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-Tout part au départ des rumeurs d’empoisonnement du général Bahuma
Comme le mentionne le professeur émérite Jean-Claude Willame dans ses Éphémérides des Grands Lacs de la semaine du 30 août au 5 septembre 2014, en RDC, l’événement de la semaine (écoulée) a été le décès en Afrique du Sud du chef des FARDC qui avait en charge la pacification du Nord Kivu et qui s’était illustré dans les combats victorieux contre les bandes armées de l’ADF. Les rumeurs d’empoisonnement ont entouré ce décès dû officiellement à un AVC et plusieurs « marches de la colère » ont eu lieu à Goma.
Plusieurs observateurs n’ont pas hésité de faire le lien entre cette disparition et celle des autres officiers congolais qui s’étaient distingués dans la mise en déroute des rébellions pro-rwandaises. C’est le cas de la Voix des Sans Voix (VSV) qui, ne semble pas être convaincue de la déclaration faite par le ministère de la Défense, selon laquelle le général Bahuma a succombé de suite d’un accident cardiovasculaire. Pour Peter Ntumba, intervenant sur Radio Okapi, la VSV exige « une autopsie pour en avoir le cœur net » et s’inquiète de voir « de hauts officiers de haut rang qui constituent l’espoir pour la RDC mourir ». Il poursuit : « Ça pose problème. Nous ne nous sommes pas arrêtés à Mamadou Ndala. Il y a aussi Mbuza Mabe. Et ça inspire pas mal d’inquiétudes. C’est ainsi que nous avons parlé des séries noires aux mains noires », a déploré le coordonnateur de la VSV, Peter Ntumba a estimé que officiers «ne meurent pas au front mais dans des conditions obscures».
Le colonel Kabene : Suspect ou bouc émissaire ? Quand la rumeur se mêle à l’émotion
Après le décès du général Bahuma, plusieurs rumeurs affolantes ont également annoncé le jeudi 4 septembre dans la soirée que le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole militaire des FARDC au Nord-Kivu, (à ne pas confondre avec le Lieutenant-Genéral pro-rwandais Dieudonné Hamuli Bahigua, Chef EM chargé des Opérations des FARDC), serait gravement malade et le pronostic sur sa vie serait engagé. Comme nous allons l’illustrer plus bas, les vérifications d’usage effectuées par DESC auprès de plusieurs sources : militaires, locales à Goma et Beni, MONUSCO et politiques ont conclu que le Colonel Hamuli était bien portant.
Pour la petite histoire, une première source nous alerte que le Lt-col Hamuli éait invité avec le général Bahuma chez un certain colonel Kabene, chef d’état-major de la 8ème région militaire. La source parle d’un possible empoisonnement mais nous n’avons pas d’autres sources d’information pour affirmer ni infirmer cette nouvelle. La source nous informe que pris de panique, le colonel Kabene serait réfugié à la MONUSCO à Goma. Et la source nous demande d’en savoir plus. Comme souvent en RDC en pareille situation, la rumeur se répand comme une trainée de poudre.
En cause Le colonel Kabene, chef d’état-major de la 8ème région militaire.
Même le site Beni-Lubero online est tombée dans cette escarcelle de la rumeur. Dans sa publication du 5 septembre, il titrait : « Le Lt colonel Amuli aux soins intensifs en RSA… ».
Les proches du Lt Colonel Amuli, Porte-parole de la Huitième région militaire en Province du Nord-Kivu et proche collaborateur du Feu Général Bahuma décédé en Ouganda le vendredi 29 Aout 2014, viennent de confirmer son transfert de Goma en RSA via Kinshasa le mardi 2 septembre 2014 pour des soins appropriés. Il accuserait le même type de malaise que celui qui a foudroyé son chef, le Général Bauma Ambamba Lucien. http://www.benilubero.com/index.php?option=com_content&view=article&id=3610:le-lt-colonel-amuli-aux-soins-intensifs-en-rsa-mr-wabunga-singa-depeche-a-nairobi&catid=16:vie-nationale&Itemid=99
Et le journal en ligne d’expliquer : « Pour la petite histoire, le Lt Colonel AMULI était au bal funèbre de Kasese/Ouganda où son chef Bauma fut victime d’un malaise non encore élucidé par des témoins neutres et des résultats fiables d’une autopsie. Après la mort du Général Bauma, le Lt Colonel AMULI ramena en RDC l’escorte du baobab disparu ! De retour à Beni, le Lt Colonel Amuli accusa un malaise. Il fut sans tarder transféré à Goma. Vu l’aggravation de son état de santé, la hiérarchie militaire décida de le transférer en RSA via Kinshasa, le mardi 2 septembre 2014 où il se trouverait présentement aux soins intensifs. Le jeudi 4 septembre 2014, une rumeur a circulé à Goma qu’il serait même mort. Cette rumeur a été rejetée par des sources proches de la Huitième Région Militaire. »…
« Comme on peut le constater, les autorités militaires et administratives du Nord et du Sud-Kivu semblent poursuivies par une cardiopathie que ne dit pas encore son vrai nom ! »
Ainsi, de notre côté aussi, chez DESC, nous avons été assaillis par plusieurs demandes d’investigation pour affirmer ou infirmer cette rumeur. En voici quelques-unes sélectionnées :
– Bonjour M. Wondo. Connaissez-vous Colonel KABEL Chef EM 8em Region Mil?, il se serait réfugié a la MONUSCO. Colonel Amuli est gravement malade aussi, il était invité tout comme Gen Bahuma pour manger chez le colonel KABEL. Ce dernier aurait mis du poison dans la nourriture, il est réfugié à la MONUSCO. Amuli est anti rwandais, il est malade et on peut le perdre. Il est à Beni en train de suivre les soins peut-être qu’il ne veut pas le dire tout haut.
– Salut, on m’a informé que le colonel Amuli est malade en Afrique du Sud. J’avais la nouvelle depuis la mort même du Général mais je comptais avoir un élément d’appui et des précisions auprès de Desc.
– Bonjour JJW, je viens d’apprendre d’une source militaire à Kinshasa que le Colonel qui était le porte parole du général Lucien Bahumba a été aussi transféré au sud pour les mêmes malaises et que son état serait critique.
– Cher ainé et frère d’arme, je connais le col Kabene, j’ai tous ses contacts. Il ne s’est jamais réfugié à la MONUSCO. Il est libre de ses mouvements. Et Olivier aussi, je le connais et je vais tenter de l’appeler… C’est pas vrai hier vers 22h heure de Goma il était au Riviera restaurant un resto de Goma, il va bien.
– M. Wondo, Je me trouvais à Beni dans une mission d’inspection et j’ai parlé avec Hamuli ce soir quand j’ai appris ça. La personne au bout du fil semblait bien portant. A moins d’avoir parlé avec quelqu’un d’autre.
– Whisky (pour désigner Wondo) pour Romeo : Olivier Hamuli est très en forme. Il m’a appelé. Il est à Goma et demain il va à Kisangani pour les obsèques de Bahuma. Ta source qui t’a dit qu’il serait à Béni t’a donné une fausse info ou encore quelqu’un lui aurait aussi dit.
– Rumeur de mauvais goût grand-frère !!! Hamuli est vivant en forme, je crois qu’il était hier à Kisangani selon une de ses copines ici à Goma qui était avec le major Sierra de la GR (Task force).
– C’est une fausse alerte mon vieux, car le colonel Olivier Hamuli est presentement à Kisangani où il prépare l’enterrement du tigre. Le major ‘Delta’ l’a vu hier de ses propres yeux. Aussi, le colonel Kabene ne se trouve pas à la Monusco. Il est à Goma, libre de ses mouvements mais surveillé de très près par la démiap/interieur qui a eu deja à l’interroger à plusieurs fois au sujet du décès du tigre (Bahuma) et de son emploi du temps durant la période suspectée. Tout cela n’est qu’une fausse rumeur. Informez-vous auprès de la Monusco ou à la radio Okapi qui est une des sources les plus fiables en RDC, ils ne te diront pas le contraire.
Ainsi, comme on peut le constater que le colonel Olivier Hamuli est bel et bien vivant et en bonne santé. Trêve de rumeur
Qui est le colonel Kabene ?
Kabene est un lieutenant-colonel des FARDC qui a été promu au poste de chef d’état-major de la 8ème région militaire par le feu général Bahuma. C’est ressortissant nande ayant fait partie de l’armée patriotique congolaise (APC), l’ex branche armée du RCD-K-ML de Antipas Mbusa Nyamwisi. Une rébellion soutenue à l’époque par l’Ouganda. Comme on peut le constater, une source (très fiable selon DESC) signale que le colonel Kabene est placé sous surveilance des renseignements militaires fARDC (Démiap) qui l’a auditionné à plusieurs reprises au sujet de son agenda durant la période qui a précédé le décès du « Tigre » (Bahuma). Il s’agit là d’un indice sérieux qui pourrait, si l’enquête n’est pas étouffée, d’amener vers les commanditaires de l’assassinat d’autant qu’une autre source de la maison militaire nous apprend que le président Kabila serait très affecté par cette disparition. Nous reviendrons sur ce dernier point très prochainement.
Mais pourquoi ces rumeurs sur le colonel Olivier Hamuli ?
Le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, est connu pour ses prises de position très dures envers le Rwanda et les anciens rebelles du CNDP et du M23. Le 17 décembre 2012, presque un mois après la chute de Goma, la hiérarchie militaire l’a placé en détention, pour des raisons non justifiées. Selon des sources militaires provinciales qui avaient donné cette information, le lieutenant-colonel Olivier Hamuli était accusé de manquements graves dans l’exercice de ses fonctions au sein des FARDC, sans les préciser. Arrêté à Goma, il a été transféré à Bweremana sous une escorte militaire. (Radio Okapi, 18 décembre 2012). En réalité on lui reprochait des propos très virulents qu’il tenus contre les processus de brassage et de mixage qui, selon lui, ont transformé l’armée congolaise en un « grand bazar ». Pour lui, les FARDC sont infiltrées par des agents au service de l’ennemi. (…)
Il y a lieu de rappeler également qu’en 2013, des ordres de repli identiques à ceux qui ont été donnés en novembre 2012 avant la prise de Goma avaient également été donnés aux FARDC lors du conflit interne qui a éclaté au sein du M23 en fin février 2013 entre l’aile fidèle à Makenga et celle aux ordres de Ntaganda et Runiga. Ces deux factions armées du M23 se sont combattues à l’arme lourde et avaient abandonné certaines de leurs positions à Rutshuru que les FARDC ont réinvesti dans la foulée, le 1er Mars 2013. Un ordre émanant de Kinshasa les obligera à se retirer.
Ainsi, confirmant le retrait de l’armée de ces positions investies, le porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Hamuli, a déclaré, dépité, qu’il s’agissait d’obéir à un ordre hiérarchique. « Nous, nous ne sommes pas des rebelles. Nous sommes une armée républicaine, et nous sommes soumis à l’autorité politico-administrative. On s’est retiré sur ordre de la hiérarchie. Et nous nous inclinons devant cette instruction », a-t-il affirmé. Furieux et très déçu, le porte-parole militaire s’est toutefois dit «solidaire» et «compatissant» face à cette population qui, selon lui, avaient bien accueilli les FARDC à leur arrivée à Rutshuru. (Okapi, 3/03/2013. Nous y reviendrons aussi dans notre prochain ouvrage dans le chapitre sur les trahisons lors de la guerre contre le M23). Une façon pour lui de montrer son désaccord avec cette décision absurde venue de Kinshasa.
Paradoxalement, dans sa déclaration justifiant le retrait incongru des FARDC des zones appartenant au territoire national congolais reconquis par les forces loyalistes (quoi de plus naturel, légal et logique), le porte-parole du gouvernement et ex-cadre de RCD, le ministre Lambert Mende, comme dans ses habitudes, justifiera avec hargne l’ordre venu de Kinshasa en ces termes : « C’est pour respecter les engagements de cessez-le-feu que l’ordre a été donné à nos troupes de se retirer des zones abandonnées par le M23« . Surréaliste non!, comme argument. Comment M. Mende pouvait-il parler du respect du cessez-le-feu alors qu’en même temps le M23 l’ignorait et le violait.
En effet, après avoir investi la ville de Goma le 20 novembre 2012, les pressions tous azimuts contre le M23 l’ont poussé à signer un cessez-le-feu en faveur des négociations qui allaient débuter à Kampala le 9 décembre 2012. C’est ainsi que dix jours après, le M23 va se retirer de Goma, soit le 1er décembre 2012. Alors que les clauses du cessez-le-feu exigeaient au M23 de se déployer à 20 Km de Goma, mais le groupe rebelle de création rwandaise va en réalité se prépositionner à moins de 10 Km dans les collines autour de la capitale du Nord Kivu, dans les environs de Mutaho. Ce, jusqu’à ce qu’il y soit délogé en juillet-août 2013 lorsque les éléments du feu colonel Mamadou Ndala, appuyés par les hélicoptères de la MONUSCO ont contenu leurs assauts et tentatives de reprise de Goma en y lançant des obus qui ont occasionné des victimes humaines.(http://radiookapi.net/actualite/2013/08/29/obus-tombe-sur-goma-provenait-de-la-zone-occupee-par-le-m23-affirme-la-monusco/). Curieusement, aujourd’hui, le gouvernement de Kabila amnistie un fois de plus ces criminels de guerre sans que la justice ne soit rendue. Trouvez l’erreur! C’est à ce moment précis que DESC avait prédit l’assassinat de Ndala lorsque une première tentative de le rappeler à Kinshasa pour l’envoyer ailleurs a été déjoué grâce à un mécanisme subtil de communication, inspiré de la résistance française, a été mis en place entre les FARDC et les populations du Nord Kivu, sur base de nos conseils à nos contacts locaux.
Dès ce moment précis, avec ses propos contredisant les prises de position de sa haute hiérarchie militaire et du Gouvernement à Kinshasa favorables au M23, le Lt-col Olivier Hamuli ne sera plus en odeur de sainteté auprès du commandement suprême des FARDC. En effet, après l’assassinat du Colonel Mamadou Ndala le 2 janvier 2014, Hamuli avait déclaré que leurs premiers ennemis sont d’abord leurs frères d’armes. Il faisait allusion aux éléments des régiments issus des unités ex-CNDP déployés au Nord-Kivu. Ainsi, avant le lancement de l’opération « Sokola 1 » (= nettoyage) contre les ADF/Nalu dans le secteur de Beni, le Lt-Col Olivier Hamuli a été déchargé de sa fonction de porte-parole au profit du général de brigade Léon Kasonga, (2ème de g à dr portant des lunettes) venu droit de Kinshasa. Ce dernier est décrit par des sources militaires de l’EMG des FARDC comme étant très proche de Joseph Kabila.
C’est sur base de tous ces éléments éclairés par ce devoir d’enquête qu’il faille replacer les fausses rumeurs sur l’empoisonnement du lieutenant-colonel Olivier Hamuli. L’émotion suscitée par le décès inopiné de son supérieur est à mettre en rapport avec la crainte que la machine d’élimination des officiers congolais opposés au Rwanda, mise en place en connivence avec certains cadres des FARDC complaisants à Paul Kagame et à ses rébellions créées en RDC, n’emporte cet officier supérieur congolais. Ces rumeurs, non fondées jusqu’à présent, font partie des actions de vigilance et de pression populaires tous azimuts visant à prévenir cette hémorragie qui décime les forces armées de la RDC, chaque fois qu’elles mettent en déroute les soldats sans frontières de Kagame en RDC.