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Présidentielle en RDC : la course contre la montre est engagée


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Par RFI

-Des élections de la démesure… Organiser une présidentielle et des législatives sur toute l’étendue du territoire de la RDC pour le 28 novembre est un véritable casse-tête logistique !

« S’il n’y a pas d’urnes, il n’y a pas d’élections. » Avant de s’envoler, le 22 septembre, pour l’Allemagne, où il a passé commande d’environ 62 000 urnes, soit le nombre de bureaux de vote, Daniel Ngoy Mulunda, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a eu le mérite de la clarté. Problème, les élections présidentielle et législatives sont fixées au 28 novembre, dans moins de deux mois ! Même en misant sur le savoir-faire industriel germanique, ce délai est serré. Et le défi logistique ne s’arrête pas là.

Dans un pays grand comme quatre fois la France, comptant de nombreuses localités reculées, uniquement accessibles à pied ou en bateau, organiser ce double scrutin est un casse-tête à la dimension du « Grand Congo » : démesuré et gigantesque. Surtout que le législateur siégeant à Kinshasa semble s’être donné une règle : pourquoi faire simple et peu coûteux quand on peut faire cher et compliqué. Pour la présidentielle comme pour les législatives, les bulletins de vote devront mentionner le nom, la photo, l’appartenance politique et le numéro d’identification de chaque candidat, sans compter la case vide sur laquelle chacun des 32 millions d’électeurs signifiera son choix. Les bulletins seront donc forcément imprimés sur du papier grand format !

Quelque 14 000 candidats pour 500 députés

Si 11 candidats briguent la magistrature suprême, pour l’élection des 500 députés, l’imprimeur sud-africain est prié de ne pas se tromper dans la programmation de ses rotatives : les 11 provinces ont été morcelées en 169 circonscriptions, soit, au final, 14 000 candidats ! Du coup, l’isoloir en taille XL fabriqué au Liban doit naturellement offrir l’espace requis, tout comme l’urne made in Germany.

À l’aéroport Ndjili de Kinshasa, le ballet des avions-cargos a débuté. La réception du matériel est une chose. Mais il faut ensuite le répartir sur l’ensemble du territoire. Nouveau casse-tête. « La logistique est un goulet d’étranglement et les moyens aériens sont insuffisants », estime Thierry Vircoulon, directeur Afrique centrale d’International Crisis Group (ICG).

D’abord étrangement silencieuse devant l’étendue de ce chantier hors norme, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC, la Monusco, a musclé sa communication. Pour apaiser la colère sourde de l’opposition qui dénonce l’opacité du fichier électoral ? Sans doute. Pour rassurer les bailleurs de fonds qui financent à hauteur de 84 millions de dollars un processus électoral chaotique ? Certainement.

Des tonnes de matériel

« La température monte dangereusement ; l’opposition radicalise son discours et prépare le terrain pour éventuellement contester le déroulement du scrutin et les résultats s’ils sont défavorables. La tentation d’envoyer ses militants dans la rue, notamment à Kinshasa, est déjà perceptible », prévient un expert international. « Tout est fait pour que le calendrier électoral soit respecté. […] Des centaines de tonnes de matériel sont convoyées à l’intérieur du pays. Malgré quelques difficultés, tout se déroule de manière rassurante », a déclaré Roger Meece, le chef de la mission onusienne, le 22 septembre, lors d’une rencontre avec la presse.

La Monusco dispose déjà de 50 avions et hélicoptères. Et prévoit de porter sa flotte à 75 appareils. La course contre la montre ne fait que commencer.