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Rouler à Kinshasa, une plaque d’immatriculation tous les dix ans


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Par Anthony Katombe

Vignette, assurance, nouvelle plaque d’immatriculation… Les automobilistes Congolais ne savent pas où donner de la tête. A peine finissent-ils de payer une taxe qu’une autre se présente. Mi janvier 2010, formelle, la très puissante DGI (Direction Générale des Impôts) décidait: à partir du 15 février 2010, plus aucune automobile ne sera autorisée à rouler avec une de trois anciennes plaques d’immatriculation.

En effet, il y a quatre plaques actuellement en circulation. Deux de l’époque Mobutu : une au fond vert et une autre au fond jaune; et deux de l’après Mobutu: une au fond bleu et la toute récente qui a un fond blanc. C’est seulement cette dernière que la DGI veut voir sur la route après le 15 février.

S’il est vrai que la présence de quatre plaques d’immatriculation sur les routes d’un pays fait désordre, il n’est pas moins vrai que les méthodes de la DGI pour mettre fin au désordre sont sujettes a caution.

Parlons d’abord du prix. Combien la nouvelle plaque coûte-elle? ‘‘Je pense bien que c’est 60 dollars américains’’, s’avance Jean, ATB2 (Attache de Bureau de deuxième classe) à la Division Urbaine de Kinshasa, DGI.

Et puis, un sms de Mimi, secrétaire à l’administration centrale de la DGI selon lequel la plaque coûterait 65 dollars.

A la question de savoir combien de temps la nouvelle plaque met pour sortir après paiement, Jean répond : ‘‘Trois à quatre mois’’.

C’est à n’y rien comprendre! Pourquoi donner aux gens un mois pour se mettre en règle alors que ceux qui ont déjà payé depuis des mois ne sont toujours pas servis?

Et Jean d’expliquer, sur le ton de la confidence: ‘‘Vous arrondissez le prix à cent dollars, histoire de motiver tout le monde, et vous avez votre plaque en une semaine max’’

Un ami responsable charroi d’une grande entreprise de la place confirme: ‘‘Bien que tout avait été payé depuis octobre 2009 pour acquérir les nouvelles plaques, c’est seulement depuis deux semaines que nous a été remis le premier lot. Nous avions été prévenus du temps de traitement qu’allait prendre notre dossier pour … non motivation’’

Soucieuse certainement de prêcher par l’exemple, la DGI se veut intraitable même vis-à-vis de ses propres agents à qui elle demande de se débrouiller pour se mettre au pas. Jean est inconsolable car ne sachant pas où trouver les cent dollars à remettre à un collègue avant le 15.

Quant à Maguy, la nièce à Jean, elle attendra jusqu’au 15 et ne paiera pas un dollar de plus sur le prix officiel. Elle aura bien un reçu en main contre les tracasseries et attendra tout le temps qu’il plaira à ces messieurs de la DGI pour lui délivrer la nouvelle plaque.

Seulement, se fait-elle avertir par son oncle, après le 15, tout paiement tardif sera assorti de pénalités.

Il reste à espérer que dans les bureaux lambrissés de la DGI, quelqu’un se rende à l’évidence qu’il n’est pas réaliste de vouloir changer les plaques de la plus que moitie du charroi du pays en un mois. Et qu’à vouloir y aller à la Zorro, Kinshasa qui s’estime arnaquée avec ces plaques qu’on change tous les dix ans, fera bien un bras d’honneur à la DGI en se transformant en une ville sans voiture après le 15 février 2010.