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* Dans sa feuille de route dite “plan de sortie de crise”, Tshisekedi verse dans la Mp les Badibanga, Kamerhe, Bemba, Fayulu, Makila, Diongo…
A l’analyse de la controverse observée autour de son initiative, la communauté internationale est certainement en train de se demander pourquoi a-t-elle préconisé l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la Région et la Résolution 2098, datés l’un du 24 février, l’autre du 28 mars 2013. La particularité de la Résolution est l’intégration, dans ses annexes A et B, des engagements pris pour la RDC et les Etats de la région des Grands Lacs dans l’Accord-cadre cosignés par des témoins Ban Ki-moon pour l’Onu, Nkosazana D. Zuma pour l’Ua, Armando E. Guebuza pour la Sadc et Edward Kiwanuka pour la Cirgl. En d’autres termes, le dialogue qui agite la scène politique n’est pas l’initiative du Président Joseph Kabila, comme tentent de l’insinuer, voire de l’affirmer plusieurs acteurs de l’Opposition…
Etienne Tshisekedi, Vital Kamerhe et toutes les forces politiques et sociales qu’ils tractent le savent. Et avec eux tous les médias et tous les analystes qui disposent dans leur documentation des déclarations politiques y afférentes.
La preuve est qu’à l’issue de son conclave du 6 au 11 juillet 2013 au centre Mama Mobutu de Limete, conclave boudé par l’Udps, l’Opposition politique avait posé les préalables formulés en ces termes :
“1. Les parties prenantes devraient être invitées à discuter lors d’un ‘Dialogue Politique’ transparent et sans exclusive que le Président de la République aura à convoquer le plus diligemment possible ‘et non pas à créer’. Ce forum se réunira à Kinshasa, siège des institutions de l’Etat.
2. Le Dialogue Politique devrait se tenir sous l’égide des Nations Unies. A cette fin, l’Envoyée spéciale du Secrétaire Général pour la Région des Grands Lacs, Madame Mary Robinson aura à accompagner les travaux à titre de témoin pour leur aboutissement heureux. Le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou N’Guesso, cosignataire de l’Accord-cadre et Président en exercice de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), devrait jouer l’indispensable rôle de facilitateur.
3. Le Dialogue Politique aura pour mission de débattre : – les problèmes sociaux des Congolais; – le problème des violations massives de droits de l’homme, de la violence fait à la femme, de l’enrôlement des enfants soldats, du pillage et du bradage des ressources naturelles, de la désorganisation de l’armée nationale, de la légitimité des Institutions, de l’enrichissement sans cause, des biens mal acquis; – les matières faisant l’objet des engagements auxquels le Président de la République Démocratique du Congo a librement souscrits en signant l’Accord-cadre d’Addis-Abeba“.
Les matières auxquelles allusion est faite consistent à “Continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’armée et la police; Consolider l’autorité de l’Etat, en particulier à l’est de la République démocratique du Congo, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins; Effectuer des progrès en ce qui concerne la décentralisation; Promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture de services sociaux de base; Promouvoir la réforme structurelle des institutions de l’Etat, y compris la réforme des finances” et ” Promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation“.
Plus d’une fois, il nous est arrivé de trouver dans cet engagement un programme de gouvernement qui ne dit pas son nom.
Comme pour y apporter sa contribution, l’Unc va aller plus loin en proposant dans son cahier des charges publié le 16 octobre 2013, soit 9 jours après la clôture des Concertations nationales, les termes de référence dont voici l’extrait essentiel :”1. Mettre fin à la guerre ; 2. Refaire la cohésion nationale ; 3. Parachever le processus électoral ; 4. Instaurer la bonne gouvernance pour répondre aux besoins sociaux de notre peuple ; 5. Jeter les bases d’une justice distributive ; 6. Mettre en place la Commission de Droit de l’homme et celle de la lutte contre la corruption; 7. Élaborer un modèle de la coopération régionale et internationale et faire des belligérants actuels des véritables partenaires économiques pour le développement de la sous-région et le bien être de nos populations respectives” et ” 8. Mettre sur pied une armée véritablement républicaine socle de l’État de droit“.
L’Udps va se singulariser par une navigation à vue. Ce parti attendra le 25 novembre 2014, soit plus d’une année, pour se prononcer sur le dialogue. Son secrétaire général, Bruno Mavungu, signera à cette date pour les Forces politiques et sociales la déclaration ayant tout d’un cahier des charges pour programme de gouvernement. Les termes de références sont du reste les suivants :“1. résoudre la crise de légitimité au sommet de l’Etat; 2. mettre fin aux conflits armés; 3. impulser une véritable réconciliation nationale; 4. restaurer l’Etat de droit; 5. booster la bonne gouvernance; 6. éradiquer les antivaleurs (corruption, concussion, détournement des deniers publics, pillage des ressources naturelles” et “7. remettre le pays dans la voie de la vraie démocratie“.
Sauf mauvaise foi, l’Unc et l’Udps savent qu’avec un tel programme exécutable à partir de 2013 ou de 2014, il faut compter presqu’un quinquennat pour l’achever, avec tout ce que cela implique comme conséquences politiques et juridiques.
Plan de crise porteur de germes de crise
Et voilà que le 15 décembre 2014, alors que Vital Kamerhe se rétracte en rejetant tout dialogue (après l’avoir ardemment réclamé), Etienne Tshisekedi adresse à Martin Koblër une lettre pour convoquer le forum sur base de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, muet sur la question. Car le dialogue est évoqué plutôt dans la Résolution 2098 !
Qu’à cela ne tienne ! Le 26 février 2015, Bruno Mavungu rend publique la feuille de route de son président en soins de santé en Belgique. Il ressort d’emblée de ce plan un facteur de blocage volontaire : la bipolarisation des participants. Comme sous Mobutu entre 1990 et 1997. Voici l’argumentation développée : “… le contentieux électoral de 2011 se trouve être la cause essentielle de la crise politique actuelle en République Démocratique du Congo. Il va sans dire qu’un dialogue pourra mettre autour d’une table :
– Monsieur Etienne Tshisekedi et ses alliés pour le camp du changement ;
– Monsieur Kabila et les siens pour le camp du statut quo ;
– La modération sera assurée par l’Envoyé spécial du SG des Nations unies en RDC et chef de la Monusco, conformément à la Résolution 2147 du Conseil de sécurité de l’Onu…“.
Ainsi, le plan de sortie de crise porte déjà les germes d’une nouvelle crise. Car, personne ne peut comprendre que l’Opposition institutionnelle, au sein de laquelle évoluent les Badibanga, Kamerhe (par son groupe parlementaire Unc et Alliés), Bemba (par le sien), Fayulu, Olenghankoyi, Makila, Bussa, Diongo et autres Mvuemba (pour ne citer que les plus politico-médiatiques) soit versée dans le camp du statu quo, donc de Kabila, et surtout personne de sensé ne peut un seul instant imaginer le Conseil de sécurité de l’Onu donner à Martin Koblër le go pour une telle aventure…
En fait, on retrouve-là la marque déposée de Tshisekedi : ouverture-blocage !
Le Chef de l’Etat a rempli sa part…
Au-delà cependant des préoccupations protocolaires, surgit une interpellation. Les documents évoqués dans cette chronique (Accord-cadre d’Addis-Abeba, Résolution 2098, Rapport final du conclave de l’Opposition au centre féminin Mama Mobutu, Cahier des charges de l’Unc, Cahier des charges des Forces politiques et sociales pour l’unité dans l’action) prouvent à suffisance que le dialogue a été initié par l’Onu.
L’interpellation se situe à ce niveau : qu’adviendrait-il de tout accord ou de toute résolution qui engagerait demain la RDC dès lors que la classe politique fait exprès de tourner en dérision les partenaires extérieurs pour une initiative n’émanant pas des Congolais !
On peut aujourd’hui tout reprocher au Président Joseph Kabila, sauf d’avoir fait contre mauvaise fortune bon coeur. Il a à son actif d’abord la tenue des Concertations nationales – dont la cérémonie de clôture le 7 octobre 2013 avait d’ailleurs été rehaussée de la présence du Conseil de sécurité de l’Onu (preuve, si besoin est, que ce forum avait obtenu la caution de son initiateur originel), ensuite la mission confiée à son émissaire de prendre langue avec les forces politiques et sociales qui ont continué de réclamer le dialogue dans le format protocolaire de la Résolution 2098.
L’Histoire retiendra alors cette évidence : le Chef de l’Etat a rempli, de son côté, sa part d’obligations vis-à-vis des partenaires pour ce qu’ils avaient demandé à la RDC tandis que du sien, l’Opposition a fait le choix délibéré de rejeter cette initiative.
Peut-être a-t-elle déjà adhéré à l’option d’International crisis group figurant au point 19 de son récent rapport du 5 mai 2015. Icg demande à la communauté internationale, en cas ” d’importants retards et de violation flagrante du principe des deux mandats“, d’envisager la révision (lisez suspension) de la coopération structurelle et la révision du mandat de la Monusco (lisez mise sous tutelle de la RDC).
Omer Nsongo die Lema