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Par ALAIN SOREL FONGUE
A la criée, sur les étals des marchés, exposés au coin de rue ou sur les étagères des boutiques, les produits pharmaceutiques se vendent pèle -mêle au mépris des lois et règlements qui régissent cette activité commerciale réservée aux spécialistes. Souvent périmés ou faux, ces médicaments qui alimentent un commerce illégal et lucratif, empoisonnent la vie du consommateur, au vu et au su des autorités compétentes. Alors que les “pharmacies” du quartier se multiplient dangereusement, les pharmaciens de profession ne savent plus à quel saint se vouer. Le cri de détresse est lancé. Clin d’oeil sur une activité en dysfonctionnement chronique qui a du mal à trouver un remède.
« Seul le pharmacien est autorisé à préparer, à stocker, à distribuer et à engager la qualité du médicament. Est susceptible d’ouvrir une pharmacie, tout pharmacien dûment inscrit au tableau de l’ordre des pharmaciens ».
Les lois qui régissent le commerce des produits pharmaceutiques sont limpides, cependant « sur le terrain, l’anarchie entretenue par des profanes et soutenue par les autorités frise la catastrophe », s’insurge un membre de l’ordre provincial des pharmaciens.
Cependant, une question est sur toutes les lèvres quand on sait que les grossistes et les dépôts pharmaceutiques qui sont les principales sources d’approvisionnements des vendeurs de médicaments, ne sont supposés vendre qu’aux pharmaciens, mais alors ! Comment donc ces produits se retrouvent-ils aux mains du commerçant classique?
Les grossistes qui sont le plus souvent des expatriés indiens sont pointés d’un doigt accusateur. « Ceux-ci se livrent à leurs activités au grand mépris des lois en vigueur en République démocratique du Congo et vendent des médicaments à toute personne qui se présenterait muni de moyens financiers suffisants pour s’en approprier. Et ce, sous la protection des autorités du ministère de la Santé. », déclare Mr Makaba Adungila, conseiller technique à la pharmacie “Etoile”, ancien vice-président du premier conseil de l’ordre de pharmacien pour la ville de Kinshasa et co-fondateur du syndicat des pharmaciens. « Les grèves successives que nous organisons de temps à autre afin revendiquer l’amélioration du social du pharmacien en sont les preuves. Puisque en principe, durant celles-ci, toutes les pharmacies dignes de ce nom sont fermées, ce qui entraînerait en toute logique la fermeture des dépôts, mais alors comment expliquer que, les vendeurs ambulants et les ” pharmacies du quartier” continuent à être approvisionner ? », s’interroge-il.
En dehors du circuit d’approvisionnement qui connaît un sérieux dysfonctionnements, la multiplicité des échoppes pompeusement estampillées ” pharmacie” dans nos quartiers inspirent une désolation. Car celles-ci devraient respecter certaines normes bien définies afin de fournir un service adéquat pour ce secteur sensible de la vie communautaire. A savoir, un minimum de 45 m2 de surface et 2 à 3 pièces pour les pharmacies et 150 m2 pour les dépôts, la présence permanente d’un pharmacien dans le lieu d’activité, un stock bien fourni afin de parer à toute éventualité d’épidémie, les conditions appropriées de conservation des médicaments, sont requis par la loi. Entre autres, la propreté des installations est une condition incontournable dans la vente de produits pharmaceutiques.
DE 6 MOIS A 2 ANS DE PRISON
La vente de médicaments étant une activité hautement délicate – puisque elle engage la vie de l’individu qui en consomme et par là même la santé et la prospérité de toute une nation – est strictement réservée aux spécialistes, c’est-à-dire, aux pharmaciens de profession. Et, toute personne qui ne serait pas habilité à se livrer a cet exercice au regard de la loi, est passible d’une peine allant de 6 mois à 2 ans de servitude pénale principale.
Il est dont triste de constater que si cette loi est appliquée dans la ville de Kinshasa, prêts de la moitié des Kinois se retrouveraient en prison, vu le nombre de pharmacies et de pharmaciens fictifs, qui exercent en toute quiétude et dont certains justifient leurs activités en brandissant juste un Registre de commerce et un numéro d’Identification nationale.
Pour beaucoup, un séjour passé soit dans un établissement pharmaceutique, un dispensaire ou un hôpital serait assez édifiant pour prescrire une ordonnance et se livrer à la vente de médicaments, les plus audacieux vont jusqu’à la préparation et le conditionnement des médicaments, de qualité douteuse bien entendu. Usurpant ainsi à tort la noble distinction de pharmacien, mettant ainsi en danger les populations qui, elle est sans cesse à la recherche des produits les moins coûteux relevant au second rang la qualité et l’originalité.
« C’est dommage que l’ordre de pharmacien ne peut que sévir dans le cadre de la chambre de discipline, qui est un organe interne. Pour le reste, il faut faire recours à la justice ; et la justice avec ses engrenages souterrains, complexes et souvent injustes en apparence, tarde à réagir ou grippe carrément quand elle est interpellée à ce sujet », s’apitoie un pharmacien qui à requis l’anonymat avant d’ajouter : « toutes ces années d’études et de perfectionnement sont ainsi foulés aux pieds et s’envolent dans le néant, catalysées par les autorités compétentes qui se dressent en défenseurs d’anti-valeurs ».
En tout état de cause, la prolifération actuelle des pharmacies, n’est pas seulement un phénomène propre au domaine de la santé, il touche également les dispensaires, les églises, les bars, les cabines téléphoniques, la vente de ” l’eau pure”. « Tous, des effets de la crise et des tentatives de solution par des populations qui brillent par la débrouillardise », indiquent des participants à une conférence organisée par la Task Force de la Fondation Entretrendre.