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Source: La Prosperite
Tentative de la modification de la loi électorale: 70 ans, âge limite des candidats à l’élection présidentielle
-La loi électorale pourrait subir des modifications substantielles et plus particulièrement au niveau de la limitation de l’âge pour se présenter comme candidat à l’élection présidentielle prévue pour le mois de novembre prochain. Selon des sources proches de la Haute Ville, des discussions sont suffisamment avancées dans certains salons politiques. Le projet pourrait être présenté à la session parlementaire de mars prochain. Essentiellement lors de la réunion des présidents des groupes parlementaires à la demande d’un groupe parlementaire ou par un député. L’on rapporte que la modification en question va limiter à 70 ans l’âge des candidats à l’élection présidentielle. Les initiateurs de cette modification citent de nombreux exemples, dont certains pays africains et asiatiques où l’âge varie entre 40 et 70 ans, notamment au Congo-Brazzaville voisin, au Cambodge, au Népal, en Argentine, etc.
Mais seulement voilà ! Ceux qui veulent initier cette modification donnent l’impression d’avoir oublié l’histoire récente des débats qui avaient failli mettre le feu à la baraque Congo Démocratique lorsque l’on avait arrêté des critères relatifs à l’âge limité à celui du sénateur, soit 40 ans, la détention d’un diplôme de graduat comme niveau scolaire minimum, le certificat de moralité attesté par un casier judiciaire propre, le fait de n’avoir pas été mêlé de près ou de loin à des crimes économiques et de sang.
C’est suite aux interventions des Etats ayant accompagné le processus de pacification, de réunification et de démocratisation que les protagonistes avaient enterré la hache de guerre pour fumer le calumet de la paix et le pays avait été sauvé de justesse d’une nouvelle guerre civile aux conséquences indicibles et incalculables. Ouvrir la boîte à Pandore…
Les milieux opposés à cette modification s’étonnent d’abord de l’empressement affiché par ceux qui espèrent éliminer de la compétition à peu des frais des adversaires politiques qui dérangent. « Comme l’on veut ouvrir la boîte à Pandore, allons-y et l’on sera sans pitié et sans vergogne », entend-on dire. Ainsi donc sera lancé le chemin pour plonger avec plaisir dans les méandres les plus nauséabonds de l’histoire récente de la vie de la Nation. On va rouvrir les pages les plus sombres des rapports des commissions sensibles de la Conférence Nationale Souveraine, notamment celui de la commission des Biens Mal Acquis et celui des Assassinats et crimes contre l’Humanité commis depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Tout récemment, au début du troisième trimestre de l’année passée sous l’appellation de Rapport MAPPING la commission de l’ONU sur les droits de l’homme avait rendu public un document de plus de 500 pages relatif aux crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité commis en RDC entre 1993 et 2003. Un rapport qui avait dérangé le sommeil des dirigeants du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et leurs complices locaux. En second lieu, l’on cite celui relatif aux pillages des ressources naturelles, minérales et autres rendu public en 2001 et qui avait dérangé pendant plusieurs années le sommeil et la quiétude de certains apparatchiks du régime en place. Il y a aussi le rapport de la Commission LUTUNDULA dont les conclusions n’ont jamais été débattues en plénière de l’Assemblée nationale de la transition de 2003-2006 mais qui concernent des contrats miniers, commerciaux, économiques et autres conclus par chacun des principaux belligérants avec des firmes étrangères tout au long de la guerre dite de libération ou d’agression déclenchée en 1996.
Outre les accusations des crimes de guerre, contre l’humanité et de génocide, il faudra retenir les crimes économiques dont les auteurs et co-auteurs devraient être disqualifiés du processus électoral en vue d’être poursuivis devant la justice des hommes pour que la vérité éclate au grand jour. Dans la mesure où il est inadmissible de retenir des candidatures des personnalités sur qui pèsent des accusations de crimes de ce genre. Vers « l’ivoirisation » ou « la somalisation » ?
Autant des dossiers qui risquent d’envenimer le climat socio-politique à la veille de cette élection présidentielle déjà fortement viciée par les débats sur la révision constitutionnelle. On imagine à peine les réactions de certains candidats qui se verront disqualifier par cette limitation d’âge. Comment vont se comporter leurs partisans ? Quelle sera la réaction de la communauté internationale qui éprouve tout le mal du monde à trouver une voie de sortie à cette crise qui menace d’une part l’intégrité territoriale, la paix, la sécurité de la Côte d’Ivoire et d’autre part, celles des pays voisins qui disposent d’une forte diaspora au pays de feu Houphouët-Boigny ? S’il est admis que la RDC est l’un des pays en Afrique qui a toujours souffert des convoitises des puissances étrangères mais n’a jamais connu des guerres tribalo-ethniques ou confessionnelles, la disqualification de certaines personnalités par le jeu de cette modification de la loi électorale n’est-elle pas de nature à réveiller des rancœurs et des ressentiments qui n’ont pas été totalement cicatrisés depuis les élections de 2006 ? Il suffirait peut-être d’un rien pour que les petits apprentis sorciers qui sont souvent à l’affût de n’importe quel prétexte pour mettre le feu à la baraque. Et vive alors « l’ivoirisation » ou « la somalisation ».