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– Voici 24 ans, jour pour jour, que le maréchal prenait acte de l’échec de son projet de société fondé sur le Monopartisme incarné par le Mpr dit Parti Etat. Le discours de libéralisation de l’activité politique (alias processus démocratique) prononcé à cet effet est continuellement interprété à l’Udps comme la victoire de Tshisekedi sur Mobutu et sa dictature. Seulement voilà : près d’un quart de siècle après, force est de constater que le lider maximo n’a pas su conduire son parti vers les horizons mérités. Bien au contraire, pour avoir personnifié son combat, Etienne Tshisekedi réalise à ses dépens que l’absence – sur le terrain politique – de Mobutu Sese Seko lui prive du stimulus nécessaire pour poursuivre son combat fondé aujourd’hui sur des méthodes devenues obsolètes. Ainsi, à l’instar du Mpr fait privé récupéré dans un premier temps par le tandem Nzuzi wa Mbombo-Vunduwa avant de disparaître, l’Udps en voie de récupération par Félix Antoine Tshisekedi pourrait ne pas survivre à celui qui passe pour son géniteur sans pour autant l’être…
Car la vérité est que l’Udps – au départ courant politique au sein du Mpr Parti-Etat avant de s’autodéterminer et de se constituer en 1982 en parti politique à part entière – n’a pas pour fondateur initial Etienne Tshisekedi. Les historiens citent plutôt Joseph Ngalula et
Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi.
Dans tous les cas, la célébrissime Lettre des 13 Parlementaires intitulée ” Lettre ouverte au Citoyen Mobutu Sese Seko” porte 13 signatures dont, cités par ordre alphabétique, Gabriel Biringanine Mugaruga, Charles Dia Oken-a-Mbel, François Lusanga Ngiele, Paul-Gabriel Kapita Shabangi, Walter Isidore Kanana Tshiongo a Minanga, Célestin Kasala Kalamba ka Buadi, Antoine Gabriel Kyungu wa ku Mwanza, Protais Lumbu Maloba Ndoba, Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi, Symphorien Mbombo Lona, Joseph Ngalula Mpanda Njila, Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi et Étienne Tshisekedi wa Mulumba. L’honneur à reconnaître au lider maximo est d’avoir fait partie du comité de rédaction aux côtés d’Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi et de Joseph Ngalula Mpanda Njila.
En d’autres termes, l’Udps – au départ – fut effectivement un patrimoine national avec des co-fondateurs représentant presque toutes les 9 provinces d’alors.
Hélas, au fil des années, ce parti a été réduit à une coterie, particulièrement sous la transition “Mobutu-Tshisekedi” entre 1990 et 1997.
Depuis, toutes les tentatives de “re-nationalisation” ont du mal à se concrétiser. Au demeurant, le processus de remplacement d’Etienne Tshisekedi par son fils Félix Antoine Tshisekedi en est la confirmation.
Trois observations…
La preuve, la structure ” Présidence” la livre elle-même au travers du communiqué – comme d’habitude non référencié – du Secrétariat National aux Relations Extérieures rendu public de Bruxelles le 24 avril 2014 avec comme instruction ou recommandation ” Pour diffusion immédiate”.
Intitulé ” Il y a 20 ans, le dictateur Mobutu : ‘Comprenez mon émotion‘”, il fait état de la conférence de presse de ce jeudi 24 avril 2014 à 11h00 au siège de l’Udps, à Kinshasa/Limete, avec pour co-animateurs Bruno Mavungu et Félix Antoine Tshisekedi.
“Cet événement s’inscrit dans la série des manifestations prévues par le parti pour célébrer les 20 ans de sa victoire sur l’une des dictatures les plus inhumaines de l’histoire universelle, incarnée par Mobutu qui, s’affaissant politiquement, avait déclaré, larmes aux yeux ” Comprenez mon émotion”, alors qu’il annonçait solennellement la fin du Mouvement Populaire de la Révolution MPR/Parti-Etat et la reconnaissance officielle de l’UDPS comme force incontournable au pays, précurseur du multipartisme en RDC“, lit-on dans le deuxième paragraphe.
Le troisième est ainsi formulé : “Face aux fins limiers de la presse congolaise et internationale, Bruno Mavungu s’étendra sur les enjeux socio-politiques, allant de la fraude électorale au complot constitutionnel en passant par l’amnistie et l’insécurisation volontaire du peuple congolais par le régime d’imposture. Félix Antoine Tshisekedi pourrait parler de son marathon diplomatique pour rallier l’occident au concept ‘gagnant-gagnant’ avec la RDC, considérant ‘le Peuple d’abord’“.
La signature reste la même : “pour info : Eddy Lukuna“.
Il est question d’annonce d’une feuille de route au cours de cette conférence.
La première observation à faire est que l’Udps dit célébrer les 20 ans de l’avènement du 24 avril 1990 alors qu’en cette année 2014, il s’agit plutôt du 24ème anniversaire ! Il n’y a rien d’anodin dans l’omission. La vérité est que Félix et son collaborateur Eddy ignorent la date exacte de la prestation.
La deuxième observation est le conditionnel mis quant à l’intervention de Félix. Alors qu’au premier paragraphe du communiqué il est bien dit que le secrétaire national sera aux côtés du secrétaire général Mavungu “pour répondre aux questions touchant la diplomatie de l’UDPS“, au troisième l’usage du conditionnel laisse supposer qu’il abordera les mêmes sujets sociopolitiques.
La troisième observation est que pour un événement de si grande portée politique et diplomatique, les organisateurs ignorent superbement Etienne Tshisekedi pendant que les analystes non avertis vont s’amuser à établir un lien entre la dictature de Mobutu et le régime d’imposture non autrement identifié.
Ainsi, d’un côté, Joseph Kabila est ménagé pendant que de l’autre, une croix est mise sur le lider maximo.
Méthode Mingistu au sein du Derg
Au-delà de ces observations, une chose est sûre : l’Udps a raté tous ses grands rendez-vous avec l’histoire : 24 avril 1990, Cns, 17 mai 1997, Dialogue intercongolais, référendum et élections de 2005-2006 et, dernièrement, élections de 2011.
C’est à croire que la disparation consommée d’abord du Mpr Parti-Etat, ensuite du Mpr fait privé, a ôté à ce parti sa raison d’être.
Il faut avouer que la chasse aux sorcières ouverte en interne et en externe pour rester maître du jeu (force incontournable au pays) a eu plutôt un effet boomerang. Pour rappel, en interne, Tshisekedi père – comme inspiré par la méthode Mingistu au sein du Derg éthiopien – a réussi à “écraser” bon nombre des 13 Parlementaires : Lusanga Ngiele, Kyungu wa Kumwanza, Lumbu Maloba Ndoba, Ngalula Mpanda Njila et autres Ngoyi Mukendi Muya Mpandi, avant d’éliminer les Katompa, Mpika, Lihau, Kibassa, Birindwa, Mbwankiem, Beltchika et, plus tard, les Gisanga et Mukendi. En externe, il a frappé les Iléo, Nguz, Kengo, Thambwe Mwamba, Mungul Diaka, Kamitatu Massamba et même Bomboko Lokumba.
Pire, dès 1991, il a commencé à malmener les Occidentaux : de Melissa l’américaine à Claes le belge en passant par Emma Bonino l’unioniste européenne, tout le monde a en eu pour son compte.
Résultat : la vengeance étant un plat qui se mange froid, les cosignataires survivants de la Lettre des 13 Parlementaires, les cofondateurs et animateurs principaux désabusés de l’Udps, les ex-Mobutistes passés à l’Opposition et les Occidentaux choqués ne se sont pas positionnés en faveur de celui qui passe pour leur “bourreau”.
Et encore, le mépris ne s’est pas arrêté : Eugène Diomi, Vital Kamerhe, Roger Meece, Martin Kobler etc. allongent la liste.
Aujourd’hui, Félix Antoine Tshisekedi – qui est en voie de succéder à son père Etienne Tshisekedi – sait qu’il hérite de ce dernier plus de problèmes que de solutions, plus d’ennuis que d’atouts.
Il a conscience du fait qu’à l’instar du Mpr, l’Udps risque de sombrer.
A moins de changer de méthodes et de discours qui l’ont plombée près d’un siècle…
Omer Nsongo die Lema