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Par François Misser
Il a réussi son oral devant la commission Développement du parlement européen. Il devient ainsi commissaire après un passé d’eurodéputé.
L’onction de Louis Michel
Applaudissements nourris. Devant un parterre comble, comprenant, outre les députés de la commission du Développement, leurs collègues Marianne Thyssen (CD&V) et Dirk Sterckx, venus “en bons Belges”, le commissaire européen au Développement désigné, Karel De Gucht, a réussi son examen d’entrée avec aisance, lors d’une audition menée d’une main de maître par l’ex-juge française Eva Joly. Malgré quelques peaux de bananes.
Glissées par le “Groen” Bart Staes qui, relayant des rumeurs selon lesquelles Karel De Gucht souhaiterait un autre portefeuille, lui a demandé s’il allait occuper longtemps cette fonction. Et par la PS Véronique De Keyser qui, faisant allusion à la brouille passée entre l’ancien ministre belge des Affaires étrangères et le président congolais Joseph Kabila, lui a demandé s’il ne risquait pas de se livrer à “des réponses diplomatiques incontrôlées”.
A Bart Staes, le commissaire désigné a répondu que, durant ses fonctions à la tête de la diplomatie belge, il avait toujours manifesté un “intérêt réel” pour le développement. Et que son avenir dépendrait de la répartition des portefeuilles dans la prochaine Commission.
“Je peux essayer de me contrôler. Mais quand on dit la vérité, il y a des gens qui réagissent”, a-t-il rétorqué à l’eurodéputée socialiste, avant de préciser qu’avant de dire haut et fort à Kinshasa ce qu’il pensait de la classe politique congolaise, il en avait fait part à plusieurs reprises, en tête à tête, à Joseph Kabila. Laissant entendre que la sortie publique de Kinshasa, si controversée, n’avait rien d’une gaffe mais avait été mûrement préméditée…
Karel De Gucht a également exposé les grandes lignes de l’action qu’il entend mener. A commencer par un combat pour éviter que les volumes d’aide ne soient réduits en raison de pressions budgétaires. Il a aussi fait part de son espoir de faire avancer le dossier de la cohérence des politiques pour le développement, faisant écho à la préoccupation du socialiste néerlandais Thijs Berman, qui a rappelé les contradictions entre la politique de pêche de l’UE et sa politique de développement, au large de la Guinée-Conarky.
“Oncle” (surnom donné aux Belges par les Congolais) belge malgré tout, De Gucht n’a pas manqué de marquer son intérêt pour le Congo, annonçant son “intention d’intervenir activement pour limiter par tous les moyens le phénomène atroce des violences sexuelles contre les femmes ainsi que le commerce illégal des minerais qui nourrissent le conflit et les réseaux criminels”.
“Je continuerai à garder un œil plus attentif sur les pays et les régions en situation de fragilité et/ou confrontés à des processus électoraux difficiles, tels que la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Niger, la région des Grands Lacs, Madagascar, la Corne de l’Afrique, le Zimbabwe, Fidji et Cuba”, ajoute-t-il.
Sans suprise, Karel De Gucht, en libéral bon teint, s’est fait l’avocat des accords de partenariat économique introduisant le libre échange, en cours de négociation avec les pays ACP, prônant une certaine flexibilité dans leur application.
Il a aussi plaidé pour une ligne ferme en matière de bonne gouvernance, en dépit de la présence chinoise, notamment en Afrique, affichant une ligne nuancée. “La Chine, dit-il, peut apporter son concours pour le développement de l’Afrique mais il faut un cadre international strict et il faut qu’elle le respecte”, déclarant que ce n’était pas tant la présence chinoise qui constituait pour lui un problème que la réaction à cette présence de certains Etats européens, qui donnent l’impression qu’on se retrouve en pleine guerre froide.
Sur le chapitre des droits de l’homme, M. De Gucht s’est également voulu ferme, rappelant qu’au Rwanda, la Belgique, les Etats-Unis et le Royaume Uni avaient revu leur aide à la baisse avant que Kigali ne “change son fusil d’épaule” dans sa politique vis-à-vis du Congo, où un appui rwandais était octroyé à la rébellion tutsie de Laurent Nkunda jusqu’à janvier 2009, quand Kigali a arrêté ce dernier.