Dommage pour celles et ceux qui n’étaient pas encore arrivés, vendredi 2 novembre, en fin d’après-midi, à l’ouverture de la deuxième journée du Pitchfork Music Festival Paris, à la Grande Halle de La Villette. Le public présent, encore clairsemé, aura eu, lui, le plaisir de passer l’un des meilleurs moments de cette soirée avec le groupe Boy Pablo. Fondé en 2015 par le chanteur et guitariste Nicolas Pablo Rivera Munoz, jeune Norvégien dont les parents sont originaires du Chili, Boy Pablo offre une pop allègre qui, trente minutes durant, aura pleinement séduit.
Tout en clarté, avec parties de chœurs qui font « la-la-la » , sons de guitares partagés avec Gabriel Munoz, qui semblent des gouttes de rosée ou de pluie fine, nappes façon cordes aux claviers (Eric Tryland) et rythmique particulièrement fluide et joueuse (Henrik Amdal, basse et Sigmund Vestrheim, batterie), la musique de Boy Pablo a une gaieté naturelle, qui accompagne des textes de chansons évoquant une petite amie partie, les tourments des sentiments. Certes, l’effet de contraste n’est pas nouveau, mais il trouve ici une forme de fraîcheur réjouissante.
Un peu plus tard, le groupe britannique Dream Wife était annoncé, sur le programme du festival, comme susceptible d’en mettre « plein la vue et les oreilles » . De fait, là aussi en une trentaine de minutes, on aura eu une démonstration frontalement rock, tout en efficacité. Dream Wife, ce sont trois musiciennes, la chanteuse Rakel Mjöll, dans un parler-chanter un peu déclamatoire qui rappelle Patti Smith, la guitariste Alice Go, dans un jeu soliste-rythmique assez virtuose, et la bassiste Bella Podpadec. Avec elles, le batteur Alex Paveley, plutôt technique. C’est d’ailleurs par cet au-delà de l’urgence punk, qu’apportent la guitariste et le batteur, que Dream Wife se révèle plutôt convaincant.
Parisiens branchés et touristes
Avec une programmation partagée entre découvertes et quelques noms connus, le Pitchfork Music Festival Paris, l’une des déclinaisons festivalières du magazine musical américain en ligne Pitchfork, attire depuis 2011 un public de Parisiens branchés et de touristes, majoritairement britannico-américains et européens du Nord, si l’on en croit les langues entendues dans les espaces de restauration et les mezzanines qui accueillent des créateurs de bijoux, vêtements, objets décoratifs et des espaces de détente.
Durant cette soirée de vendredi, le festival aura aussi permis de retrouver le groupe écossais Chvrches, qui se prononce churches (églises), le v venant à la place du u dans une sorte de coquetterie graphique. En 2014, lors de sa première venue au Pitchfork Music Festival Paris, le groupe, fondé en 2011, commençait à faire parler de lui. Cette fois, programmé vers 22 heures, il a un statut de vedette.
Musicalement entre électro et pop, Chvrches emporte par l’énergie de sa chanteuse Lauren Mayberry, haute comme trois pommes, dont la voix rappelle, par des façons taquines, celles de Debbie Harry au sein de Blondie et de Madonna à ses débuts. Avec elle, les claviéristes Iain Cook et Martin Doherty et, depuis peu pour les concerts, un batteur qui n’apporte pas grand-chose. Ce sera le seul élément légèrement décevant du concert de Chvrches dont la musique a toujours comme point fort son attention radieuse à la mélodie.
Pitchfork Music Festival Paris , à la Grande Halle de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e . Mo Porte-de-Pantin. Samedi 3 novembre, avec Snail Mail, Stephen Malkmus & The Jicks, Unknown Mortal Orchestra, Bon Iver, Peggy Gou, Avalon Emerson… A partir de 17 heures. 55 €.