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le «New Deal» de Barack Obama


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OBAMA-Du 4 au 6 août, Barack Obama a accueilli à Washington un sommet des chefs d’Etat africains. Une démarche inédite qui a toutefois permis aux Américains et Africains de relancer leurs relations sur la base d’un partenariat « d’égal à égal » et sur le long terme.

« Un sommet historique ! », « un tournant ! », « une belle réussite ! », telles sont quelques-unes des formules qu’on pouvait entendre résonner dans les couloirs du grand auditorium du département d’Etat américain à Washington lors de la cérémonie de clôture du premier sommet entre l’Afrique et les Etats-Unis, le 6 août dernier. La majorité des 51 chefs d’Etat africains invités avaient fait le déplacement pour assister à cette grand-messe américaine de trois jours qui leur a permis de rencontrer le gotha des conseillers africanistes du président Obama, mais aussi quelques-uns des grands patrons américains (Coca-Cola, IBM, General Electric, pour ne citer que ceux-là) conviés pour l’occasion.

C’était une grande première, pour Washington également, car pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, un président américain réunissait sur le sol de son pays autant de dirigeants africains. Comme l’a écrit le New York Times, ce sommet avec ses ateliers thématiques organisés dans un grand hôtel de luxe dans le centre-ville et ses réunions à huis clos entre les chefs d’Etat était à mi-chemin entre le Forum économique de Davos rassemblant experts et hommes politiques et les rendez-vous diplomatiques du G20. Mais le véritable modèle pour ce sommet était sans doute les rendez-vous réguliers qui ont lieu, depuis 1973, entre la France et l’Afrique et, depuis plus récemment, entre l’Afrique et ses autres grands partenaires économiques que sont l’Europe, la Chine et le Japon.

Pression et fidélité

Après avoir longtemps perçu l’Afrique à travers des prismes déformants de la misère, des crises humanitaires et des guerres tribales, les Etats-Unis ont pris conscience tardivement du potentiel du marché africain pour leurs entreprises. Avec une progression annuelle moyenne de plus de 5% depuis une décennie, le continent est devenu « une terre d’opportunités » où les Etats-Unis ont pris du retard par rapport à leurs concurrents, notamment la Chine. En 2013, les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine ont totalisé 210 milliards de dollars, plus du double de ceux entre les Etats-Unis et le continent chiffrés à quelque 85 milliards de dollars. Les Etats-Unis, première économie du monde, sont seulement le troisième partenaire économique de l’Afrique !

Le sommet de Washington qui s’est terminé mercredi 6 août avec des engagements de 33 milliards de dollars, aide publique et investissements privés confondus, au titre des projets dans les secteurs aussi divers que l’énergie, l’eau, l’hôtellerie, la construction, la banque ou encore les technologies de l’information, devrait permettre aux Américains de revenir dans la course en Afrique. Ce rendez-vous, organisé à l’initiative du président Obama, répondait à la pression croissante des milieux d’affaires sur l’administration américaine pour que celle-ci fasse de la politique africaine une priorité.

La tenue de ce sommet correspond aussi peut-être à quelque chose de plus personnel chez Barack Obama. Premier président noir à la Maison Blanche, né d’un père kényan, ce dernier a été souvent accusé d’avoir négligé le continent paternel où il ne s’est rendu que rarement depuis qu’il est devenu président (trois voyages éclair et une tournée de trois pays en 2013). Son élection en 2008 avait pourtant suscité à travers le continent africain une grande fierté, et un immense espoir. « L’Afrique l’attendait donc comme celui qui devait avoir une véritable politique de développement pour le continent. Or cela n’a pas été le cas », explique le spécialiste français des Etats-Unis François Durpaire interrogé par le quotidien sénégalais Le Soleil. Et l’historien de se demander si le sommet de Washington sera ce moment tant attendu de réconciliation d’Obama avec l’Afrique.

Pour la petite histoire, Obama aurait pris la décision de rassembler dans la capitale fédérale américaine les chefs d’Etat et de gouvernement du continent lors de sa tournée de 2013 dans trois paysemblématiques du nouveau dynamisme africain (le Sénégal, la Tanzanie et l’Afrique du Sud). Son voyage l’aurait persuadé de la nécessité de donner une nouvelle impulsion aux relations économiques en investissant en Afrique à long terme, dans le cadre d’un partenariat « d’égal à égal ». « Je vois l’Afrique comme la prochaine grande ” success story ” mondiale et les Etats-Unis veulent être un partenaire de ce succès », avait-il lancé à ses interlocuteurs lors de sa tournée africaine. Pour le président américain qui aime répéter combien il est « fier du sang d’Afrique qui coule dans(ses) veines », cette décision relevait autant de sa fidélité à ses origines, mais aussi de son souci d’imprimer sa marque sur la politique africaine des Etats-Unis.

Politique africaine

Les Américains se sont intéressés aux pays africains pendant la décolonisation. A l’époque, ils se mêlaient peu du devenir de ces Etats fraîchement indépendants, estimant que l’Afrique était du ressort de ses anciens colonisateurs, c’est-à-dire des Européens. A ceux-ci incombait la tâche de s’assurer que les Africains ne basculent pas dans le giron soviétique.

La donne change après les attentats du 11 septembre 2001. La crainte de voir les terroristes islamistes s’implanter dans les pays musulmans pousse Washington à accroître sa présence en Afrique, en signant des accords de coopération militaire avec les Etats stratégiques du continent. Parallèlement, les multinationales pétrolières américaines ont pris pied dans le golfe de Guinée, réduisant ainsi la dépendance énergétique des Etats-Unis par rapport au Proche-Orient.

Les deux prédécesseurs immédiats d’Obama à la Maison Blanche ont été les premiers présidents à s’engager réellement en Afrique. Les mesures prises sous leurs mandats ont marqué les relations entre Afrique et les Etats-Unis. Le premier, Bill Clinton, a mis en place le programme AGOA (African Growth and Opportunity Act) réduisant les tarifs douaniers pour les produits en provenance de quelque 40 pays africains. Cette loi qui continue d’avoir des effets positifs sur les créations d’entreprises et d’emplois en Afrique, arrive à échéance en 2015. Son renouvellement et son extension à de nouveaux produits a fait l’objet des débats pendant le sommet de Washington, avec Barack Obama s’engageant à œuvrer pour sa reconduction. George W. Bush, lui, est crédité d’avoir introduit un plan d’aide efficace pour combattre le sida en Afrique et d’un fonds de développement bilatéral (Millenium Challenge Corporation) qui prête de l’argent pour la construction d’infrastructures.

Accaparé depuis son élection en 2008 par la crise financière et économique mondiale, le président Obama s’est contenté pour sa part de renforcer les politiques africaines déjà en place. Ses priorités en matière de politique étrangère se trouvaient ailleurs, en Asie-Pacifique considérée comme la région la plus dynamique du monde. Sa première grande initiative en Afrique date de 2013 lorsqu’il a lancé Power Africa, un projet de 7,8 milliards de dollars qui propose de multiplier par deux l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. Il dévoile dans la foulée la stratégie américaine pour l’Afrique en quatre points, mêlant objectifs politiques, sécuritaires et économiques. Selon Amadou Sy, chercheur à la Brookings Institution et spécialisé dans les relations Afrique-Etats-Unis, avec le sommet de Washington qui vient de se conclure, avec les relations entre le continent et les Etats-Unis «nous changeons de paradigme, passant du bilatéral au continental, de la charité au partenariat ». Cette nouvelle approche du continent africain, fondée sur le respect mutuel, constitue un précédent que les successeurs du président Obama à la Maison Blanche seront peut-être tentés de répliquer.

RFI

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