Dakar, en décembre 2015, lors de son lancement.

    Jusqu’à présent pourtant, l’UDPS n’a signé aucun accord. Son leader « n’a pas confiance dans certains opposants, explique un cadre du Front. Il veut s’assurer que personne n’a l’ascendant. En même temps, il demande à bénéficier d’un statut particulier… » Exiger pour lui-même ce qu’il refuse aux autres ? L’ego de Tshisekedi est tout aussi légendaire que son obstination. « Sa conception du pouvoir est celle de sa génération, celle de Mobutu, assure un compagnon de route. Pour lui, le pouvoir ne se partage pas. »

    De  brefs débuts en politique avec Mobutu

    Avant sa rupture avec le « maréchal-président », Tshisekedi a été l’un de ses plus proches collaborateurs. Après le coup d’État mobutiste de 1960, il entre dans son premier gouvernement, celui des commissaires spéciaux, qui traque Patrice Lumumba, le héros de l’indépendance, puis le remet à ses assassins. Tshisekedi est alors étudiant à l’université Lovanium, à Kinshasa. À 27 ans, le jeune Kasaïen voit dans l’indépendance une promesse d’ascension rapide. D’autant que l’éducation que lui a dispensée son père, Alexis Mulumba, catéchiste, lui a permis de s’extraire d’un milieu plutôt modeste. Il sera l’un des premiers Congolais à obtenir un diplôme de droit, en 1961. Cela explique peut-être qu’il se montre aussi pointilleux sur les textes et les procédures.

    Avec le second coup d’État de Mobutu, en 1965, Tshisekedi se voit attribuer de nouvelles responsabilités. Il est nommé au très stratégique ministère de l’Intérieur. L’une des pages les plus sombres du mobutisme s’écrit sous son autorité, celle des « martyrs de la Pentecôte ». Accusés de complot contre le régime, quatre responsables politiques ont les yeux crevés, puis sont pendus dans le grand stade de Kinshasa, le 1er juin 1966.

    La terreur qui s’empare alors du pays permet d’asseoir la dictature. La carrière de Tshisekedi, elle, se poursuit à vive allure. En 1967, il est l’un des rédacteurs de la Constitution et du manifeste de la Nsele, l’acte fondateur du parti unique. Deux ans plus tard, il est nommé ambassadeur au Maroc. Il tiendra à peine plus d’un an. « Il s’exprime très franchement, commente son fils Félix. Je crois qu’il n’était pas fait pour la diplomatie… »

    La rupture avec Mobutu ne survient qu’en 1980. Dans une lettre ouverte, qu’il signe avec douze autres parlementaires, il a alors l’audace de dénoncer les dérives du régime. Deux ans plus tard, il participe à la création de l’UDPS, dans la clandestinité. Pourquoi entre-t-il en rébellion ? « C’est une histoire de femmes », assure un bon connaisseur de l’ancien régime.

    Mobutu avait en effet pour habitude d’humilier ses collaborateurs en leur volant leurs compagnes. « Propagande ! balaie Félix Tshisekedi. La rupture est née du massacre des mineurs sur le site diamantifère de Katekelayi, près de Mbujimayi, en 1979. Alors que le pouvoir essayait d’étouffer l’affaire, mon père et d’autres députés originaires de la région demandaient des comptes. »

    Congo-star Kinshasa/archives J.A.

    Entre aura grandissante et bataille d’égo

    Dans les années 1980, ses multiples incarcérations lui confèrent une aura sans égale, ce qu’il ne tarde pas à comprendre. « J’ai fait sa connaissance en 1988, explique le Dr Tharcisse Loseke, resté proche de lui depuis. J’étais chef du service de neurologie à la clinique universitaire de Kinshasa.

    Il avait reçu un coup à la tête lors d’une manifestation réprimée par les services de sécurité. On l’a sorti de sa geôle pour que j’écrive un rapport le déclarant fou. J’ai refusé. Je voulais toutefois l’hospitaliser pour lui éviter la détention. Il m’a dit : « Non, en prison, je gêne davantage Mobutu. » »

    En 1990, lorsque survient la conférence nationale instaurant le multipartisme, Tshisekedi, au faîte de sa gloire, est désigné chef de l’opposition et de la société civile. À partir de là, son histoire sera une suite d’occasions manquées. Mobutu consent à le nommer Premier ministre en octobre 1991 ? Au moment de signer sa prestation de serment, il raye d’un trait de plume toutes les dispositions qui le soumettent au chef de l’État.

    Il est immédiatement révoqué. Ce scénario se répète au cours des années 1990. « Les Américains lui disaient : « Devenez Premier ministre, vous marginaliserez Mobutu progressivement », raconte un ancien conseiller. Son inconstance a fini par les lasser. »

    Pendant ce temps, le pays sombre. Mais rien n’arrête la bataille d’ego qui l’oppose à Mobutu. Pas même l’invasion de la RD Congo, en 1996, par Laurent-Désiré Kabila, aidé du Rwanda et de l’Ouganda. Quand le rebelle chasse Mobutu et prend Kinshasa par les armes, Tshisekedi revendique à nouveau le pouvoir. Le vainqueur lui propose un tracteur pour aller cultiver ses champs…

    « Personne ne contestait l’hégémonie de Tshisekedi »

    Tandis que les mouvements armés se multiplient dans tout le pays, Tshisekedi se refuse à militariser son parti. C’est une constante chez lui : certes, ses partisans provoquent régulièrement des troubles en marge de leurs manifestations, mais jamais leur chef n’a tenté de s’emparer du pouvoir par la force. « Certains membres du parti avaient commencé à stocker des armes dans le Kasaï, explique un ancien proche. Tshisekedi a menacé de démissionner pour s’opposer à cette option. »

    En 2006, pour solder un conflit interminable, la première présidentielle multipartite de l’histoire de la RD Congo est enfin organisée, sous l’égide de la communauté internationale. À « seulement » 73 ans, l’opposant ne tente pas sa chance et appelle au boycott, convaincu que les chancelleries occidentales ont déjà adoubé le fils de Laurent-Désiré Kabila, Joseph, qui lui a succédé à sa mort, en 2001. Une erreur, selon de nombreux observateurs, qui prive Tshisekedi de ressources et d’influence.

    Lors du scrutin de 2011, il change de stratégie. Quand tout le monde le dit trop âgé et malade, il revient au pays après un long séjour à Bruxelles. « On ignore ce que ses médecins lui ont donné, mais il nous a surpris en faisant campagne », confie un diplomate européen alors en poste à Kinshasa. Sauf que le pouvoir a changé les règles du jeu : l’élection n’a qu’un tour, ce qui oblige l’opposition à se rassembler pour avoir une chance de l’emporter.

    « Personne ne contestait l’hégémonie de Tshisekedi, explique un conseiller qui a participé aux pourparlers avec les autres candidats, Léon Kengo wa Dondo et Vital Kamerhe. Ils étaient prêts à se rallier, mais ils voulaient une négociation, des postes… Tshisekedi ne leur a offert aucune garantie. » Son intransigeance l’a peut-être privé d’un raz de marée électoral…

    Malgré cela, il réalise de très loin le premier score de l’opposition : 32,33 %, selon les chiffres officiels. Il serait même le véritable vainqueur du scrutin, laisse entendre Laurent Monsengwo, le cardinal de Kinshasa, qui le tient pourtant en piètre estime. Tshisekedi, lui, en est convaincu. « Je vous demande, à tous, de rechercher ce monsieur [Kabila] partout où il est sur le territoire national et de me l’amener ici vivant », lance-t-il depuis sa résidence de Limete, à Kinshasa. Le verbe est virulent ; la stratégie, absente.

    Sans véritables relais dans le système sécuritaire, les cercles du pouvoir ou les ambassades, il n’a pour lui que la ferveur de ses partisans. Il ne veut pas, non plus, exercer d’influence au Parlement. Lorsqu’il interdit à ses députés de siéger, leur chef de file, Samy Badibanga, n’obtempère pas. C’est la rupture. « Certains députés avaient vendu des biens pour financer leur campagne. Ils ont été élus, et on leur refusait le droit de percevoir leurs indemnités. C’était très dur à accepter », concède un proche de Tshisekedi.

    Que peut-il encore espérer aujourd’hui ? Pour la énième fois, son entourage annonce son retour imminent à Kinshasa. Ce serait pour début mai, et une « équipe d’avance » est déjà sur place. L’accueil qui lui sera réservé dira s’il est toujours aussi populaire. Car son parti n’avait pas vu venir les émeutes de janvier 2015 et se montre incapable, depuis, d’organiser une manifestation conséquente.

    La répression s’abat davantage sur les mouvements citoyens, signe que le pouvoir craint beaucoup moins l’UDPS… ou qu’il la ménage. « Il y a deux strates dans le soutien à Étienne Tshisekedi, se rassure son fils Félix. Les militants du parti, et les sympathisants. Ces derniers ne se mobilisent que dans des moments très particuliers, comme les élections, mais ils restent très nombreux. »

    Tout dépendra, surtout, de la santé du patriarche. « Son médecin lui interdit pour l’instant les efforts intellectuels intenses », explique son entourage pour justifier ses refus d’entretien. Un argument surprenant pour qui prétend diriger un pays de plus de 70 millions d’habitants. « Je crois plutôt que le Sphinx n’a pas encore décidé de parler, affirme une source qui l’a vu à plusieurs reprises ces derniers mois. Il a parfois des absences et se fatigue très vite. J’ai toutefois pu avoir une discussion de plus d’une heure avec lui. Il était lucide, tenait des propos cohérents et pouvait se déplacer sans aide. »

    Laurent Rebours/AP/SIPA

    « Il veut rentrer à Kinshasa dès que possible, assure Tharcisse Loseke. À Bruxelles, il s’ennuie. » Son quotidien se partage entre séances de kinésithérapie, un peu de marche et des matinées devant la télévision. Signe que son état s’améliore, il reçoit de plus en plus. À son domicile pour les intimes, parmi lesquels Raphaël Katebe Katoto, le frère aîné de Moïse Katumbi, autre poids lourd de l’opposition. Dans les hôtels Montgomery ou Marriott pour les entretiens plus formels, comme récemment avec Moïse Katumbi ou Tom Perriello, l’envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs.

    On reste loin, toutefois, de l’intensité d’une campagne dans un pays aussi vaste et dépourvu d’infrastructures que la RD Congo. Le report probable de la présidentielle, théoriquement prévue pour novembre, pourrait ne pas lui déplaire : il lui éviterait de subir une nouvelle fois cette épreuve. Peut-être pense-t-il avoir plus de chances en surfant sur un certain vide constitutionnel.

    Vers un dialogue…

    Certes, il a récemment accepté de jouer le jeu du dialogue avec le pouvoir, sous la houlette du Togolais Edem Kodjo, le facilitateur de l’UA. Il a envoyé à Kinshasa son fils Félix, le secrétaire général du parti, Bruno Mavungu, et son adjoint Bruno Tshibala. Mais pour quel objectif ? Accepter le principe d’un report du scrutin ? Entrer dans un gouvernement d’union nationale ?

    « Ces deux points sont des lignes rouges, répond Félix. Nous ne prendrons part à une transition que si Kabila quitte le pouvoir. » Difficile d’imaginer le camp présidentiel y consentir… Toutes les conditions sont donc réunies pour que ces négociations fassent à nouveau long feu.

    Reste une dernière carte : le recours, en cas de vacance du pouvoir. Ce scénario, qui pourrait faire de Tshisekedi un président de transition jusqu’à l’organisation d’élections auxquelles il ne serait pas candidat, présenterait pour lui un double avantage : correspondre à son âge et à l’image qu’il a toujours voulu se donner, celle d’un combattant de la démocratie, remettant le pouvoir au peuple, au soir de sa vie.

    Moïse Katumbi serait sans doute prêt à le soutenir dans cette aventure, qui aurait à ses yeux l’avantage de l’écarter de la course à la succession. Pour y parvenir, encore faut-il contraindre Joseph Kabila de quitter son fauteuil en décembre. Par la négociation, la diplomatie ou la force. Trois domaines dans lesquels Tshisekedi s’est rarement illustré…

    Pierre Boisselet- JA

  • Tshisekedi… après lui, qui ?

    Tshisekedi… après lui, qui ?

    Étienne-Tshisekedi-L’UDPS pourrait-elle survivre à Tshisekedi ? Pas évident : le vieux chef n’a jamais préparé sa succession et continue d’occuper toute la scène.

    Dans l’histoire de la RD Congo, une règle simple s’est toujours vérifiée : jamais parti politique n’a survécu à son leader. On comprend donc que les 83 printemps d’Étienne Tshisekedi suscitent une certaine angoisse parmi les cadres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). D’autant qu’il ne fait rien pour organiser sa succession.

    « Même affaibli, il reste notre meilleur atout, affirme son fils Félix. Lui seul peut nous rassembler, sa magie opère toujours. » Le congrès, censé se tenir d’ici à quelques semaines à Kinshasa, devrait donc le reconduire à la tête du parti. Du moins, de ce qu’il en reste. Car l’éloignement du vieux chef (il a passé à peine plus de trois ans au pays durant la dernière décennie) l’a désorganisé.

    Départs et désorganisation

    Plusieurs cadres l’ont quitté, comme Albert Moleka, l’ancien directeur de cabinet de Tshisekedi, qui tente de faire revivre une ancienne dissidence, l’UDPS-Kibassa. D’autres ont été rétrogradés dans la hiérarchie, mais restent populaires auprès de certains militants avec qui ils ont constitué de petites baronnies. C’est le cas de Valentin Mubake, l’ex-conseiller politique de Tshisekedi, ou de Jacquemin Shabani, l’ancien secrétaire général de l’UDPS.

    L’aile parlementaire, menée par Samy Badibanga, est toujours officiellement exclue pour avoir désobéi à la consigne de ne pas siéger. Enfin, la direction du parti à Kinshasa, incarnée par Bruno Mavungu, souffre de ne pas avoir un accès direct au président, resté à Bruxelles.

    Les membres de l’entourage de Tshisekedi, essentiellement des Lubas du Kasaï, gardent en effet jalousement le contrôle de son agenda, monnayant parfois leur influence, réelle ou supposée. Ainsi, des négociations avec des émissaires du président Kabila se sont multipliées depuis un an sans que le « vieux » ait toujours donné son aval.

    Son retour au pays ne serait donc pas de trop pour réunifier toutes ces tendances et galvaniser la base. Même dans cette éventualité, les cadres pourraient être de plus en plus tentés de négocier leur ralliement au pouvoir.

    Pierre Boisselet- JA

     

  • RDC : Tshisekedi aurait donné son accord écrit pour le dialogue

    RDC : Tshisekedi aurait donné son accord écrit pour le dialogue

    Tshisekedi-Il n’y a plus de doute possible : l’élection présidentielle en RDC ne se tiendra pas à l’échéance prévue. Après l’échec de la révision de la loi électorale en janvier 2015, la majorité présidentielle qui n’avait pas prévu de plan B ne compte plus que sur un hypothétique dialogue qui accorderait à Joseph Kabila une rallonge de son mandat. Ce week-end, à Monaco, trois représentants du pouvoir, dont Antoine Ghonda, ont rencontré Papy Tshimpangila, Bona Kalonga et Christian Tshisekedi membres de l’Udps. Ceux-ci auraient mis sur la table un accord écrit du chef du parti Etienne Tshisekedi pour la participation de l’Udps au dialogue. Il aurait été question du prix que la majorité mettrait pour que cet accord soit rendu public et effectif. Le feu vert de Joseph Kabila est attendu mais des doutes sur l’authenticité du document pourraient contrarier les desseins des trois membres de l’Udps.

    Les précédentes rumeurs sur les tractations entre les deux parties avaient évoqué l’implication du député national Félix Tshisekedi qui, ce week-end, s’en remettait au Bon Dieu depuis Jérusalem. Ce député, qui n’a jamais siégé au parlement, serait totalement opposé à ce dialogue et rejoindrait ainsi la ligne dure du G7 composée de Moïse Katumbi et des autres dissidents de la majorité présidentielle. Or, même si l’Udps est affectée et affaiblie par la persistance des divergences et des rumeurs de corruption sur cette question, un accord avec ce parti aurait une forte portée symbolique pour la majorité notamment aux yeux de la communauté internationale. En quête désespérée d’un interlocuteur de poids pour organiser « son » dialogue et en recueillir le fruit appelé « glissement » sur les bords du fleuve Congo, l’écurie présidentielle peine à trouver un interlocuteur et une caution crédibles à son dialogue.

    Il reste que les émissaires de Joseph Kabila sont repartis de Monaco avec des sentiments mitigés, car si leur patron est prêt à débourser les dollars qu’il faudrait, leurs trois interlocuteurs n’ont pas pu leur garantir la participation effective (physique) d’Étienne Tshisekedi dont le retour au pays maintes fois annoncé est indéfiniment repoussé.

    |Botowamungu Kalome (AEM)