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Élections en 2019 : les « grandes lignes » d’un calendrier électoral (très) attendu en RDC


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-Après son passage la semaine dernière au siège d’Atlantic Council à Washington, Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a regagné dimanche soir Kinshasa où il compte publier incessamment le calendrier électoral tant attendu en RDC. En voici les « grandes lignes ».

Visiblement serein et imperturbable, Corneille Nangaa est rentré dimanche 8 octobre à Kinshasa après un échange très musclé au centre Afrique de l’Atlantic Council à Washington. Il s’agissait d’un « briefing » sur les prévisions de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en RDC, organisé le jeudi 5 octobre par ce think tank pro-républicain.

En face du président de la Ceni congolaise, une vingtaine de personnalités triées sur le volet : responsables politiques américains, Elizabeth Jaffee du bureau Afrique du département d’État américain et Gregory Simpkings, directeur du sous-comité de la chambre des représentants sur l’Afrique, la santé globale et les droits de l’Homme, entres autres, mais aussi des personnalités de la société civile américaine (surtout) et congolaise.

Tripartite d’abord, calendrier électoral ensuite

Lors des discussions modérées par Bronwyn Bruton, directeur des programmes et études au centre Afrique d’Atlantic Council, Corneille Nangaa, accompagné de François Balumuene, ambassadeur congolais aux États-Unis, est revenu sur les enjeux du processus électoral en cours en RDC et les contraintes techniques, logistiques et financières – 528 millions de dollars pour les scrutins présidentiel, législatif et provincial – auxquelles la Ceni est confrontée. Mais « il n’a jamais indiqué que le calendrier électoral sera publié cette semaine », comme on a pu le lire sur le site d’Atlantic Council, souligne-t-on dans l’entourage du président de la Ceni.

D’après nos informations, le calendrier électoral ne pourra être rendu public avant la deuxième réunion d’évaluation du processus électoral. Celle-ci est programmée ce jeudi 12 octobre entre la Ceni, le gouvernement et le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA).

L’accord dont la mise en oeuvre en cours est dénoncée par le Rassemblement de l’opposition et les évêques catholiques, médiateurs des pourparlers, avait prévu cette tripartite pour « unanimement apprécier le temps nécessaire pour le parachèvement [des] élections ».

De janvier à novembre 2018 ?

En attendant, quelques « grandes lignes » de ce calendrier tant attendu en RDC ont été révélées à la réunion d’Atlantic Council. Après recoupement avec des sources au sein de la Ceni, il en ressort que l’enrôlement des électeurs sera « clôturé en janvier [2018] au Kasaï ». Mais, « entre-temps, la consolidation des données du fichier électoral est déjà enclenchée », rassure-t-on du côté de la Ceni. Mais cette vérification pourrait s’étendre jusqu’au mois de février.

Ce n’est qu’après que pourraient intervenir les « activités critiques du processus », celles qui nécessitent la fin de l’une pour déclencher le début de l’autre. À commencer par l’examen et l’adoption de la proposition ou du projet de loi sur la répartition des sièges.

À ce stade, le président de la Ceni souhaite que tous les acteurs politiques, parlementaires compris, s’impliquent réellement pour l’aboutissement du processus. « Corneille Nangaa a effet expliqué qu’en réalité la plupart de ceux qui, à Kinshasa, exigent des élections n’en veulent pas », rapporte un autre participant à la réunion d’Atlantic Council.

Viendra ensuite l’étape de l’ouverture des candidatures. « Avec plus de 600 partis, il faudra s’attendre à environ 28 000 candidats pour la députation nationale et un peu plus pour les élections provinciales », fait savoir à Jeune Afrique le président de la Ceni. C’est pourquoi, pour ce dernier, « la machine à voter n’est pas une proposition mais une option prise » pour faire face à cette situation. Une fois les candidatures enregistrées, la Ceni procédera à la « commande des matériels sensibles », notamment des bulletins de vote.

Je ne suis pas allé à Washington pour convaincre qui que ce soit

Nangaa a enfin rappelé ses trois options présentées aux politiques pour la tenue des scrutins : une seule élection – la présidentielle – en décembre 2017, deux élections – présidentielle et législatives – en mai 2018 ou trois élections – présidentielle, législatives et provinciales – en novembre 2018.

L’accord de la Saint-Sylvestre, on le sait, a choisi le troisième cas de figure, mais en ramenant l’échéance « au plus tard en décembre 2017 ». Ce qui est « techniquement impossible » jure-t-on à la Ceni qui semble s’accrocher à son schéma initial. Le Rassemblement de l’opposition a déjà indiqué que si les élections n’ont pas lieu cette année, une « transition sans Kabila » doit être mise en place.

À Washington, Corneille Nangaa s’est également évertué à « [démentir] les allégations selon lesquelles la violence actuelle [notamment dans le Kasaï, dans le centre du pays, NDRL] serait liée au processus électoral et à l’impossibilité d’organiser les élections », rapporte un autre participant à la réunion.

Mais, à en croire le compte rendu publié sur le site internet d’Atlantic Council, pendant les échanges, les explications de Corneille Nangaa n’ont pas convaincu la plupart des invités.

« Difficile d’en être autrement lorsque chacun a déjà ses appréhensions », commente un proche du président de la Ceni. Et Nangaa lui-même de conclure : « Je ne suis pas allé à Washington pour convaincre qui que ce soit, mais pour présenter les faits. »

J.A