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Gbagbo, Ouattara : seul l’avenir désignera le vrai vainqueur


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Par Awazi Kasele

-Gbagbo a été capturé, disent les uns .  Il s’est rendu, disent les autres. Sur la question s’ajoute un second point du débat : qui a mis la main sur celui qui  a  préféré le Bunker à toute proposition d’exil ? C’est ici où se développent  des discours  africanistes, résistants et inversement des propos allant dans le sens de  soutenir  l’intervention Onuso- française.

Or, si nous devons examiner ces discussions sous l’angle de la palabre africaine, nous devrons renvoyer dos à dos les tenant de l’une ou de l’autre thèse. Cela signifie que les partisans  de Laurent Gbagbo et ceux d’Alassan Ouattara  ont tous  tort, ils ont  tous  raison.

Aucun décompte électoral  concernant les deux prétendants un Président élu ne nous a été communiqué par des voies  plus certaines. La commission électorale s’est vue empêcher de déclarer Ouattara vainqueur. Le scandale a eu lieu sur le plateau de la Télévision ivoirienne. La  sentence de la Cour Constitutionnelle accordant la victoire à Laurent Ggbagbo a été contestée par la communauté internationale. Il s’agit d’une première en la matière. Pour les deux cas, le Droit du pays a ses raisons que la raison extérieure ignore autant que ce Droit  ignorait  les déterminations de la  communauté internationale  concernant  le scrutin querellé.

L’élan ou la preuve du néo-colonialisme, l’ingérence des puissances extérieures dans les affaires intérieures de nos Etats c’est de l’histoire ancienne. Vouloir  accorder un point de départ de cette main mise occidentale au conflit Gbagbo-Quattara c’est réduire toute l’histoire de reconquête des ex-colonies à l’espace d’une nuit.

Revisitons nos martyrs, nos héros.  selon P. Emery Lumumba  l’indépendance n’est pas le fruit d’une négociation quelconque, bien au contraire. Thomas Sankara  a été victime de son  émancipation politique . N’Kouam  Nkrumah, Nasser, Aliende : leur péché c’est d’avoir été plus proches du peuple que des ex-puissances coloniales.  Peut-on expliquer   la succession des coups d’Etat observés  contre les pouvoirs intervenu lors de  l’indépendance ? L’on comprendra vite que la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire n’est ni le point de départ  ni la fin du «  droit d’ingérence » que s’accordent  les faiseurs des rois.

Vous opposerez l’exemple de  Mugabé.    A ce propos, comparaison n’est pas raison.  En quoi le potager de Zimbabwe a de plus motivant chez les vat-en –guerre, faiseurs des rois et autres  chocolatiers  lorsqu’il ont le regard projeté sur le pays d’  Houphouë  Boigny ?

Entre la rupture brutale que décrète Laurent  Gbagbo et la poursuite des stocks que proposerait Ouattara au glouton , ami historique de la France droitière, le choix  aurait déjà été établi. La Cour constitutionnelle, les partisans de Laurent Gbagbo  auraient  vu «  juste » mais ils n’ont  pas vu « bon ». Et pourtant, c’est le « bon » qui réglemente les rapports inter-états. C’est le « bon » qui justifie le bien fondé de la mondialisation. Dis moi quelle richesse ton pays détient, je  te dirai le degré de l’amitié devant me lier  à toi.

L’épisode Colonel Kadhafi se veut une équation à plusieurs inconnues. Ce dernier nous semble savoir concilier le «  juste et le  «  bon ». Si , sur le plan extérieur, les amis de Gbagbo  se recrutent parmi  la  classe moyenne (Avocats, députés), dans la sphère d’ amis de  Kadhafi  celui-ci gagnerait à sa cause   des grands du monde, les milieux affairistes et  mafieux.  Si Gbagbo est tombé par le fait de  soutenir  la victoire électorale que l’on lui dispute ,    Kadhafi, quant à lui,  se voit  attaquer en plein exercice du pouvoir. L’Ivoirien a un adversaire bien introduit dans les milieux financiers. Le  Lybien butte contre des opposants anonymes qu’il qualifient d’  «  Alkaïda », astuce qui semble   retenir  l’attention des anti islamistes, Israël et Les Etats-Unis.  Kadhafi souffle le chaud et le froid selon que la situation sur le champs de bataille évolue en sa faveur ou pas. Laurent Gbagbo  appuyait sur le monocorde : C’est moi le Président élu.   A charge de Ben Ali, Moubarak , Bashar et  Kadhafi  l’on relève  l’autoritarisme, la poussée de la misère etc. L’on reproche à  Laurent Gbagbo  l’incitation à la haine raciale, la xénophobie ( l’Ivoirité) , l’ethnicité  (Nord-Sud).

Ni la fin de Gbagbo , chantre du nationalisme, ni la victoire au bout du fusil de Ouattara n’ont rien d’élogieux.  Le  premier  a succombé face aux puissances qu’il défia.  Le second contracte la dette morale avec   risque de placer le pays sous tutelle étranger.

Cependant, l’éventuel échec du mandat de Ouattara  légitimerait le patriotisme de Gbagbo quand même ce dernier serait  fait prisonnier. Par contre , des progrès économiques et sociaux que le nouveau pouvoir imprimerait au pays seront  perçus à la fois comme  double victoire d’ Alassan Ouattara  et  une double défaite de Laurent Gbagbo.

Awazi Kasele