Propos recueillis par Laurel KANKOLE
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Me Joseph Mukendi, ancien conseiller politique de M. Etienne Tshisekedi rompt donc avec le silence. Elu membre du comité national lors des travaux du congrès de l’UDPS du 15 avril 2009, Me Mukendi reste optimiste quant à l’avenir politique de leur parti. «Les querelles à l’UDPS sont des querelles des cadres en mal de positionnement. Très bientôt, le parti va faire son unité». D’autres considérations, il les donne dans l’interview ci-dessus.
Me Joseph Mukendi, quels sont vos rapports actuels avec M; Etienne Tshisekedi et Alexis Mutanda, secrétaire général de l’UDPS?
(Ton sévère). M. Etienne Tshisekedi wa Mulumba est le président national de notre parti politique. Il n’y en a pas deux. Il bénéficie même d’un statut spécial. C’est lui notre président national et le congrès l’a consacré en cette qualité. Je me réserve quant à la question sur M. Alexis Mutanda. Vous lui poserez la question. Quels rapports entretient-il avec moi? Il vous répondra. Et c’est à ce moment là que je vous répondrai à mon tour.
Mais pourquoi avez-vous séché les réunions du parti qui se tiennent à son siège officiel de la 10ème Rue/Limete, alors que vous reconnaissez à M. Etienne Tshisekedi, la qualité de président national de l’UDPS?
Nous ne siégeons pas à Limete parce que le propriétaire de la parcelle nous avait déguerpis.
De quel propriétaire de parcelle parlez-vous?
De M. Alexis Mutanda, propriétaire de la parcelle sise au n° 546, de l’avenue Zinnias, sur la 10ème Rue du quartier résidentiel de Limete.
M. Alexis Mutanda, donc le secrétaire général de votre parti politique?
A l’époque, il ne l’était pas. M. Alexis Mutanda nous a fait déguerpir avec l’aide de la Police. Suite à cette humiliation, les membres du Collège des fondateurs s’étaient réunis et avaient aussitôt pris une résolution de principe pour délocaliser le siège du parti, afin de l’installer provisoirement au n°20 de l’avenue Cardinal Malula, au quartier Righini, dans la commune de Lemba.
Vous dites que vos relations sont bonnes avec M. Etienne Tshisekedi alors que sur la liste des membres de son cabinet récemment nommés, le votre n’y est plus. N’est-ce pas là une preuve de crise dans vos rapports?
Rien de tout cela. Honnis soient ceux qui entretiennent de l’électrochoc! Je rappelle que depuis lors j’ai été désigné par M. Etienne Tshisekedi, membre du Comité organisateur du Congrès (COC). Avant cela, j’étais membre du comité national. Quand vous me parlez de conseiller, vous ne connaissez peut-être pas comment fonctionne M. Etienne Tshisekedi. Si vous lui demandez qui est son conseiller, sans doute, il vous dira: «Je n’en ai pas ou j’en ai plusieurs». Le président national de l’UDPS écoute tout le monde. Même les petits enfants. Et son conseiller peut-être aussi vous qui me posez cette question. M. Etienne Tshisekedi n’est pas un homme figé! Et quand vous me parlez de la liste des membres du cabinet à quelle liste faites-vous allusion?
Bien sûr, à celle vulgarisée il y a peu par M. Albert Moleka, assistant et porte-parole de M. Etienne Tshisekedi!
Ecoutez. Je n’ai jamais vu cette liste. De toutes façons, je ne suis plus membre du cabinet. Je suis plutôt membre du Comité organisateur du Congrès. Et ça fait 20 ans.
De quel Comité organisateur du Congrès parlez-vous? Celui qui a été dissout par la décision n°081/UDPS/PN/ 09 du 17 janvier 2009?
Une décision trafiquée? Depuis le Congrès, j’ai été élu membre du comité national. La liste à laquelle vous faites allusion, si elle existe réellement, et bien, j’estime qu’il soit normal que le président national de l’UDPS rajeunisse son entourage. Vous savez bien que ce sont des postes qu’on occupe par bénévolat. Il n’est donc pas normal que la même personne soit là pendant plusieurs années. Car, à un certain moment on se sclérose! On ne peut pas être conseiller à vie. Cela dit, il faudrait donc, aspirer à de hautes fonctions. Le fait que j’eus été promu, en quoi cela vous dérange-t-il? Vous auriez donc voulu que je reste un simple collaborateur? Puisque le président national du parti avait fait de moi membre du COC dont vous dites dissout … Je vous confirme qu’il s’agit d’une décision trafiquée!
Par qui?
Par ceux qui ont le stylet de signature du président de notre parti!
Qui précisément?
Le cabinet du président Étienne Tshisekedi!
Vous semblez accorder beaucoup d’importance à un congrès, pourtant annulé par une décision n°082/UDPS/PN/ 09 du 31 janvier 2009 annulant la décision n°072/UDPS/PN/ 08 portant convocation du premier congrès de l’UDPS.
Je dois préciser à l’opinion que cette décision a été contredite par la décision n°083 qui vient, dans les mêmes circonstances, proroger les compétences du Collège des fondateurs et qui confirme la date et la tenue du congrès. Vous savez, dans cette période de crise au sein de notre parti, il est important qu’on le sache, puisque c’est devenu un secret de polichinelle, que les décisions prétendument prises par le président national sont des décision confectionnées ici à Kinshasa et on y a apposé le stylet de la signature du président. Partant, les décisions n°081, 082 et 083 rentrent dans cette catégorie. Le directoire et le Collège des fondateurs avaient rejeté en bloc ces décisions qui se contredisaient entre elles et avaient estimé que le congrès devrait se tenir selon la volonté maintes fois exprimée par le président national.
Conformément aux textes qui régissent l’UDPS, quels sont les organes statutaires qui avaient qualité de convoquer ce congrès, d’en fixer le lieu et les points à l’ordre du jour?
Belle question! Le congrès avait été convoqué par le président national du parti, M. Étienne Tshisekedi. Étant entendu que le congrès, initialement prévu le 15 février 2009, n’avait plus eu lieu à cette même date et qu’entretemps, le président national étant empêché depuis plus de 19 mois, le collège des fondateurs, en vertu de ses prérogatives statutaires, a constitué le Directoire. Celui-ci, à son tour, a reporté le congrès prévu le 15 février au 15 avril 2009. Je profite de cette occasion pour clarifier certaines zones d’ombre. Très souvent, les amis (ndlr: ceux qui sont encore à Limete) se réfèrent au contenu de l’article 20 de nos anciens statuts. Pire, ils se limitent seulement au premier alinéa de cet article. Pourtant, il est recommandé de lire les autres alinéas, entre autres les alinéas 2 et 3 dudit article.
Que disent-ils?
Selon les dispositions de l’article 20, spécialement en ses alinéas 2 et 3, le congrès peut aussi être convoqué par les autres organes du parti qui ne sont pas le président national. Et le Directoire est un organe qui est au-dessus de tous les autres du parti. Il y a mieux que ça. L’article 82 des statuts en vigueur jusqu’à la tenue du Congrès, c’est-à-dire le 15 avril 2009, stipule que jusqu’à la tenue du premier congrès, la présidence de l’UDPS est collégiale. Et, lorsqu’on parle de la présidence nationale, c’est donc cette dynamique de la présidence collégiale! Donc, il faudrait lire nos textes entièrement. Je convie l’opinion à lire les alinéas 2 et 3 de l’article 20, ainsi que l’article 82 des statuts de l’UDPS.
Mais comment peut-on comprendre que M. Étienne Tshisekedi qui avait convoqué le congrès, refuse encore de signer ses actes? Pire, le courrier lui envoyé a été retourné à ses expéditeurs. En êtes-vous au courant?
Nous l’avons appris. Mais la signature du président Etienne Tshisekedi consistait à rendre publiques les décisions prises et non pas à les rendre valides. Vous savez bien que le congrès est un organe suprême du parti. Il est au-dessus du comité national, du président national et du collège des fondateurs. A ce titre, la décision du congrès n’a pas besoin d’une signature pour être valide! Les courriers dont vous parlez, on nous les a exhibés par des médias interposés. Nous ne les avons pas encore réceptionnés. Moi personnellement, je ne connais rien du contenu dudit courrier. Ce qui est important, est que les courriers envoyés à Bruxelles montrent que M. Etienne Tshisekedi était amplement informé de toutes les décisions du congrès. C’était une obligation statutaire. Une fois que cette obligation est remplie, le président disposait de 30 jours pour les rendre publiques. Dépassé ce délai, les décisions du Congrès sont exécutoires.
Dans une conférence de presse à la résidence de M. Étienne Tshisekedi, M. Albert Moleka avait déclaré que le premier congrès de l’UDPS sera convoqué ultérieurement par les soins du président du parti. N’est-ce pas là une preuve de désaveu?
A une date ultérieure? Quand les opérations d’enrôlement auront déjà eu lieu? Est-ce que vous y comprenez quelque chose? C’est le congrès qui doit lever les grandes options. Nous avons un problème. Vous savez que l’UDPS avait refusé de prendre part aux opérations électorales de 2006. Il fallait donc lever une option. C’est ce qui a été fait lors de notre premier congrès. Ceux qui vous disent que le congrès de l’UDPS aura lieu au deuxième semestre de l’année 2009 sont les mêmes personnes qui ne voulaient pas que le premier congrès se tienne et qui ne veulent pas que l’UDPS participe aux élections. C’est ainsi qu’on entend des avis discordants et même contradictoires. Si aujourd’hui, ils disent que nous participons aux élections, demain les mêmes disent qu’ils ne participeront qu’aux élections législatives de 2011, alors que pour participer à ces élections, il faut obligatoirement s’enrôler pour participer aux élections locales. D’où, ce quiproquo est la preuve qu’on est de mèche avec le pouvoir et contre l’UDPS.
Les faits prouvent que l’UDPS traverse des zones de turbulence qui n’augurent pas de lendemains enchanteurs. ..
Vous serez étonné. L’UDPS est en train de refaire son unité. Parce que vous ne le savez peut-être pas, il n’y a pas de petits chocs à la base. Toutes ces petites querelles sont des querelles des cadres en mal de positionnement! Le chef du parti est le même: M. Étienne Tshisekedi. Il a créé une vision pour un parti unique avec tous les cadres de l’UDPS. Le président Étienne Tshisekedi n’exclut personne et notre base est restée fidèle. Avec sa pression, tous les cadres du parti vont se retrouver très bientôt, plus vite que vous ne le pensez, autour des résolutions du premier congrès pour aller de l’avant et préparer les prochaines élections. Nous sommes sûrs de les préparer dans l’unité et les gagner.