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-Les opposants à un troisième mandat pour le président burundais pensaient avoir fait l’essentiel avec le rejet par l’Assemblée nationale du Burundi, jeudi, du projet de révision de la Constitution qui aurait permis à Pierre Nkurunziza de faire sauter le verrou constitutionnel des deux mandats. Apparemment ce n’est pas le cas, car cela ne devrait pas empêcher Pierre Nkurunziza de briguer un autre mandat, selon le ministre burundais de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, qui annonce pour la première fois la candidature du président, relançant du coup la polémique sur ce sujet qui fâche.
Le président burundais Pierre Nkurunziza n’avait jamais fait mystère de sa volonté de se représenter pour un troisième mandat en 2015, mais il s’était gardé jusqu’ici de l’officialiser.
Cependant, le rejet du projet de révision de la Constitution, la semaine passée, a apparemment accéléré son calendrier et c’est le ministre burundais de l’Intérieur Edouard Nduwimana, un fidèle parmi les fidèles, qui s’est chargé d’annoncer publiquement et pour la première fois qu’il faudra compter avec Nkurunziza en 2015.
La Cour constitutionnelle doit « trancher »
« Ce que nous dénonçons aujourd’hui, c’est qu’il y a des gens qui veulent faire croire que la question d’un autre mandat (pour Nkurunziza) est close. Ce n’est pas vrai. Ce que je conseille aux politiciens qui vont être candidats à la présidentielle, c’est de se préparer en sachant que qu’ils auront en face d’eux le président actuel qui sera candidat. Ce sera à la Cour constitutionnelle de trancher dans un sens ou dans un autre et les Burundais devront respecter cette décision », a déclaré Edouard Nduwimana
Le ministre burundais de l’Intérieur relance le débat sur ce fameux troisième mandat, moins d’une semaine après le camouflet infligé au pouvoir Nkurunziza par l’Assemblée nationale. Pour cela, il joue sur le fait que Pierre Nkurunziza a été élu par le Parlement en 2005, et ainsi le calcul est vite fait. Il n’en est qu’à son premier véritable mandat, selon Edouard Nduwimana qui laisse le soin de trancher ce débat de juristes à la Cour constitutionnelle du Burundi le moment venu.
Après avoir perdu la première manche, le pouvoir burundais relance donc le bras de fer avec son opposition qui n’est pas prête à faire confiance à une Cour constitutionnelle qui a déjà montré ses limites.
Une tentative de « passage en force »
Pour le parti de l’opposition, l’Union pour le progrès national (Uprona), ce recours à la Cour constitutionnelle est une nouvelle tentative de « passage en force » de la part du président. Selon l’article 96 de la Constitution de mars 2005, basée sur les accords d’Arusha ayant permis de mettre fin à la guerre civile burundaise (1993-2006), le président « est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois ».
Joint par RFI, Charles Nditijé, le président de l’Uprona estime qu’il faudra s’opposer à cette « violation de la Constitution » : « C’est vraiment la voie de la confrontation qu’il ont décidé d’emprunter depuis le processus d’amendement de la Constitution. Les représentants du peuple viennent de refuser ces amendements qui offrent sur un plateau d’argent un troisième mandat au président de la République. Aujourd’hui, la Constitution est claire ; l’accord d’Arusha est clair. Nous devons nous préparer à refuser ce diktat, ce passage en force et cette imposition ».
■ Inquiétude des Nations unies
De son côté, l’ONU se déclare ce mercredi matin « préoccupée ». Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Parfait Onyanga Anyanga a appelé lors d’une conférence de presse à « un sursaut national », en estimant que l’« heure est grave ».
RFI