Warning: Trying to access array offset on value of type bool in /home/lavdcne1/public_html/wp-content/plugins/sitespeaker-widget/sitespeaker.php on line 13
Source: Le Devoir
Les crimes de guerre perpétrés contre les Hutus en République démocratique du Congo (RDC) entre 1996 et 1997 rappellent le génocide rwandais de 1994, selon Luc Côté, qui a cosigné un rapport commandé par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Les accusations de «génocide» constituent l’un des crimes décrits dans ce rapport de 600 pages qui se penche sur les exactions commises dans l’ex-Zaïre entre 1993 et 2003.
M. Côté, un Québécois qui a travaillé auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda de 1995 à 1999, a expliqué dans une interview à l’Agence France-Presse que les troupes tutsies rwandaises et leurs alliés rebelles ont «systématiquement visé, pourchassé, massacré, immolé et tiré» sur les Hutus en RDC entre 1996 et 1997, lors de la première guerre du Congo.
«Je suis tombé des nues» au cours de cette enquête, a dit M. Côté. «Au Congo, j’ai observé des comportements que j’avais déjà vus au Rwanda» lors du génocide (avril à juillet 1994) durant lequel environ 800 000 Tutsis ainsi que des Hutus modérés avaient été assassinés.
«C’était la même chose. Des dizaines et des dizaines d’incidents se sont déroulés sur le même modèle. Cela s’est passé de façon systématique», a-t-il ajouté. Le rapport, dont l’AFP a obtenu une ébauche, ne dit pas combien de Hutus sont morts lors de ces tueries, mais estime leur nombre à plusieurs dizaines de milliers. D’après les Nations unies, au cours des années 1990, quelque 200 000 Hutus auraient disparu.
«Le fait qu’un groupe spécifique soit visé; le fait que dans des discours on appelle à “se débarrasser de tous ces Hutus”, que cela se soit passé de façon systématique, que des cadavres aient été incinérés, que tout ait été fait pour cacher les preuves et empêcher des étrangers d’y aller; tout ceci, soumis à un tribunal, peut constituer des preuves permettant de conclure qu’il y a eu tentative de décimer un groupe, ce qui est considéré comme un génocide», a affirmé Luc Côté.
Selon le rapport, les faits de «génocide» sont imputés à l’Armée patriotique rwandaise (APR) durant la première guerre en RDC, de 1996 à 1997. Il se réfère aussi à des faits imputés à l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). C’est cette coalition qui avait permis à Laurent-Désiré Kabila de chasser du pouvoir à Kinshasa le maréchal Mobutu en mai 1997. Plus d’un million de Hutus du Rwanda s’étaient réfugiés dans l’ex-Zaïre après la prise du pouvoir à Kigali par le Front patriotique rwandais (FPR) à majorité tutsie.
Les bourreaux auraient ainsi utilisé des armes blanches, des haches et des baïonnettes pour massacrer les Hutus rwandais et congolais, souligne le texte, qui ajoute que l’immense majorité des victimes étaient des «femmes, des enfants, des personnes âgées, des malades, qui ne représentaient aucun danger pour les belligérants».
«Je croyais avoir vu le pire lors du génocide au Rwanda. Nous avons des témoignages du Congo qui montrent que ce qui s’est passé est tout aussi terrible que ce qui a eu lieu au Rwanda, a dit M. Côté. Au Rwanda, cela a pris trois mois. Au Congo, cela ne s’est jamais arrêté.»
Selon le rapport, l’actuel président rwandais, Paul Kagame, aurait fourni des armes, des munitions et des camps d’entraînement à la rébellion congolaise. Le texte pourrait servir de base à l’éventuelle inculpation du colonel James Kabarebe, un acteur clé des conflits en RDC et actuel ministre de la Défense rwandais.