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-C’est un vieux diplomate, familier des débats au Conseil de Sécurité, qui l’affirme : « chaque fois qu’il s’agît de rédiger une résolution concernant la guerre à l’Est du Congo, dénonçant les appuis extérieurs apportés aux rebelles du M23, la même scène se reproduit : le représentant français au Conseil de Sécurité tient la plume et la représentante américaine, Susan Rice, intervient avec force pour adoucir le texte, évitant que le Rwanda soit explicitement nommé et mis en cause. »
Ce constat, partagé par des ONG influentes à Washington comme Human Rights Watch, risque de coûter cher à Susan Rice dont le nom est souvent cité pour succéder à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Mme Rice, une diplomate noire américaine, peut certes compter sur le soutien personnel du président Obama, un ami de longue date, et sur une solide expérience des relations internationales. En effet, alors que, de 1992 à 1997 elle travaillait au Conseil national de sécurité, elle fit ses classes sous la houlette de Madeleine Albright, chef de la diplomatie américaine sous la présidence de Bil Clinton. C’est de là, assurent ses détracteurs, que lui vient son « biais pro-rwandais » qui l’a amené, ses derniers temps à prendre des positions de plus en plus controversées : elle a tenté de bloquer et a réussi à retarder la publication du premier rapport des experts de l’ONU décrivant, avec force détails, le soutien apporté par le Rwanda au rebelles congolais, elle a jusqu’à présent réussi à éviter que Kigali soit explicitement cité et blâmé par le Conseil de Sécurité, le communiqué du 20 novembre dernier se contentant d’exprimer sans autre précision « le profond souci qu’inspirent les appuis extérieurs apporté au mouvement ». D’après ses détracteurs, Mme Rice tenterait aussi de protéger des critiques le président Kagame lui-même, préservant ainsi l’ image du chef de l’Etat aux Etats-Unis.
Un article publié le 10 décembre par le New York Times va plus loin encore : la journaliste Hélène Cooper assure que Mme Rice, alors qu’elle travaillait pour la firme d’intelligence stratégique « Intelligency » en compagnie d’autres ex-membres du cabinet Clinton dont Anthony Lake, membre du Conseil national de sécurité et un ancien directeur de la CIA, aurait eu le président rwandais comme « client ». D’où le soupçon de conflit d’intérêt…
Cette polémique doit évidemment être interprétée dans le contexte politique actuel à Washington, où le président Obama, entamant son deuxième mandat, se prépare à changer quelques pièces maîtresses de son administration et, en particulier, à remplacer Hillary Clinton et Johnny Carson, secrétaire d’Etat adjoint. Ce dernier, comme Susan Rice, a toujours affirmé qu’il soutenait le principe de la « diplomatie tranquille » et que le Rwanda, étant considéré comme une « partie de la solution » dans la région, ne devait pas être attaqué de front.
Aux critiques sur sa politique rwandaise s’ajoute le fait que le caractère abrupt de Susan Rice ne lui vaut pas que des amis. Ses collègues lui reprochent aussi sa mauvaise appréciation de l’attentat de Benghazi en Libye, le 11 septembre dernier, qui a coûté la vie à l’ambassadeur américain Chistopher Stevens. Mme Rice, dans un premier temps, avait refusé d’y voir la main d’ Al Qaida.
Initialement considérée comme un atout, la longue implication de Susan Rice dans la politique africaine pourrait se retourner contre elle. En effet, en 1994, Madeleine Albright, à la tête du département d’Etat, ordonna aux diplomates américains de s’abstenir d’utiliser le terme « génocide » à propos du Rwanda, afin d’éviter aux Etats-Unis toute obligation d’intervenir pour stopper les massacres. Par la suite, Bill Clinton devait se rendre à Kigali et demander publiquement pardon pour cette abstention tandis que le Département d’Etat tout entier, y compris Mme Rice, développait à la fois un sentiment persistant de culpabilité et une grande estime personnelle à l’égard du président Kagame . Ce dernier, lors des deux guerres du Congo, fut même présenté comme le chef de file des « nouveaux leaders africains » et il fut assuré de l’appui du Département d’Etat et du Pentagone. Une perception qui est aujourd’hui sérieusement ébranlée.
Par Colette Braeckman