– Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a suspendu vendredi la participation de l’Egypte à l’organisation panafricaine, après le renversement par l’armée du président égyptien Mohamed Morsi, selon un communiqué officiel.
L’UA a pour politique de suspendre tout Etat-membre où se produit un “changement inconstitutionnel de pouvoir”, généralement jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.
“Le Conseil a décidé de suspendre la participation de l’Egypte aux activités de l’UA”, a déclaré à la presse le secrétaire du Conseil de paix et de sécurité, Admore Kambudzi, lisant ce communiqué, à l’issue de plus de trois heures de réunion du CPS.
“Le Conseil réitère la condamnation et le rejet par l’UA de toute prise illégale du pouvoir”, a poursuivi M. Kambudzi, “le renversement du président (Morsi) démocratiquement élu n’obéit pas aux dispositions pertinentes de la Constitution égyptienne et correspond donc à la définition du changement inconstitutionnel de pouvoir”.
L’islamiste Mohamed Morsi, élu en juin 2012, a été déposé mercredi soir par l’armée de son pays, puis arrêté, après une semaine de manifestations populaires massives. Les militaires ont désigné le président de la Haute cour constitutionnelle, Adly Mansour, pour occuper le poste de président par intérim.
Au début de la réunion vendredi, l’ambassadeur égyptien auprès de l’UA, Mohamed Edrees, avait tenté de convaincre le CPS de ne pas suspendre son pays, arguant que l’armée n’avait fait que répondre à l’appel du peuple égyptien et que le renversement de M. Morsi n’était que le prolongement de la révolution populaire ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir en février 2011.
L’Egypte n’avait alors pas été suspendue de l’UA.
“J’ai défendu le cas de l’Egypte devant le CPS”, a expliqué à la presse M. Edrees, sorti environ deux heures avant la décision.
Selon l’ambassadeur, “la voix et l’appel de dizaines de millions d’Egyptiens doivent être entendus, compris et respectés (…) le rôle de l’armée est de soutenir le peuple (…) pas d’organiser un coup d’Etat”.
“Depuis le début du printemps arabe, celui-ci pose un défi à (…) l’Union africaine. L’UA, à l’époque (du renversement de M. Moubarak), avait décidé que ce qui s’était passé en Egypte était une révolution populaire et devait donc être traité en conséquence”, a-t-il souligné.
Le renversement de M. Morsi est une nouvelle “phase de ce qui s’est passé auparavant et mérite le même traitement”, a-t-il argué, “ce à quoi nous assistons est la volonté du peuple de voir sa révolution victorieuse”.
La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma a réagi en indiquant que “personne ne s’assiéra derrière le drapeau (égyptien à l’UA), ni le précédent gouvernement ni le gouvernement provisoire, jusqu’à ce qu’il y ait une élection qui soit évidemment l’expression de la volonté du peuple égyptien”.
“Le retour à l’ordre constitutionnel correspondra aux élections”, a-t-elle ajouté, indiquant ne pas pouvoir donner de date pour ce futur scrutin.
L’Egypte rejoint, parmi les pays actuellement suspendus, la Centrafrique – suspendue en mars dernier après le renversement du président Bozizé par les rebelles de la coalition Séléka -, Madagascar – depuis le renversement du président Marc Ravalomanana en 2009 – et la Guinée-Bissau – depuis un coup d’Etat militaire en avril 2012.
Le Mali, suspendu après le putsch de mars 2012, a été réintégré en octobre, sans attendre le rétablissement de l’ordre constitutionnel, mais après la remise du pouvoir par la junte à des autorités civiles de transition et alors que le nord du pays était passé sous le contrôle de groupes armés islamistes. Une élection présidentielle est prévue le 28 juillet au Mali.
(AFP) |