Les grands panneaux installés en arrière-fond des meetings de Donald Trump ne cessent de rappeler l’un de ses arguments de campagne : « Promesses faites, promesses tenues » . C’est d’ailleurs l’un des premiers qu’avance Joseph A. Bauer, croisé le 1er novembre à Columbia (Missouri), qui travaille dans la construction et se présente comme un Américain moyen, « le type même du Joe que vous trouvez partout ». Arrivé à la Maison Blanche le 20 janvier 2017, Donald Trump a déployé un activisme lui permettant de vanter aujourd’hui des réalisations qu’il juge sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis.
Pendant les premiers mois de la présidence de Trump, ce comportement s’est traduit par la multiplication des décrets présidentiels reprochés auparavant par les républicains à son prédécesseur démocrate, Barack Obama. Contrairement à ce dernier, il dispose pourtant du soutien entier du Congrès.
Le président revendique l’entière et exclusive paternité d’une situation économique florissante, pourtant déjà en bonne voie à son arrivée au pouvoir. Il considère qu’elle a été dopée par une vague de dérégulations, notamment dans le domaine de l’environnement, ainsi que par une réforme fiscale ayant massivement profité aux entreprises et aux personnes les plus aisées.
Mesures spectaculaires de défiance
Ce triomphalisme est assombri par deux phénomènes : l’anticipation d’un ralentissement progressif de la conjoncture, déjà traduite par le surplace de la Bourse, dont Donald Trump avait fait le baromètre de son action en 2017 ; et le creusement d’un déficit budgétaire également sans précédent en période de forte croissance, produit direct de la réforme fiscale qui a asséché une partie des recettes de l’Etat fédéral.
Le déficit constitue l’angle mort de ce succès économique. Donald Trump a promis, pendant la campagne, de nouvelles baisses d’impôts pour la classe moyenne, prenant acte de l’impopularité persistante de sa réforme, sans pour autant reprendre à son compte le thème d’une réduction des programmes sociaux, considérée par la direction républicaine comme la seule issue possible.
De même, il a multiplié en un peu moins de deux ans des mesures spectaculaires de défiance par rapport à un consensus international partagé par les administrations précédentes. Il a retiré, en 2017, les Etats-Unis de l’accord international pour limiter le réchauffement climatique – un thème qu’il n’aborde jamais –, sans offrir le moindre discours alternatif.
Il a déplacé l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, au prix d’une crise sans précédent avec le camp palestinien. Cette décision compromet d’ailleurs la réussite du plan de paix qu’il a annoncé depuis des mois. M. Trump a également retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, négocié par son prédécesseur en juillet 2015, avant de s’engager dans une nouvelle confrontation avec le régime de Téhéran. Une démarche qui a isolé les Etats-Unis, soutenus uniquement par Israël et leurs alliés du Golfe.
Deux ombres majeures planent enfin sur ce bilan d’étape. Le président s’est révélé incapable de « supprimer et de remplacer » la protection sociale mise en place par Barack Obama, une promesse pourtant répétée depuis des années par le Parti républicain et qui a d’autant plus disparu des discours de campagne que l’Obamacare est devenu populaire. Donald Trump a été de même incapable de la moindre avancée sur son thème de prédilection, l’immigration. Le « mur » sur la frontière avec le Mexique, et que ce dernier devait financer, est resté à l’état de promesse.