Tag: Zimbabwe

  • Le Zimbabwe veut relancer sa propre devise

    Le Zimbabwe veut relancer sa propre devise

    Le Zimbabwe veut reprendre la main sur sa monnaie. Depuis dix ans, à cause de l’inflation, il n’y a plus de devise nationale. Les échanges se font en dollars américains. Mais cela n’a pas suffi à relancer l’économie. Les nuages s’accumulent et la nouvelle administration n’arrive à pas regagner la confiance des marchés. Seule solution selon les autorités : revenir au dollar zimbabwéen.

    Il y a dix ans, l’argent ne valait plus rien au Zimbabwe. Un billet de banque de 100 000 milliards de dollars zimbabwéens, bout de papier à quinze chiffres, ne payait même pas un ticket de bus.

    De dévaluation en dévaluation, le gouvernement a dû trancher. La monnaie nationale a été abandonnée et le dollar américain est devenu la devise de référence. Mais dans les rues d’Harare, on trouve aussi des yuan chinois, des yen japonais, des roupies indiennes ou des rands sud-africains.

    Mais malgré ces solutions de secours, la confiance n’est pas revenue. Les investisseurs ne croient toujours pas en l’économie zimbabwéenne. Ils ne veulent pas laisser leur capital au Zimbabwe.

    Petit à petit, les dollars américains, qui devaient relancer la machine, se sont faits de plus en plus rares. Aujourd’hui, l’inflation et les pénuries sont de retour. Les prix du carburant et des médicaments recommencent à grimper.

    Comment s’en sortir ? Les autorités font un pari risqué : revenir à la monnaie locale d’ici à la fin de l’année en espérant calmer le jeu. Et retrouver un peu de sérénité financière.

     

  • Le Zimbabwe va relancer sa propre monnaie cette année

    Le Zimbabwe va relancer sa propre monnaie cette année

    Le Zimbabwe va réintroduire d’ici à la fin de l’année sa propre monnaie, le dollar zimbabwéen, pour pallier le manque de dollars américains qui étrangle depuis des années son économie, a confirmé son ministre des Finances Mtuli Ncube.

    Le Zimbabwe a abandonné en 2009 sa devise nationale en chute libre, victime de l’hyperinflation. Incapable d’enrayer la valse des étiquettes par les dévaluations, le régime de Robert Mugabe lui a substitué le dollar américain et un panier d’autres monnaies dont le rand sud-africain.


    >>> À LIRE – Zimbabwe : les nouveaux billets indexés sur le dollar entrent en circulation


    Mais les précieux billets verts se sont faits de plus en plus rares, au point de causer l’arrêt de l’économie toute entière.

    Un projet « déjà bien avancé »

    « Sur nos efforts pour rassembler suffisamment de devises étrangères pour lancer notre propre devise, je dirais que nous avons déjà bien avancé », a déclaré vendredi soir Mtuli Ncube, cité par le quotidien gouvernemental The Herald. « Vous pouvez compter en mois, pas en années », a-t-il précisé.


    >>> À LIRE – Zimbabwe : quelles perspectives pour l’économie après le départ de Mugabe


    En 2016, le gouvernement a tenté de remédier à la fuite des dollars en introduisant des « bonds notes », des sortes d’obligations, en principe d’une même valeur que les billets verts. Mais, faute de la confiance des opérateurs économiques, leur valeur réelle a vite baissé et l’opération a échoué.

    Inflation et pénuries galopantes

    Successeur de Robert Mugabe fin 2017, Emmerson Mnangagwa s’est jusqu’à présent révélé incapable de redresser la situation.

    La situation s’est même détériorée un peu plus depuis l’introduction récente d’une taxe sur les transactions bancaires électroniques, destinée à augmenter les recettes de l’Etat, qui a encore accéléré la fuite des dollars.

    L’inflation et les pénuries, notamment de carburant et de médicaments, ont repris ces dernières semaines dans la capitale du pays, Harare, provoquant des grèves dans les hôpitaux et les écoles publiques notamment.

    L’origine de l’article >>

  • Zimbabwe: la première dame prête à succéder au président Mugabe

    Zimbabwe: la première dame prête à succéder au président Mugabe

    -L’épouse du président zimbabwéen Robert Mugabe a annoncé dimanche qu’elle était prête à succéder à son mari, alors que la succession du dirigeant âgé de 93 ans provoque des tensions croissantes au sein du parti au pouvoir.

    « Je dis à M. Mugabe: vous devriez (…) me laisser prendre votre place, » a-t-elle lancé devant des milliers de personnes dans un stade de Harare.

    « N’ayez pas peur. Si vous voulez me donner votre poste, donnez-le moi librement, » a ajouté la première dame, Grace Mugabe.

    Le président Mugabe a laissé entendre samedi qu’il pourrait démettre de ses fonctions le vice-président Emmerson Mnangagwa, qui est vu comme un de ses successeurs potentiels et qui apparait comme un rival de l’épouse du chef d’Etat.

    Emmerson Mnangagwa, 75 ans, surnommé « le crocodile », a déjà perdu début octobre son portefeuille de ministre de la Justice.

    Grace Mugabe, 52 ans, a déclaré que le parti au pouvoir allait bientôt changer ses statuts pour qu’une femme soit vice-présidente.

    Une telle décision pourrait avoir comme conséquence qu’elle remplace M. Mnangagwa et lui ouvre la voie pour succéder au plus vieux président d’Afrique, qui dirige le pays depuis 37 ans.

    Mnangagwa a été nommé vice-président en 2014, remplaçant Joice Mujuru, qui avait perdu son poste après une campagne de Grace Mugabe qui l’accusait de vouloir renverser le président.

    La première dame a aussi accusé dimanche M. Mnangagwa d’avoir ourdi des complots, notamment d’avoir préparé un coup d’Etat au moment de l’indépendance en 1980.

    « En 1980 cette personne appelée Mnangagwa voulait faire un coup d’Etat. Il voulait prendre le pouvoir du président. Il conspirait avec des Blancs, » a-t-elle dit.

    Le parti au pouvoir, la Zanu-PF, connaît de profondes divisions à propos de la succession du président Mugabe, qui a refusé de désigner un successeur.

    1. Mugabe a déjà annoncé qu’il briguerait un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle de 2018.

    La Libre Afrique

  • Grace Mugabe, soupçonnée d’agression en Afrique du Sud, est rentrée au Zimbabwe

    Grace Mugabe, soupçonnée d’agression en Afrique du Sud, est rentrée au Zimbabwe

    -La première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, qui avait demandé l’immunité diplomatique pour échapper à des poursuites en Afrique du Sud pour agression, est rentrée à Harare dimanche, une affaire qui s’est dénouée lors d’intenses tractations en marge d’un sommet régional à Pretoria où participait son époux Robert Mugabe.

    Grace Mugabe, qui figure parmi les favoris pour succéder à son mari âgé de 93 ans, est sous le coup d’une plainte pour coups et blessures contre une mannequin. Gabriella Engels, 20 ans, affirme avoir été agressée violemment, avec un câble et une prise, par la première dame dans un hôtel d’un quartier huppé de Johannesburg. Selon les médias sud-africains, un des fils de Grace Mugabe se trouvait dans le même établissement.

    A la suite de cet incident, l’épouse du président zimbabwéen a demandé l’immunité diplomatique, et les spéculations allaient bon train depuis pour savoir où elle se trouvait.

    Gabriella Engels, qui accuse Grace Mugabe de l'avoir agressé.

    Gabriella Engels, qui accuse Grace Mugabe de l’avoir agressé.

    Elle était attendue samedi à Pretoria au sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), auquel participait son mari, mais elle ne s’est pas présentée.

    Elle est finalement rentrée dimanche au Zimbabwe, selon la radio nationale: “Le président Robert Mugabe, qui était accompagné de la première dame, (…) est arrivé à bord d’un vol Air Zimbabwe dimanche très tôt” à Harare.

    Le chef d’Etat zimbabwéen a ainsi écourté précipitamment son séjour en Afrique du Sud, où le sommet de la SADC se poursuivait dimanche.

    L’affaire Grace Mugabe s’est dénouée en marge de cette réunion des chefs d’Etat, où le président zimbabwéen a retrouvé son homologue sud-africain Jacob Zuma.

    Le ministre sud-africain de la Police, Fikile Mbalula, avait affirmé jeudi que la police était en “alerte” pour éviter que Grace Mugabe ne quitte le pays. Dimanche, les autorités sud-africaines n’étaient pas joignables pour indiquer si l’immunité diplomatique lui avait été accordée ou non.

    Le gouvernement zimbabwéen n’a fait aucun commentaire sur les derniers déboires de Grace Mugabe, 52 ans, connue pour ses accès de colère. Mais pour la première fois dimanche, la presse d’Etat a mentionné l’incident, dénonçant “l’emballement des médias locaux et étrangers” qui “n’ont rien d’important à dire”.

    “Les propos du ministre sud-africain de la Police Fikile Mbalula ne sont que spéculation et désinformation”, a affirmé dans un éditorial le Sunday Mail.

    ‘Voleuse’

    De son côté, le principal parti d’opposition zimbabwéen, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a demandé que tout soit fait pour que Grace Mugabe réponde de ses actes devant la justice.

    “Il ne devrait pas y avoir d’impunité” pour la première dame, “une voleuse et une femme violente qui a agressé de façon abominable une jeune personne innocente”, a déclaré à l’AFP le porte-parole du MDC, Obert Gutu.

    “Elle est une disgrâce et elle nous doit des excuses pour avoir sali l’image de notre pays”, a-t-il ajouté.

    L’organisation sud-africaine qui défend Gabriella Engels, AfriForum, a dénoncé le départ “en secret” de Grace Mugabe et la “culture de l’impunité” de la part de “dirigeants corrompus qui se protègent mutuellement”.

    AfriForum entend saisir rapidement la justice, dans le cas où Grace Mugabe se serait vue accorder l’immunité diplomatique, a déclaré à l’AFP un avocat de l’organisation, Willie Spies.

    Les nouveaux déboires de Grace Mugabe ont testé les relations entre l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, qui entretiennent des liens diplomatiques et économiques étroits.

    Concomitamment à l’affaire Grace Mugabe, un conflit a opposé les compagnies aériennes des deux pays, Air Zimbabwe et South African Airways (SAA), au sujet d’un permis de vol.

    Un avion d’Air Zimbabwe s’est vu refuser l’autorisation de décoller de Johannesburg vendredi soir faute d’avoir produit le document, et tous les vols de SAA entre l’Afrique du Sud et le Zimbabwe ont été annulés samedi.

    Dans la soirée de samedi, le conflit a toutefois été réglée, selon le ministère sud-africain des Transports. Quelques heures plus tard, Robert Mugabe rentrait avec son épouse à Harare, à bord d’un vol Air Zimbabwe. Et SAA a repris dimanche ses liaisons entre les deux pays.

    Avec AFP

  • Mugabe investi par son parti pour la présidentielle de 2018

    Mugabe investi par son parti pour la présidentielle de 2018

    -Le président zimbabwéen Robert Mugabe, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 36 ans, a été investi samedi candidat à l’élection présidentielle de 2018 par le parti au pouvoir, la Zanu-PF en dépit de mouvements de contestation et d’une crise économique.

    M. Mugabe a été désigné sans surprise par le congrès annuel de son parti, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), qui a réuni quelque 9.000 délégués à Masvingo, à 300 km au sud-est de la capitale Harare.

    Les délégués ont fait part de “leur soutien au président et premier secrétaire, le camarade Robert Mugabe, comme candidat unique pour les prochaines élections de 2018”, a déclaré la vice-secrétaire de la Zanu-PF, Eunice Sandi Moyo.

    “Président, vous êtes le principal acteur et tant que vous serez en vie, vous resterez l’acteur majeur de l’histoire du Zimbabwe”, a ajouté le chef de la branche des jeunes du parti, Kudzai Chipanga.

    L’investiture du vieux leader, au pouvoir depuis l’indépendance de l’ancienne colonie britannique en 1980 (d’abord comme Premier ministre puis comme président), a été saluée par les applaudissements de milliers de ses partisans scandant en langue shona “tongai, tongai baba”, “dirige-nous, dirige-nous, père”.

    Le dirigeant zimbabwéen, en dépit de son âge et de problèmes de santé, n’a pas désigné de successeur ni indiqué de date de départ de la présidence qu’il exerce d’une main de fer, réprimant toute contestation au sein de son parti comme en dehors.

    Il a même un jour affirmé sur le ton de la plaisanterie qu’il resterait au pouvoir jusqu’à ses 100 ans.

    Dans un discours d’acceptation de son investiture, M. Mugabe, vêtu d’une veste à son effigie et ornée d’une carte du Zimbabwe, a appelé à l’unité de ses partisans alors que des dissensions agitent la Zanu-PF en prévision de sa succession.

    “Nous nous sommes mis d’accord pour que les conflits cessent. Les querelles internes doivent finir. Il faut rester fidèle à l’idéologie du parti”, a-t-il dit dans une courte allocution prononcée d’une voix traînante.

    “Soyons unis. Nous sommes une famille, la famille de la Zanu-PF liée par l’entente de ses membres”, a-t-il insisté au milieu de grands portraits d’un Mugabe plus jeune ornant la grande tente dressée pour le congrès.

    – Contestation –

    “Nous voulons que le président Mugabe reste éternellement au pouvoir en raison de sa clairvoyance”, a expliqué à l’AFP une déléguée, Janet Mazviwanza, alors que la plupart des participants affichaient des chemises à l’effigie du leader.

    Mais l’absence d’un successeur désigné se traduit par des luttes intestines au sein du parti au pouvoir et un mouvement de contestation a gagné jusqu’à d’anciens combattants de la guerre d’indépendance.

    Ceux-ci ont publiquement manifesté leur défiance l’été dernier, en pleine vague de manifestations sociales anti-Mugabe, accusant le dirigeant de comportement “dictatorial” et avertissant qu’ils ne soutiendraient pas une nouvelle candidature à la présidence du chef de l’Etat.

    La répression de toute forme d’opposition a jusque-là réussi à éteindre la contestation. Mais la grave crise économique que traverse le Zimbabwe, où 90% de la population est au chômage, maintient une pression sur le régime.

    Pour pallier le manque de liquidités qui asphyxie l’économie, le gouvernement a lancé le mois dernier une nouvelle monnaie, des “billets d’obligation” indexés sur le dollar, ravivant dans la population les craintes de l’hyperinflation des années 2000.

    Avec AFP

  • Zimbabwe: le retour à la terre des fermiers blancs

    Zimbabwe: le retour à la terre des fermiers blancs

    fermiers_-A la fin des années 1990, le Zimbabwe était le grenier à céréales du continent. Le pays comptait aussi parmi les premiers exportateurs de tabac au monde. Mais la confiscation des terres détenues par les agriculteurs blancs, lancée dans la violence il y a quinze ans, a mis le pays à genoux. Ces fermiers étaient 4 000 à la fin du siècle dernier, ils ne sont plus que 150 aujourd’hui. Leurs hectares ont été donnés le plus souvent à des soutiens du président Robert Mugabe. La plupart des bénéficiaires noirs ont laissé ces terres arables à l’abandon, soit par désintérêt, soit parce qu’ils n’avaient pas été choisis parmi les agriculteurs ayant le savoir-faire requis ou n’avaient pas les fonds et les moyens pour les exploiter. Aujourd’hui, avec la caution et même les encouragements du gouvernement de Mugabe, les Noirs sont de plus en plus nombreux à solliciter l’aide des Blanc qui acceptent volontiers de retourner à la terre. C’est le premier volet de notre série de reportages sur le Zimbabwe.

    De notre envoyé spécial à Beatrice, Nicolas Champeaux

    Les herbes sont hautes, les buissons touffus et les vieilles clôtures sont à terre. La nature a repris le dessus sur cette parcelle en périphérie de Beatrice, au Zimbabwe. Elle a été confisquée à un fermier blanc en 2003 et donnée à deux vétérans de la lutte pour la libération. « C’est la portion qui est exploitée par mes deux partenaires », explique au volant de son 4×4 Claude Dreyer, un agriculteur blanc âgé de 58 ans.

    Le partenariat commercial que Claude a noué ne porte que sur une partie des terres allouées à ses deux associés : « Pour rendre service, j’ai tout de même planté sur leur portion ce maïs qui arrive à peine aux genoux. Ce n’est pas irrigué, mais ça permet de nourrir un peu la communauté. » Ses deux partenaires noirs n’étaient pas parvenus à exploiter la terre parce qu’ils n’avaient pas les moyens de lever des fonds. Les invasions des fermes tenues par les agriculteurs commerciaux d’origine européenne ont été lancées au début des années 2000 dans la plus grande improvisation. Les deux associés ont donc cherché à s’associer avec un fermier blanc. D’après les termes du contrat de trois ans renouvelables, signé en avril 2015, Claude a l’usufruit d’une parcelle de 20 hectares. Selon le document, validé par le gouvernement, il peut les cultiver comme il l’entend, ses partenaires n’ont aucun droit de regard. En échange, il doit verser à ses deux associés une allocation mensuelle, indexée sur les profits. Claude s’est aussi engagé à aider ses partenaires, qui ont refusé de nous parler, à mieux exploiter les hectares qu’ils ont conservés.

    « Je m’engage dans une terre inconnue »

    En tout, Claude a investi un quart de million de dollars sur ses 20 hectares. « Vous allez voir, on arrive à mon projet, et là c’est autre chose, en plus vous avez de la chance, mes gens sont encore au travail », explique fièrement Claude, toujours au volant, à l’embouchure d’une piste cabossée.

    Alors que le soleil se couche, une quinzaine d’ouvriers agricoles, payés quatre dollars US la journée, vident des sacs de maïs à l’arrière d’un camion. Un contremaître remplit un tableau au stylo dans son cahier. Derrière le groupe se dressent, sur plusieurs hectares, des tiges de maïs aussi grandes qu’un basketteur du championnat américain NBA. « Ce champ fait partie de ma portion de la joint-venture (société commune NDLR). J’ai dû retaper tout le système d’irrigation sous-terrain », explique Claude avant de nous emmener sur une berge de la rivière Mupfure. Il nous montre, non sans fierté, les deux pompes qu’il a installées. L’une fonctionne à l’électricité, mais en raison des nombreuses coupures de courant, une autre tourne au diesel.

    Outre l’irrigation, Claude a aussi dépensé beaucoup d’argent pour débroussailler, acheter des équipements, des semences, et il emploie quarante saisonniers. Divorcé, remarié et père de quatre enfants, il a vendu sa maison pour financer cette aventure. « Je m’engage dans une terre inconnue, reconnaît Claude, le visage creusé de rides. J’ai vendu ma maison. Je n’aurais pas pu monter cette opération sans capital de départ. Les banques ne m’auraient jamais prêté d’argent, car la terre n’est pas à moi et parce que le contrat ne dure que trois ans renouvelables. J’espère dégager des profits d’ici deux ans. Mais je suis prêt à prendre ce risque, car je pense que c’est la marche à suivre pour le Zimbabwe. »

    Claude avait préalablement consulté le fermier blanc qui était propriétaire de ces terres et qui a été expulsé. « D’un point de vue éthique, je tenais à le voir, et il m’a donné son feu vert. Il m’a même aidé, il m’a indiqué où étaient enterrés certains canaux d’irrigation », se souvient notre hôte, cigarette au bec et sourire aux lèvres.

    Au retour de notre promenade, nous rencontrons Stoff Hawgood. Sa ferme jouxte les terres des deux associés de Claude. C’est lui qui l’avait introduit auprès d’eux. Stoff est heureux d’avoir joué le rôle d’entremetteur: « Je crois que les autorités commencent à comprendre qu’il y a au Zimbabwe des gens qui ont accès à la terre, mais qui sont sans ressource, et d’autre part des gens qui ont des ressources, mais qui n’ont pas accès à la terre. Le gouvernement essaie donc de faire en sorte que cette terre soit de nouveau rentable en autorisant les détenteurs de capitaux à accéder légalement à la terre pour relancer la production. »

    Un aveu d’échec du gouvernement Mugabe

    Le recours aux fermiers blancs, par le biais de ces joint-ventures, est un aveu d’échec de la part de la ZANU-PF au pouvoir, parti anti-impérialiste issu de la lutte pour l’indépendance. Le cas de Stoff Hawgood est, en soi, éclairant. Il emploie aujourd’hui quatre cents personnes, contre mille il y a une quinzaine d’années. En 2004, les autorités ont nationalisé les terres, et il a perdu le titre de propriété du demi-millier d’hectares acquis par ses parents en 1955, mais il n’a jamais été expulsé.

    En 2010, les autorités l’ont approché pour qu’il se mette en règle et postule pour pouvoir être l’occupant légal de la terre de ses parents. « Je fais pousser du soja, j’ai 200 hectares de maïs, 140 hectares de pommes de terres, ils donnent quarante tonnes de patates par hectare, et je produis dix mille litres de lait par jour. Les autorités ont dû voir que j’étais très productif et j’aide l’hôpital de campagne et les écoles, j’ai été sur cette ferme toute ma vie, j’ai beaucoup travaillé avec la communauté et je suis toujours resté à l’écart de la politique », explique Stoff avec conviction. Aujourd’hui, il continue d’investir avec parcimonie, mais il n’est pas prêt à prendre les mêmes risques que son ami Claude : « L’Etat a nationalisé les terres, nous ne pouvons plus convaincre nos banques de nous prêter de l’argent en leur disant que nous pouvons vendre en cas de coup dur. Et les agriculteurs ne veulent pas investir leurs deniers personnels ».

    Claude lui est prêt à ce sacrifice. « Je suis heureux de travailler avec ceux qui se sont vu octroyer des terres, c’est une expérience rafraîchissante. Selon moi, depuis le début, ces terres devaient revenir aux populations indigènes. On aurait pu éviter les violences auxquelles on a assisté. Entre l’indépendance en 1980 et les années 2000, les Blancs auraient dû prendre les devants, être plus coopératifs et proposer un accord avec le gouvernement. Les Blancs n’ont pas eu la bonne attitude », soupire Claude.

    Son ami Stoff n’est pas tout à fait d’accord : « Les Blancs ont commis l’erreur de se mêler de politique. Mais il est injuste de dire qu’ils n’ont rien fait pour corriger les inégalités héritées du passé. Je pense que tout le monde est fautif, on ne peut pas tout mettre sur le dos des Blancs, même s’ils auraient pu faire plus. De toute façon la réforme agraire est un processus. Les difficultés économiques du pays font qu’aujourd’hui tout le monde est prêt à se retrouver autour de la table et à identifier la marche à suivre. »

    Les autorités semblent sur la même longueur d’onde et assument pleinement ces partenariats entre les vétérans de la guerre de libération et les fermiers noirs. Ils résultent d’une décision du Conseil des ministres. Le gouvernement encourage même les fermiers blancs qui ont quitté le Zimbabwe à revenir au pays et à investir. C’est indéniablement un revirement.

    « Le Zimbabwe a besoin de l’expertise et des capitaux des fermiers blancs qui ont rejoint la diaspora et nous disons à tous ceux qui ont fui et qui sont attachés sentimentalement au Zimbabwe qu’ils peuvent revenir », a indiqué à RFI Christopher Mutsvangwa, ministre en charge des Vétérans. Joint au téléphone, il s’est aussi livré à une sorte de mea culpa : « La terre au Zimbabwe doit de nouveau être envisagée sous l’angle de la productivité. Cette terre par le passé a été prise en otage pour régler des comptes, mais au Zimbabwe, cette ère est révolue nous sommes passés à autre chose ». C’est un important revirement et peut-être le début d’un nouveau chapitre de l’histoire tumultueuse de la terre au Zimbabwe.

    RFI

  • Robert Mugabe de retour au Zimbabwe après des rumeurs sur son décès

    Robert Mugabe de retour au Zimbabwe après des rumeurs sur son décès

    Robert Mugabe-La rencontre du président zimbabwéen avec le président de la Guinée Equatoriale, samedi, a mis fin aux rumeurs qui avaient annoncé son décès.

    Le président zimbabwéen Robert Mugabe a rencontré samedi 23 janvier, pendant plusieurs heures, son homologue de la Guinée Équatoriale Teodoro Obiang Nguema, au lendemain de son retour à Harare après un mois de vacances en Asie, démentant les récentes rumeurs qui avaient annoncé son décès.

    Robert Mugabe qui aura 92 ans le mois prochain, a tenu une réunion de plus de trois heures, samedi après-midi avec M. Obiang pour des discussions bilatérales sur la paix, la sécurité et le terrorisme en Afrique, au palais présidentiel d’Harare, a constaté l’AFP.

    Cette apparition publique met fin aux rumeurs qui ont agité le Zimbabwe ces dernières semaines, annonçant que le président avait eu une crise cardiaque fatale au cours de ses vacances en Asie.

    Interrogé sur ses congés, le président zimbabwéen a refusé de répondre mais a appelé les médias à écrire davantage d’articles positifs sur le continent africain et ses leaders.

    “Nous avons le sentiment que nos journalistes devraient mieux faire leur travail qu’ils ne le font”, a-t-il lancé à la presse à la sortie de sa réunion.

    Rumeur de crise cardiaque

    “Le président Mugabe et la Première Dame Grace Mugabe sont arrivés au pays la nuit dernière (vendredi), infirmant les faux articles qui indiquaient qu’il avait eu une crise cardiaque pendant ses vacances annuelles”, écrivait samedi The Herald, le quotidien pro-gouvernemental.

    Robert Mugabe qui est le plus vieux chef d’Etat en exercice au monde, dirige le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980.

    Malgré son grand âge, il continue de délivrer de longs discours en public. Plusieurs observateurs se sont interrogés l’an dernier sur son état de santé après une chute, devant les caméras du monde entier, sur un tapis rouge alors qu’il rentrait d’un sommet de l’Union Africaine.

    En septembre, il a lu pendant 25 minutes un discours mot pour mot identique à celui qu’il avait prononcé un mois plus tôt, manifestement sans s’en apercevoir.

    En 2011, Wikileaks avait dévoilé un télégramme diplomatique américain datant de 2008, affirmant à l’époque que le président zimbabwéen souffrait d’un cancer de la prostate et n’avait plus que cinq ans à vivre.

    Sous sa férule, le Zimbabwe s’est terriblement appauvri dans les années 2000. Des centaines de milliers, voire des millions, de ses concitoyens ont émigré en Afrique du Sud et, à la suite d’une hyper-inflation, le Zimbabwe a supprimé sa propre monnaie pour utiliser désormais le dollar américain.

    Avec AFP

  • La Tunisie supprime le visa d’entrée pour six pays africains

    La Tunisie supprime le visa d’entrée pour six pays africains

    -Dans le but de relancer le tourisme et d’encourager les déplacements entre la Tunisie et les pays du continent, il a été décidé de supprimer le visa d’entrée pour six pays africains.

    Touhami Abdouli, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères chargé des affaires arabes et africaines, dans une déclaration accordée lundi à Jawhara Fm, a annoncé la levée du visa pour les citoyens du Burkina Faso, du Congo démocratique, du Congo Brazzaville, du Zimbabwe, du Botswana et de la Centrafrique.

    La Tunisie se démène pour sauver son tourisme et oriente désormais ses efforts vers l’Afrique, un vaste marché à explorer et à exploiter à tous les niveaux, ce qui pourrait relancer l’économie nationale et la croissance. Touhami Abdouli a estimé que cette ouverture de la Tunisie sur le marché africain lui permettrait de générer 2 points de croissance économique supplémentaires.

    Le secrétaire d’Etat a également annoncé que les Jordaniens, qui voyagent énormément et ont un gros pouvoir d’achat, seront aussi exemptés de visa d’entrée. « Les ressortissants de pays comme la Jordanie, le Botswana, le Zimbabwe, le Burkina Faso et les deux Congo ont un pouvoir d’achat élevé, sachant qu’une coopération économique solide avec ces pays pourrait faire augmenter le taux de croissance de deux points », a indiqué Touhami Abdouli.

    Il a par ailleurs précisé que la décision, déjà prise lors d’un récent conseil des ministres, sera mise en vigueur à partir du début du mois de mai prochain.

    En difficulté depuis la révolution du Jasmin de 2011 et la montée en puissance du djihadisme et des actes terroristes, le tourisme, reste l’une des principales ressources de la Tunisie.

    Après l’attaque du 18 mars contre le musée du Bardo, qui a coûté la vie à 22 personnes dont 21 touristes étrangers, le pays tente de sauver son tourisme en rassurant les visiteurs sur leur sécurité et en lançant une campagne de publicité en Europe.

    La ministre du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, a annoncé, la semaine dernière, « des mesures exceptionnelles » pour renforcer le secteur touristique après l’attentat du Bardo. Parmi ces mesures phares : la protection des sites et circuits ainsi que le renforcement des contrôles dans les aéroports, les routes et tous les moyens de transport.

    Après l’attentat, la Tunisie n’hésite pas à surfer sur la vague de la solidarité, une campagne d’affichage à l’international intitulée #TUNISIEMOIJYVAIS, a également été organisée.

    (Afrik)