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Il est des combats qui se perdent avant même qu’ils aient commencé, soit puisqu’ils ne valent pas la peine d’être menés, soit tout simplement parce qu’ils sont mal entrepris : trop tôt ou trop tard. Il y a une autre raison : quand le coût ou les dommages collatéraux qu’ils génèrent sont très élevés.
Les combats perdus d’avance ne le sont pas au seul motif qu’ils sont difficiles. L’UDPS, “la fille ainée de l’opposition” congolaise, a mené de ces combats difficiles, à corps-à-corps avec le régime Mobutu, par exemple. Beaucoup de ses membres sont tombés sur le champ de bataille, souvent mains nus.
Même aujourd’hui, L’UDPS fait toujours penser à des membres courageux et intrépides, prêts à se sacrifier pour leur idéal. Sans le travail sur le terrain du “parti de Limete“, on voit mal comment l’AFDL aurait pu “marcher” si facilement entre 1996 et 1997 d’Uvira à Kinshasa et être facilement accepté par les populations.
Cela dit, il y a lieu de se demander quelle place occupera dans l’histoire du Congo la démarche menée par l’UDPS au lendemain des élections ” très controversées” de novembre 2011, laquelle visait à ” ramener l’imperium à Etienne Tshisekedi, le vrai vainqueur des présidentielles ” ? Sans en nier la légitimité ni le courage, c’est là l’exemple d’un de ces combats perdus d’avance.
Pour trois raisons au moins, cette démarche était mort-née. D’abord, elle s’est basée sur une lecture superficielle des faits. Ensuite ceux qui l’ont menée n’ont pas été bien choisis. Enfin, quoiqu’initiée de l’intérieur, elle a fait plus de dommages à l’UDPS que ne l’ont faits ses propres ennemis.
Une mauvaise lecture des évènements du 26 novembre 2011. Si la Direction politique de l’UDPS avait procédé à une analyse à tête reposée des évènements qui eurent lieu avant et peu après l’atterrissage de l’avion du candidat Tshisekedi à l’aéroport international de Ndjili qui était en provenance du Bas-Congo , le 26 novembre 2011 , elle aurait vu que, dès le début, ” les dés étaient pipés “.
Attendu à Ndjili, c’est plutôt à l’aéroport de Ndolo que son avion est forcé d’atterrir, ” sans en être informé “. Et que de choses étranges se passeront ce jour-là ! ” RadioOkapi.net en décrit quelques unes :
Autour de 23 heures quart, les policiers munis de boucliers et gourdins s’avancent vers la Jeep d’Etienne Tshisekedi pour le forcer à rentrer chez lui après avoir dégagé le passage. C’est le début des accrochages entre la police, les militants de l’UDPS et la garde de Tshisekedi.
Dans cette cohue, son chauffeur qui refuse de conduire est passé à tabac. Un policier prend le volant. Etienne Tshisekedi est ramené de force chez lui à Limete autour de minuit. Selon des sources de l’UDPS, une dizaine de militants de ce parti ont été tués au cours de cette journée. Ainsi prend fin la campagne électorale 2011 à Kinshasa“.
Quand il résume les évènements dans une déclaration impromptue à la presse tenue à l’aéroport et rapportée par Radio Okapi, on ne peut pas ne pas y lire le manque de confiance de M. Tshisekedi à l’endroit du représentant de l’Onu à Kinshasa :
« Quand on arrive à des situations pareilles, c’est alors qu’on prend une position qui inspire confiance. Je suis agressé par la police de Kabila, je suis séquestré. La police de Kabila ne veut pas que je regagne ma maison. Et comme solution, la Monusco trouve qu’elle doit m’escorter. Ça veut dire quoi ? Elle trouve ça légal ce que Kabila fait ! ».
Entamer une démarche en vue de contraindre les pays membres du Conseil de sécurité et d’autres à faire marche-arrière après qu’ils se soient tus (à travers la Monusco) quand le candidat de l’opposition était empêché de se mouvoir pendant un jour de campagne électorale n’était pas réaliste. “Limete” n’avait pas compris que la messe était dite et que l’alternance politique n’était pas encore à l’ordre du jour en RDC.
L’échec cuisant de la mission entreprise plus tard pour “restaurer l’imperium” révèle si pas la cécité, du moins l’erreur des initiateurs de la démarche .
Confier la mission au propre fils de Tshisekedi était une erreur de casting. Même s’il y a des Bush présidents de père en fils, il ne faut pas faire l’amalgame. Pour la plupart d’occidentaux, la succession politique en Afrique de père en fils est à décourager, car pas démocratique. C’est du népotisme.
De ce fait, quelles que soient les qualités diplomatiques dont M. Felix Tshisekedi pouvait disposer, le désigner lui (certes à bon droit, en tant que SRNE) à la tête de cette mission revenait simplement à placer un fils à la défense de son père.
En d’autres termes, tel que cela apparaissait, on se trouvait devant une situation où une question d’ordre privé (disons familial) était indûment transformée en une question nationale. Du coup, la démarche était vidée de son vrai sens et perdait son caractère national et politique. Mieux inspirés, ils l’auraient adjoint à d’autres personnalités, et non mettre Felix Tshisekedi en première ligne.
Même sur le plan médiatique, cela se présentait mal : Felix Tshisekedi n’était perçu que comme le fils de son père et non comme un responsable légitime de l’UDPS, par la faute du casting.
” Dommages collatéraux ” désastreux pour le parti. L’UDPS ne s’est jamais mal porté depuis: d’abord le silence, lourd et pesant pendant non pas des mois, mais des années. Certes, il y avait ici et là un débat radiotélévisé sur une chaine nationale auquel un responsable du parti participait, mais ce n’est pas cela ce que l’on savait de l’UDPS. Tout laissait croire que les résultats des élections présidentielles décevants pour “Limete” avaient mis le parti au tapis, et il n’était pas prêt de se relever.
Les malheurs des uns faisant le bonheur des autres, Vital Kamerhe, malgré son maigre pourcentage (7,97%) aux dernières élections, a su tirer son épingle de jeu et devient peu à peu la référence de l’opposition congolaise. C’est vers lui désormais que la presse étrangère se tourne pour avoir “l’autre point de vue” sur l’actualité chez-nous.
Quant à l’UDPS, sans que l’on sache pourquoi, sa “visibilité” se voit seulement dans les communiqués publiés dans la presse congolaise ou sur les réseaux sociaux, à la manière des partis politiques “alimentaires“.
Autre conséquence d’une gestion désastreuse de la crise, le discours de l’UDPS était des plus confus et démobilisateur: “l’UDPS n’est pas un parti d’opposition“, a-t-on entendu bien des fois. Dans la foulée, on a créé une plateforme politique dénommée Majorité Présidentielle Populaire.
C’est comme s’il était question de convaincre des individus au chômage qu’ils travaillaient. Comment convaincre des membres de l’opposition, et dont le leader était en résidence surveillée, qu’ils avaient le pouvoir ? A défaut de la duplicité, ce n’est rien d’autre que de la démagogie. Peut-on omettre le fait qu’en multipliant les déclarations optimistes du genre “c’est un combat de longue haleine“, les dirigeants de l’UDPS ont donné un faux espoir aux “combattants“.
On peut aussi ajouter que l’UDPS a, en route, perdu quelques alliés politiques fatigués d’attendre “la restauration de l’imperium” qui ne venait pas. N’ayant pas misé sur le fait que la mobilisation vécue au lendemain des élections ne pouvait s’essouffler vite, “le parti de Limete” a payé le prix d’une gestion de manière précipitée d’une crise dont les ramifications et les conséquences sont innombrables.
L’échec de cette mission sonne aussi l’échec de l’unanimisme au sein des formations politiques. Si un tel sujet avait fait l’objet de longues discussions avant de l’entreprendre, peut-être ne l’auraient-ils pas entrepris du tout. Les universitaires et intellectuels devraient aussi traiter de sujets d’intérêt national sur leurs blogs ou au cours des émissions radio ou télé afin d’en examiner les contours, et fournir aux décideurs de la matière.
D’après ce que l’on voit, jusqu’au jour d’aujourd’hui, l’UDPS est encore suspendu au “règlement de la question des élections frauduleuses de novembre 2011“. Mais personne n’est sûre de la date exacte de ce règlement, ni si elle sera jamais réglée un jour. Entretemps, les nouvelles échéances approchent à grands pas. Mal préparées, l’après-Tshisekedi risque de faire de l’UDPS juste un parti comme un autre, à cause des combats perdus d’avance.