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Nelson Mandela est mort, premier président noir d’Afrique du Sud


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nelson-3– Nelson Mandela, héros de la lutte contre le régime raciste d’apartheid et premier président noir de l’Afrique du Sud démocratique, est mort jeudi à l’âge de 95 ans, a annoncé le chef de l’Etat Jacob Zuma à la télévision.

“L’ex-président Nelson Mandela nous a quittés (…) il est maintenant en paix. La Nation a perdu son fils le plus illustre”, a déclaré le président Zuma lors d’une intervention en direct peu après 21h30 GMT.

“Il s’est éteint en paix (…). Notre peuple perd un père”, a-t-il ajouté avant d’annoncer que les drapeaux seraient mis en berne à partir de vendredi et jusqu’aux funérailles d’Etat dont il n’a pas annoncé la date.

“Exprimons la profonde gratitude pour une vie vécue au service des gens de ce pays et de la cause de l’humanité”, a-t-il enchaîné. “C’est un moment de profond chagrin (…) Nous t’aimerons toujours Madiba”.

“Comportons nous avec la dignité et le respect que Madiba personnifiait”, a ajouté M. Zuma, qui a utilisé le nom de clan du héros de la lutte contre l’apartheid, un nom utilisé familièrement par tous les Sud-Africains pour désigner leur idole.

“Une grande lumière s’est éteinte”, a réagi le Premier ministre britannique David Cameron.

Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a rendu un hommage appuyé à Mandela, saluant un homme “courageux, profondément bon”.

“Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l’Afrique du Sud et nous a tous émus”, a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche.

Nelson Mandela, qui a fêté ses 95 ans le 18 juillet, avait été hospitalisé quatre fois depuis décembre, à chaque fois pour des récidives d’infections pulmonaires.

Ces problèmes récurrents étaient probablement liées aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l’apartheid.

Absent de la scène politique depuis plusieurs années déjà, “Madiba” faisait l’objet d’un véritable culte qui dépassait largement les frontières de son pays.

Tour à tour militant anti-apartheid obstiné, prisonnier politique le plus célèbre du monde et premier président noir de l’Afrique du Sud, il avait été qualifié par l’archevêque Desmond Tutu, autre prix Nobel de la paix pour son engagement contre le régime sud-africain, d'”icône mondiale de la réconciliation”.

Mandela restera dans l’histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l’apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale.

Et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile raciale qui, au début des années 1990, paraissant difficilement évitable. Ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk.

Mandela a passé plus de vingt-sept ans en prison, de 1964 à 1990, devenant peu à peu devenu le symbole de l’oppression des Noirs sud-africains, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération.

Mais avant même d’être libéré, il avait appris à comprendre ses adversaires –allant jusqu’à apprendre leur langue, l’afrikaans, et leur poésie–, à pardonner, et à travailler avec eux. Une fois libéré, ils les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.

Sous les couleurs du Congrès national africain (ANC), Mandela a été le premier président de consensus de la nouvelle “nation arc-en-ciel”, de 1994 à 1999.

Un rôle notamment magnifié dans le film “Invictus” de Clint Eastwood, où on le voit conquérir le coeur des Blancs en venant soutenir l’équipe nationale de rugby lors de la Coupe du monde de 1995, emportée par l’Afrique du Sud.

Nelson Rolihlahla Mandela était né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l’ethnie xhosa.

Il a rapidement déménagé dans le village voisin de Qunu, où il a passé, dira-t-il, ses “années les plus heureuses” –une enfance libre à la campagne peut-être idéalisée–, avant de recevoir une bonne éducation.

Si son institutrice l’a nommé Nelson, son père l’avait appelé Rolihlahla (“celui par qui les problèmes arrivent”, en xhosa). Et Mandela a très tôt manifesté un esprit rebelle.

Etudiant, il est exclu de l’université de Fort Hare (sud) après un conflit sur l’élection de représentants étudiants, avant de fuir sa famille à 22 ans pour échapper à un mariage arrangé.

Arrivé à Johannesburg, le bouillant jeune homme prend vraiment la mesure de la ségrégation raciale qui mine son pays. C’est là, notamment au contact de Walter Sisulu, son aîné qui va devenir son mentor, que se forge une conscience politique qui a évolué avec le temps: jeune, Mandela aurait volontiers chassé les Blancs du pays.

Après avoir fondé la Ligue de la jeunesse de l’ANC (Congrès national africain), il prend rapidement les rênes du parti, jugé trop mou face à un régime qui a institutionnalisé l’apartheid en 1948.

Après l’interdiction de l’ANC en 1960, Nelson Mandela passe dans la clandestinité. C’est lui qui préside à la fondation d’une branche armée de son parti.

Arrêté de nouveau en 1962, il est condamné à la prison à perpétuité deux ans plus tard.

Pendant son procès, il prononce une plaidoirie en forme de profession de foi: “J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.”

Invisible en public depuis 2010, il était devenu une sorte de héros mythique, intouchable, invoqué tant par le pouvoir que par l’opposition. Il continuera longtemps à sourire chaque jour à tous ses compatriotes.

Avec AFP

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